221.42
B18/11.2.42
19. 10. 1873
Ses parents
Bien chers parents,
Les dames qui s'occupent de notre loterie désirent savoir quels numéros vous avez placés. Envoyez-moi ce renseignement par retour du courrier. Le tirage aura lieu jeudi. Malgré les difficultés qui résultent de la stagnation du commerce, nous aurons, j'espère, plus de mille francs. Une quête à la paroisse le jour de la Toussaint nous donnera peut-être encore quatre ou cinq cent francs.
Nous attendrons que la situation politique soit meilleure pour acheter le terrain. Quant à Madame Moser, je ne vois pour elle de possible ici en ce moment que les petites sœurs des pauvres. Avec sa petite pension elle serait acceptée de suite.
Il y a bien des religieuses alsaciennes qui la prendraient volontiers, mais elles n'auront plus de place avant plusieurs mois.
Le pauvre Monturier prend le même chemin qu'Alphonse Vandelet. Il est séparé de corps et de biens depuis un mois d'avec sa femme. Il continue à boire et a des accès de colère terribles. Il vit avec une femme de mauvaises mœurs et ils se battent si bien qu'il a manqué mourir ce matin d'une blessure grave qu'elle lui a faite à la tête. Il m'a fait demander, et il a témoigné de bons sentiments. Je l'ai confessé. Il va mieux. Mais je crains qu'il ne recommence la même vie quand il sera guéri. Ses affaires se ressentent de tout cela.
Je suis heureux que maman Dehon soit rétablie. Embrassez-la pour moi, avec Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon, vic.