220.17
B18/11.1.17
Ms autogr. 3 p. (21 x 13)
À ses parents
Rome 19 mars 1871
Chers parents,
Je suis arrivé hier soir à Rome sans fatigue et heureux de m'y retrouver. J'ai quitté Nîmes, comme je vous l'ai écrit, mercredi à midi. Jeudi matin, j'ai dit la messe à Marseille à N.D. de la Garde et je suis venu de là par la route de la corniche, par Nice, Gênes, Bologne et Florence. Nous n'avons pas rencontré nulle part la moindre agitation politique et nous n'avons pas éprouvé le moindre ennui.
Rome est triste, comme vous le pensez bien. Les Romains considèrent les Italiens comme nous considérions les Prussiens en France. Quand ils seront partis, leurs traces disparaîtront vite. L'ordre y règne suffisamment pour qu'on puisse y séjourner sans crainte. J'ai trouvé ici cinq élèves qui suivent les cours depuis le commencement de l'année. Nous sommes maintenant au nombre de sept et on en attend encore quelques-uns. J'ai déjà fait ma première visite à St-Pierre et à Ste-Marie-Majeure, et je suis complètement installé dans ma chambre.
Je suivrai les cours dès demain. On espère que le P. Freyd reviendra bientôt.
Je vous écrirai souvent, mais les retards de mes lettres ne doivent pas vous inquiéter à cause de la désorganisation des postes.
J'espère avoir bientôt une audience du St-Père, il a fait donner aux sténographes une grande médaille commémorative du Concile. La mienne a été remise à quelqu'un qui partait pour la France. Elle sera déposée à Paris entre les mains du R.P. Peureux, au Séminaire du St-Esprit, rue Lhomond nº 30. Vous pouvez l'y faire prendre à l'occasion.
Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon, Marthe et Amélie.
Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon, pr.