221.10
B18/11.2.10
15. 07. 1872
Son frère Henri
Mon bien cher Henri,
Je suis en retard à te souhaiter une bonne fête. Ce n'est pas que je n'y aie pas pensé, mais tu sais combien le samedi et le dimanche nous sommes occupés. Je ne t'ai pas oublié à la sainte messe. Je me suis aussi uni en esprit à tes fillettes qui t'ont sans doute offert un magnifique bouquet et débité un joli compliment.
Voilà déjà quinze jours que j'ai quitté La Capelle. Je suppose que tu as eu assez de beau temps depuis lors pour rentrer toutes les récoltes qui te préoccupaient. Je n'ai jamais trouvé le temps aussi court qu'à St Quentin. Nos occupations continuelles et toujours variées font passer les journées comme des heures et les semaines comme des jours.
Nous allons avoir aujourd'hui même notre nouveau vicaire. Je me suis décidé à prendre la chambre de celui qui s'en va. Elle est plus agréable et plus commode que la mienne. Je serai obligé de la faire tapisser mais j'espère en être quitte pour cinquante francs. Mes meubles iront très bien dans cette chambre sauf mes rayons de bibliothèques qu'il faudra rétrécir; mais comme ils sont en bois blanc c'est une petite affaire. Je ferai défaire le pli de mes grands rideaux.
J'aurais pu me contenter de ma chambre pour attendre celle de Mr Mathieu, mais qui sait quand elle sera libre et qui sait si des anciens ne la réclament pas avant moi. Mr Mignot ne nous quitte que jeudi prochain; je ne serai pas installé dans ma nouvelle chambre avant une dizaine de jours.
Dis à maman qu'elle fasse prendre ma caisse de linge samedi prochain. On s'est présenté avant-hier pour la demander, mais elle n'était pas prête. La bonne a demandé qu'on repasse un quart d'heure plus tard et on n'est pas revenu. Dis-lui aussi qu'elle peut m'acheter un surplis si le prix est avantageux.
Je dois dîner aujourd'hui chez Mr Demont. Jules Demont, sa femme et ses enfants partent demain pour passer quelques jours au Nouvion. Ils n'iront pas à La Capelle parce que les enfants ont la coqueluche et ils ont peur de la communiquer aux tiens.
Je compte partir jeudi pour Bapaume et en revenir samedi. C'est un long voyage à cause des détours qu'il faut faire en chemin de fer.
Au revoir, mon cher ami. Embrasse pour moi papa, maman, Laure et tes enfants.
Ton tout dévoué frère qui t'embrasse
L. Dehon, vic.
P.S. Demande à Mr Leponsé s'il a quelques renseignements à me donner sur la situation de fortune des enfants de Dupont.