220.16
B.18/11.1.16
Ms autogr. 3 p. (21 x 13)
A ses parents
Nîmes 15 mars 1871
Chers parents,
J'ai fait ici un charmant séjour. Le collège et la congrégation qui m'ont donné l'hospitalité sont un centre d'action catholique très intéressant à étudier. La ville de Nîmes ne manque pas non plus d'attrait et j'y ai fait quelques bonnes connaissances1.
Nous avons reçu hier une lettre du P. Brichet, économe de Ste-Claire, qui nous rassure complètement. Il écrit au P. d'Alzon et ne sait pas que je suis ici, aussi sa lettre est-elle très désintéressée. Il dit que le séjour de Rome n'a pour les ecclésiastiques aucun inconvénient, et que les journaux exagèrent dans leurs correspondances l'agitation qui a régné à Rome.
Je pars aujourd'hui avec un jeune religieux de la congrégation du P. d'Alzon, qui se rend avec moi au Séminaire français. Je vous écrirai
aussitôt après mon arrivée à Rome et je vous donnerai ensuite souvent de mes nouvelles. Vous ne vous inquiéterez pas si mes lettres vous parviennent irrégulièrement, dans l'état de désorganisation où sont les postes. La lettre de maman n'a mis que quatre jours à me parvenir. L'autre que vous avez fait suivre est d'un de mes amis de Bretagne. Elle est datée du l ° novembre. Je ne sais ce qu'elle a fait depuis ce temps-là. J'espère que maman continue à se bien porter.
Ecrivez-moi de suite à Rome. L'abbé Désaire nous accompagne jusqu'à Marseille. De là nous prendrons probablement par Nice, parce qu'il n'y a plus de bateaux directs.
L'abbé Désaire vous envoie ses affectueux respects.
Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon, mon oncle et Marie, Marthe et Amélie.
Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon, pr.
1 Le 20 mars, le P. Brichet, économe de Santa-Chiara, écrira au P. Freyd alors en Alsace:
«M. Dehon est arrivé samedi soir, en compagnie d'un père de l'Assomption de Nîmes, qui vient passer 2 ou 3 ans au Séminaire Français pour prendre ses grades en Philosophie…
M. Dehon me paraît à peu près engagé dans sa société. Il a été passer quelques jours à Nîmes. Il m'a avoué que le P. d'Alzon avait les défauts de ses qualités, et un peu d'exubérance méridionale… Je crois que le bon M. Dehon s'abuse, et qu'il n'a fait qu'entrevoir ce qui lui apparaîtra plus tard dans tout son jour» (Autographe aux archives du Séminaire Français; photocopie et dactylographie aux AD B. 36/2 B. 1; Inv, 627.01).