1169.36
B 109/2
(Lettre insérée en mai 2003)
14. 11. 1878.
Abbé Désaire
+ Saint-Quentin - Le 14 nov. 1878.
Mon cher ami,
Si je comprends bien la parole de Notre Seigneur votre appel s'accentue davantage. Vous allez en juger.
La révérende mère a fait faire une neuvaine pour vous. A cette occasion Notre Seigneur a dit à la Sœur : « Oui, priez seulement saint Joseph. J'aime à ce qu'il soit invoqué et qu'alors la gloire lui revienne. Je lui donnai la puissance, et les trésors en administration, afin qu'il les distribue.
Cependant adressez-vous plutôt à lui pour qu'il vous aide à gagner des cœurs qui me servent entièrement et uniquement et veulent se sacrifier à moi, que pour des intérêts temporels qui ne sont rien de plus que de grands moyens quand ils sont bien employés, et que je ne laisse point non plus manquer comme vous pouvez pourtant en être persuadés après tout ce que l'expérience vous a appris à vous-mêmes.
Soyez assurés qu'un prêtre, un cœur qui se donne à moi comme victime sans réserve et sans restriction, donne plus de consolation à mon divin Cœur que les œuvres extérieures les plus grandes et les plus éclatantes dans lesquelles il n'est pas rare que le monde, l'amour-propre, la recherche de soi-même et l'ambition aient une grande part ».
Ne vous semble-t-il pas que Notre Seigneur réponde à toutes vos objections ? Pour l'acquit de votre conscience proposez à votre pénitente de venir habiter Saint-Quentin et d'y rester sous votre direction. Elle pourrait préparer le collège d'Albertville s'il est dans les desseins de Notre Seigneur en aidant ici vos œuvres. Mais quand même vous devriez perdre le secours matériel que vous attendez de cette personne, il me semble qu'il ne faudrait pas hésiter.
Le bon abbé Périnet va bien. Il reprend sa bonne mine. Cependant il ne me paraît pas complètement heureux.
Il a fait de grands sacrifices, n'est-il pas appelé à un sacrifice total ?
Tout vôtre in Corde Jesu
L. Dehon