626.14
B36/2a.14 (copie du même document B36/2d.14 629.14)
Copie dactylographiée
09. 03. 1873
P. Freyd
Mon révérend Père,
Vos vœux sont exaucés et notre cher abbé Désaire a planté là l'Assomption. N'osant pas braver la colère du P. d'Alzon, il s'est enfui adroitement avec un prêtre de la Savoie qui l'avait rejoint depuis un an. Je prévoyais cela depuis longtemps et je l'y poussais en m'inspirant de toutes vos lettres.
Après sa sortie d'Égypte ce bon ami est venu passer trois jours avec moi et je lui ai donné les conseils que vous m'indiquiez. Mais pour le moment il éprouve une espèce de répulsion pour toute espèce de congrégation religieuse, et il est décidé à rester dans le clergé diocésain. Il a donc demandé une place à Mgr l'archevêque de Paris qui l'a nommé vicaire à St Pierre du petit Montrouge. Il est là avec l'abbé Duponchel. Il est toujours ce que vous l'avez connu, gai, rieur, aimant le travail, plein de dévouement et de franchise. Il a le projet de se présenter à la première occasion pour être chapelain à Ste Geneviève.
J'encourage le P. Daum, s'il aime encore à rire, à demander à notre abbé le récit détaillé de son évasion.
À St Quentin il n'y a rien de bien nouveau. Je n'ai pas d'autre souci que d'y faire un peu de bien. Je remplis mes fonctions de vicaire et je m'occupe beaucoup de mon œuvre qui a pris une certaine importance.
Nous avons maintenant plus de 200 patronnés et dimanche prochain je commencerai à dire la messe dans notre chapelle. Notre organisation se complète. Le plus gros de la besogne est fait. L'installation matérielle s'achève et les réunions se régularisent. Quand l'avenir de cette œuvre sera entièrement assuré, je ne désespère pas d'en fonder d'autres si le bon Dieu m'en fait la grâce.
Je n'ai pas pu exécuter mon dessein de faire une retraite. Je tâche d'y suppléer. Nous avons pour le carême deux Pères jésuites qui prêchent des retraites à la paroisse pour les jeunes filles, les jeunes gens, les dames et les hommes; une retraite par semaine. Je suis autant que possible leurs prédications et j'espère en tirer des fruits.
Ma santé se maintient. Le ministère y est plus favorable que n'aurait été une vie d'étude. Je reconnais tous les jours que le bon Dieu m'a toujours conduit pour le plus grand bien de mon âme et je me repose entièrement sur sa Providence.
Vous trouverez dans ma lettre 9 f que je dois à l'abbé Clerc et que je vous prie de lui faire remettre. Présentez mes affectueux respects au R.P. Brichet et au R.P. Daum. Mes amitiés à Mgr Bernard et à Mr de Vareilles.
Agréez l'assurance de mon filial et respectueux dévouement.
L. Dehon