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163.05

AD B.17/6.15.5

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De l'abbé Desaire

Albertville 7 octobre 1870

Mon bien cher Ami,

Je viens à l'instant de recevoir encore une lettre du P. d'Alzon qui m'a annoncé que, le 3 de ce mois, la rentrée des collégiens avait eu lieu et que malgré tout il fallait com­mencer nos cours… Cette fermeté, cette persévérance, ce courage m'ont fait un vrai plaisir et ont complètement dissipé les petits nuages de tristesse que m'avaient causée les lettres antérieures où le p. d'Alzon me parlait de ses difficultés pécuniaires. Je vous avoue que, comme je vous le disais, je ne croyais guère à la possibilité d'aller com­mencer cette année; mais j'obéis d'autant plus volontiers à l'appel de notre digne Père que tout retard serait envers Dieu la preuve d'un manque de confiance et pour les hommes une preuve de pusillanimité de notre part. Je quitterai la Savoie vers le 18: je n'ai pas trop mal arrangé nos petites affaires et j'espère bien qu'avant peu, je serai li­béré de tout ennui.

Mais et vous, que devenez-vous, où êtes-vous et que ferez-vous? Le P. d'Alzon me demande pourquoi vous ne descendez pas à Nîmes. Je lui réponds que je n'ai plus de vos nouvelles et que mes deux dernières lettres sont sans réponse encore. Il vient de m'écrire que dans une de ses lettres il vous avait conseillé d'aller dans une ambulance à Paris, parce qu'il fallait prouver au monde que les docteurs étaient capables du martyre. Je pense bien que vous ne l'aurez pas écouté et j'adresse encore ces lignes à La Capelle. Vous ne sauriez croire combien je suis inquiet à votre sujet: connaissant trop imparfaitement votre pays, je ne puis me rendre compte si les Prussiens ne vous ont pas déjà envahis, et alors où vous trouverai-je et où sont vos bons parents?

Je continue à être atterré par les événements: le p. d'Alzon voit tout en beau et me paraît d'une confiance excessive. Il me semble que nous réunir tous à Nîmes serait le meilleur: nous y travaillerons et surtout nous y verrons ce qu'il est possible de faire. Si je n'étais pas parti pour Nîmes, j'aurais incontestablement pris du service ici: mon évêque vient encore de me faire les offres les plus gracieuses; mais notre œuvre avant tout.

Adieu; ces lignes vous arriveront-elles? Répondez-moi sans retard, ne serait-ce qu'une ligne. M. Dugas est aumônier de ses mobiles, ainsi que M. …; M. Le Tallec continue à ne donner aucun signe de vie.

Mes respects à vos bons parents et à vous, mon bien cher, mon cœur tout affec­tueux.


Charles D.

* Le premier paragraphe de cette lettre est cité en NHV IX, 5.

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