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158.9

AD B.17/6.12.9

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De Mr Demiselle

Soissons 13 juin 1868

Bien cher Abbé,

Lorsque cette lettre vous arrivera, vous aurez fait un pas de plus vers le sacerdoce et l'Esprit de force vous aura revêtu de sa puissante armure pour combattre les com­bats du Seigneur. Je ne vous oublie pas durant ces jours consacrés à la retraite qui vous prépare à l'ordination.

J'arrive il y a quelques jours de la Thiérache où je suis allé faire la bénédiction de la première pierre de l'église de Buironfosse, et votre lettre m'est arrivée pendant ce voyage. Je suis allé de Buironfosse passer deux jours à La Capelle, ainsi que vous l'aura appris Mme Dehon, que j'ai trouvée en bon état de santé. Mme Henri doit être à présent mère pour la seconde fois. Sa petite Marthe, votre filleule est une enfant charmante.

Depuis le 13 mars, je. n'ai presque pas été à Soissons. Cinq semaines de carême à Dizy-le-Gros, puis ce voyage de Buironfosse; au retour, une 1 ° communion près de La Fere; tout à l'heure, celle de mes enfants de la Maîtrise; puis une autre à Chauny; une autre à Villers-Cotterêts. Et je me porte bien, quoique fatigué. Il me semble que je puis continuer encore quelque temps ce ministère de la prédication, sauf à m'arrê­ter quand les forces me feront défaut.

C'est vraiment merveilleux que le calme dont on jouit à Rome. C'est déjà un triom­phe, en attendant le triomphe définitif. Ils sont à plaindre ceux qui ne verraient pas que le doigt de Dieu est là. Car il y a dans ce spectacle de quoi convaincre tout esprit droit de la divinité de l'Eglise.

Il n'en est pas moins vrai que le péril existe toujours. Comment compter sur l'Au­triche dans l'abaissement dont elle donne un si déplorable exemple? La France est en­core la nation sur laquelle Rome doit le plus compter.

J'ai lu avec une vive satisfaction le recueil des pièces relatives au Séminaire fran­çais. Je remercie bien cordialement le P. Freyd du plaisir qu'il m'a procuré et je fais les vœux les plus ardents pour que les élèves y affluent de tous les diocèses de France.

Mgr de Soissons à qui le parlais ces jours derniers de retourner avec vous à Rome au mois d'octobre, me dit d'attendre pour l'y accompagner au prochain Concile. Je lui en reparlerai pour savoir au juste à quoi m'en tenir, car j'étais bien résolu â recom­mencer ce pèlerinage en 1868.

Mr Rigaux est revenu enchanté de son voyage, et surtout plein des souvenirs de Rome et de ses belles solennités pascales. J'espère que ce voyage affermira de plus en plus en lui les convictions catholiques et qu'il sera pour notre ville un modèle pour les jeunes gens1.

Mgr vous envoie sa meilleure bénédiction. Mr Péronne a été bien sensible à votre bon souvenir et ne vous oublie pas au saint sacrifice. Ma sœur me charge pour vous de tous ses compliments affectueux. Mes respects au P. Freyd.

Je suis bien à vous de cœur

Demiselle, chan.

1 Mr Rigaux, le jeune homme dont il est question en LD 95.

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