dehon_doc:cor:cor-1lc-1871-0508-0015004

150.04

AD B.17/6.4.4

Ms autogr. 2 p. (21 x 13)

De l'abbé Bourgeat

Grand Séminaire de Metz 8 mai 71

Mon cher ami,

Je commence par avouer ma faute et vous demande pardon de vous avoir laissé si longtemps sans nouvelles. Votre lettre m'est arrivée le 13 du mois dernier, après ma rentrée au Grand Séminaire de Metz. J'avoue que si elle me fût arrivée un jour plus tôt, j'aurais été grandement ébranlé dans ma résolution de venir reprendre le cours de mes études ici. Je croyais, d'après les dires des journaux, que les Jésuites avaient été expulsés du Collège romain et que par conséquent il n'y avait pas de cours. Je croyais aussi le Séminaire français entièrement désert et gardé seulement par le p. Brichet. De loin on se fait facilement illusion.

Enfin, il faut en prendre son parti maintenant: je ne retournerai pas à Rome avant le mois d'octobre prochain. Mais à moins que les événements le défendent absolu­ment, j'espère bien revoir alors Sta-Chiara. Je vous promets que plus d'une fois cha­que jour, le suis avec vous par la pensée, et ce petit père Dugas, qui est encore allé vous rejoindre sans avertir personne et n'en parlant qu'après avoir fait son coup.

D'ailleurs je ne m'ennuie pas ici, vous me connaissez un peu et vous savez déjà que ce n'est pas dans mes habitudes de m'ennuyer.

Et puis, si je perds pour cette année mes amis de Rome, j'ai retrouvé ici mes amis de Metz; je ne sais s'il y a compensation parfaite, mais enfin c'est déjà une consola­tion que de n'être pas seul. Ce fut même une des considérations qui m'ont déterminé à rentrer; si j'avais dû me trouver isolé, j'aurais plutôt attendu en vacances la fin des événements.

Si les Prussiens, Luxembourgeois, Français, Italiens ou autres n'ont pas arrêté la missive que j'ai adressée il y a quelques jours à M. Joseph Dugas, vous avez déjà eu de mes nouvelles par son entremise et il vous aura appris que ma petite santé est tou­jours en bon état.

Je suis persuadé que vous ne doutez pas des efforts que je fais, même en ce mo­ment, pour écrire convenablement. J'ai beau essayer, le ne réussis pas. Pardonnez­-moi mon affreuse écriture et ne m'oubliez pas au Saint Sacrifice de la Messe. Je me re­commande tout spécialement à vos prières.

Tout à vous en J. et M.

Bourgeat

Dites à l'abbé Dugas que j'ai oublié dans ma lettre de lui demander sa photogra­phie; voilà une éternité qu'il me fait attendre après sa chère image et je commence à me lasser d'attendre.

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