1918

CORRESPONDANCE du PERE DEHON : ANNEE 1918

03. 01. 1918. B 76/6 (inv. 984. 06). P. Schulte

Mon cher ami,

Je suis bien arrivé ici le 31 déc. J'ai déjà eu l'audience ce matin. Le Pape nous bénit tous affectueusement. Il aime beaucoup notre Oeuvre. Il m'avait appeler par voie diplomatique. Donnez ces nouvelles à nos maisons. J'ai causé assez longuement avec le St Père, et très amicalement.

Ecrivez au P. Bertrand et dites-lui que j'ai eu une bonne audience le 3 et que le Pape nous bénit bien tous, nos maisons, nos missions, et nos amis de Bruxelles et de Braine-le-Comte.

Dites au P. Joos que le P. Provincial ne croit pas devoir l'appeler aux Ordres sacrés à cause de ses yeux.

Dimanche j'assisterai à la proclamation des miracles pour la canonisation de la Bse Marguerite Marie. J'ai un billet de faveur comme supérieur des Prêtres du S. Coeur.

J'espère pouvoir correspondre ici avec beaucoup de maisons. Je compte rester ici jusqu'à l'été.

Votre Province nous console, les autres sont si éprouvées, mais leurs souffrances comptent aussi pour le règne du S. Coeur. Bonne année à tous les nôtres et mes meilleures amitiés.

Je vous bénis tous paternellement. L. Dehon

03. 01. 1918. B 108/1 (inv. 0116515). Emile Bichet

Rome, le 3 janvier 18.

Mon bon Bichet,

J'arrive de Bruxelles. Nos maisons de Belgique n'ont pas souffert.

Scalmena ( ?) fait son noviciat tranquillement à Brugelette.

J'ai revu le P. Jacquemin et le P. Falleur. Patience ! Tout se refera après la guerre. Ce sera le règne du Sacré-Cœur.

Etudiez à Faverney. Si vous revenez avec nous dans quelques mois après la guerre, j'indemniserai Mgr de Saint-Dié.

Je vais voir le Saint Père tout à l'heure, il vous bénira, il est très bon pour nous.

Vous pourrez m'écrire ici. Je vous bénis bien paternellement.

Votre dévoué L. Dehon.

07. 01. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 01). Mgr Grison

Mon cher Seigneur,

Me voici enfin rendu à la liberté! J'ai été bloqué pendant 3 ans 1/2 à St Quentin et à Bruxelles. Trois ans de carême, ce n'est rien, nous souffrions plus de l'oppression morale que du manque d'éléments.

La Providence est bonne: omnia cooperantur in bonum (Rm 8, 28). Dieu n'a que des desseins de grâce pour chacun de nous. Ce furent pour moi trois ans de retraite pendant lesquels les lectures ascétiques et la prière remplacèrent les distractions qu'apportent la presse quotidienne et une correspondance excessive…

J'ai pensé à vous tous les jours, mais je ne pouvais pas vous écrire. Depuis dix mois que j'étais à Bruxelles, nous avions quelques nouvelles du Congo par le P. Joseph Justen.

Ma santé est très passable pour mon âge, 75 ans! J'étais affaibli en quittant St Quentin, je me suis un peu remis à Bruxelles. Le P. Jeanroy devient fort vieillard, plus qu'il ne le croit lui-même. L'abbé Gras est une ruine, il est sourd et aveugle.

La maison de Bruxelles suit son cours et fait du bien. Elle souffre de la cherté des vivres. J'ai prêté la maison de Louvain à 60 Soeurs Augustines évacuées de Melin. Le scolasticat est à Tervueren. Ils sont une douzaine. Il y a 15 élèves à Clairefontaine, 2 novices à Brugelette.

C'est la guerre! Tout cela se relèvera à la paix. Fayet est rasé. Les maisons de St Quentin sont pillées et bombardées.

Je suis ici probablement pour six mois avec le P. Barthélemy. J'ai déjà vu le St Père. Il nous aime bien, il nous bénit cordialement, il s'intéresse à toutes nos oeuvres. Sa tâche est difficile et pénible.

J'assistais hier à une place d'honneur au décret sur les miracles de la B. Marguerite Marie, c'est la préparation de la canonisation qui se fera après la paix.

La Providence vous conserve tous en vie là-bas, Deo gratias!

On revient à la religion en France et en Italie, mais pas encore assez. Nous avons bien des morts héroïques dans nos jeunes gens et dans nos anciens élèves de St Quentin. Cela comptera devant Dieu pour la paix.

Je ne puis pas écrire de suite à toutes nos maisons. Dites-leur que je prie pour tous et que je ne les oublie pas. Votre bien dévoué L. Dehon

08. 01. 1918. B 22/3. b (inv. 450. 03). M. Santin (texte dactylographié)

Mon cher Santin,

Excusez cette familiarité. Vous êtes bien aimable de penser à moi là-bas au bout du monde.

Me voici à Rome, installé au Séminaire où j'ai vécu, il y a cinquante ans, de bonnes années, troublées déjà cependant par la révolution italienne. Vous êtes en famille, c'est une consolation. Et nos maisons de St Quentin et des environs, dans quel état les retrouverons-nous?

J'ai déjà vu le Saint-Père, je lui ai demandé une bénédiction pour mes anciens élèves et leurs familles, vous en avez votre part.

Ici, le moral est bon, on espère que le Bon Dieu ne laissera pas la victoire aux fils de Luther et de Mahomet. Continuons de prier. Votre bien dévoué. L. Dehon

09. 01. 1918. B 19/7a. 2 (inv. 266. 22). P. van Hommerich

Mon cher fils,

Me voici bien arrivé à Rome. J'ai quitté Bruxelles le 13 décembre et j'arrivais ici le 31.

J'ai déjà vu le St Père le 3. Il m'a reçu bien cordialement, je le connaissais depuis plus de vingt ans. Il aime beaucoup notre Oeuvre, il nous bénit de tout coeur.

Le 6 j'ai assisté à la lecture du décret sur les miracles de la Bse Marg.te Marie pour sa canonisation. Le Pape a fait un discours chaleureux sur le culte du S. Coeur et son prochain accroissement, et il a loué et encouragé ceux qui se dévouent au règne du S. Coeur. Il m'avait fait donner un billet de premier rang. C'est bien encourageant pour nous.

Envoyez un peu de mes nouvelles à nos Pères de Suède et dites-leur qu'ils peuvent m'écrire et me parler de leurs oeuvres. Font-ils des projets là-bas? Ont-ils l'intention de rentrer en Finlande?

Je compte rester ici jusqu'en été. J'ai ici des correspondances assez faciles avec beaucoup de nos oeuvres. Ecrivez au P. Bertrand, dites-lui que ma santé est bonne, que j'ai eu une audience très encourageante pour nous tous et que j'ai assisté au décret des miracles de Marg. Marie. Qu'il dise cela à mes amis de Belgique. J'écris à Maastricht et à Liesbosch. Donnez de mes nouvelles à Asten.

Je bénis en particulier votre belle rhétorique et j'espère qu'elle persévérera tout entière.

Votre bien dévoué. L. Dehon

09. 01. 1918. B 74/6 (inv. 974. 02). P. van Halbeek

Mon cher ami,

Me voici à Rome après un long voyage. Le Saint Père m'a fait venir. Je l'ai déjà vu. Il aime bien notre Oeuvre, il nous bénit cordialement.

J'ai eu l'audience de 3. J'ai assisté le 6 à la lecture du décret sur les miracles de la Bse Marguerite Mie, pour la canonisation. C'était une belle cérémonie au Vatican. Le Pape a parlé chaleureusement sur le culte du S. Coeur et son prochain accroissement. Il a loué ceux qui ont la vocation et la mission de travailler à cette propagande. Il m'avait fait donner un billet de premier rang, c'est encourageant pour nous.

Je vais passer ici quelques mois avec le P. Barthélemy. Le P. Gasparri est venu me voir de Bologne où l'Oeuvre continue modestement.

Je puis ici correspondre avec la plupart de nos maisons et de nos missions. La Providence fait bien toutes choses. Donnez de mes nouvelles à Heer. Comment vont les choses en Suède? Pourrez-vous rentrer en Finlande?

Le Bon Dieu punit et purifie l'Europe pour préparer le règne du S. Coeur. Votre Province est prospère, mais il faut bien veiller à ce qu'elle ne tombe pas dans la tiédeur. Il faut que chaque maison ait l'adoration dans la mesure du possible. Veillez-y, c'est votre devoir.

Soyez tous bénis. Votre bien dévoué. L. Dehon

11. 01. 1918. B 97. P. Santulli

Caro figlio,

Ci vedremo, ma un po di pazienza! Dopo tante prove, tante scosse, tante privazioni, sento la necessità di stare un pó tranquillo a Roma, se la divina Providenza lo permette. Ho già incontrato i migliori conforti morali: il Santo Padre si è mostrato tanto buono ed amichevole! Vuol essere il Papa del S. Cuore, come Pio X fu il Papa dell'Eucharistia, Leone XIII il Papa del Rosario et Pio IX il Papa dell'Immaculata.

Ammirabile fu il discorso che il Papa ha fatto l'altro giorno alla proclamazione dei miracoli della Ba Marghrita Maria. Egli spera di veder crescere prossimamente il culto del S. Cuore di Gesù. Loda e incorragia quelli che hanno la vocazione e la missione de propagare questo divino culto. Sembrava che parlava specialmente per noi.

Siete tutti fedeli alla vostra bella vocazione. Un vero prete del S. Cuore di Gesù deve essere un santo, come il P. Andrea, il P. Giovanni Guillaume ed altri. Vi raccommando la vita interiore, la pace dell'anima e l'unione con Nostro Signore: unione d'intenzione, di cuore, di dipendenza. Tutto per il Cuore di Gesù! Tutto con il Cuore di Gesù!

Preghiamo bene per la Chiesa, per le missioni, per la nostra cara Congregazione. Vi sono unito di cuore. Lavoriamo per la stessa fine, per lo medesimo scopo. La Provincia italiana crescerà. Ha già ricevuti tanti segni della benevolenza divina. La nostra forza sarà nella fiducia e nell'unione.

Prego il SS. Cuore di benedirvi tutti. L. Dehon

11. 01. 1918. B 97. P. Gelasio Palladino.

Caro Gelasio,

Pazienza e coragio! Tutto per Iddio! La prova passerà. Ci rivedremo. La divina Providenza vi conserverà la salute. Ho ritrovato la libertà dopo 3 anni 1/2 passate in paesi occupati.

Il Papa mi ha chiamato. Mi ha ricevuto con molta amicizia. E' tanto buono! Ci benedice tutti di cuore. Ha fatto l'altro giorno un bel discorso sul culto del S. Cuore di Gesù. Loda e incoraggia quelli che hanno la bella missione di propagare questa devozione. Sembrava che parlasse per noi. Era a l'occasione del decreto per i miracoli della Ba Margherita Maria.

Il Padre Ottavio è già venuto a visitarmi. Sta benissimo. Alla bella stagione passerò per Bologna. Siamo tutti nelle mani della Providenza. Fate del meglio senza abandonare la preghiera e la vita sopranaturale. Compatisco a tutte le vostre fatiche e pene. Offriamo tutto al S. Cuore di Gesù. Vi benedico di cuore. L. Dehon

11. 01. 1918. B 97. (inv. 11333.75) P. Gasparri.

Roma le 11 janv. 1918

Via Sta Chiara

Caro figlio,

il Santo Padre si è mostrato tanto buono e amichevole.

Vuol essere il Papa del S. Cuore, come Pie X fu il Papa dell'Eucharistia.

Egli spera di veder crescere prossimamente il culto del S. Cuore di Gesù. Loda ed incoraggia quelli che hanno la vocazione e la missione di propagare questo divino culto. Sembrava che parlava specialmente per noi.

Siate tutti fedeli alla vostra bella vocazione. Un vero prete del S. Cuore di Gesù deve essere un santo come il P. Andrea.

Tutto per il Cuore di Gesù, tutto con il Cuore di Gesù!

Preghiamo bene per la Chiesa, per la missione, per la nostra cara Congregazione.

Vi sono unito di cuore. Lavoriamo per i stessi fini, per lo stesso scopo.

La Provincia italiana crescerà. Ha già recevuto tanti segni della benevolenza divina. La nostra forza sarà nella fiducia e nell'unione.

Prego il SS Cuore di benedirvi tutti.

L. Dehon (Lettre manuscrite, 2 pages)

14. 01. 1918. B 97. Fr. Bosio

Caro Bosio,

Pazienza! S'avvicina l'ora della libertà. Uniamo le nostre tristezze a quelle di N. S.

Il tenente Lapolorcia sta qui, lo vedo quasi ogni giorno. Da Bologna mi scrivono poco. Saranno molto occupati. Quanto vi sarà dolce la casa nostra di Bologna, dopo l'esilio!

Lasciamo la divina Providenza condurre tutto pel meglio. Amista. L. Dehon

15. 01. 1918. B 104. P. Cortinovis

Vivat Cor Jesu! Caro Cortinovis,

Mi fa piacere di ricevere le vostre notizie. Ho la grazia di ritrovarmi di nuovo a Roma, ove ho passato i migliori anni della mia vita. Spero di trattenermi qui qualche mese. Ho già visto il nostro grande amico il Papa, che vuole tanto bene alla nostra Congregazione. Ci benedice tutti di cuore. Insieme col Papa preghiamo per la pace, ma il Signore vuole purificare ancora le nazioni, per preparare il regno del S. Cuore. Benedetto XV vuole essere un Papa del S. Cuore. Si prepara a fare la canonizzazione di S. Margherita Maria, desidera vivamente l'accrescimento e lo sviluppo del culto del S. Cuore.

Nel suo caloroso discorso dell'Epifania ha lodato ed incoraggiato molto quelli che si dedicano alla diffusione di questo culto. Sembrava che parlasse per noi!

Siate sempre fedele alla vostra bella vocazione ed incoraggiate i nostri cari studenti ed Apostollini di Albino.

Vi benedico di cuore e prego per Voi e per tutti di codesta diletta Scuola. Giovanni Dehon

19. 01. 1918. B 74/6 (inv. 974. 03). P. van Halbeek

Cher Père Provincial,

Me voici installé à Rome pour quelques mois. Je rentre en relations avec nos missions et avec beaucoup des nôtres dont je n'avais guère de nouvelles depuis trois ans. J'ai vu le St Père, il est très bienveillant pour nous, il nous bénit et nous encourage. Il veut être le Pape du Sacré-Coeur. Il se prépare à canoniser Marguerite Marie. Il recommande beaucoup l'intronisation du S. Coeur dans les familles. Dites à tous nos Pères de propager cela. On trouve des formules à Bruxelles et sans doute aussi en Hollande.

Les correspondances deviennent difficiles avec le Nord. Dites au P. Falleur à Bruxelles que je lui confie 53 messes à mon intention. Soignez bien les études, la piété, le bon esprit.

Il faut que l'adoration se fasse dans toutes les maisons au moins deux heures, selon le nombre des religieux. C'est l'intention du Pape, il nous appelle les Prêtres adorateurs du S. Coeur. C'est cela qui doit caractériser notre Congrégation et c'est par là que nous recevrons bien des grâces.

J'espère pouvoir faire encore le Chapitre Général malgré mon grand âge.

Je vous bénis tous bien cordialement. Votre dévoué L. Dehon

21. 01. 1918. B 97. P. Gelasio Palladino

Caro Gelasio,

Ecco un mio ritratto. Coraggio sempre e pazienza! Ci rivedremo.

Il S. Cuore ci ha dato una bella vocazione, la conserviamo. Il S. Padre ci incoraggia. Egli vuol essere il Papa del S. Cuore. Farà tutto il possibile per propagare questo benedetto culto. E' lieto di canonizare la B. Margherita Maria subito dopo la guerra. Vedremo il regno del S. Cuore e sarà bello.

Siete fedeli, quanto possibile, alle vostre regole e alle pratiche della nostra vocazione. Preghiamo con fiducia per abbreviare il tempo della giustizia e preparare quello della misericordia.

Mi propongo di passare per Bologna nel prossimo maggio quando tornerò in Francia, ma l'avvenire è nelle mani di Dio. Vi benedico di tutto cuore. L. Dehon

24. 01. 1918. B 108/1 (inv. 0116516). Emile Bichet

Rome, le 24 janv. 18.

Mon cher Bichet,

C'est entendu, vous continuez votre philosophie, après cela nous verrons. Il est vrai que vous n'êtes pas un sujet de grand talent, mais je tiens à vous parce que vous êtes pour moi comme un legs du bon chanoine de Domrémy.

Travaillez au règne du Sacré-Cœur, c'est la grande grâce du temps présent.

Notre-Seigneur vous fera connaître ce qu'il désire et vous écouterez ses inspirations.

Continuez à prier et à offrir à Dieu quelques pénitences pour le rachat de la France.

Un chemin de croix par semaine obtient beaucoup de grâces.

Votre bien dévoué L. Dehon.

27. 01. 1918. B 76/6 (inv. 984. 07). P. Schulte

Cher Père Schulte,

Je reçois aujourd'hui seulement votre bonne lettre du 27 décembre et celle de vos chers élèves. La poste devient fort irrégulière, cependant on est heureux d'avoir une lettre après un mois. Je vous reste très uni à vous tous et je prie pour vous tous. Patience! Cette guerre est si longue.

Faites-nous beaucoup de bons prêtres en Hollande. Les autres Provinces passent par des années de stérilité.

Dites mes amitiés au P. Buckx, on m'a raconté à la Propagande ses difficultés en Suède. Ce sont les pieux laïques de là-bas qui ont fait avorter les projets de Mgr Bitter. On ne veut pas brusquer les choses à Rome.

J'ai vu le Saint Père, il nous bénit bien tous. Il veut être le Pape du S. Coeur. Il encourage toutes les oeuvres du S. Coeur.

Bon courage toujours! Union de prières et de sacrifices. Faites faire quelques chemins de Croix pour la paix. Votre bien dévoué. L. Dehon

Dites au P. Falleur à Bruxelles que je lui ai envoyé une fois 53 messes et une fois 46.

27. 01. 1918. B 19/3G (inv. 239. 01). A un abbé

Mon cher abbé,

J'ai causé de votre affaire avec S. E. le Card. Dubois, qui est ici. Il pense que vous obtiendrez difficilement une solution à Rome. Il vous conseille de vivre là tranquillement dans la Manche, puisque vous y êtes accepté. Pour l'oratoire privé, faites passer cette demande par la curie épiscopale.

Je compatis à toutes vos épreuves de famille et je souhaite que votre santé s'affermisse et se conserve. La Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus vous protégera. Salutations amicales. L. Dehon

28. 01. 1918. B 24/1 (inv. 488. 02). Abbé Poette

Mon cher abbé,

Votre gentille lettre me fait plaisir. Vous aurez su les détails de la maladie et de la mort de Paul. Vous pouvez être rassuré, il a fait les choses très sérieusement et très généreusement avec la fermeté de caractère que vous lui connaissiez.

Votre famille est bien éprouvée, mais elle peut compter sur les secours que Dieu ne refuse pas à ceux qui restent ses enfants dévoués.

Je vais passer quelques mois ici, pourrai-je ensuite aller revoir nos ruines de St Quentin?

Le P. Mathias est à Lisieux, auprès du Carmel, il se console là-bas.

Courage et patience! J'espère que bientôt la Ste Vierge nous dira: „Mon Fils se laisse toucher”.

Amitiés dévouées. J. Dehon

30. 01. 1918. B 24/0 (inv. 487. 26). Raymond Hanier (Section infirmiers, Hôpital de Marine, Hôpital 55, Dunkerque)

Billet, avec son enveloppe.

Rome, le 30 janv. 18.

Mon cher Raymond,

Comment ça va-t-il? J'ai passé 3 ans 1/2 à St Quentin et en Belgique, c'était bien dur. Enfin j'ai pu revenir par ici, il y a un mois. Galiègne m'a donné votre adresse.

Bon courage, soyez toujours fidèle à vos bons sentiments. Le temps de la justice divine passera. Dieu fera miséricorde, il nous relèvera. Continuons à bien prier et à faire notre devoir. Votre bien dévoué. L. Dehon

Janvier 1918. B 37/6e. 8 (inv. 661. 08). Monsieur Leduc (Président de l'Association des anciens de St Jean. Lettre reprise du „Trait d'union”, bulletin de guerre de St Quentin)

Mon cher Leduc,

Je viens de parcourir la collection du TRAIT D'UNION, avec quelle émotion, vous pouvez le penser! Je ne savais rien des choses de France depuis trois ans et en quelques heures, je vois tomber l'un après l'autre une vingtaine de mes anciens élèves, de ceux que j'appelais volontiers mes enfants. Je ne puis retenir mes larmes.

Ces morts supposent tant de souffrances, et elles laissent après elles tant de douleurs dans des familles honorées et aimées.

Mais à côté des deuils, il y a des joies et des réveils de fierté et d'espérance. Que de nobles actions! Que d'actes héroïques! Les décorations, les citations, les promotions en font foi. Nous avons semé à St Jean la foi et le patriotisme. Le sol était bon, c'étaient de jeunes âmes préparées par de pieuses mères et par des chefs de famille héritiers des nobles traditions françaises. Et voilà que, les circonstances aidant, ces germes de foi, de courage et d'honneur éclatent en une magnifique floraison.

Vous préparez dans le TRAIT D'UNION les pages d'un livre d'or qui redira l'histoire des élèves de St Jean pendant la guerre. Combien je vous remercie! Vous avez fait ce que j'aurai voulu faire, si j'avais été libre, mais j'étais privé de toute communication avec la France. L'Institution n'a pas déserté sa tâche. J'ai aidé l'excellent chanoine ROUCHAUSSE à continuer notre oeuvre, et la maison comptait une centaine d'élèves jusqu'en mars dernier. Maintenant, elle est pillée et probablement bombardée, mais nous ne la laisserons pas périr. La guerre a si bien montré sa valeur et ses fruits.

Le Trait d'Union est aussi une arène d'écrivains de talent. L'abbé CHATELAIN est inépuisable et toujours séduisant, Maurice VASSEUR rivalise avec lui. DODEUIL et GOBY sont des écrivains techniques intéressants.

Entretenez la confiance par le Trait d'Union. La justice de Dieu passe, mais la miséricorde viendra. Les héros meurent sur le champ de bataille et paient à Dieu la dette de la patrie. Des âmes d'élite prient dans les cloîtres et dans le monde. Le peuple tout entier a le sentiment de l'intervention divine. Confiance! Invoquons nos Saints protecteurs: le Sacré-Coeur de Jésus, la Vierge Marie, Jeanne d'Arc et tous les Saints protecteurs de la France. DIEU aidera.

J'ai déjà vu le SAINT PERE, il nous aime et nous bénit. J'ai sollicité sa bénédiction pour vous tous et pour vos familles.

Merci encore et amitiés toujours fidèles. L. Dehon

Janvier 1918. B 108/3 (inv. 1167. 26) cf. B 22/8 (inv. 458. 03). Aux scolastiques de Hollande

A mes chers scolastiques,

Merci pour votre bonne lettre et vos pieux souhaits. Travaillez bien et priez bien, mais toujours dans l'esprit de notre vocation. Il faut que chaque maison ait au moins deux heures d'adoration chaque jour.

Fuyez le mauvais esprit et la critique comme la peste. Aimez-vous les uns les autres (Jn 13, 34), soyez charitables entre vous, nous sommes les disciples de S. Jean l'Evangéliste.

Le St Père nous encourage, il aime bien notre Oeuvre, il veut être le Pape du S. Coeur. C'est une grande grâce pour nous de nous savoir si unis au Successeur de Saint Pierre. Il se prépare à canoniser la Bse Marguerite Marie. Le 6 janvier en promulgant le décret sur les miracles de la Bse, il a fait un chaleureux discours sur l'épanouissement de la dévotion au S. Coeur, qui sera la suite de cette canonisation, et comme j'étais là, il m'a donné une bénédiction toute spéciale à cause de notre mission.

Prions pour que notre Chapitre Général après la guerre affermisse notre amour dans la ferveur, dans l'union et la charité. Je vous bénis paternellement. L. Dehon

Lettre manuscrite autographe

Janvier 1918. B 106/4 (inv. 0116141). Cardinal Gasparri

Supplique relative à M. Leharle, ingénieur, directeur de la mine de Quévrechain (Nord), condamné par les Allemands à 15 ans de travaux forcés (Conseil de guerre du 15 mai 1915) et qui subit sa peine à la Zuchthaus de Werden s. Ruhr.

Le 8 septembre 1914, un détachement français conduit par le commandant Charlier et échappé de Maubeuge arriva à Quévrechain. Le commandant désarma ses hommes et leur fit prendre des vêtements de mineurs pour les disperser.

M. Leharle fut tenu pour responsable par les Allemands pour avoir donné des vêtements civils. Il fut condamné à mort puis à la demande des juges sa peine fut commuée en quinze ans de forteresse.

Il n'avait commis aucune faute, n'ayant donné des vêtements que sur une réquisition du Commandant selon les lois de la guerre. Il subit avec constance une dure peine depuis trois ans, mêlé à des prisonniers de droit commun.

Le Saint Père voudrait-il demander qu'il soit grâcié ou du moins que sa peine soit largement adoucie ?

(Texte manuscrit autographe. D'une autre écriture, suit cette précision : P. Dehon, Super. Gen. Prêtres du Sacré-Cœur, au Séminaire français 42 Via Santa Chiara).

Supplique conservée aux Archives de la Secrétairerie apostolique du Vatican..

07. 02. 1918. B 19/7a. 2 (inv. 266. 23). P. van Hommerich

Mettez un timbre sur cette carte et envoyez-la. Ici il fait un soleil de printemps et je reprends des forces.

Je reçois beaucoup de correspondances de nos confrères. Savez-vous l'adresse de Ziecke et de ceux qui sont en Espagne, je voudrais leur écrire.

J'ai vu et revu le Saint Père, toujours bienveillant et encourageant.

Ici, tout est assez calme. La vie est plus chère qu'en temps ordinaire, mais ce n'est pas comparable à la Belgique, où on a de la peine à vivre.

Faites-nous beaucoup de bons prêtres en Hollande. Vous pourrez développer vos oeuvres et nous aider aux missions.

La poste est devenue fort lente pour les Pays-Bas, j'espère cependant que ma lettre vous arrivera. Je compte rester ici jusqu'en juin, à moins d'imprévu. Je remonterai ensuite vers le nord pour l'été.

Soyez tous bien fidèles. Il faut que chacun ait sa demi-heure d'adoration tous les jours, c'est la raison d'être de notre Congrégation. Soyez ferme pour cela.

Prions bien le S. Coeur. Il prépare son règne en purifiant l'Europe. Prions pour la Suède et la Finlande qui seront un champ d'apostolat pour votre Province. Dites à vos chers Suédois de m'écrire et de me donner des nouvelles de leurs oeuvres.

Je vous bénis tous de tout coeur. L. Dehon

11. 02. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 02). Mgr Grison

Mon cher Seigneur,

Voilà six semaines que je suis à Rome. Je vous ai écrit en arrivant. Je recommence. Vous savez déjà que j'ai été trois ans et demi en pénitence dans les pays occupés, St Quentin et Bruxelles. J'ai quitté St Quentin voilà 11 mois mais à l'état de Job, en abandonnant les maisons au bombardement et le mobilier au pillage. J'étais physiquement très affaibli. J'ai repris, je suis maintenant à peu près ce que j'étais il y a 4 ans, cependant avec 4 ans de plus.

Autant qu'on peut prévoir, dans ces temps agités, je resterai ici jusqu'en juin. Alors si St Quentin est repris j'irai voir nos ruines. Sinon je passerai l'été en France, à Lourdes ou à Paray.

En Belgique, les maisons sont indemnes, mais la vie est difficile et on souffre moralement et physiquement. Il reste 15 élèves à Clairef., 15 scolastiques à Tervueren, 15 à Luxembourg. Ce n'est pas la mort, c'est une vie faible et languissante. Nous avons eu tout de même des ordinations pendant la guerre.

La Province hollandaise prospère, elle nous prépare quelques prêtres. Je ne vois pas moyen d'envoyer personne pendant la guerre.

Vous avez su nos pertes au front, les grandes luttes vont recommencer.

Que vous dire de la France? Il y a eu beaucoup de prières, des conversions, des sacrifices héroïques, une révolution des esprits vers la religion, mais il reste beaucoup de misères. Je crois que les épreuves dureront encore et que la miséricorde viendra après la justice.

J'ai la confiance que l'Etat vous ravitaille suffisamment. Vous saurez vous ingénier comme Robinson. On manque aussi de beaucoup de choses en Europe et surtout en Belgique où règnent la famine et la disette de toutes choses.

Merci pour votre bonne lettre au Cor Unum. Prions, patientons. Confiance quand même.

Votre bien dévoué. L.Dehon

11. 02. 1918. B 24/12 (inv. 507. 13). Propagation de la foi. (texte dactylogr.)

Monseigneur,

Vous avez paru désireux de connaître mon sentiment sur la mission de Suède, je vais vous dire avec simplicité ce que j'en connais.

I. Un fait public et attristant, c'est que la mission de Suède ne progresse pas, elle recule plutôt tandis que les missions de Norvège et de Danemark font de grands progrès. Il est vrai que la législation suédoise met bien des obstacles à l'apostolat, mais il y a d'autres motifs.

II. Il y a à Stockolm deux oeuvres, celle de l'évêque et celle des Jésuites. Il n'y a pas d'union entre ces oeuvres. Il y a le parti de l'évêque et le parti des Jésuites. Trois fois déjà les Jésuites étaient sur le point de partir, le jour était fixé, quelques personnes qui tiennent à eux sont intervenues et ils sont restés. Le ridicule est tombé sur l'évêque, il a besoin de beaucoup de patience.

III. Je dois dire d'abord que j'aime beaucoup les Jésuites, je les admire et je les vénère. Mais j'ai visité les pays du Nord, Suède, Finlande, Russie, il y a là des préjugés violents contre les Jésuites. La Propagande se tromperait si elle leur comptait (sic; sans doute „confiait”) l'apostolat de ces pays-là. Ils peuvent y avoir une oeuvre restreinte et discrète pour une élite, ils n'y seront pas populaires. C'est faire tort à l'Eglise et retarder son progrès que de les mettre en avant dans ces pays-là. Je crois que la situation de Stockolm en est une preuve.

IV. Nous n'avons en Suède que trois petits postes: Gelfe, Goteborg et Malmaë. Il y a là des petits groupes de 50 catholiques où la moitié sont pratiquants. On y a de la peine à vivre. Nous acceptons cette situation sacrifiée. Nous avons succédé aux Jésuites à Goteborg, on croyait que ce serait difficile, ils ont été bientôt oubliés.

V. Je crois que l'évêque a raison de désirer à Stockolm une oeuvre qui puisse devenir populaire. Il mourra sans doute à la peine sans avoir réussi.

En Norvège, les oeuvres de Soeurs ont donné beaucoup de popularité à l'Eglise.

Ma documentation est insuffisante pour que je puisse donner des conclusions précises.

Daignez agréer, Monseigneur, mes respectueux hommages.

                                 L. Dehon    Sup. des Prêtres du S. Coeur

14. 02. 1918. B 19/7a. 2 (inv. 266. 24). P. van Hommerich

Mon cher ami,

J'ai reçu un rapport du P. Provincial sur un projet de mission aux Indes. Je m'en occupe à la Propagande. Ce sera plus long à régler qu'en temps ordinaire. Voyez le Procureur des Jésuites à ce sujet. Il nous donnera quelques renseignements sur ce qu'on pourrait faire. Il y a encore des îles importantes qui n'ont pas de missions.

J'ai répondu au P. Provincial, mais les lettres vont maintenant bien lentement. Il faut beaucoup de patience.

Je vais bien ici et je reprends un peu de forces. Je fais chaque jour mon pèlerinage aux stations de carême avec le P. Barthélemy.

Il ne faut pas que les nouveaux projets détournent vos jeunes Pères qui ont le désir d'aller au Congo. J'aurai besoin d'eux là-bas.

Le P. Mathias a reçu à Lisieux plusieurs lettres du Congo où tout va assez bien: on ne meurt plus là-bas. Dieu sait que nous ne pourrions pas facilement en envoyer d'autres.

Dites au P. Falleur à Bruxelles que je lui envoie 83 messes, c'est mon troisième envoi.

Soyez bien fervents. Je vous bénis bien tous. L. Dehon

14. 02. 1918. B 74/6 (inv. 974. 04). P. Von Halbeek

Cher Père,

Je suis heureux de voir votre Province si prospère. Veillez bien à maintenir la ferveur, la piété, la fidélité à toutes nos règles et à l'adoration quotidienne.

Je ne doute pas que vous réussisiez à fonder une mission aux Indes, mais la guerre va nous retarder un peu, à cause de la difficulté des correspondances et des voyages. Je ne connais aux Indes hollandaises que le Vicariat apost. de Batavia (aux Jésuites), les préfectures de Sumatra (aux Capucins), celle de la Nouvelle Guinée aux Pères d'Issoudun. Je crois que les Célèbes et les Moluques n'ont pas de missions, mais les populations sont-elles abordables?

C'est aux Jésuites de Batavia, à Mgr Luypen, qu'il faut demander un territoire. Voyez le Provincial des Jésuites de Hollande et négociez avec lui. Il devra écrire à Mgr Luypen, que j'ai vu là-bas.

Je ne sais pas si vous avez encore un courrier régulier avec vos colonies. Parlez au Provincial de Bali, Timor, Célèbes. Les Jésuites ont-ils là des missions? Renseignez-vous aussi au bureau civil des colonies, pour savoir où vous trouveriez une région suffisamment saine et sûre et non encore évangélisée. Il y a tout un travail de préparation avant d'aller là-bas.

Prions bien. Le Sacré-Coeur et la Ste Vierge arrangeront tout.

Envoyez une carte au P. Bertrand, dites-lui que je vais bien et qu'il s'occupe de faire venir nos caisses d'objets de culte. Soyez tous bénis. L. Dehon

14. 02. 1918. B 76/6 (inv. 984. 38). P. Schulte

Cher fils,

Je reçois votre bonne lettre du 29 janvier.

Votre chère maison est bien vivante, j'en rends grâce à Dieu. Je m'occupe de préparer une mission pour votre Province aux Indes néerlandaises, quand le moment sera venu. Vous savez qu'en temps de guerre tout va un peu lentement. Mais avec le temps nous réussirons.

Joos écrit de nouveau. C'est son Provincial seul, le P. Bertrand qui peut l'appeler. Moi je connais trop peu l'état de sa vue pour avoir une opinion ferme. Outre la faiblesse de sa vue, je crois qu'il n'est pas très bon esprit. Si vous pensez qu'on peut le faire prêtre, arrangez cela avec le P. Bertrand. Ecrivez-lui une carte. Pour moi, je ne puis rien décider sans le Provincial.

Si le P. Provincial consent, je veux bien. Si Joos est humble, il peut aussi attendre jusqu'après la guerre. Les Saints n'ont jamais désiré le sacerdoce. Il dit qu'il est indigné parce qu'on ne l'appelle pas, ce n'est pas du bon esprit cela.

Demandez au P. Bertrand qu'il veuille bien s'en rapporter au Conseil de votre maison.

Pour les diacres dont vous parlez, si Mgr l'évêque veut bien les ordonner à la Pentecôte, cela peut aller, parce que le nouveau Codex n'est obligatoire qu'après la Pentecôte.

Prions bien pour que les grandes épreuves soient abrégées. Soyez tous bénis. L. Dehon

Dites au P. Bertrand que je m'oppose pas à ce qu'il fasse avancer Joos puisqu'il a les voeux perpétuels. L. D.

19. 02. 1918. B 24/0 (inv. 487. 23). Raymond Hanier (2è section d'infirmiers, Hôpital 55, Dunkerque). Lettre, avec son enveloppe.

Rome, 19 fév. 18. Séminaire français.

Mon cher Hanier,

Votre bonne lettre m'a fait un grand plaisir. Elle me rappelle les années paisibles de Saint- Quentin.

Galliègue m'écrit assez souvent. Louis Graux est mort malheureusement. C'était un de nos meilleurs jeunes gens.

J'ai reçu aussi de bonnes lettres de Maurice Graux, de Devrainne, de Nicolas.

Avez-vous connu à Quimper à l'hôpital le nommé Bouchard du 87, je ne sais pas ce qu'il est devenu.

M. Jean Lecot a été longtemps à Dunkerque capitaine au 10è territorial, savez-vous ce qu'il devient ?

Vend-on à Dunkerque des photos de nos ruines de St Quentin? Y voit-on quelque chose de mes maisons du Sacré-Coeur et de l'Institution S. Jean? Ces pauvres maisons doivent être bombardées. Et le couvent de la Chasse? Il doit être en ruines.

M. Lobbé est resté dans les pays occupés à Haumont. M. Roesch est avec les Soeurs de la Chasse à Alsemberg en Belgique. Vous savez sans doute que M. Objois est à Paris chez M. l'abbé Billet rue des Plantes 66.

Soignez bien nos blessés. Attention aux bombes! Conservez votre santé. Moi, je vais assez bien mais je suis vieilli. Continuons à bien prier pour la France.

Votre bien dévoué. L. Dehon.

23. 02. 1918. B 74/6 (inv. 974. 05). P. van Halbeek

Mon cher ami,

Voyez le P. Provincial des Jésuites, priez-le d'écrire lui-même à Mgr Luypen, ou bien écrivez vous-même et priez le Provincial d'ajouter à votre lettre un mot favorable.

Demandez à Mgr Luypen quelles îles il peut vous céder, peut-être Célèbes, les Moluques, Timor? Vous savez que les Capucins sont à Sumatra et Bornéo et les Pères d'Issoudun à la Nouvelle Guinée.

J'agis en même temps ici à la Propagande. Il faudra quelques mois pour ces correspondances. Ce sera une mission assez dure: climat tropical, peuplades barbares, mahométisme intransigeant… Cependant avec du temps, de la patience et du courage, nous arriverons à avoir là un petit diocèse. La colonie de Bornéo est grande, peut-être les Capucins donneraient-ils une part? Vous pouvez aussi voir leur Provincial, au moins pour causer et pour vous renseigner sur les missions des Indes. Il y a peut-être en Hollande quelque Jésuite revenu des Indes pour sa santé qui vous donnerait beaucoup de renseignements. Informez-vous…

Joos nous écrit toujours pour ses ordinations. Ecrivez au P. Bertrand que puisque Joos a les voeux perpétuels, mieux vaut le faire prêtre que de le garder clerc.

Votre bien dévoué. L. Dehon

24. 02. 1918. B 97. Fr. Bosio

Caro Bosio,

Mi piace la sua pia risoluzione di fare questo lavoro. Il Signore lo benedica e con lui tutta la nostra cara famiglia. Dal S. Cuore solo si deve aspettare la salute del nostro tempo tanto miserabile; e per commuovere il Cuore de Gesù, non c'è niente più efficace che lo spirito d'immolazione.

Noi che siamo gli apostoli del S. Cuore abbiamo il dovere di propagare questo spirito, di farlo cognoscere e capire, di mostrare come in ello si trova la più pura ed elevata devozione al S. Cuore.

Lavori dunque un poco ogni giorno a questa traduzione. Le servirà di lettura spirituale. Sarà una occupazione santa e proficua, ed insieme sarà un apostolato fecondo. Sarà aiutato per lo Spirito Santo. E' una grazia per un giovane religioso di fare un tale lavoro.

La buona Madre Veronica e la venerata Superiore di San Quintino, morta l'anno scorso nel Belgio, sono le due Madri della nostra santa Congregazione. Si comincia a scrivere la vita della Madre fondatrice di San Quintino, avremo due belli modelli della nostra vita di devozione e d'immolazione al SS. Cuore.

Prego per questo lavoro e per tutte le sue intenzioni e lo benedico. L. Dehon

28. 02. 1918. B 18/6. 12. 12. P. Gasparri

Mon cher P. Ottavio,

Pour refuser à ces deux religieux la rénovation de leurs voeux, je ne vois pas la culpa gravis externa et publica incorrigibilis, qui est exigée en pareil cas. Il y a chez tous les deux des imperfections qu'on peut corriger par des avis, des avertissements et au besoin un changement de maison.

Pour Nespoli: admettez-le à des voeux temporaires de 6 mois, avertissez-le de tout ce qu'on lui reproche et dites-lui que s'il se corrige, il pourra faire les voeux perpétuels à la fête du S. Coeur.

Pour Bergamelli, il devra être changé de maison quand on pourra. En attendant, avertissez-le doucement et charitablement de ce qu'on lui reproche. S'il se corrige vite et bien, il pourra faire sa profession perpétuelle à Pâques. Sinon il devra faire encore une année de voeux annuels.

Le nouveau Codex, Can 574, semble me donner le droit de proroger la profession: Hoc tempus sc. triennium, legitimus superior, renovata a religioso temporaria professione, prorogare potest

On me dit que vous avez pu aider quelques-uns de nos soldats, ils ont maintenant le bon P. Mathias qui peut leur envoyer un peu d'argent de France, s'ils en ont sérieusement besoin.

Mille amitiés. L. Dehon

01. 03. 1918. B 74/6 (inv. 974. 06). P. van Halbeek

Cher Père,

Mgr Laurenti, sec.re de la Propagande a déjà écrit à Mgr Luypen. Il y aura encore place pour vous. J'ai appris cependant que depuis trois ans les petites îles de la Sonde (Saemba, Saembava, Lombok, Timor, Wetar, Bozzi) ont été données aux P. de Steilh. Je ne sais pas ce que Mgr Luypen nous offrira.

Après la guerre nous aurons bien besoin de vos jeunes Pères au Congo et peut-être au Cameroun, si on ne le rend pas aux Allemands.

Tout est incertain en temps de guerre. Quelques-uns nous blâment d'entreprendre une mission nouvelle aux Indes. Cependant j'ai fait la demande, mais il faut peut-être trois ou quatre mois pour avoir une réponse. Parlez-en aussi aux Jésuites de Hollande.

Savez-vous si on va bien à Bruxelles? Je n'ai aucune nouvelle de ce pays-là depuis que je l'ai quitté. Soignez bien votre recrutement pour suffire à toutes vos oeuvres.

Votre bien dévoué. L. Dehon

06. 03. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 01). P. Zicke

Cher Père Zicke,

Me voici revenu à Rome. J'ai été retenu trois ans 1/2 dans les pays occupés. Maintenant je puis reprendre la correspondance avec nos missions. J'ai été heureux de trouver votre adresse chez le P. Barthélémy. J'en profite pour vous écrire.

Les Pères Schuster et Baumeister continuent un peu leur oeuvre à Fernando-Po. Je leur ai écrit et j'ai parlé d'eux à la Propagande. Et vous, il semble que vous êtes six à Zahara, c'est beaucoup. J'ai toujours eu le désir de commencer une fondation en Espagne, l'occasion serait-elle favorable? Je pensais plutôt aux régions du nord qui ont des populations plus énergiques et plus sérieusement religieuses. C'est du nord que nous sont venus les grands Saints espagnols: S. Ignace, S. Dominique, Ste Thérèse, S. Jean de la Croix. Qu'en pensez-vous? Votre séjour à Zahara pourrait-il être le commencement d'une oeuvre? Voyez-vous dans vos écoles et vos catéchismes des enfants sérieux qu'on pourrait former? Je serais content d'avoir votre avis.

En Belgique, nos maisons n'ont pas beaucoup souffert, mais elles ont peu de monde pendant la guerre. La Province de Hollande est prospère. J'ai pu correspondre quelquefois avec Sittard, Luxembourg, et Fünfbrunnen. Nous avons fait tout de même quelques jeunes prêtres pendant la guerre.

Dites bien nos amitiés au P. Foxius et aux Frères qui sont avec vous. Je prie le S.Coeur de vous bénir tous. Votre bien dévoué. L. Dehon

09. 03. 1918. B 74/6 (inv. 974. 07). P. van Halbeek

Mon cher ami,

Mgr Grison désire beaucoup de renfort. Informez-vous, écrivez aux Pères de Scheut pour savoir s'il est facile de faire le voyage. Vous enverriez deux Pères.

Pour les Indes, le Secrétaire de la Propagande et moi avons écrit à Mgr Luypen. Les Jésuites hésiteront peut-être parce qu'ils ont déjà cédé plusieurs parties de leur vicariat. Ils doivent tenir à Célèbes, ils offriront peut-être les Moluques, qui ne sont qu'un paquet de volcans.

Voyez aussi les Capucins et priez-les d'écrire à leurs Préfets apostoliques. Ils ont tout Sumatra et tout le Bornéo hollandais, qui est grand comme la France. Ils n'ont au Bornéo qu'une station à Sinkawang. Ils vous céderaient peut-être une part de leur Bornéo et vous y joindriez quelques îles que vous donneraient les Jésuites.

Il ne faut rien accepter à la Guinée parce qu'il y a les Pères d'Issoudun, cela ferait la brouille.

Priez à cette intention et votre projet réussira, mais n'oubliez pas le Congo. Et si le Cameroun reste anglais, il faudra aussi que vous nous aidiez là. Votre bien dévoué L. Dehon

11. 03. 1918. B 73/6 (inv. 968. 04). P. Schulte

Mon cher ami,

Faites part chez vous et à Ixelles que Fr. Van Aken vient de mourir à l'hôpital. Il avait reçu un éclat d'obus dans le poumon, il y a trois mois. Priez pour lui. P. Pauly va être prêtre le 19.

Dites au P. Falleur que je lui envoie encore 33 messes. C'est mon quatrième petit envoi.

Amitiés à tous. L. Dehon

13. 03. 1918. B 20/13. 2 (inv. 332. 01). P. Legrand

Mon cher ami,

Pour la messe du 28 on n'obtiendrait pas ici. Demandez à votre bon curé l'usage de la chapelle du pensionnat St Pierre ces jours-là, au moins le 28. Amitiés. L. Dehon

14. 03. 1918. B 19/7a. 2 (inv. 266. 25). P. van Hommerich

Cher fils,

Laissez-vous bien conduire par la Providence. Si vous rencontrez quelque opposition autour de vous, il faut supporter cela avec patience et douceur. Ne permettez pas cependant qu'on fasse aucun acte extérieur de mauvais esprit.

Notre mission de travailler au règne du S. Coeur est bien belle!

Le Saint Père, qui est le représentant de N. S. l'a dit avec autorité le 6 janvier: „Ceux qui sont appelés à propager la dévotion au Sacré-Coeur sont des privilégiés qui se rendront agréables à N. S. et recevront de grandes grâces s'ils sont fidèles à leur vocation”.

Je suis heureux de passer quelques semaines à Rome. Je fais chaque jour le pèlerinage de la station de carême avec le Père Barthélemy. C'est par une providence spéciale du Sacré-Coeur que je fais un bon séjour dans mon ancien séminaire, pour „renouveler”, comme dit S. Paul, „les grâces que j'ai reçues dans l'imposition des mains” (2 Tm 1, 6).

Je serai ici jusqu'au 15 mai. Je passerai probablement l'été à Paris au séminaire des Colonies 30 rue Lhommond. On pourra m'écrire là.

Quand le Bon Dieu mettra-t-il fin à cette abominable guerre? Je n'en sais rien. Il est le Maître des événements: Deus dans pacem et faciens bellum (Is 45? 7). Il faut le prier et attendre l'heure de la miséricorde.

Je bénis bien vos enfants. J'étais heureux autrefois d'aller voir ces enfants innocents, pieux et remplis d'ardents désirs pour les missions.

Je ne voyagerai plus beaucoup à cause de mon grand âge: aujourd'hui 75 ans! Je pense que le Bon Dieu me conservera jusqu'au Chapitre général, quelques mois après la guerre.

Union de prières et de sacrifices. Faites aimer l'Eglise et le Pape. Prions pour le règne de la paix et de la charité. Votre bien dévoué. L. Dehon

15. 03. 1918. B 74/6 (inv. 974. 08). P. van Halbeek

Mon cher Provincial,

J'ai reçu du St Siège un indult pour faire quelques nominations sans le concours du Conseil que je ne peux pas réunir. Je vous envoie une nomination de Maître des novices pour le P. van Hommerich, recteur de Bergen. J'écris un mot au P. Thines (?) pour qu'il ne se froisse pas. J'ai nommé le P. Storms Provincial à la place du P. Jonkmann qui est fatigué.

Pour la Suède, il faut attendre et patienter. Pour les Indes, je vous ai écrit. Pour Bergen-op-Zoom, vos projets sont bons.

Faites bien les visites, conformément à nos règlements. Entendez tout le monde pour user prudemment des confidences reçues.

Le Card. Van Rossum est nommé à la Propagande. Vous pourriez lui écrire, il sera bienveillant pour nous. Votre bien dévoué. L. Dehon

19. 03. 1918. B 18/6. 12. 13. (inv. 214. 13). P. Gasparri

Mon cher P. Ottavio,

Bonne fête de S. Benoît. Merci pour la liste des morts. C'est bien pour les professions: Nespoli pour 6 mois, S. Bergamelli pour un an, mais si on peut arranger son départ, il fera les voeux perpétuels avant de partir.

Remerciez bien le Pape pour les ornements. Je ne sais pas comment je ferai pour aller à Bologne. Le Consul donnera le passeport pour Pise-Turin-Vintimille, rien pour Bologne.

J'attends la visite de P. Plissonneau.

Le Pape a encore bien parlé du S. Coeur dimanche à l'occasion du décret de tuto pour Marguerite-Marie. La canonisation après la guerre??? Mille amitiés. L. Dehon

27. 03. 1918. B 97. P. Gelasio Palladino

Caro Gelasio,

Otto mesi! è molto, ma in questi posti penosi si può ancore esercere l'apostolato per la patienza, per l'esempio e anche per la parola nei rapporti con i compagni. Facciamo il dovere con calma, ora per ora, tutto per il S. Cuore, per il suo regno e per la nostra cara Congregazione.

La casa di Bologna si vuota poco a poco. Il sacrificio è la vita di tutti i cristiani, ed il sacrificio diviene fecondo se l'offriamo con fiducia al S. Cuore per affrettare la sua misericordia. Preghiamo e non dubitiamo che tutto finirà bene. Per lei è una grande grazia di avere il sacerdozio e di trovare ogni mattino la forza e la consolazione nella santa messa. E' un riconforto per tutta la giornata. Faccia pure con attenzione e devozione la sua piccola lettura quotidiana. Il tempo passa presto e la consolazione verrà dopo la terribile prova. La benedico di cuore. L. Dehon.

28. 03. 1918. B 19/7a. 2 (inv. 266. 26). P. van Hommerich

Cher fils,

Nous sommes tout à fait contents, le P. Provincial et moi de vos bons services à Bergen-op-Zoom et nous ne cesserons pas de vous témoigner de notre confiance.

Il n'est pas étonnant que vous ayez eu quelques petites difficultés avec un personnel de professeurs nombreux. Vous serez heureux d'avoir un poste moins chargé et moins difficile.

Gardez bien la paix de l'âme et laissez-vous conduire par la Providence.

Ici la vie est bien calme, on prie et on attend les événements. Je resterai ici jusqu'au 15 mai, puis j'irai en France. On pourra m'écrire au séminaire des Colonies, rue Lhommond 30. Si je n'y suis pas, ils sauront où je suis et m'enverront les lettres.

Savez-vous quelque chose de nos Pères de Bruxelles? Je n'ai pas eu la moindre nouvelle depuis le 13 déc. Ecrivez une carte au P. Bertrand. Demandez comment ils vont tous, eux et les familles amies que j'ai laissées là. Il vous répondra et vous m'écrirez ce qu'il vous aura dit. Votre carte doit être prudente, ne parlez pas de Rome et de l'étranger. Demandez des nouvelles pour moi comme si j'étais auprès de vous.

Quand vous aurez quelque peine, vous pourrez toujours m'écrire.

Portons généreusement nos petites croix et conntinuons à prier pour fléchir la justice de Dieu et pour obtenir miséricorde. Votre bien dévoué L. Dehon

05. 04. 1918. B 74/1 (inv. 969. 21). P. Kusters

Mon cher ami,

Je reçois aujourd'hui seulement votre bonne carte du 13 mars. Merci pour votre bon souvenir. Les années passent vite. Prions et sanctifions-nous.

Aujourd'hui, fête de S. Vincent, je pense au P. Jeanroy, envoyez-lui mes amitiés. Au mois de mai, je remonterai par Bologne. Je compte passer le mois de juin à Paray-le-Monial. On peut m'y écrire, poste restante. On vit au jour le jour par ces temps difficiles. Prions, la Providence nous aidera à tout restaurer après la crise. Amitiés à tous. Votre dévoué. L. Dehon

07. 04. 1918. B 22/9 (inv. 459. 03). P. Cortinovis (Albino)

Caro Cortinovis,

Saluti e auguri a tutti di casa. Spero di passare per Bologna nel maggio. Preghiamo sempre per affrettare il giorno della misericordia. Amistà. L. Dehon

Surrexit Dominus vere (Lc 24, 34). Alleluia!

13. 04. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 02). Fr. Mounier

Rome, 13 av. 18.

Mon cher Mounier,

Vos lettres me font grand plaisir. Vivons au jour le jour dans la prière et dans l'espérance, malgré les épreuves et les craintes qui nous assaillent. N. S. interviendra, quand il sera bien clair que les moyens humains ne suffisent pas. La France a de bons protecteurs, la Ste Vierge, St Michel, Jeanne d'Arc…

Et puis il y a beaucoup de saintes âmes qui s'offrent en victimes pour la Fille aînée de l'Eglise !

Offrons bien nos prières, nos actions et nos souffrances dans cet esprit de réparation pour l'Eglise et pour la France.

Préparez-nous quelques bonnes vocations. Dites à ces jeunes gens que les Prêtres du Sacré- Coeur auront une belle mission dans cette période qui sera l'établissement du règne du Sacré- Coeur dans le monde.

Le Saint Père nous encourage et nous bénit tout particulièrement pour cela.

Je vais passer le mois de mai à Bologne (6 via Nosadella), le mois de juin à Paray-le-Monial (Hôtel-pension des Saints Anges). Après cela, j'irai peut-être passer quelques semaines à la Délivrande (Calvados). Vous viendriez peut-être bien jusque là.

Il nous faudrait après la guerre une école en Bretagne. Prions pour cela.
Je vous bénis paternellement. L. Dehon

27. 04. 1918. B 20/13. 2 (inv. 332. 02). P. Legrand (Lisieux)

Cher ami, je pars le 1er. L'éditeur est Retaux, rue Bonaparte, 82. Pour Jérusalem: brancardier, 1° Cie mitr. 409 inf.ie, Sp. 203. Je serai à Bologne jusqu'au 15 ou 20. 6 via Nosadella.

Amitiés. L. Dehon

05. 05. 1918. B 19. 3. 1 (inv. 241. 00). P. Zicke (de Bologne)

Cher P. Zicke,

Je suis content d'avoir de vos bonnes nouvelles.

Nous nous laissons conduire par la Providence. Comme je désirais depuis longtemps faire une fondation en Espagne, j'ai pensé que votre présence pourrait être une occasion providentielle.

Prenons des informations et nous verrons si le Bon Dieu veut se servir de nous.

Ecrivez aux deux adresses que je vais vous donner. Vous demanderez si on connaît un évêque, de préférence dans le Nord, qui nous autoriserait à faire quelque oeuvre où il y aurait espoir de recruter quelques vocations.

I. Mgr Solari, Uditore della nunziatura apostolica à Madrid. Ce prélat est de nos amis, il est d'Albino. Il connaît le P. Gasparri, le P. Goebels. Demandez-lui de chercher l'évêque que nous désirons.

II. Le P. Roos, Monasterio del Val S. José, Getafe (Madrid) Espagne. Ce religieux trappiste est suisse, c'est le frère de notre P. Alessio Roos. Il connaît nos maisons d'Italie. Il est pour quelques mois près de Madrid, mais son monastère habituel est Monasterio da Viaceli, Cobreias, Santander. Il est de Luzern, il sait l'allemand. Parlez-lui de nous trouver quelque chose dans la région de Santander.

Je vous donnerai encore d'autres adresses plus tard. A partir du 20, je serai en France à Paray-le-Monial (S. et L.), hôtel des Saints Anges.

J'ai reçu aussi une bonne lettre du P. Foxius. Prions bien pour ce projet. Je pense que notre oeuvre a sa raison d'être là-bas. Je vous bénis paternellement avec tous vos confrères.

                                                                L. Dehon

08. 05. 1918. B 62/4 (inv. 861. 06). Louis Julliot (de Bologne)

Mon cher Louis,

Nous sommes bien éprouvés dans nos petites propriétés, mais il faut nous abandonner à la Providence et dire comme Job: Dieu a le droit de nous reprendre ce qu'il nous avait donné (Jb 2, 10). Il nous donnera toujours ce nécessaire

Peut-être aussi les pauvres victimes des ravages du front seront-elles indemnisées par quelques lois réparatrices…

A partir du 20, je serai à Paray-le-Monial, hôtel des Saints Anges. C'est un bon séjour pour le mois de juin. Ensuite on verra. On ne peut pas faire de projets à longs termes pendant cette guerre. Je ne sais plus rien de Belgique. Mes deux petits neveux, officiers de cavalerie, se comportent bien. Ils ont reçu la croix de guerre avec de belles citations.

L'Institution St Jean a déjà donné bien des victimes et la Congrégation aussi.

Je compte toujours sur une intervention bien marquée de la Providence. Le merveilleux ne manque pas depuis quelques années, et tout nous promet la résurrection après l'épreuve.

Amiens aura le sort de Reims et de St Quentin. Ce serait pénible de perdre vos notes et souvenirs de famille. Nous en sommes tous là dans le Nord. Cela fait partie de l'expiation.

Elevez bien vos petits enfants dans le vrai esprit de l'Evangile, sans mollesse et sans concession aux coutumes de décadence qui nous envahissent.

Si je vais dans l'ouest, ce sera en juillet. Nous nous écrirons d'ici là. Je tiens à voir le P. Mathias. Et si les affaires en France ne sont pas finies à l'automne, je reviendrai encore en Italie. Ma santé s'est un peu remontée sous ce climat bénin qui contraste avec nos brouillards et nos froids du Nord.

Union de prières toujours. Je bénis bien les trois bébés. Amitiés dévouées. L. Dehon

11. 05. 1918. B 74/6 (inv. 974. 09). P. van Halbeek (de Bologne)

Cher Père,

J'ai passé ici quelques bonnes journées. La maison est intéressante mais plusieurs de nos jeunes gens sont pris par le service militaire. Je vais partir pour Paray-le-Monial, où je séjournerai jusqu'à la fin de juin, à l'hôtel des SS. Anges. Je serai bien là pour le mois du S. Coeur et pour les anniversaires des grandes révélations de la Bse Marguerite Marie.

J'ai revu le Pape avant de quitter Rome, il bénit de nouveau toutes nos oeuvres et il nous encourage, et il nous confirme de nouveau notre mission de propager le vrai culte du S. Coeur, personnel et social, et en particulier la consécration des familles. Faites ce que vous pouvez pour cela en Hollande. Ici, le Cardinal-archevêque a chargé le P. Gasparri de cette propagande pour le diocèse et la ville.

La Hollande catholique n'aura-t-elle pas son église votive nationale? C'est vous qui devriez faire cela.

Pour la mission, j'ai confiance, mais les correspondances avec Java sont longues. Attendons.

Avez-vous fait les changements projetés? Continuons à prier pour que Dieu accorde à l'Europe une paix juste et durable.

Vous pouvez m'écrire à Paray-le-Monial (Saone-et-Loire). Votre bien dévoué. L. Dehon

11. 05. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 03). Mgr Grison (de Bologne)

Mon cher Seigneur,

Je vous ai écrit déjà trois fois depuis que j'ai retrouvé la liberté, depuis Noël. Vos réponses viendront, mais c'est long, la poste a les ailes cassées.

J'ai passé 4 mois à Rome et ici deux bonnes semaines. Je vais à Paray-le-Monial pour deux mois. Jusqu'à nouvel ordre, écrivez-moi à Bologne, 6 via Nosadella. Le P. Gasparri saura toujours où je suis.

Le P. Barthélemy est pour l'été à Paris, 25 rue de Maubeuge, chapelain des Soeurs Auxiliatrices. Vous pouvez toujours lui écrire aussi à Bologne, on fera suivre.

Je ne sais plus rien de la Belgique depuis 5 mois que je l'ai quittée. Les frontières sont fermées à la poste. Vous savez les nouvelles politiques: les chrétiens s'entretuent: religio depopulata (Jl 1, 10). La bravoure des armées françaises est admirée du monde entier. La Ste Vierge, S. Michel et Jeanne d'Arc nous aideront, en attendant l'heure de la miséricorde. Il y aura encore des épreuves parce que les gouv.ts ne se soumettent pas à Dieu.

Notre province de Hollande est prospère. Elle s'accroît. Les maisons belges vivotent. St Quentin et Fayet sont ruinées. La Providence arrangera tout.

Le P. Barthélemy a dû vous envoyer de la quinine et autre chose, demandez-lui ce qui vous est nécessaire. Il a reçu un secours de la Propagande. Je ne trouve pas moyen de vous envoyer du monde pendant la guerre. Patience! Le P. Bünn est ici en convalescence. Il y a quelques Hollandais, Belges et Italiens disposés à aller travailler avec vous, quand on pourra.

J'ai revu le St Père, qui nous bénit tous cordialement. Il aime beaucoup notre Oeuvre. C'est le Pape du S. Coeur. A ma demande, il va faire faire un autel du S. Coeur à la basilique de St Pierre. Tâchons de répondre à sa confiance. Ménagez votre santé. Vous viendrez vous reposer après la guerre. Ma santé est assez bonne pour mon âge.

Votre compte-rendu a été bien accueilli à la Propagande. Le nouveau Préfet est le Cardinal Van Rossum. Prêchez aux nôtres la piété, la patience, les vertus du S. Coeur.

Amitiés dévouées. L. Dehon

12. 05. 1918. B 22/7 (inv. 455. 01). P. Mulder (de Bologne)

Mon cher Père,

Votre lettre m'a bien fait plaisir. J'ai passé quatre bons mois à Rome et j'ai vu plusieurs fois le St Père, qui nous veut beaucoup de bien. C'est le Pape du S. Coeur, il fait tout ce qu'il peut pour cette dévotion.

P. Bünn est ici en convalescence. Je pars pour la France, je passerai six semaines à Paray-le-Monial. On peut toujours m'écrire ici, le P. Ottavio Gasparri m'enverra les lettres. J'ai écrit plusieurs fois à Monseigneur. J'ai reçu aujourd'hui plusieurs lettres de Hollande où tout va assez bien.

On me donne des nouvelles de Belgique, nos maisons sont calmes. Il y a deux nouveaux prêtres, le P. Delvigne et le P. Nihoul. Un jeune belge, Fr. Van Acken, a été blessé au front, il est mort à l'hôpital. P. d'Hoosche est toujours en prison là-bas. P. Weber et P. Schmitt sont revenus. La Province de Hollande est prospère: 17 jeunes gens entrent au noviciat.

Nous avons de jeunes Pères Hollandais, Belges, Italiens qui iront volontiers au Congo, mais il faut attendre qu'on puisse voyager. Il faut que la Providence vous conserve tous là-bas jusqu'à ce que nous envoyions des Pères pour remplacer ceux qui viendront se reposer.

Le P. Jeanroy vieillit. Le P. Dessons s'occupe un peu de votre procure, il passe l'hiver à Rome. Il est pour l'été à Paris, chapelain des Soeurs de Marie Auxiliatrice, rue de Maubeuge 25.

Travaillez tous modérément sans trop vous fatiguer. La Propagande est contente de vos progrès. Le nouveau Cardinal Préfet est votre compatriote, Van Rossum. Il est bienveillant pour nous.

Prions bien le S. Coeur pour qu'il nous donne une paix juste et durable. L'Europe expie toutes ses erreurs politiques et morales.

Oremus pro invicem. Aidons-nous les autres par la prière. Amitiés à ceux que vous verrez. Le Pape les bénit et les encourage. Votre dévoué. L. Dehon

15. 05. 1918. B 108/1 (inv. 0116517). Emile Bichet

Bologne, 15 mai 18.

Mon cher Bichet,

Je vais rentrer en France, à Paray-le-Monial (S. et L.), hôtel des SS. Anges.

Je grouperai ceux que je pourrai de mes élèves de Brugelette. Je les mettrai ensemble au Séminaire de Versailles jusqu'à ce que la Belgique soit ouverte.

J'ai déjà Gobin et Mounier. En serez-vous ? En connaissez-vous d'autres ? Que sont devenus Bidet et Auger ? Jousseaume et Simonneau sont-ils encore à l'armée ?

Soyons tous fidèles au Sacré-Cœur.

La guerre passera comme un cauchemar et après nous aurons beaucoup à travailler pour le règne du Sacré-Cœur.

Votre bien dévoué L. Dehon.

(Au dos de la lettre, cette note, sans doute de Bichet : « Je fais réponse aujourd'hui même à mon Très Rév. P. en lui soumettant à nouveau ma situation).

16. 05. 1918. B 74/6 (inv. 974. 10). P. van Halbeek (de Bologne)

Mon cher Père,

Je vous ai répondu en mars. J'approuvais vos projets et je nommais le nouveau Maître des novices. Vous devez avoir maintenant cette lettre. Je la confirme.

J'ai su votre belle ordination par le P. Schulte. Deo gratias! Je pense qu'il faut rester à Liesbosch. Je me réjouis de tous vos progrès. Envoyez Jenkens et un autre, si vous pouvez. Que faire avec Joos? Il a des voeux perpétuels. S'il est exposé à perdre l'autre oeil, on ne peut pas le faire prêtre.

Vous pouvez traduire mes opuscules, je n'ai pas de traité avec Castermann.

Pour les Indes, le Card. Van Rossum est favorable, cela réussira. Le Secrétaire de la Propagande, Mgr Laurenti, a écrit à Mgr l'évêque de Batavia. Je crois que la réponse ne tardera pas. Je prie bien à toutes vos intentions.

Je pars pour Paray-le-Monial où je passerai six semaines à l'hôtel des SS. Anges. On peut aussi toujours m'écrire ici, le P. Gasparri fera suivre. Soyez tous bénis. L. Dehon

19. 05. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 03). Fr. Mounier (de Bologne)

Mon cher Mounier,

Quand serez-vous libre? Je vais mettre dans un séminaire ceux des nôtres qui sont près à entrer en philosophie. J'ai en vue Versailles, Le Mans ou Nantes. Vous viendrez avec Gobin. En connaissez-vous d'autres?

Malgré la guerre, notre Province a eu vingt nouveaux prêtres depuis quatre ans. La Province hollandaise a eu hier une grande ordination, elle est très prospère.

Après la terrible guerre, ce sera le règne du Sacré-Coeur. Je ne doute pas que notre famille religieuse ne prenne un nouvel essor.

Jusqu'au 1er octobre, que puis-je faire pour vous? Avez-vous un asile pour vos vacances? Je compte bien vous voir cet été. Ecrivez-moi à Paray-le-Monial (Saone-et-Loire), pension des SS. Anges. Je vais y aller pour six semaines.

Votre bien dévoué. L. Dehon

19. 05. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 04). Mgr Grison (de Bologne)

Mon bon Monseigneur,

C'est ma quatrième lettre depuis Noël et je n'ai encore rien reçu de vous, les communications sont devenues si lentes et si difficiles. Je compatis bien à toutes vos fatigues et sollicitudes. Je voudrais bien vous aider et vous envoyer du monde, mais on ne sait par où passer et les frais de voyage sont fabuleux, on parle de 6.000 francs pour chaque passager.

Nous avons des vocations de missionnaires, et je crois qu'après la guerre on pourra de suite en envoyer huit ou dix.

L'Oeuvre ne meurt pas, elle paraît avoir des racines solides. Nous avons fait, malgré la guerre, 80 nouveaux prêtres depuis quatre ans. Voilà qui va permettre de relever et de développer les oeuvres. Comme nombre total, nous étions 474 en 1914, nous avons maintenant dépassé les 500. La Province de Hollande s'est accrue d'une quarantaine. Les autres ont à peine remplacé leurs morts.

Nos bons petits Italiens eux-mêmes sont soldats, au nombre d'une dizaine. Cela retarde tout. Il faut toujours dire Fiat! L'Europe expie et se purifie.

P. Bünn est ici en convalescence, il a souffert d'une pleurésie, il va mieux. P. Barthélemy est pour l'été à Paris, chapelain des Soeurs de Marie Auxiliatrice, 25 rue de Maubeuge. Il vous a envoyé diverses choses, quinine, etc. Adressez-vous à lui, il a des réserves.
Votre compte-rendu annuel a été très goûté à la Propagande, on dit que vous avez une bonne mission.

Que vous dirai-je de la guerre? Les uns disent qu'elle durera encore six mois, les autres disent: dix-huit mois. Dieu seul le sait. Il faut que la mesure des prières et des expiations soit suffisante. Les Français gardent confiance malgré tout.

Le St Père est très bienveillant pour nous. Conservez-vous bien. Mille amitiés. L. Dehon

20. 05. 1918. B 108/1 (inv. 0116518). Emile Bichet

Bologne, le 20 mai 18,

Mon bon Bichet,

J'attends mon passeport pour aller à Paray-le-Monial. Nous nous verrons en Juillet.

Soyez fidèles au Sacré-Cœur. J'indemniserai le séminaire de Faverney.

Pour votre seconde année de philosophie, c'est peut-être le mieux de la faire encore là. Demandez à M. le Supérieur s'il veut bien s'y prêter. Il m'enverra sa note.

Je metterai quelque part Gobin et Mounier en première année.

Merci pour l'adresse de Joseph Auger, je lui écrirai.

Que peut bien être devenu Gustave Bidet de Jallais (Maine-et-Loire) ? Je ne sais rien de Camille Pagnier, je vais en parler au P. Gaillard, aumônier du Val-des-Bois, qui est à Versailles dans les bureaux de l'aérostation.

A Brugelette, ils sont sept prêtres. Ils sont au calme, mais la vie est chère. L'aînée des deux dames est morte. Le P. Jacquemin est devenu propriétaire de la maison.

Malgré la guerre notre province franco-belge a eu vingt nouveaux prêtres depuis quatre ans.

Je vous bénis bien paternellement. L. Dehon.

A Paray, Pension des SS. Anges.

Mai 1918 Cor Unum, de Bologne („Simple organe des Pr. du SC mobilisés”). Citation d'une lettre du P. Dehon

Nous remonterons vers le Nord au 15 mai, je passerai sans doute l'été à Paris, au séminaire des Colonies rue Lhomond. Où aller? Saint-Quentin est toujours bloqué, et tout est incertain pendant ce temps de guerre. Toutes nos maisons sont au Nord, il faudra bien en faire d'autres en France, en Suisse, en Espagne, après la guerre ce sera le règne du Sacré-Coeur et l'Oeuvre se développera. Le P. Mathias est heureux là-bas, mais sa pauvre école de Mons est vide. Il faudra deux écoles françaises après la guerre pour nous remonter. Priez bien à toutes nos intentions.

01. 06. 1918. B 108/1 (inv. 0116519). Emile Bichet

Bologne, 1er juin 18.

Mon cher Bichet,

J'ai été bien retardé pour le passe-port, je pars seulement demain pour Paray.

J'ai eu des nouvelles de Camille Pagnier. Il était au Val au moment de l'invasion. Il a été évacué avec sa mère et sa petite sœur près de Sedan. Il fait fonction d'interprète à la Commandantur, ayant appris l'allemand à Clairefontaine. Il a assez de loisirs pour continuer ses études avec M. le Curé de Sault sur Suippes qui est évacué au même endroit. Son petit frère est au petit séminaire de Meaux.

Vous retrouverez tous vos amis de Brugelette après la guerre.

Prions bien. La France expie, elle n'a encore rien réparé de ses lois persécutrices, mais elle expie par ses souffrances. Elle donne tant de victimes généreuses ! Notre-Seigneur lui fera miséricorde.

Si vous pouvez, vous passerez à Paray en allant en vacances. Vous me direz ce que je dois payer à votre bon supérieur pour votre pension.

Votre bien dévoué L. Dehon.

07. 06. 1918. (Arch. dioc. de Lille, fonds Tiberghien). Monseigneur Tiberghien

Paray le Monial, hôtel des SS. Anges

7 juin 18

Mon cher Seigneur

Voyez s'il y a quelque chose de plus à faire pour M. Pierre Saucour. Je crois que ce qu'on a fait suffit.

On prie bien ici. Il y a aujourd'hui grande fête avec une foule nombreuse et fervente.

Monseigneur l'évêque d'Autun a présidé et prêché.

Je vais rester ici au moins un mois.

Il y a beaucoup de soldats, tout confiants et ardents, beaucoup de blessés aussi, hélas !

Union de prière. Votre bien dévoué L. Dehon

(Inséré le 10 février 2002)

08. 06. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 04). Fr. Mounier (de Paray-le-M)

Paray-le-Monial (S. et L.), Pension des SS. Anges, 8 juin 18.

Mon bon Mounier,

Je suis ici bien installé au moins jusqu'au milieu de juillet. On prie bien le S. Coeur ici.

Je vais trouver un séminaire pour Gobin et pour vous. Bichet est au séminaire de Favernay, laissons-le. Bidet est à Jallais. Jh Auger est au 107° régt inf. 27° Cie à Weiler-Angoulème (Charente).

Restons tous bien unis. Nous nous retrouverons après la guerre. Je ne pense plus à aller à Meaux et à Paris. Je puis rester ici quelques semaines et peut-être ensuite à Lyon.

Paray-le-Monial est loin pour vous. Je n'ose pas vous inviter à venir. Trouvez-nous quelques vocations. Votre dévoué. L. Dehon

09. 06. 1918. B 76/6 (inv. 984. 08). P. Schulte (de Paray-le-M.)

Cher Père,

Votre lettre du 8 mai et celle du P. Jenkens me reviennent ici. Je vais passer l'été en France et si la guerre n'est pas finie, je retournerai en novembre à Rome. Je suis bien ici pour prier le S. Coeur. Je me réjouis du zèle du P. Jenkens pour les missions. C'est le Congo qui a le plus grand besoin et c'est une des plus belles missions du monde. On y fait 2.000 chrétiens de plus chaque année. Ce serait mieux s'ils pouvaient partir à deux.

La Providence nous aide, pas un seul Père n'est mort là-bas depuis quatre ans et cependant plusieurs sont déjà là depuis 7 ou 8 ans sans revenir.

Dites à ce jeune Père que je le bénis bien et que je l'accompagne en esprit jusqu'au Congo. Il ne peut pas passer par Java, ce serait trop long et trop coûteux.

Je vous bénis tous cordialement et surtout les jeunes prêtres. Votre bien dévoué. L. Dehon

11. 06. 1918. B 22/6 (inv. 454. 04). Mgr Jacquement (de Paray-le-M.)

Monseigneur,

J'ai quitté le cher Santa Chiara pour prendre l'air de France en été, mais ne pouvant pas rentrer dans mon Saint-Quentin je me suis fixé à Paray.

Je n'oublie pas votre aimable accueil à Rome. Votre séminaire a-t-il tous ses cours? J'ai deux jeunes gens à mettre en philosophie, les accepterait-on au séminaire de Nantes pour un an ou deux à mes frais?

Votre secrétariat a-t-il trop de messes? J'en accepterais volontiers pour envoyer à nos missionnaires. Pardonnez-moi de vous déranger et daignez agréer l'hommage de mon profond respect. L. Dehon, Sup. gén. des Prêtres du S. Coeur

13. 06. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 05). Fr. Mounier

Paray-le-Monial. Pension des SS. Anges, 13 juin 18.

Mon cher Mounier,

Je vous verrais bien volontiers, mais c'est si loin de Tréguier à Paray, et les voyages sont devenus si difficiles et si chers! Si cependant vous pouviez venir en pèlerinage à Paray, je vous aiderais bien pour le voyage. Quand entrez-vous en vacances? Je compte rester ici jusqu'au 20 juillet et peut-être un peu plus.

Oui, l'immolation au Sacré-Coeur, il n'y a que cela. Vous aurez une bonne année à passer avec le P. Jacquemin pour entrer de plus en plus dans cet esprit. En attendant je vais vous faire faire votre philosophie, je pourrai bientôt vous fixer.

Prêtre du Sacré-Coeur! Quelle belle vocation! C'est celle de l'apôtre S. Jean.

Je vous bénis bien paternellement. L. Dehon

16. 06. 1918. B 108/1 (inv. 0116520). Emile Bichet

Paray-le-Monial (S. et L.), Pension des SS. Anges, 16 juin 18.

Mon cher Bichet,

Je compte rester ici jusqu'au 20 juillet et passer ensuite trois mois à Lyon-Fourvières.

Vous m'avez dit que vos vacances commençaient au 15 juillet. Où nous verrons-nous ?

Je serais content de vous garder dans l'œuvre du Sacré-Cœur où la Providence vous a conduit, sans vouloir cependant violenter votre volonté. Où passerez-vous vos vacances ?

Je vais mettre Gobin et Mounier en philosophie dans un séminaire de l'Ouest.

Votre bien dévoué L. Dehon.

17. 06. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 06). Fr. Mounier

Paray-le-Monial (S. et L.) Pension des SS. Anges. 17 juin 18.

Mon cher Mounier,

Mgr l'évêque de Moulins veut bien vous prendre à son séminaire avec Gobin. Ce sera vers le 1er oct. Mgr Pérron était un disciple du P. André. M. le Sup. du séminaire se nourrit des livres du P. André. Vous serez donc là comme chez nous. Confiance! C'est le Sacré-Coeur qui vous conduit. J'écris cela à Gobin.

Votre bien dévoué. L. Dehon

17. 06. 1918. B 62/10 (inv. 868. 02). Abbé Weppe (de Paray-le-M.)

                Réponse à une lettre adressée au P. Govaart

Mon cher abbé,

Je ne puis rien demander au St Siège que pour les sujets qui sont sous ma juridiction et ce n'est pas le cas pour vous. Je crois que la Marine française a un aumônier en chef, adressez-vous à lui, il vous dira ce qu'il faut faire. Je vais passer ici quelques semaines. Je retournerai à Rome pour l'hiver. Votre dévoué. L. Dehon

22. 06. 1918. B 97. P. Gallo (de Paray-le-M.)

Caro Gallo,

Corragio e patienza! Siamo in tempi difficili. Il S. Cuore veglia e conserverà il suo diletto figlio. Ho lasciato Bologna il 5 di giugno e mi fermo qui sino al 20 di luglio.

Qui si è manifestato il S. Cuore alla beata Margherita Maria. C'è qui un pellegrinagio continuo di devoti al S. Cuore. Non ti dimentico, prego per i miei cari figliuoli di Bologna. Il povero Dodi è ammalato a Piacenza. Non può fare il soldato.

Il Santo Padre ci vuol sempre molto bene.

Vada a visitare le principali basiliche. A S. Lorenzo c'è la tomba di Pio IX. A S. Cuore si può vedere le reliquie della Passione. Si può domandare alla sacristia.

Preghiamo bene per la Congregazione e per la cara casa di Bologna.

Ti benedico di cuore L. Dehon

23. 06. 1918. B 74/6 (inv. 974. 11). P. van Halbeek (de Paray-le-M.)

Cher Père,

Je reçois votre bonne lettre du 15. Je regrette beaucoup la mort du bon P. Schimanski, il travaillait bien pour les âmes, il avait bien l'esprit apostolique. Nous prierons pour lui et pour les frères défunts que vous me signalez. Faites-les connaître aussi par une carte postale à Bruxelles.

Quelles difficultés pour envoyer des missionnaires! C'est bien dommage. Heureusement qu'il n'en meurt pas au Congo! Mais beaucoup sont fatigués. Laissez le P. Schulte à Liesbosch. Nous demanderons un indult quand vous voudrez. Je vais écrire à Rouen pour la maison. Je n'irai pas par là. Je vais passer mon été à Paray puis à Lyon et je rentrerai en Italie vers la Toussaint. Je ne crois pas que la guerre finisse avant l'an prochain.

Je dirai modestement ma messe de jubilé à Rome, là où j'ai dit la première il y a cinquante ans!

Je suis content de voir toutes vos maisons en bonne voie. Ecrivez une carte postale à M. Arrachart 18 rue Eug. Cattoir à Ixelles. Dites-lui que je pense à eux tous les jours, que je vais bien et que j'espère qu'ils se tirent d'affaire là-bas. Une carte au P. Jeanroy pour qu'il veuille bien faire à Mme Malezieux les avances qu'elle demandera. J'ai une lettre récente du P. Pierre Graaf. C'était avant l'accident du P. Schimanski. On leur offre des paroisses, mais que faire?

Au Brésil du Sud, on nous a retiré les paroisses, les Pères sont retirés dans deux hôpitaux. P. Lux m'a écrit. Je corresponds avec ceux d'Espagne à Cadix.

Les Soeurs d'Abshoven m'écrivent assez souvent. Je n'ai pas encore de réponse de la Propagande pour les Indes. Patience! Les correspondances deviennent difficiles.

Peut-être faudra-t-il reprendre notre place en Finlande? Cela ferait plaisir à la Propagande. Vos Pères de Suède ou le P. Buckx pourraient peut-être correspondre avec notre ami d'Helsingfors, pour lui témoigner de l'intérêt et lui demander ce qu'il pense d'une reprise de l'oeuvre là-bas.

Soyez tous bénis. L. Dehon

25. 06. 1918. B 62/4 (inv. 861. 07). Louis Julliot (de Paray-le-Monial)

Mon bon Louis,

Vous vous soulagez en agonisant les Allemands, c'est bien. David en a dit bien d'autres sur les persécuteurs d'Israël. La pauvre France expie trente cinq années de persécution, d'indifférence religieuse et de mollesse. Dieu la châtie pour la purifier et la relever. Il semble bien que nous approchons du terme. Il y a eu déjà une hécatombe infinie d'excellents jeunes gens, de héros et de Saints. Le S. Coeur doit être bien près de se laisser toucher. On le prie bien ici.

Je suis arrivé tout juste pour la fête du S. Coeur, et je resterai jusque fin juillet. J'irai ensuite à Lyon jusqu'à l'automne. J'ai passé un mois à Bologne, j'y ai vu le lieutenant Hénin. Le P. Duborgel, qui est à Lyon, va venir me voir ici. Ce n'est plus le moment d'aller à Paris.

Je reste en correspondance avec tout mon monde. La Province de Hollande est prospère et progette de nouvelles fondations.

Vous parlez de Claire Ferchaud, l'évêché de Poitiers observe et ne se prononce pas encore, mais il est plutôt favorable.

Le S. Coeur nous sauvera, mais il attend encore un peu plus de pénitence et de prière. Un acte de foi du gouvernement finirait tout, mais que peut-on attendre des 300 ou 400 chenapans qui nous gouvernent?

Confiance! Votre famille retrouvera un peu de paix et de prospérité après la guerre. Je fais prier ici pour vous. Mille amitiés. Je bénis bien les bébés. L. Dehon.

29. 06. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 07) Fr. J. Mounier

Paray-le-Monial (S. et L.), Pension des SS. Anges, 29 juin 18.

Mon cher Mounier,

Je reviens de Moulins, tout s'arrange bien. La rentrée est le 2 oct., jour des SS. Anges. Vous irez en soutane, col blanc, pas de rabat. Avez-vous tout ce qu'il vous faut pour votre trousseau?

C'est le Sacré Coeur qui arrange tout. Moulins a un Séminaire modèle, le Supérieur est un saint comme notre Père André. Prions bien avec le Pape et pour le Pape.

Je reste ici jusqu'au 20 juillet. Ensuite à Lyon-Fourvières, à N. D. de Compassion, 8 rue de l'Antiquaille.

Je vous recommande la piété avant tout, la régularité, la vie intérieure.

Votre bien dévoué L. Dehon.

01. 07. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 05). Mgr Grison (de Paray-le-M.)

Mon cher Seigneur,

Je reçois votre bonne lettre du 1er mai, c'est la première depuis 4 ans. Vous me parlez d'une autre écrite dix jours avant, je ne l'ai pas.

P. Barthélemy est à Paris, il s'occupe bien de vous envoyer de la quinine. On n'en laisse plus exporter de France ni d'Italie, mais il a réussi auprès du gouvernement belge à Calais.

Pour l'imprimerie, les Soeurs en avaient une en vue à Rome mais on n'a pas trouvé moyen de l'expédier. P. Barthélemy a encore des fonds à Paris.

Je vous ai écrit il y a huit jours. Deux jeunes Pères hollandais s'apprêtent à partir malgré les prix de transport écrasants, plus de 6.000 fr. chacun. P. Barthélemy et moi rentrerons en Italie en novembre. Je partage mon été entre Paray-le-Monial et Fourvière.

P. Lux m'a écrit, je vous l'ai dit. Ils sont bien éprouvés là-bas. P. Schimanski est mort noyé à Pernambuco. Quatre Frères de Sittard ont été tués au front depuis deux mois. P. D'Hossche, toujours prisonnier là-bas, espère être rapatrié prochainement et partir au Congo. P. Bunn est en convalescence à Bologne. P. Lebrun est à Paris, P. Mennecart en Bretagne.

Confiance toujours! Le S. Coeur nous sauvera. Le Pape pense que notre Oeuvre aura un grand développement après la guerre et que ce sera le règne du S. Coeur. Dieu seul sait quand la guerre finira. Probablement l'année prochaine. Bon courage. Oremus pro invicem.

Votre bien dévoué L. Dehon

05. 07. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 08). Fr. Mounier

Paray-le-Monial S. et L., Pension des SS. Anges, 5 juil. 18

Mon cher Mounier,

Si j'étais sûr que vous arriveriez ici le 21 ou le 22, je prolongerais bien un peu mon séjour pour vous voir. Faites-le moi savoir de suite.

Pour le Cor Unum, écrivez votre changement d'adresse au Rév. Père Gasparri, 6 via Nosadella à Bologna (Italie). Un carte postale de 10 c suffit.

Vous serez bien à Moulins et comme chez nous.

Je vous bénis paternellement. L. Dehon.

07. 07. 1918. B 108/1 (inv. 0116521). Emile Bichet

Paray, 7 juil. 18.

Mon bon Bichet,

Notre Seigneur ne force personne. Il dit aux jeunes gens de bonne volonté : « Si vous voulez (cf. Mt 19, 21), suivez-moi dans la pratique des conseils de perfection, dans la vie religieuse ». Vous avez regardé en arrière (cf. Lc 9, 62). C'est tout. N'en parlons plus. Je suis triste pour vous, mais je ne vous en parlerai plus.

Tirez-vous d'affaire dans la vie séculière à laquelle vous ne paraissiez pas appelé.

Votre dévoué L. Dehon.

10. 07. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 09). Fr. Mounier

Paray 10 juil. 18

Mon cher Mounier,

Vous avez bien raison, les voyages sont trop difficiles et trop chers.

Prenez de bonnes vacances, dans le calme et la piété. Reposez-vous bien. Préparez votre trousseau. Vous serez bien reçu à Moulins. Arrivez exactement le 2 octobre.

J'irai à Lyon le 20. J'apprends que ma pauvre chapelle du Sacré-Coeur à Saint-Quentin a reçu un obus et qu'elle est remplie de décombres.

Offrons tous nos sacrifices pour le salut de la France.

Votre bien dévoué L. Dehon.

13. 07. 1918. B 22/6 (inv. 454. 05). Mgr Jacquement (Nantes) (de Paray-le-M)

Monseigneur,

J'ai écrit, il y a quelques semaines, à votre Grandeur pour vous demander si je pourrais pendant la guerre mettre deux ou trois de mes étudiants à votre séminaire. Vous ne m'avez pas répondu, vous attendiez sans doute pour savoir si vous auriez place. N'ayant pas votre réponse, j'ai casé mes jeunes gens, deux à Moulins et un à Tours.

Je vous demandais aussi si votre secrétariat avait trop de messes, je dois toujours en envoyer à mes missionnaires.

Je garde un souvenir ému de la bienveillance que vous m'avez témoignée à Rome.

Quand notre gouvernement se décidera-t-il à prier? Si nous pouvions faire le 4 août ce qu'on fera en Angleterre, des prières publiques en union avec toutes les autorités?

Daignez agréer, Monseigneur, mes respectueux hommages. L. Dehon.

à Paray-le-Monial, Pension des SS. Anges. Après le 20 à Lyon, 8 rue de l'Antiquaille.

19. 07. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 03). P. Zicke (de Paray-le-M.)

Cher fils,

J'ai bien reçu votre lettre du 10 juillet et la lettre si intéressante et si encourageante du P. Roos.

J'écris de suite à Rome et j'espère bien recevoir du Pape un mot d'encouragement qui nous aidera beaucoup en Espagne. Il faudrait s'établir à proximité du monument national et commencer là une école apostolique. Le P. Roos nous aidera beaucoup. Appliquez-vous à bien parler le castillan.

Nous n'avons pas fait d'élenchus depuis 4 ans, j'écris au P. Gasparri de vous en envoyer un ancien s'il en a. Je penserai aussi au Cor Unum.

Notre projet aura ses difficultés, mais j'espère qu'il finira par réussir.

Je pars demain pour Lyon. Mon adresse pendant trois mois sera à Lyon, 8 rue de l'Antiquaille.

J'ai vu avec plaisir votre groupe d'enfants, je suis sûr que vous ferez là beaucoup de bien.

Je vous bénis tous paternellement. Votre dévoué L. Dehon

29. 07. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 10). Fr. Mounier

Lyon, 8 rue de l'Antiquaille, 29 juil. 18.

Mon cher Mounier,

Reposez-vous bien. On vous attend le 2 oct. avec Gobin. Vous serez fort bien à Moulins. Cherchez-nous quelques vocations. Je vous enverrai ces jours-ci des notices sur l'Oeuvre. Je suis ici pour trois mois.

Après la guerre, nous ferons une seconde école apostolique française, dans le Rouergue ou en Bretagne, mais je crois que les évêques bretons ne s'y prêtent pas facilement. Prions bien pour cela.

Votre dévoué L. Dehon.

29. 07. 1918. B 19/2. 1 (inv. 231. 17). Mère M. Ignace (Servantes) (de Genève)

Ma Rév. Mère,

J'arriverai en retard pour votre fête, mais vous saurez que j'ai pensé à vous. Prions bien St Ignace. Notre bonne Mère s'entretient avec lui au ciel.

Laissons bien faire la Providence et acceptons tous les sacrifices de chaque jour.

Je passe l'été en pays plus frais, je retournerai aux pays chauds pour l'hiver. Ma santé est assez bonne. Je prépare mon jubilé pour le 22 décembre.

Continuons à bien prier, le S. Coeur fera miséricorde à tous pour le plus grand bien de chacun. Je vous suis toujours uni et à nos chères Soeurs du ciel. Dévouements respectueux

             Vve Verner, 51 Bould du Pont d'Arve, Genève

Juillet 1918. B 97. Fr. Bosio (de Paray-le-M.)

Mon cher Bosio,

Je vous écris en français, vous le comprenez si bien! Vous êtes bien dans les dispositions où doit être une petite victime du S. Coeur. Laissez-vous conduire par la Providence. Le Bon Dieu vous aime, il veille sur vous, il sait ce qu'il vous faut. Dites bien comme Notre-Seigneur: „Je fais toujours la volonté de mon Père” (Jn 4, 34). Le saint abandon est la vertu des victimes du S.C. Vous avez aussi votre bonne Mère, la sainte Vierge qui veille sur vous comme sur son petit enfant.

N'ayons pas d'autre désir que notre sanctification pour la plus grande gloire de Dieu. Sanctifions-nous au jour le jour. En faisant la volonté de Dieu, vous contentez Dieu. En offrant vos petites croix de chaque jour, vous sauvez les âmes, et vous aidez au salut des peuples catholiques, qui sont menacés par la domination de Luther et de la philosophie matérialiste. Il est vrai que nos nations latines ne sont pas assez religieuses ni assez obéissantes à l'Eglise, mais il y a progrès. Ces nations se rapprochent de l'Eglise. Prions pour qu'elles fassent tout ce qu'elles doivent faire.

Dites à nos petits étudiants que je pense bien à eux et que je les bénis.

Je vous bénis paternellement. L. Dehon.

Juillet 1918 Cor Unum, de Bologne. Lettre du P. Dehon, de Paray-le-Monial

„Ne craignez pas, petit troupeau” (Lc 12, 32). Notre Seigneur disait cela à ses apôtres quand ils étaient tentés de se laisser décourager par l'épreuve. Le Saint Père me l'a dit aussi une fois: „Vous êtes le pusillus grex, mais vous grandirez”.

Ne craignons pas pour notre chère Oeuvre, elle souffre de la guerre, mais elle est vivante. Elle a envoyé de généreuses victimes au ciel. Malgré la guerre notre nombre s'est un peu accru depuis quatre ans, nous sommes environ cinq cents. Nous avons fait 80 nouveaux prêtres, dont 20 dans la Province franco-belge, 25 en Hollande et plus de 30 à Luxembourg. Avec ce renfort nous pourrons remonter nos oeuvres.

Au Congo la Providence garde les santés et les fruits sont immenses: 2.000 baptêmes par an. Nous allons essayer d'y envoyer deux jeunes Pères hollandais.

La dispersion momentanée nous fait connaître. Ayons soin de porter partout l'édification et recrutons quelques vocations.

Me voici à Paray pour six semaines au moins. C'est ici la source des grâces du Sacré-Coeur. La Providence m'a ménagé ce séjour si précieux. Je dis souvent la sainte messe au sanctuaire de la Visitation, que tous les nôtres s'y unissent à moi.

Le Sacré-Coeur veut notre confiance. L. Dehon

18. 08. 1918. B 74/6 (inv. 974. 12). P. van Halbeek (de Lyon)

Mon cher Père,

Voici une déception. Mgr Luypen de Batavia m'écrit qu'il ne peut rien nous donner. Il a déjà cédé quatre régions, 2 aux Capucins, 1 aux Pères de Tilbourg, 1 aux Pères de Steyl. Je crois qu'il vous reste de l'espoir du côté des Capucins. Ils ont de très grands territoires à Sumatra et à Bornéo et des deux côtés ils n'ont qu'un petit groupe de Pères. Demandez-leur la moitié de leur vicariat de Bornéo. Arrangez cela avec leur Provincial.

J'avais cependant fait écrire à Mgr Luypen par le Secrétaire de la Propagande.

Prions pour l'affaire de Bornéo et voyez le Provincial. Je suis ici jusqu'au 20 octobre et je vais assez bien. Quand pourrons-nous faire le Chapitre et renouveler tous les pouvoirs?

Patience et prière. Votre dévoué L. Dehon

Amitiés à tous.

Envoyez une carte à Melle de Tourville 19 rue Baugham à Bruxelles, pour qu'elle dise à Mme Maleyzieux que le P. Dehon et ses neveux, les jeunes Maleyzieux, vont bien. Ne parlez pas de France, dites cela comme si j'étais en Hollande.

21. 08. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 06). Mgr Grison (de Lyon)

Mon cher Seigneur,

Je reçois votre bonne lettre du 5 juin. J'en reçois également une du P. Roblot et une du P. Lens. Je transmets votre lettre au Mans. Le P. Lambert ne pense plus à aller au Congo. Il est trop hypothéqué. Il gagne en piété. Il confesse au Mans des âmes pieuses qui aiment la vie de victime.

J'ai eu la visite du P. Lebrun et du P. Mennecart, ils ne savent pas où on va les renvoyer après leur congé.

Pour les Hollandais, il y aurait un grand intérêt à avoir une petite oeuvre dans leurs colonies, mais ne vous troublez pas, les Jésuites de Java refusent de leur céder quoi que ce soit.

Pour le P. Gontier, ce sera difficile, j'écris à M.Bennequin. Pour les scolastiques de l'Est africain, je ne savais pas leur départ. Recueillez-les. Si l'un ou l'autre est avancé en théologie, voyez pour l'ordonner. Je puis vous déléguer pour tous pour la tonsure et les ordres mineurs. Pour les ordres sacrés, il faut qu'ils aient les voeux perpétuels et de plus 3 ans de théol. pour le diaconat, le sacerdoce au milieu de la 4ème année. Pendant la guerre s'ils étudient et présentent 2 traités, on admet que cela compte pour une année. Faites pour le mieux.

Je reste ici jusqu'au 20 oct., nov. à Bologna, déc.et les trois mois suivants à Rome. Je ferai mon jubilé à Rome le 22 déc. Tout cela sauf imprévu. En Belgique on meurt vraiment de faim. M. Gras a été opéré et a retrouvé un peu de vie pour se conduire.

Ma santé est assez bonne. Le P. André m'a dit que je vivrais 80 ans comme S. Martin??? Etait-il prophète? Nous avons perdu au front le lieutenant Crépin mort héroïquement et saintement.

Votre bien dévoué. L. Dehon.

21. 08. 1918. B 18/6. 8. 3 (inv. 210. 03). P. Lambert (de Lyon).

Cher P. Lambert,

Je vous transmets une lettre de Mgr. J'en ai reçu une aussi du P. Roblot et du P. Lens. Pour vous, faites votre deuil du Congo, vous n'avez plus assez de santé. Vous nous recruterez des novices et des agrégés. Je vous enverrai bientôt des réglements qui vous édifieront et vous plairont. Quant au Thesaurus, je n'ai que le mien ici. J'en demande à Bologne, s'il y en a.

Si nous pouvons propager l'esprit de victime et de réparation, c'est une grande grâce. Votre pieuse pénitente nous aidera. Au commencement, le S. Coeur a manifestement béni l'oeuvre de nos Agrégés. Il faut reprendre cette propagande avec zèle.

Prions pour le Congo, mais je ne vois pas la facilité de leur envoyer du monde pendant la guerre. Encore quelques mois de patience. Le S. Coeur nous aide, malgré l'endurcissement de notre gouvt civil. Ils ne sont pas la vraie France.

Je vous écrirai encore bientôt. Votre dévoué L. Dehon.

25. 08. 1918. (Arch. dioc. de Lille, fonds Tiberghien). Monseigneur Tiberghien

[lettre incomplète, manque les pages du milieu)

Lyon, 8 rue de l'Antiquaille

25 août 18

Mon cher Seigneur,

Je crois que vous tenez bon à Rome, malgré les chaleurs torrides de cet été. Ici, ça chauffe de toutes manières, ça chauffe au soleil et ça chauffe à la guerre.

J'ai un peu d'air à…..

… allemand n'a-t-il pas stipulé qu'ils ne seraient pas employés à l'armée ?

Ci-joint encore une demande. Essayez par le Vatican de faire revenir ce prêtre prisonnier.

Je compte aller fin octobre à Bologne et en décembre à Rome.

Agréez mes amitiés toujours dévouées.

   L. Dehon 

(Inséré le 10 février 2002)

25. 08. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 04). P. Zicke (de Lyon)

Cher P. Zicke,

Le P. Gasparri a vu le Pape ces jours-ci. Le Pape lui a bien promis qu'il va écrire en notre faveur au nonce de Madrid, et il ne pense pas qu'il y aura de difficulté, parce que le gouvt espagnol s'oppose seulement à la fondation des maisons religieuses qui font du commerce.

Vous avez déjà dans notre notice de très belles approbations de Benoit XV. Pour nous faire des amis en Espagne, commencez à propager notre association de prière et réparation au S. Coeur. Je vous enverrai bientôt notre règlement français,vous en ferez un résumé espagnol.

J'ai de bonnes nouvelles de Sittard, le P. Storms a nommé de nouveaux Supérieurs dans les maisons.

Ecrivez à nos Pères de Fernando-Po que je ne les oublie pas. Je leur ai écrit, mais peut-être ils n'ont pas reçu mes lettres. J'ai obtenu pour eux à la Propagande 3.000 lires italiennes que j'enverrai à Sittard.

Je vous bénis bien tous ainsi que les Pères et Frères de la Oliva. Votre bien dévoué L. Dehon

27. 08. 1918. B 74/6 (inv. 974. 13). P. van Halbeek (de Lyon)

Mon cher ami,

Je fais la demande à Rome pour le Fr. Bonifacius. Vous pouvez en attendant lui donner des vacances dans sa famille.

Je suis heureux des progrès de votre belle Province. Soyons bien vigilants et prudents pour que le nombre ne nuise pas à la qualité. Votre bien dévoué L. Dehon

Août 1918. Texte publié par „Cor Unum” n. 8 (Bologne)

Le grand ami.

Le grand ami, c'est le Saint Père Benoit XV. Depuis 1895, il est l'ami de notre Oeuvre. Il est venu cette année-là, le 1er dimanche de carême, dîner chez nous à Rome au Monte Torpeo avec M. Harmel, M. Féron-Vrau, Mgr Mourey et Mgr Lapérinne d'Hautpoul.

Un an après, le 28 janvier 1896, il dînait encore chez nous avec M. Harmel, Mgr Tiberghien, Mgr Glorieux, le P. Jules du Sacré-Coeur et M. de Palomera.

On parla beaucoup du Tiers-Ordre de S. François. Mgr Della Chiesa était novice, il s'entendit avec le P. Jules pour faire sa profession deux jours après.

Tous les hivers pendant 15 ans, je revoyais Mgr Della Chiesa qui était toujours très bienveillant pour nous. Avec l'éminent cardinal Rampolla, il rédigea plusieurs approbations et encouragements pour mes ouvrages de piété et de sociologie.

Il nous fit faire une fondation à Bologne, et au 4 novembre 1912 il écrivait: „Les liens de vieille amitié qui me lient au Fondateur des Prêtres du S. Coeur m'ont toujours fait regarder avec bienveillance l'école apostolique d'Albino, mais aujourd'hui que les plus anciens élèves de cette école viennent achever leurs études à Bologne, mon ancienne amitié pour les Prêtres du Sacré-Coeur grandit mille fois. Je suis très heureux d'admettre à mon séminaire les élèves de cette maison auxquels je porte le plus vif intérêt. Et pendant que je me réjouis de pouvoir les aider à recevoir une instruction saine dans cette ville mère des bonnes études, j'ai aussi la confiance que mon diocèse pourra tirer avantage de leurs bons exemples et de la faveur de leurs prières”.

Mgr Della Chiesa se plaisait à passer tous les ans la fête du S. Coeur dans notre maison à Bologne. Le 30 juin 1914, la veille de son élection, il écrivait encore: „Les Prêtres du Sacré-Coeur qui sortiront du scolasticat de Bologne sont destinés à répandre ailleurs le parfum de leurs vertus; et d'autres lieux se réjouiront de la suavité des fruits de leur savoir. Mais à Bologne restera toujours l'honneur d'avoir fait épanouir ces fleurs et d'avoir préparé ces fruits. Je souhaite donc que le Seigneur bénisse abondamment les maîtres et les élèves de la maison d'études des Prêtres du Sacré-Coeur à Bologne”.

Prions beaucoup pour le grand ami, qui veut être le Pape du Sacré-Coeur, et qui a une tâche si difficile à remplir dans ces temps troublés. L. D.

Août 1918. Texte publié par „Cor Unum”, août 1918 (Bologne)

Le mois du Sacré-Coeur s'est terminé avec plus d'éclat encore qu'il n'avait commencé, la clôture fut une véritable fête, nous pourrions presque dire improvisée. A la messe de communion et aussi aux autres messes que de communion. Ce qui nous faisait surtout penser que l'on priait vraiment, c'est le calme qui régnait dans cette assemblée recueillie. Enfin, nous sommes heureux de voir que la dévotion au Sacré-Coeur fait son chemin en Italie.

Nous recevons du lieutenant Ceresoli un récit émouvant; nous le donnons en entier: que personne ne s'en formalise, car c'est la meilleure preuve que l'homme est à son devoir.

„Je vous dis que j'ai passé des jours terribles, et je les énumère dans la suite, les plus beaux de ma vie. Les consolations et satisfactions éprouvées dans ces derniers combats sont vraiment extraordinaires. Je n'ai jamais vu autant d'enthousiasme, autant de haine, autant de courage et autant de désir de vengeance chez nos soldats. Avec des fantassins enflammés contre l'ennemi, il ne peut se faire moins que de vaincre. Tous nous attendions avec anxiété le jour où sera donné le bonheur de commencer l'offensive pour reprendre notre sol piétiné par l'étranger. J'ai mis maintenant la seconde étoile le second galon, mais avant de mettre le troisième, il se passera du temps; aussi j'espère que la guerre finira (favorablement pour nous) avant que le temps de devenir capitaine fût accompli. En ce moment que j'entends le canon de loin, je puis être tranquille. Je ne viens pas à Bologne faute de remplaçant, je suis seul.

Déjà lieutenant…, imaginez-vous combien sera content le Fr. Scudetti. Je désirerais son adresse et des lettres de lui, j'espère que vous me ferez le bonheur de le prévenir, avant d'avoir le bonheur de le revoir. Priez pour mon âme, et aussi pour que mon ardent désir de chasser l'ennemi hors d'Italie fût satisfait”.

Envoyez mes amitiés aux chers jeunes gens qui sont partis pour Albino. Je les bénis tous.

                                                L. D.

13. 09. 1918. B 97. Fr. Gallo (de Lyon)

Caro figlio,

Sempre patienza e fiducia nel S. Cuore de Gesù. Ti voglio molto bene. Prego per te e spero che non ti accadera niente di male. Sia serio. Il ricordo della tua santa vocazione ti sarà sempre una forza. Gli esempi cattivi non mancano nella vita militare, la vigilanza e la preghiera ti salveranno. Fa la Santa comunione il più possibile. Vede qualche volta il capellano.

Fa sapere al caro Dodi che lo benedico di cuore. Nel novembre passerò di nuovo a Bologna per andare a Roma per le feste di Natale.

Offriamo tutte le nostre croci al S. Cuore de Gesù per la Chiesa e per la Congregazione. Dopo la guerra i nostri progressi saranno rapidi e consolanti. Ti benedico da padre. L. Dehon.

14. 09. 1918. B 74/6 (inv. 974. 14). P. van Halbeek (de Lyon)

Mon cher Provincial,

J'apprends que nos Soeurs d'Abshoven sont dans la gêne. Voudriez-vous confier le sauvetage de cette communauté au P. Kusters. Il a des relations et du savoir-faire. Il les relèvera et les tirera d'embarras. Elles ont eu le malheur de faire bâtir une chapelle trois fois trop coûteuse. Le P. Kusters fera ce miracle de les relever.

Avez-vous bon espoir pour les Capucins de Bornéo?

Je suis ici jusqu'au 20 oct. Ensuite j'irai à Bologne, à moins que je n'aie la facilité d'aller visiter les ruines de St Quentin. Ma santé est assez bonne.

Prions toujours bien le S. Coeur. Il abrégera la guerre. Votre bien dévoué L. Dehon.

Espérez-vous encore envoyer deux Pères au Congo?

14. 09. 1918. B 74/1 (inv. 969. 12). P. ??? (de Lyon)

Mon Rév. Père,

Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à nos Soeurs d'Abshoven. Je vais faire comme vous me le conseillez. J'écris au P. Provincial de charger le P. Kusters du sauvetage de cette communauté. Il a tout ce qu'il faut pour cela. Beaucoup de nos pauvres communautés souffrent en Hollande et en Belgique. Nous passons par des années terribles, mais la guerre ne sera plus longue.

Je vais passer encore quelques semaines à Lyon, puis je retournerai en Italie. Je ne désespère pas de voir bientôt St Quentin et Bruxelles libérés. C'est là que je passais l'été; mais St Quentin sera en ruines. Prions pour que le S. Coeur abrège cette guerre.

Agréez mes salutations respectueuses. L. Dehon

15. 09. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 11). Fr. Mounier

Lyon, 8 rue de l'Antiquaille, 15 sept. 18.

Mon cher Mounier,

Je suis content de vos bonnes dispositions. Vous serez bien à Moulins. Je vous verrai là au commencement d'octobre.

J'espère que la Belgique sera bientôt délivrée, mais si vous faites un an à Moulins, ce sera toujours une bonne année de faite et cela comptera pour l'avenir. C'est un bon séminaire, vous recevrez là de bonnes fondations pour votre formation. Vous vous soutiendrez avec Gobin.

J'attendais plusieurs de mes prêtres de Brugelette mais les rapatriements sont lents. Patience. Prions bien le Sacré-Coeur. Il intervient puissamment en ce moment.

Votre bien dévoué L. Dehon

17. 09. 1918. B 97. Fr. Bosio (de Lyon). (Texte dactylographié)

Mon cher Bosio,

Allez au front, s'il le faut, mais demandez à la Ste Vierge de conserver votre vie. J'ai besoin de vous.

Pour les renseignements historiques que vous demandez, consultez le P. Nilles, de Cultu SS. Cordis Jesu, 2 vol. chez Pustet ou chez Desclée à Rome. Vous pouvez traduire nos livres sur le S. Coeur, mais quand vous donnez un chapitre dans la Revue, mettez le nom de l'auteur.

Pour la Confrérie de Chaillot, je crois que vous aurez les renseignements si vous écrivez à la Visitation de Turin.

Les événements vont aller très vite. J'espère que pour la fin d'octobre les All. s'en retourneront vers le Rhin.

Aidez bien le P. Ottavio. Saluez tutti di casa. Je vous bénis paternellement. L. Dehon

21. 09. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 12). Fr. Mounier

Lyon, 8 rue de l'Antiquaille, 21 sept. 18.

Mon cher Mounier,

Je veux bien faire tout le possible pour votre jeune protégé. Si vous voulez l'amener, j'ai la confiance qu'on le prendra à mon compte au petit séminaire de Moulins, pour l'année scolaire jusqu'à ce que nos maisons de Belgique soient accessibles. Il y a la question du trousseau et du voyage. J'aiderai. J'envoie un premier petit acompte. Je ne vois pas d'autre moyen pour le mettre en train.

La rentrée à Moulins est le 2. J'y serai du 3 au 10 pour donner la retraite. A bientôt.

Votre bien dévoué L. Dehon.

S'il a 13 ou 14 ans pour entrer en 8è ou 7è, c'est bien, mais s'il est trop grand, cela gênerait.

22. 09. 1918. B 74/1 (inv. 969. 11). P. Kusters (de Lyon)

Mon cher ami,

Je reçois aujourd'hui votre lettre du 28 août. J'ai déjà écrit, il y a quelques jours, au P. Provincial de vous confier le relèvement de l'oeuvre d'Abshoven. J'y tiens. Regardez cela comme un ordre. Entendez-vous cependant avec le P. Provincial sur la manière de faire et les mesures à prendre.

Vous avez toute mon estime. Vous avez quelques défauts de caractère, mais qui n'en a pas? Chacun a son tempérament.

Il y aura beaucoup à faire pour l'Oeuvre après la guerre. Nous y travaillerons. Je puis vivre encore peut-être 5 ou 6 ans.

Ne vous découragez jamais. Notre Oeuvre est belle. Relisez les encouragements que les Papes nous donnent. Continuons à bien prier le S. Coeur. Les événements vont se précipiter et la guerre sera finie en 1919.

Je vous bénis avec les bonnes Soeurs d'Abshoven. Si vous avez des messes de trop, envoyez m'en 50 et donnez-leur l'argent. Votre bien dévoué L. Dehon

27. 09. 1918. (Arch. dioc. de Lille, fonds Tiberghien). Monseigneur Tiberghien

Lyon, 8 rue de l’Antiquaille. 27 sept. 18

Mon cher Seigneur,

Y a-t-il encore quelque chose à faire pour M. Léon Harmel ? Nous l'avons déjà tant de fois recommandé au Vatican !

Les rapatriements sont recommencés, il va peut-être revenir.

Du 3 au 10 octobre je serai à moulins pour prêcher la retraite au grand Séminaire où j'ai plusieurs scolastiques.

Votre bien dévoué L. Dehon

(Inséré le 10 février 2002)

29. 09. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 07). Mgr Grison (de Lyon)

Mon cher Seigneur,

Je reçois au 28 sept. votre lettre du 1er août, elle a bien marché. La statistique est très intéressante, vous faites du bien malgré les épreuves et les difficultés. Patience! La guerre marche rondement. Le S. Coeur nous aide. C'est le commencement de la fin. On espère que la Belgique sera libérée dans quelques semaines.

Nous nous sommes bien remués pour vous envoyer du monde, en Hollande on refuse les passeports. Ce qui est cher, ce n'est pas le voyage de La Pallice à Matadi, c'est de Rotterdam à La Pallice à cause des assurances sur les risques maritimes.

P. Barthélemy vous a envoyé ce que vous demandez sauf l'imprimerie à cause de la difficulté des transports. On lui conseille d'attendre. Je négocie avec M. Renkin pour le départ des Pères Plissonneau et Gontier, je ne sais pas si je réussirai. J'ai fourni les pièces qu'il me demandait pour le gouvt français. Votre cher pays de S. Michel est libéré, Deo gratias.

J'ai vu le Card. Dubois à Rome, il estime beaucoup votre oeuvre des Falls. J'ai vu aussi le Card. Van Rossum, il sera bienveillant pour nous quoique un peu germanophile.

Je reste en correspondance avec Sittard, Vienne, etc. Quelques mois après la paix nous ferons le Chapitre général.

Je suis encore à Lyon pour un mois, auprès de N.D. de Fourvière. J'ai vu le Sec. général de la Propation de la foi. Il est bienveillant. Je vais lui remettre la copie de votre statistique. Fin octobre, je partirai pour Rome en passant par Bologne. Je fêterai mon jubilé sacerdotal à Rome le 22 déc. Je chanterai la messe au même autel où j'ai chanté la 1ère en 1868.

Notre pauvre St Quentin est déjà bien abîmé. On pense que les All. vont achever de le détruire avant de s'en aller. Nos maisons de Belgique vont assez bien, mais elles ont faim. M. Gras vit encore, on lui a fait l'opération de la cataracte, il voit un peu pour se conduire. P. Lebrun est au front avec un régiment de Sénégalais. Gare! P. Mennecart attend sa nouvelle destination. J'ai trois scolastiques à Moulins. On fait comme on peut. Je vais à Moulins prêcher la retraite du gr. Sém. Mille amitiés. Union et patience. Votre dévoué L. Dehon

Septembre-Octobre 1918. Texte publié par „Cor Unum” 9-10 (Bologne)

Un mois à Paray. Passer un mois à Paray, c'est une grâce ineffable du S. Coeur.

A Lourdes la Sainte Vierge a demandé des processions, et les processions passent en priant, en chantant, en demandant des miracles.

A Paray, le S. Coeur a demandé le recueillement, la communion, l'adoration réparatrice. Sa petite cité est calme. Au Moyen-Age les bénédictins de Cluny avaient choisi ce site paisible pour y chanter les louanges de Dieu. Maintenant c'est un semis de couvents: autour de la Visitation, il y a le Carmel, les Clarisses, le Cénacle, les Jésuites.

Ses pèlerins viennent par petits groupes, beaucoup séjournent un peu et font une retraite. La chapelle de la Visitation est le centre d'attraction. C'est là au maître-autel que N. S. a montré son Coeur aimant et souffrant.

J'eus l'honneur d'y adresser la parole aux pieuses Visitandines le 2 juillet. Le 16 c'est le Carmel qui me demande une exhortation. Paray a des pèlerins d'élite. J'ai vu passer les évêques d'Autun, de Moulins, de Belley, de Troyes, de Rodez. Plusieurs font une retraite chez les Chapelains de la Basilique. Faisons la nôtre cette année, comme nous pouvons.

Mgr l'évêque de Moulins, pieux ami de notre Vénéré Père André Prévot, est venu faire une nuit d'adoration avec 500 de ses diocésains.

Au 25 juin, quelle sainte émotion nous sentions que deux cent mille prêtres élevaient vers le ciel le calice du sang rédempteur, en union avec le Pape! Confiance! Confiance! Un pareil sacrifice assure à l'Eglise une paix prochaine. L. D.

Août-Septembre 1918. Texte publié dans le „Cor Unum” 9-10 (Bologne)

Un de nos élèves apostoliques de St Quentin, le jeune Henri Vivier, m'envoie le récit de son évasion vraiment héroïque. C'est un enfant de 18 ans. Il a été fait prisonnier à Fluquières près de Hans.

Il s'est enfui le 6 mai dernier, et après 21 jours de marches nocturnes, de privations et de périls de toutes sortes, il est arrivé en Hollande. Il avait passé trois frontières bien gardées. Plusieurs fois les balles ont sifflé à ses oreilles. Il est maintenant à Laval, auprès de sa famille, il va partir comme soldat avec la classe 1920. Il est proposé pour la croix de guerre.

Il m'écrit du 8 juillet: „J'ai revu Saint-Quentin rempli de ruines, mais, mon Bon Père, je vous réserve un peu de joie. La maison du S. Coeur n'a pas été atteinte par les obus. Elle est intacte, j'y suis entré le premier mai. Mais quel aspect! Des livres épars dans le corridor, dans les chambres. La chapelle barricadée, pas moyen d'y entrer. Votre chambre, mon Père, n'a pas été souillée. Pardon, j'oubliais de dire qu'un obus est tombé sur la chapelle, je n'ai pas pu voir les dégâts. Que c'est triste! Trois soldats allemands logeaient dans le parloir. Ils m'ont laissé entrer et prendre ce que je voulais. Je n'ai trouvé d'utile que quelques livres classiques…”

Prions pour ce brave enfant qui va bientôt courir de nouveaux dangers au front. L. D.

01. 10. 1918. B 97. Fr. Bosio (de Lyon)

Mon cher Bosio,

Restez bien l'enfant du S. Coeur. Si vous êtes dans les bureaux, c'est bien, mais si vous devez voler comme Icare, je crains pour votre vie. Soyez toujours brave et généreux. Tenez bien votre conscience en règle. N. S. nous a dit qu'il faut prier sans cesse (cf. Lc 18, 1), cela veut dire qu'il faut souvent penser à Dieu et lui offrir nos actions.

Je pense que les Italiens feront bientôt une bonne offensive, et les Autrichiens feront comme les Bulgares, ils en ont assez de la guerre.

Confiance! Le S. Coeur nous aide. Cherchez une ou deux bonnes vocations dans vos relations.

Je vous bénis bien paternellement. L. Dehon

02. 10. 1918. B 74/6 (inv. 974. 15). P. van Halbeek (de Lyon)

Mon cher ami,

Je reçois avec plaisir la photo de tous mes enfants d'Asten. Je les adopte de tout coeur.

Voyez les Capucins pour les Indes. Confiez au P. Kusters le relèvement des Soeurs d'Abshoven.

Pauvre Dahler! Vous pouvez recevoir le novice de 31 ans.

Les grands ordres ont pour les pays nouveaux où ils se développent des vice-provinces, en attendant que leur organisation soit complète. Je voudrais faire une vice-province italienne. Le P. Gasparri serait vice-provincial. Dites au P. Hermans, mon conseiller, de m'écrire son avis là-dessus.

Vous savez que nous avons nommé un nouveau Provincial à Sittard, le P. Storms. Le moment va venir pour la Hollande, je suivrai votre avis. Proposez-moi trois noms avec quelques notes. Nous nommerons un des trois. Je ne sais pas où est le P. Schmitz, mais je corresponds personnellement avec le P. Mathias. Dites aux Pères de Sittard de me donner des nouvelles du P. Schmitz.

Je suis ici juqu'au 20. Après, vous pourrez m'écrire à Bologne. Soyez tous bénis.

Votre bien dévoué L. Dehon.

18. 10. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 13). Fr. Mounier

Lyon, 18 oct. 18.

Mon bon Mounier,

Je n'ai pas trouvé les Prières de Ste Gertrude, je vous envoie le livre du P. André. C'est le résumé de ma retraite: Fructus Spiritus S.: gaudium, pax, caritas (Ga 5, 22).

Tout va bien en Belgique, Brugelette va être délivré, Deo gratias!

Faites une bonne année à Moulins. Encouragez bien mon petit Travaillet, ne le laissez manquer de rien. Etudiez tranquillement et pieusement la philosophie, c'est un peu sec. Tout pour le Sacré-Coeur!

Après le 4 nov., mon adresse sera : à Bologna (Italie), 6 via Nosadella, jusqu'au 15 déc. Ensuite à Rome: 42 via santa Chiara.

Je prie pour vous tous et vous bénis. Saluez bien M. le Sup. Dites-lui que mon retour n'a pas été commode. Le train n'a quitté Moulins qu'à 6h. du soir et je suis arrivé à Lyon à minuit.

Votre dévoué L. Dehon

Amitiés aux deux autres.

19. 10. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 05). P. Zicke (de Lyon)

Cher Père Zicke,

Je reçois votre bonne lettre du 10 oct. mais je n'ai pas celle du 2 sept. Il s'en perd beaucoup. Je ne sais pas si le St Père n'a pas oublié d'écrire au Nonce de Madrid, je vais m'en informer. Mgr Solari n'est pas Nonce, il est seulement auditeur du Nonce.

J'ai souvent de bonnes nouvelles de Sittard, de Vienne, du Congo. Au Brésil, les Pères ont eu beaucoup à souffrir. Le P. Meller a été gravement blessé par un fou, il va mieux.

J'ai obtenu de Rome, de la Propagande, un secours de 3.000 lires pour les Pères de Fernando-Po. Comment envoyer cela? Il faut réussir en Espagne. Il me semble que c'est en bonne voie. Prions et travaillons pour cela. Je vais écrire à Mgr Solari. Le P. Roos est très dévoué. Remerciez-le, encouragez-le, il réussira avec l'aide du S. Coeur.

Je vais quitter Lyon le 4 nov. J'irai passer un moins à Bologna, 6 via Nosadella. Ensuite à Rome pour deux mois. Je vous bénis bien tous paternellement. L. Dehon.

20. 10. 1918. B 76/6 (inv. 984. 09). P. Schulte (de Lyon)

Cher Père,

Je reçois votre bonne lettre du 22 sept. Je suis heureux d'apprendre que votre maison est toujours bien vivante. Nous aurons tant besoin de prêtres après la guerre! La Province de Hollande nous rendra de grands services. Elle travaillera en Suède, au Congo, au Brésil et peut-être à Bornéo et en Finlande. Que deviendra le Cameroun? La Belgique va être libérée, j'irai quand même en Italie jusqu'en février. Je vais partir pour Bologna et j'y passerai un mois. Ensuite j'irai à Rome. Faites prier pour moi le 22 déc. jour de mon jubilé sacerdotal. La santé est passable, mais je suis un peu grippé comme tout le monde.

Je suis heureux que vos deux jeunes Pères puissent partir pour le Congo, Monseigneur a tant besoin de monde, et le moment est si favorable là-bas! Il y a 16.000 catéchumènes qui n'attendent qu'un petit complément d'instruction pour recevoir le baptême. Préparez-en encore deux ou trois, si vous pouvez.

Je bénis bien tout votre cher monde. Oremus pro invicem. Votre bien dévoué L. Dehon.

25. 10. 1918. B 97. Fr. Bosio (de Lyon)

Mon cher Bosio,

Bon courage et patience! Il y a à Rome des messes tardives juqu'à midi et 1h. dans les grandes églises, c'est facile d'y aller.

La guerre ne sera plus bien longue, le S. Coeur nous aide.

Je suis encore ici pour 15 jours. Continuons à bien prier. Je serai à Rome vers le 15 déc.

Je vous bénis bien paternellement. L. Dehon.

28. 10. 1918. B 18/14. 13 (inv. 228. 13). P. Neyzen (de Lyon) (texte dactylogr.)

Cher P. Servais,

Faites beaucoup de bien là-bas, dirigez paternellement tout notre monde. Rappelez-vous les grandes traditions du Dr Didiot. Il tenait beaucoup au travail et il encourageait aussi la piété. Encore un peu de patience, la guerre ne sera plus longue, et nous nous reverrons tous dans quelques bonnes réunions. Je compte beaucoup sur la Province de Hollande. Elle nous aidera pour suppléer aux pertes des autres. Entretenez le zèle des missions, il me faut des Pères pour le Congo. Pour le reste, attendons les péripéties de la politique. Le Chapitre général sera bien nécessaire pour remettre tout en ordre.

Dans quelques jours j'irai en Italie mais je remonterai aux premiers beaux jours. J'irai voir et relever mes ruines de St Quentin. Prions pour nos maisons de Belgique, qui sont assez exposées. La maison du S. Coeur à St Quentin est intacte, c'est un symbole.

Je bénis bien toute votre chère maison. Votre dévoué L. Dehon

02. 11. 1918. B 19/7a. 2 (inv. 266. 27). P. van Hommerich (de Lyon)

Cher Père v. Hommerich,

Je suis très heureux d'avoir de vos bonnes nouvelles. Bientôt les correspondances seront plus faciles. Je vais quitter Lyon le 11. Je serai à Bologne (Italie), 6 via Nosadella, jusqu'au 15 décembre, et ensuite à Rome pour six semaines. Ma santé est assez bonne.

Je sais que la Province de Hollande est prospère et je compte beaucoup sur elle. Elle m'aidera à maintenir les oeuvres pendant que les autres Provinces se relèveront.

Je désire que vos deux jeunes Pères puissent partir bientôt au Congo où les besoins sont si grands. Mgr Grison m'écrit les lettres les plus pressantes.

Dites à vos jeunes novices que j'ai vraiment pour eux une affection paternelle. Je m'approprie tout ce que St Paul disait à ses chers disciples Tite et Timothée. Il leur recommandait la piété et l'étude. „Sectare justitiam, fidem, caritatem…(1 Tm 6, 11). Ut perfectos sit homo Dei ad omne opus bonum instructus” (2 Tm 3, 17).

Je désire que nos jeunes novices soient aussi des hommes de Dieu, des hommes de foi et de piété, bien préparés pour toutes les bonnes oeuvres auxquelles la Providence les destine.

Ils travailleront à ramener la Hollande à l'unité romaine et à faire régner N. S. dans les pays lointains où ils iront en mission.

Je les bénis bien tous paternellement avec vous qui êtes leur Maître aimé et vénéré.

Votre bien dévoué L. Dehon

02. 11. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 08). Mgr Grison (de Lyon)

Mon cher Seigneur,

Les choses de la guerre vont bien, mais les choses de la mission sont toujours difficiles. Voilà des mois que deux jeunes Pères hollandais attendent leurs passeports pour partir. M. Renkin ne me répond plus au sujet des Pères Gontier et Plissonneau. J'attends.

Le P. Barthélemy correspond avec Paris et Le Havre au sujet de l'imprimerie et les conclusions n'arrivent pas. La Providence nous exerce à la patience.

J'ai prolongé un peu mon séjour ici. Je vais partir dans huit jours pour Bologne et Rome. Je remonterai dans le Nord vers la Chandeleur. Je pense que vous pouvez me répondre à Bruxelles, quoique cette ville ne soit pas encore libérée au 2 nov. En tout cas, pour le P. Barthélemy et pour moi, vous pouvez toujours écrire à Rome, on nous fait suivre les lettres avec soin.

St Quentin est délivré, mais on ne peut pas encore y aller demeurer. Ma maison du S. Coeur est intacte, l'Institution St Jean est à moitié démolie. Je crains maintenant pour les maisons de Quévy, Mons et Brugelette, qui se trouvent sur le front. La Providence arrangera tout.

Nous ferons le Chapitre quand nous pourrons. Continuons à prier le S. Coeur. J'espère vous revoir encore avant de mourir. Je vais assez bien, mais j'aurai bientôt 76 ans!!!

Oremus pro invicem. Au Chapitre, l'union se refera sans trop de difficultés. Je vais avoir la joie de revoir le Pape. Votre bien dévoué. L. Dehon

11. 11. 1918. B 40/2 (inv. 672. 22). P. Roblot (de Lyon)

Cher fils,

Etes-vous libérés? Tout le monde va-t-il bien? Je risque cette lettre sans savoir si la poste va déjà chez vous.

Je vais aller passer un mois à Bologne (6 via Nosadella), puis un mois à Rome où je ferai mon jubilé (22 déc.). Je m'étendrai davantage quand je serai sûr que les lettres circulent.

P. Mathias est à Lisieux au Carmel. Je vais bien. La maison du S. Coeur est indemne. St Jean est très endommagé. Prions beaucoup. Amitiés à tous. L. Dehon.

12. 11. 1918. B 23/1. D (inv. 477. 67). P. Falleur (à Brugelette) (de Lyon)

Cher ami, bonnes fêtes de S. Théodore et S. Stanislas. J'irai dans peu de jours à Bologne. Comment allez-vous tous? Amitiés. L. Dehon.

20. 11. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 09). Mgr Grison (de Lyon)

Mon cher Seigneur,

Rendons grâces au S. Coeur, il est intervenu magnifiquement. A sa fête, au mois de juin, il a pardonné à la France et depuis lors il n'y a plus eu que des succès.

Nous allons pouvoir vous envoyer du monde. Les premiers arriveront peu après cette lettre. P. Gontier est libéré et se prépare à partir. Il en sera de même du P. Plissonneau. Deux jeunes Hollandais ont leurs passeports. Bientôt ce sera le P. d'Hossche et d'autres et d'autres…

J'écris au P. Jeanroy d'envoyer l'imprimerie avec les premiers partants.

Je vais à Rome, mais pour un court séjour. En janvier je remonterai à Bruxelles pour tout remettre en train. A quand le Chapitre? J'attends que Rome nous dise si les élections faites il y a cinq ans sont encore bonnes ou s'il faut recommencer.

Quand vous aurez bien reconstitué vos postes vous viendrez nous voir. Confiance dans le S. Coeur. La guerre nous a bien entravés mais nos sacrifices nous vaudront des grâces et nous préparent des progrès rapides. Je vais revoir le Pape qui nous bénira de nouveau.

Nos maisons de Belgique n'ont pas trop souffert, sauf de la famine. A St Quentin, la maison du S. Coeur est sauvée par une protection providentielle. L'Institution St Jean est très abîmée, on la restaurera.

J'espère que bientôt les Pères Lebrun et Mennecart vous seront rendus aussi. Il y a de jeunes Pères Belges et Alsaciens-Lorrains qui désirent partir. Votre patience sera récompensée. Je pense que le service Anvers-Roma va remarcher régulièrement. Aujourd'hui la Belgique est entièrement libérée. En quelques mois tout va se remettre en place.

Soyons fervents et reconnaissants pour tout ce que le S. Coeur a fait en faveur de la France et de l'Oeuvre. Soyez tous bénis. Votre bien dévoué. L. Dehon.

20. 11. 1918. B 62/9 - A (inv. 867. 14). Fr. Mounier

Lyon, 20 nov. 18.

Mon cher Mounier,

Je suis encore ici, peut-être pour 5 ou 6 jours.

Correspondez avec le P. Falleur. On va bientôt rouvrir Mons. Vous pourriez trouver des élèves en Bretagne, et Gobin en trouverait en Vendée. Quelqu'un des nôtres irait les chercher au besoin.

C'est le Sacré Coeur qui a tout fait. Depuis sa fête du mois de juin il a pardonné à la France. Nous devons travailler à son règne en recrutant des vocations.

Faites une bonne année de philosophie et ensuite vous irez au noviciat. Nos maisons de Belgique n'ont pas souffert. Nous en ferons d'autres en France.

Je vous bénis bien tous les trois. Votre bien dévoué L. Dehon.

Ayez soin de Travaillet.

21. 11. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 06). P. Zicke (de Lyon)

Cher P. Zicke,

Où en sont nos projets? Travaillez bien à faire quelque chose de définitif en Espagne, car il est douteux que vous puissiez retourner au Cameroun.

Puisque le P. Roos avait en vue des jeunes gens, ne peut-on pas commencer une école de recrutement? Le P. Roos vous trouvera un évêque bienveillant, celui de Madrid ou un autre. Ce n'est pas plus difficile à Madrid ou dans le Nord qu'à Cadix. C'est plus facile, vous savez maintenant la langue espagnole.

Je vais partir ces jours-ci pour Bologne, 6 via Nosadella. Le 15 décembre, je serai à Rome 42 via Santa Chiara. Je verrai le Saint Père. je lui parlerai de l'Espagne. Je pourrai aussi en parler au Cardinal Gasparri, Secrétaire d'Etat.

Je crois que nos maisons de Belgique, Hollande, Sittard, Luxembourg n'ont pas trop souffert de la guerre. Bientôt toutes nos Provinces reprendront leur activité.

Il est probable qu'au mois de mai ou juin on fera à Rome la canonisation de la Bse Marguerite Marie. Le Saint Père pense que cette canonisation sera le point de départ d'un nouveau développement pour la dévotion au S. Coeur et pour les Congrégations qui lui sont consacrées. Il me l'a dit.

Ecrivez-moi à Bologne. Bon courage pour vos oeuvres. Le S. Coeur avant tout.

Votre bien dévoué L. Dehon.

22. 11. 1918. B 83. Mère Marie-Agathe (Victimes) (de Lyon)

Ma Rév. Mère,

Je veux être un des premiers à vous écrire en apprenant que la poste belge est ouverte.

N. S. avait besoin de victimes pour sauver la France, il a permis que vous souffriez toutes beaucoup là-bas. Depuis la fête du S. Coeur la France était pardonnée et les succès ont été ininterrompus. Votre petite famille a sa bonne part dans le rachat. Et puis au ciel vos bonnes Mères priaient avec le cher P. André. Tous aimaient beaucoup la France du S. Coeur.

J'ai peur qu'il y ait chez vous bien des santés affaiblies, mais si N. S. le veut, fiat!

Bien des communautés rentrent en France sans attendre le changement des lois. Je vous verrais volontiers détacher aussi un essaim de votre ruche pour venir commencer une oeuvre dans une de nos villes. La France aura toujours besoin de victimes réparatrices.

Le P. Barthélemy est ici. Nous allons retourner tous deux à Rome, 42 via Santa Chiara, nous verrons s'il y a quelque chose à faire pour la cause qui nous est chère.

Je crois que N. S. pendant cette guerre a largement semé l'esprit de victime. Il avait çà et là des âmes dévouées qui s'abandonnaient à sa justice et à son amour pour le salut de la France. On saura tout cela peu à peu. La vie de votre sainte fondatrice, déjà assez répandue, a contribué à répandre cet esprit. On n'en trouve plus chez les libraires, mais Castermann va pouvoir en envoyer.

J'ai vu Mgr l'évêque de Moulins, toujours plein de vénération pour la Mère Véronique et le P. André. J'ai prêché la retraite à son séminaire.

Priez pour notre recrutement. Ces quatre années ont été presque stériles pour la branche française. Nous avons eu de généreuses victimes, de nos jeunes religieux qui sont morts dans de saintes dispositions. Cela comptera pour préparer des grâces du S. Coeur.

Je m'unis à vous toutes dans la prière et le sacrifice. Je n'oublierai pas de demander au Saint Père ses meilleures bénédictions pour votre communauté.

Agréez mes bien dévoués respects. L. Dehon

23. 11. 1918. B 74/6 (inv. 974. 16). P. van Halbeek (de Lyon)

Mon cher Père,

Je suis encore ici, mais je vais aller sous peu à Bologne. Avec le P. Jeanroy pressez les départs pour le Congo. Avec vos deux jeunes Pères (peut-être trois), il y a le P. D'Hossche, qui est rentré de captivité, le P. Gontier qui est libéré. Cela ferait un premier départ. Que ferons-nous pour le Cameroun? Il faudra probablement là un nouveau personnel. Les Provinces française et hollandaise devront s'y dévouer.

Il faut donc soigner le recrutement, il nous faudra tant de monde. Ce n'est guère qu'en janvier qu'on connaîtra bien les conditions de la paix.

Je pense que le P. Kusters a pu aider les Soeurs d'Abshoven. Elles vont pouvoir aussi recevoir des secours d'Alsace-Lorraine.

Je vais relever toutes nos maisons de recrutement de Belgique, et j'espère qu'on pourra aussi avoir quelque chose par ici. Le S. Coeur mène tous les événements, il nous aidera.

Je ferai une petite fête pour mon jubilé à Rome le 22 déc. Si vous voyez le moyen, venez-y ou bien un autre représentant de votre Province, 42 via Santa Chiara. Mais je n'insiste pas, les voyages sont si difficiles. Nous renouvellerons probablement la petite fête en été à Louvain.

Oremus pro invicem. Votre dévoué L. Dehon

25. 11. 1918. B 23/1-D (inv. 477. 68). P. Falleur (Brugelette) (de Lyon)

Cher fils, je vous ai déjà écrit plusieurs fois. Comment allez-vous tous? Je vais assez bien. J'irai prochainement à Bologne et à Rome (42 via santa Chiara). Amitiés à tous. L. Dehon

Novembre-décembre 1918. Texte publié dans „Cor Unum” 11-12 (Bologne)

Lyon.

Rome est la ville de saint Pierre et de saint Paul, Lyon est la ville de saint Jean. A Rome, règnent la foi et l'autorité; à Lyon, la charité et la dévotion à Marie.

Cela est bien exprimé dans une des splendides mosaïques de Fourvière: saint Jean et saint Polycarpe bénissent le départ de saint Pothin et des ses compagnons qui viennent aborder sur la Saône aux pieds de la ville romaine de Lugdunum, sur laquelle plane l'apparition de la sainte Vierge.

Les Eglises d'Ephèse et de Smyrne sont les filles de saint Jean, celle de Lyon est sa petite fille. Saint Jean a dû dire à saint Polycarpe: „La terre des Gaules est chère au divin Maître, il aime la droiture de ses habitants, leur tempérament charitable et zélé; il leur a envoyé ses amis de Béthanie, tu y enverras des disciples de choix pour fonder à Lyon, sa métropole, une Eglise qui sera après Rome un grand centre d'apostolat!

Lyon a gardé dans ses rites quelque chose de son origine grecque. Elle a conservé l'esprit de saint Jean: la dévotion à Marie et un ardent amour du prochain. Après Rome, vous ne trouverez pas une ville qui ait plus d'oeuvres que Lyon. Un volume suffit à peine à énumérer ses fondations en faveur de l'enfance, de la jeunesse, des adultes, des vieillards, oeuvres de piété, de zèle, de propagande: communautés de toutes sortes.

On parle de diocèses organisés, comme Bergame, et plus récemment Bologne et Versailles. Le grand diocèse organisé, c'est Lyon. Chacune des quarante paroisses de la ville a des oeuvres qui répondent à tous les besoins: asiles, écoles, patronnages, maîtrises, cercles et associations de tous genres. Sa ville et sa belle Université catholique, ses écoles cléricales, ses communautés adoratrices. Carmel, Clarisses, Adoratrices du S. Coeur, Adoration réparatrice, Bénédictines, Marie Auxiliatrice, les SS. Coeurs, la Visitation…!

Quant aux oeuvres hospitalières, elles fourmillent. Fourvière est la colline sainte, toute peuplée de couvents. C'est dans la province de Lyon, à Paray, que le Sacré-Coeur est venu se manifester et affirmer sa royauté… L. D.

11. 12. 1918. B 74/6 (inv. 974. 17). P. van Halbeek (de Bologne)

Mon cher ami,

Mon voyage a été retardé par les difficultés de passeport. Je reçois seulement vos bonnes lettres des 23 et 26 octobre. Je tiendrai compte de tous vos renseignements.

J'irai à Rome la semaine prochaine, pour deux mois: 42, via Santa Chiara. En février, je remonterai à Bruxelles.

D'accord avec le P. Jeanroy, faites partir les deux jeunes Pères pour le Congo. Mgr est si gêné! Il fait lui-même le curé à Stanleyville, et il a déjà supprimé un poste.

C'est seulement peu à peu que nous allons remettre tout en train. Soignons bien nos maisons de recrutement. Le S. Coeur nous aidera pour tout. J'ai pleine confiance pour l'avenir de l'Oeuvre. N. S. la veut, sans cela elle aurait sombré mille fois depuis 40 ans.

Je suis heureux que nos Soeurs d'Abshoven se relèvent un peu. Elles pourront à l'avenir être aidées par leurs maisons d'Alsace-Lorraine.

Prions bien les uns pous les autres. Votre bien dévoué L. Dehon

12. 12. 1918. B 24/9 - A (inv. 503. 10). Mgr Grison (de Bologne)

Mon cher Seigneur,

J'ai vos bonnes lettres du 21 août, du 10 sept., du 17 sept. Je commence par vous envoyer mille bons souhaits de bonne et sainte année. La paix est en train de se faire, Deo gratias! Vous ne vous rendez pas bien compte de l'état de l'Europe. Tout est encore désorganisé pour assez longtemps.

Après un mois d'armistice, je n'ai pas encore une lettre de nos Pères de Belgique. On ne laisse rentrer personne en Belgique, faute d'aliments. A St Quentin, il n'y a plus que des ruines: pas une maison complète. On n'y laisse pas rentrer les civils parce qu'il s'y produit encore des explosions.

Le P. Barthélemy reçoit vos lettres. Vous pouvez toujours lui écrire à Rome, les lettres le suivent. Il vous a envoyé tout ce qu'il a pu avec beaucoup de difficultés. Pour l'imprimerie, je me démène pour qu'elle parte avec les premiers partants.

Nous aurons plusieurs départs prochains, mais ce n'est pas aussi facile que vous pensez. En Belgique, on ne pouvait pas bouger; en Hollande, on refuse encore les passeports. Cependant on voit revenir peu à peu la vie normale. Je pense aux départs. Ils suivront de près cette lettre.

P. Lebrun nous édifie beaucoup; P. Lambert a beaucoup gagné, mais il n'est plus pour le Congo. Il fera bien en Belgique. P. Gontier va partir. P. Plissonneau n'est pas encore libéré, malgré mes démarches.

Encore un peu de patience. L'argent ne manque pas, nous en avons à Paris, à Rome, mais l'argent ne suffit pas à résoudre toutes les difficultés. Ayons confiance quand même.

Oremus pro invicem. Votre dévoué L. Dehon

12. 12. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 07). P. Zicke (de Bologne)

Cher Père,

Je reçois de bonnes nouvelles du P. Roos. Je pense qu'il vous a mis au courant de ses projets.

Je vous délègue pour traiter avec Mgr l'évêque de Santander et avec l'autorité municipale de Cobreces. Acceptons ce collège pour y faire une école apostolique. Au commencement je pourrai aider un peu.

On demande que nous donnions un Père pour faire les classes aux enfants du village. Si vous ne pouvez pas le faire de suite à cause de la langue, on pourrait commencer avec un bon professeur laïc, que nous payerions en attendant qu'un Père puisse faire la classe.

Cobreces est dans un pays de foi, un pays de vocations. C'est une bénédiction pour notre oeuvre si nous allons là.

Les Pères Schuster et Baumeister m'ont écrit. Ils ne sont à Fernando-Poo que provisoirement, ils pourront peut-être venir vous aider, ils ne peuvent pas rentrer au Cameroun.

Laissons-nous conduire par la Providence, mais en même temps agissons et prions.

J'ai de bonnes nouvelles de Sittard. Le P. Storms m'a écrit. Mais nous avons perdu le P. Massmann qui est mort. Correspondez avec le P. Roos. Il vous dira quand le moment sera venu d'aller à Cobreces. Je crois que lui-même va retourner à Santander, ce serait très bien pour nous.

Ecrivez moi à Rome, 42 via Santa Chiara. Je vous bénis tous paternellement. L. Dehon

13. 12. 1918. B 97. Fr Gallo (de Bologne)

Caro Gallo,

Ho ricevuto la tua letterina. Ti mando benedizioni e voti. Patienza! Verrai presto a finire i tuoi studi.

Faremo festa qui il 15 pel mio jubileo. Preghiamo bene. Poi vado a Roma per due mesi: 42 via Santa Chiara. Ti benedico di cuore. L. Dehon

13. 12. 1918. B 22/9 (inv. 459. 04). P. Santulli o Cortinovis (de Bologne)

Caro figlio,

Vado a Roma cercare nuove benedizioni del S. Padre per l'opera nostra. Mi aiuti a ringraziare il S. Cuore per il lungo periodo del mio sacerdozio.

Prego molto per tutta la casa di Bergamo. Spero che darà molte buone vocazioni. Amista e benedizione a tutti. Leone Dehon

15. 12. 1918. B 19/3. 1 (inv. 241. 08). P. Zicke (de Bologne)

Cher P. Zicke,

Je reçois votre bonne lettre du 1 déc. Je vous délègue pour tout arranger à Cobreces. Aussitôt que vous aurez l'assentiment de l'évêque vous pouvez aller là-bas avec un Père et un ou deux Frères pour commencer. Nous augmenterons le nombre un peu plus tard. Je vais à Rome, 42 via Santa Chiara. Votre dévoué L. Dehon

26. 12. 1918. B 24/0 (inv. 487. 39). P. Legrand (Lisieux, 3 rue d'Ouville)

(Carte postale)

Rome, 26 déc.

Cher ami, Bonne audience ce matin. Le Pape m'a donné une grande médaille d'or pour souvenir. Il vous bénit avec vos amis et bienfaiteurs et le Carmel de Lisieux. Rouvrez Mons et reprenez la collecte. Bonne année. Soignez-vous. Amitiés. L. Dehon

21. 12. 1918. B 23/1 C (inv. 476. 52). P. Falleur

Mon Père, j'ai reçu la bonne lettre du P. Jacquemin. Gobin et Mounier sont à mon compte à Moulins avec Desvignes. Recrutons-nous. Peut-on envoyer des chèques à Bersprach?

Amitiés à tous. L. Dehon

Pressez le P. Jeanroy de faire un départ.

25. 12. 1918. B 23/1 D (inv. 477. 69). P. Héberlé (Mons) (de Rome)

Cher ami, Nos caisses d'objets de culte sont restées à Maubeuge chez Mr le Doyen, voyez si vous pouvez les récupérer à Mons ou Quévy. Bonne année à tous. L. Dehon

27. 12. 1918. B 97. Carrara (de Rome)

Caro Carrara,

Buon e Santo anno. Dovrà ritornare alla sua vocazione. E' una grazia a domandare ogni giorno al S. Cuore di Gesù. Ho visto ieri il Papa, ci vuol molto bene e ci benedice tutti.

Faccia il possibile per rimanere fedele alla bella devozione al S. Cuore.

Preghiamo l'uno per l'altro. Amista e benedizione. L. Dehon.

30. 12. 1918. B 97. Scolastiques de Bologne (de Rome)

Agli alunni,

Penso a voi tutti. La casa di Bologna m'è molto cara. Sono veramente in famiglia quando mi trovo di là. E' la sola casa dove ho trovato un poco di riposo durante quest'anno di esilio.

Adesso mi vengono delle notizie da per tutto. Alla primavera ritroverò i miei figli a Bruxelles. Molti hanno sofferto per la chiesa e per la pace. Iddio ci vorrà compensare per un nuovo sviluppo della Congregazione.

Il Santo Padre ci vuol molto bene. Si sente che parla con amore di quella casa di Bologna. ma raccomanda il fervore. Ci ha parlato delle adorazioni e dell'esposizione del S.mo Sacramento.

Siete fedeli alla vostra bella vocazione. Pregate alla mia intenzione, debbo pensare a certe fondazioni, a certe reparazioni. Domandate al Signore che mi venga in aiuto.

Consacriamo l'anno che comincia al SS. Cuore di Gesù e alla nostra Mamma del cielo.

Vi benedico tutti di cuore. Leone Dehon

30. 12. 1918. B 35/4c. 93 (inv. 585. 03). Mère M. Agathe (Victimes) (de Rome)

Ma Révérende Mère,

Je compatis bien à tous vos deuils et à toutes vos privations. C'était dans les desseins de Dieu, vous deviez fournir votre part dans la grande réparation que demandait le S. Coeur.

Mais il faut que votre oeuvre reste principalement française. Le Saint Père m'a exprimé aussi cette pensée pour la nôtre. Ne tardez pas à envoyer un essaim en France. Le Cardinal Amette est favorable aux oeuvres contemplatives, il vient d'autoriser la fondation d'un Carmel à Montmartre. Plusieurs communautés rentrent et personne ne leur cherche noise. D'ailleurs je crois que vous vous êtes retirées en Belgique spontanément et sans y être obligées.

A défaut de Paris, vous trouveriez un autre diocèse. Pour Bruxelles, la maison n'est pas habitable, il faut en trouver une autre avec le concours de vos bienfaiteurs.

Le P. Barthélemy Dessons vous donnera des nouvelles de la chère cause. Il va passablement, mais il souffre d'une bronchite interminable qui le fatigue.

J'ai appris que la soeur du P. Prévot est bien malade à Aix, priez pour elle.

J'ai eu le bonheur de voir à Moulins Mgr Penon qui est un véritable ami de nos oeuvres.

Nos maisons de St Quentin sont en ruines. Celles de Belgique sont sauves.

Demandez pour moi deux grâces: 1° celle de faire régner la ferveur et le véritable esprit de l'Oeuvre chez nous. 2° celle de bien réorganiser nos moyens de recrutement pour la France.

Je prie le S. Coeur de vous bénir toutes et de vous faire avancer dans la sainteté.

Agréez avec tous mes voeux mes dévoués respects. L. Dehon

31. 12. 1918. B 42/1 - B (inv. 689. 05). P. Falleur (de Rome)

Cher fils,

Comme c'était convenu, je vous ai envoyé dans l'année quelques messes avec le coéfficient prévu: 15 janv: 53; 25 janv: 46; 14 fév: 83; 11 mars: 33; 25 juil: 28. Pouvez-vous vous en tirer? Libérez-vous promptement de toutes vos affaires à Paris, même par des sacrifices. Il vaut mieux obéir tard que jamais. Votre dévoué L. Dehon

31. 12. 1918. B 18/14. 14 (inv. 228. 14). P. Neyzen (de Rome)

Cher P. Neyzen,

J'ai reçu avec plaisir votre bonne lettre du 14 déc. Toute votre communauté m'est très chère, et vous en particulier qui êtes déjà un des anciens de l'Oeuvre.

Recommandez bien la piété à tous nos jeunes gens.

J'ai vu le Saint Père, il est très bienveillant pour nous. Il m'a donné en souvenir une grande médaille d'or. Mais il a lui-même posé spontanément ces questions: Fait-on bien l'adoration réparatrice dans vos maisons? A-t-on souvent l'exposition du St Sacrement? Il sait que c'est là notre mission et si nous n'y étions pas fidèles, N. S. nous rejetterait.

Prions bien pour l'Oeuvre et son recrutement. J'espère faire le Chapitre Général fin juillet, à Maastricht. Je suis bien âgé, mais si je dois vivre encore un peu, je dirai comme Saint Martin: non recuso laborem

Je prie le S. Coeur de vous bénir tous et je recommande à nos chers jeunes gens la piété et l'étude. Votre bien dévoué L. Dehon

31. 12. 1918. B 20/7. 4 (inv. 300. 06). P. Paris (de Rome)

Cher P. Joseph,

Je reçois votre bonne lettre du 5. Soyons toujours confiants, la confiance attire les grâces divines. On commence à respirer après cette guerre de géants. Nous remettrons tout en train et nous irons vers de nouveaux progrès.

Nous, les anciens, sanctifions-nous dans l'humilité et la réparation.

Je vais rester ici deux mois. On a fêté mon jubilé à Bologne le 15 et ici le 22. Le St Père m'a reçu avec bienveillance et m'a donné une grande médaille d'or comme souvenir.

Restons unis avec nos bonnes Soeurs. Chère Mère était toute changée ces dernières années, elle était très démonstrative avec moi, elle a compris un peu tardivement qu'elle avait été trop entière dans ses idées. Qui est-ce qui n'a pas quelques défauts? C'était une âme héroïque et sainte.

Je compte faire le Chapitre en juillet à Maastricht. Je retournerai à Bruxelles en mars ou avril. Nos maisons de St Quentin sont à demi ruinées. La Providence nous aidera. Nos caisses d'objets du culte sont restées à Maubeuge chez le doyen. La Capelle a été épargnée.

Oremus pro invicem. Votre bien dévoué L. Dehon

31. 12. 1918. B 23/D (inv. 477. 70). Abbé Billet, à Paris (de Rome)

Mon cher ami,

Ne vous inquiétez pas. Je reçois peu à peu les lettres que vous m'avez envoyées, M. Lobbé, etc. La poste se remet en train. J'espère qu'Objois pourra rester à St Q. Amitiés. L. Dehon

Décembre 1918 B 19/5 (inv. 260. 23). P. Govaart (de Rome)

Mon cher Père,

Je compatis bien à vos épreuves. Prions pour ces chers défunts. Bonnes fêtes de Noël et nouvel an. Prions bien pour l'Oeuvre. Dirigez bien pieusement nos chers enfants de Bergen-op-Zoom. Nous ferons le Chapitre gén. probablement en 7bre. Votre dévoué. L. Dehon

Lettre sans date, peut-être 1918 ? (4 A.1. 58). Raymond Hanier.

Mon cher Raymond,

Merci ! Le jeune Crépin a trouvé des protecteurs à La Fère. Tout ira bien. Nous pourrons écrire aussi à M. Journel.

Sois toujours sérieux et tu trouveras de bonnes places dans les grandes maisons. 

Tu as bien fait de m'écrire une bonne lettre, nous sommes de vieux amis.

Si tu passes à Saint-Quentin, ne manque pas de venir me voir, j'y suis souvent.

Conserve tes bonnes habitudes du Patronage.

Ton dévoué. L. Dehon.

Lettre sans date, peut-être 1918 ? (4 A.1. 58). Raymond Hanier.

Mon cher Raymond,

Je te remercie de ta belle carte, elle me fait plaisir. Tu es en bonne maison, fais là ta carrière. Si tu vas encore à la rue des Plantes demande l'abbé Billet ; il est de Saint-Quentin, il est très gentil. Mes amitiés à Fernet et Feuillette.

Ton bien dévoué. L. Dehon.

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