dehon_doc:cor:cor-1ld-1871-0311-0022015

220.15

B18/11.1.15

Ms autogr. 3 p. (21 x 13)

À ses parents

Nîmes 11 mars 1871

Chers parents,

Après avoir traversé hier en chemin de fer les tristes et froides montagnes de l'Auvergne, je suis arrivé le soir à Nîmes, où j'ai trouvé déjà la chaleur et la poussière de l'été. J'ai reçu ici le plus aimable accueil. L'abbé Désaire s'y plaît beaucoup. Il me recommande de vous offrir ses amitiés. J'ai déjà fait une visite à Mgr Plantier avec le p. d'Alzon, et j'ai commencé à visiter la ville qui possède des monuments très intéressants. Vous connaissez de réputation la Maison Carrée et les arènes de Nîmes.

On m'engage fort ici à partir pour Rome et mon intention est de me mettre en route dans trois ou quatre jours. J'espère recevoir d'ici là de vos nouvelles. Je suis très heureux de la résolution que j'ai prise de me rendre à Rome. Je gagnerai ainsi six mois ou un an.

Vous pourrez me répondre à Rome. Écrivez-moi souvent.

Les quelques jours que je passerai ici me seront très agréables. Je suis dans un collège ecclésiastique très influent et admirablement organisé. Le P. d'Alzon a une grande action morale sur tout le pays. Deux de ses religieux arrivent de Mayence où ils étaient aumôniers de nos prisonniers. L'abbé Désaire enseigne la philosophie aux jeunes religieux de la congrégation qui tient le collège1.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Amélie, et puis mon oncle et Marie s'ils sont arrivés2.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils. Tout à vous en N.S.

L. Dehon, pr.

1 Cf. LC 87 et 92.

2 La «tante Dehon» (Sophie-Éléonore Vandelet, sœur aînée de la mère de Léon et femme d'Hippolyte Dehon, frère aîné de son père) était morte le 3 mars. Les AD conservent la lettre écrite à ce sujet par Hippolyte à son frère Jules-Alexandre, le 4 mars 1871: «Tout est fini, ma pauvre femme a rendu son âme à Dieu hier à 2 heures de l'après-midi. Elle est morte en sainte et c'est une sainte qui priera au ciel pour nous. Dis à Léon que le vénérable vieillard qui est venu lui administrer les derniers sacrements, m'a remercié avec effusion de lui avoir fait connaître une si belle âme. Dis à Fanny que ma fille et moi, nous avons fait la dernière toilette et qu'aucune main étrangère ne l'a touchée. Aujourd'hui nous la mettrons dans la bière et demain nous la transporterons au caveau provisoire loué pour quelques jours. Nous sommes bien malheureux et notre seule consolation est qu'elle a été contente de nous…» (AD B18/11.1.39; Inv. 220.39).

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