150.07
AD B.17/6.4.7
Ms autogr. 2 p. (21 x 13)
De l'abbé Bourgeat
Grand Séminaire de Metz, ce 12 novembre 1871
Mon cher ami,
Décidément il y a eu un malentendu entre nous: j'attendais tous les jours une lettre de vous m'annonçant votre poste définitif ou provisoire, mais rien ne vient. Je ne sais que conclure de votre silence, il me paraît difficile à croire que vous ne soyez pas encore placé, et d'un autre côté, si vous l'étiez, je ne comprendrais pas comment je n'en ai pas de nouvelles. Cette attente a été le seul motif pour lequel je ne vous ai pas écrit plus tôt; car c'était pour moi un besoin et un devoir de vous remercier de votre aimable accueil et des quelques heures malheureusement trop courtes que j'ai si agréablement passées en votre compagnie. Pour venir un peu plus tard, ces remerciements n'en sont pas moins sincères et partent du fond du coeur, croyez-le bien.
Depuis ma rentrée, j'ai eu des nouvelles de Mr Dugas. Je lui ai écrit récemment pour lui accuser réception de mes deux volumes de Franzelin; j'espère que ma lettre lui sera encore parvenue avant son entrée au noviciat. Aussi j'attends une réponse sous peu. J'ai reçu aussi une lettre de M. Vantroys, qui a dû être ordonné prêtre à la fin du mois dernier; il était à Versailles et me demandait de vos nouvelles: je lui en ai donné, vous ayant vu très peu de temps auparavant. J'ai écrit il y a une quinzaine au R. P. Freyd pour lui demander mes lettres testimoniales de mon ordination aux ordres mineurs. J'attends encore la réponse. Pauvre Rome! On ne peut y songer sans un sentiment de tristesse. Dieu veuille abréger ces jours d'épreuves et rendre bientôt le calme à son Eglise et le trône à Pie IX.
Un mot maintenant de ce que je fais ici. De mardi en quinze, nous passons notre examen pour lé sous-diaconat; il va donc falloir le préparer plus activement, afin de ne pas donner aux examinateurs une mauvaise idée des Romains; au moins, c'est une considération entr'autres.
Ces examens sont plus sérieux ici qu'à Rome, ils ressemblent plutôt à un examen
pour les grades qu'à un examen pour les ordres. Cela se conçoit du reste sans peine; car ici, une fois sorti du séminaire, on est placé presque de suite.
J'allais oublier de vous dire que dans le chapelet dont vous m'avez fait cadeau, il manque un grain; le m'en suis aperçu seulement en voulant le faire monter. Je le ferai toujours monter comme cela provisoirement; quand je retournerai vous voir, nous verrons s'il y a moyen de remédier à cet inconvénient. Ne vous tourmentez pas au sujet des reliques, cela n'est pas pressé; on ne m'en reparle pas et je crois bien qu'on regarde la chose comme perdue. Quand je vous reverrai, je les rapporterai.
Je me recommande à vous d'une manière toute spéciale, pendant ces six semaines qui vont s'écouler bien rapidement d'ici à notre ordination, qui aura lieu le 23 décembre. Présentez, s'il vous plaît, mes respects â vos parents et ne me laissez pas trop longtemps sans réponse.
Tout à vous in Christo.
Bourgeat
P. S. Je reçois à l'instant une lettre du R. P. Freyd m'annonçant que les cours reprennent à Rome et que MM. Roserot, Bernard, Philippe, joseph, de Vareilles s'y trouvent déjà. On y attend MM. Polly et Pineau Omer.