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220.27

B18/11.1.27

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 2 juin 1871

Chers parents,

J'ai subi hier mon doctorat en théologie. Mon examen a été bon. Voilà encore une étape de franchie. Je m'y suis préparé sans beaucoup de fatigue, grâce au calme dont je jouissais ici et grâce à la fraîcheur de la saison qui est cette année exceptionnelle. Je consacrerai les deux mois qui me restent à l'étude plus spéciale du droit canon.

J'apprends avec bonheur que ces messieurs ont fait la sainte communion à la Trappe. Une autre fois seulement ils feront en sorte de ne plus laisser passer le temps pascal1.

Nous apprenons ici jour par jour les événements de Paris par les journaux et le télégraphe. On voit avec évidence le doigt de Dieu dans tous ces faits. Le bon Dieu veut absolument nous sauver et refaire une France catholique. Un grand nombre de gens paraissent n'y rien comprendre encore. Cela prouve que ce n'est pas fini et que le champ sera encore labouré jusqu'à ce que toutes les mauvaises herbes aient péri. Que de belles choses au milieu de ces horreurs! Que de leçons pour les hommes de bonnes volontés! Comme les destinées sont nettement tranchées! D'un côté, des martyrs meurent héroïquement en bénissant Dieu; de l'autre, des furies mourant horriblement en se tordant de rage et de honte.

L'Italie, calme en ce moment, aura son tour dans les châtiments de la Providence. Rome est tranquille et dans l'attente. La vraie Rome prie beaucoup et espère. La canaille a peur et craint que l'orage de Paris ne vienne fondre sur elle. Le Pape est admirable de sainteté. Son triomphe commence par la réalisation de ses prévisions à Paris relativement à l'esprit de révolution et à ses fruits.

Nous ne manquons pas de lumières, suivons le chemin du ciel.

J'ai répondu ce matin à Gaston2. Vous me dites que mon oncle Dehon et Marie se proposent de retourner à Paris pour un mois seulement. Auraient-ils pris la bonne résolution de n'y plus demeurer?

Les capellois ne se convertissent pas; sans être prophète, on peut leur prédire qu'ils seront éprouvés par quelque fléau du ciel.

Faites mes compliments à Siméon. Sa présence auprès de vous m'excuse de ne pas lui écrire directement.

Embrassez pour moi Henri, Laure, mon oncle, Marie, maman Dehon et les enfants.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon, pr.

1 Son père et son frère Henri.

2 Selon LD 64 et 72, il s'agit de Gaston Née, fils du premier mariage d'Aline Longuet. En 1871, il devait avoir une quinzaine d'années.

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