436.04
AD B.21 /7a.4
Ms autogr. 2 p. (21 x 13)
Du P. Freyd
Rome ce 17 octobre 1867
Mon bien cher ami,
Je conçois vos perplexités et celles de vos dignes parents. Quand on est loin de Rome, on doit être bien effrayé de tout ce que les journaux racontent. Nous sommes ici en paix parfaite. Les pères du Collège romain ouvriront leurs cours à l'époque ordinaire. Y a-t-il de la certitude qu'on nous laissera tranquilles? Je ne suis pas prophète. Dieu seul sait l'avenir, mais il me semble que si même le reste des provinces sera volé, Rome et Civita demeureront intactes et que notre année scolaire ne sera pas troublée. Il y a de vos condisciples qui sont en route et je crois qu'ils ont bien fait de venir. A cause des parents, je n'ai voulu dire à aucun de nos élèves: venez. Mais je me suis contenté de leur donner mes impressions.
Un nouvel élève, qui est venu d'Aire, Mr du Moulin de la Barthete, a été il y a quatre jours à l'audience du St-Père. Celui-ci lui ayant demandé si beaucoup d'élèves
viennent de France à Sta-Chiara: «je ne crois pas, T.S. Père, répondit le jeune homme, car beaucoup ont peur des Garibaldiens». Sur ce, Sa Sainteté se mit à rire de bon cœur: «comment peur des Garibaldiens. Mais ils ont tort: les Garibaldiens ne leur feront rien.
Comme je l'ai dit plus haut, on a ici la conviction qu'en tout cas, Rome resterait au Pape et la mienne est que nous passerons tranquillement notre année scolaire. Si toutefois nous devions l'interrompre, nous irions ensemble la continuer dans une de nos maisons qui est à Toulon.
Je puis donc vous dire: au revoir, à bientôt. Si vous avez occasion de voir quelque condisciple, dites-lui ce que je viens de vous écrire.
A Dieu, mon bien cher. Je sais que la quarantaine est levée à Civita pour les bateaux directs. Informez-vous bien si les indirects feraient encore quarantaine et dans ce cas, descendez à Livourne et venez par voie de terre depuis là.
Votre bien affectueusement dévoué
M. Freyd
Mes respects à vos parents.