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1er CAHIER (13.12.1867 – 19.12.1868)

Lumina et proposita Notes quotidiennes (1867 - 1868)

Ce cahier est résumé dans le 7e cahier noir (NHV)1

Ne pas me soucier de l'avenir. Me sanctifier présentement par la fidé­lité à mon règlement et en demandant à Dieu instamment les dons de prudence et de sagesse. - Fécondité du chemin de la croix et de l'amour de Jésus.

Tendre à la perfection par l'amour de Dieu et spécialement de la sain­te humanité de Jésus. - Le silence est le moyen le plus fécond de la per­fection. - La langue est comme un cheval indompté qu'il faut brider par la raison, la prudence et le silence.

La sainteté consiste dans l'union avec Dieu et la conformité à sa vo­lonté. Dans l'avenir, Dieu fera de moi ce qu'il voudra. Puissé-je 2 ne rechercher que la position la plus humble et la moins enviée. Pour le pré­sent, Dieu demande manifestement de moi que je sois un étudiant par­fait. - Imiter mes modèles: saint Louis de Gonzague et Berchmans en particulier. Régler mon travail par la prudence, le modérer par la tem­pérance, l'animer par la force. Le diriger par la foi et la charité.

Retraite d'ordination. - «Ubi aequalis fuerit laus et gloria divinae majestatis, ad imitandum Christum Dominum nostrum, utque ei magis actu similis fiam, volo et eligo magis paupertatem cum Christo paupere, quam divitias; opprobria cum Christo pleno opprobriis, quam honores; et magis desidero aestimari vanus et stultus pro Christo, qui prior habi­tus fuit pro tali, quam sapiens ac prudens in hoc mundo»1). - 3 «Ne­mo venit ad Patrem nisi per me (Jo 16,6). - Ego sum ostium (Jo 10,9).

- Ego sum via» (Jo 14,6). S'attacher constamment à N.-S.

1ère oraison donnée: «Dominus veniet, accedite ad eum. Magnum principium, fortis, dominator, princeps pacis» (4e dim. Avent, 2des Vê­pres, 4e Ant.). - Le Seigneur viendra, allons à lui. Il est le principe de notre vocation, il sera notre force pour en accomplir les obligations. 2e or. «Verbum caro factum est et habitavit in nobis» (Jo 1,14) «Exinani­vit semetipsum» (Ph 2,7). Le Fils de Dieu s'incarne à Nazareth dans le sein d'une Vierge, épouse d'un pauvre artisan. Il se prépare ainsi à son sacerdoce. Marie qui doit y être associée (est troublée)2) en apprenant la grandeur à laquelle elle est appelée, mais en face des peines à souffrir elle accepte. Fiat!

Or. La sainte humanité de Jésus sanctifiée par l'union hypostatique et par l'infusion des dons les plus excellents 4 est le modèle de notre sain­teté et de notre union avec Dieu.3) - L'oblation de lui-même et son in­tercession constante, dès le sein de sa mère, est le modèle de notre inter­cession quotidienne par la récitation de l'office pour toute l'Eglise. - 4e or. «Vidi opera tua, Domine, et expavi». A la crèche: «Deus Pater im­mensus, Filius immensus, Spiritus Sanctus immensus et non tres im­mensi, sed unus immensus»4); et il s'est fait tout petit. «Aeternus» et il n'a qu'un jour. «Omnipotens» et c'est la faiblesse même. Humilité, dé­tachement, dépouillement. - «Invenietis infantem» (Lc 2,12); silence, recueillement…

5e or. Jésus est notre modèle dans l'oraison. Il intercède pour nous pendant toute sa vie, avec humilité et sacrifice, et il interpelle encore pour nous à la droite de son Père et dans la sainte Eucharistie (cf. Heb 7,25). Marie et Joseph 5 nous enseignent à prier en s'unissant au Cœur de Jésus. 6e or. Jésus modèle de pauvreté et d'abnégation. Il naît pauvre, vit pauvre en travaillant. Il meurt dépouillé de tout et nous apparaît pauvre dans l'Eucharistie. «Vermis et non homo» (Ps 21,7). Il est sans honneurs, sans gloire, humilié, méprisé, bafoué. Me défier du démon qui, sous l'apparence du bien, me fait divaguer dans l'oraison en pensant à mon ministère futur ou à la vocation à un état plus parfait. - Tendre à la perfection de mon état actuel. Pour les défauts de caractère, les vaincre en affrontant franchement les difficultés et ne pas croire les avoir vaincus en fuyant les occasions. «Pax! Pax!» Avant tout, conser­ver la 6 paix du cœur.

1ère or. «Jésus in quo plenitudo gratiae substantialiter inhabitat» (cf. Col 2,9, litanies du Sacré-Cœur). Jésus a en lui toutes les grâces, et pour lui-même, et pour nous les communiquer. Il est pour nous le modèle et la source de toute vertu et spécialement de la pureté: pureté dans ses in­tentions, dans ses actions. Il ne cherche que la gloire de son Père. Tenons­nous près de son Cœur, pour acquérir la pureté. - 2e or. «Jesu, zelator animarum» (litanies saint Nom de Jésus). Son zèle pour les âmes, pour mon âme, est gratuit: «Prior dilexit nos» (1 Jo 4,10). Nous ne lui avons rien donné et ne pouvions rien lui donner. - «Cum inimici essemus, Deus misit Filium suum unigenitum» (Rm 5,10. - 1 Jo 4,9). Son zèle est généreux: il ne se décourage pas de nos rebuts, de nos abandons, de nos misères. - «Ecce ad ostium pulso. Aperi mihi, soror mea, 7 amica mea» (Ap 3,20. Cn. 5,2). - Son zèle est magnifique: quoique la moindre souffrance eût suffi, il a voulu être accablé de dou­leurs jusqu'à la mort de la croix. Rendons-lui amour pour amour, et que notre zèle pour les âmes soit gratuit, généreux, magnifique. - Que Jésus devienne le frère de notre âme! qu'elle soit toute à lui et n'aime rien que pour lui et en lui!5).

lère or. «Ecce homo» (Jo 19,5). Considérons Jésus épuisé de souf­frances et réparant par le sacrifice de tout lui-même les souillures de tou­tes nos facultés et de tous nos membres. «Consummatum est» (Jo 19,30). Toutes les ressources de l'amour sont épuisées. Il entrouvre une dernière fois les yeux pour nous demander: T'ai-je assez aimé? - Cher­chons dans son Cœur 8 une leçon d'amour et de sacrifice. - 2e or. Jésus au tombeau nous invite à mourir avec lui et à devenir des hommes nou­veaux. Retirons-nous dans son Cœur, comme dans un sépulcre neuf, pour mourir aux honneurs, aux richesses, aux plaisirs.

Ordination au sous-diaconat. - Le Cœur dé Jésus est une source de délices, un jardin fermé, une cité de refuge, une porte de salut, une forteresse imprenable.

«Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei» (Ps 86,3). Jour de bonheur et de joie pure. Commencement d'une vraie liberté. Servir Dieu, c'est régner, c'est être libre.

Or. «Omnis vallis implebitur, omnis mons humiliabitur, et erunt prava in directa et aspera in vias planas» (cf. Is 40,4; 3e dimanche Avent, 2des Vêp., 3e Ant.). Le Christ a comblé: 1° le gouffre 9 du pé­ché qui était infranchissable et nous séparait de Dieu; 2° l'abîme de no­tre ignorance, de notre faiblesse, de notre misère. - Il remplit de ses grâces la vallée de l'humilité. - Il a humilié l'orgueil de Satan avant la création et par son incarnation, et il nous a donné le pouvoir de le vain­cre. - Il a vaincu par sa croix l'orgueil du monde, la soif des honneurs, l'appétit des richesses et des plaisirs. - Il abaisse l'orgueil de ses prêtres et le punit. - Il nous a préparé son exemple et ses grâces pour que nos devoirs d'humilité, de chasteté, de zèle nous deviennent faciles. - Il a aimé la pureté en Marie, en Joseph, en s. Jean-Baptiste et s. Jean l'Evangéliste. Il leur a témoigné sa prédilection à la crèche, 10 à la Cè­ne, au Calvaire.

Sainteté du prêtre: élu de Dieu, ministre de Dieu, séparé par Dieu. - «Jam non ego vivo, sed Christus in me vivit, Christus in me orat, stu­det, loquitur… Conversamini in Domino» (cf. Gal 2,20). Jésus vit en nous par l'influence de sa grâce et par la docilité que nous avons à sa di­rection…

Jésus à la crèche offre à son Père un sacrifice d'expiation, un sacrifice d'adoration. Il réjouit les anges en satisfaisant à la justice divine «Gloria in excelsis Deo», et en relevant les hommes de leur chute, «Pax homini­bus» (Lc 2,14)6). Soyons une victime perpétuelle pour ajouter par chaque acte de sacrifice un fleuron à notre couronne et pour offrir à Jésus par le mi­nistère de notre bon ange autant de fleurs, belles et parfumées 11.

A l'exemple de St. Etienne, aimer Jésus crucifié. Aimer notre pro­chain en Dieu d'une charité sage, égale, ardente. Nous tenir unis avec Dieu, surtout pendant les exercices de piété, pour y recevoir des grâces et des forces pour le reste du temps. «Plenus gratia et fortitudine (Ac 6,8). Plenus Spiritu Sancto» (Ac 7,55).

«Hic est discipulus quem diligebat Jésus» (cf. Jo 13,23 - 19,26). Pour être aimés de Jésus comme Jean, soyons purs comme lui, soyons con­fiants et persévérants jusqu'à la mort. Aimons Jésus comme notre seul ami, et tous les hommes généreusement en lui7).

«Hi sunt qui laverunt stolas suas in sanguine Agni» (cf. Ap 7,14 et 22,14; Brév. Ier noct., Ier rép. du jour). Les premières fleurs que Jésus ait cueillies après son incarnation, sont des lis par l'innocence et des ro­ses parle martyre 12.

«Bonus pastor animam suam ponit pro ovibus suis» (Jo 10,11). Jus­qu'à ce que j'aie charge d'âmes, mes devoirs envers le prochain se bor­nent à l'édification de mes confrères par l'exemple et une bonne conver­sation, et aux rapports particuliers d'affection, de reconnaissance, de conseil, de patience, que la Providence de Dieu m'a préparés par mes re­lations de famille ou autres.

Examen des défauts de l'année. Contraste avec la perfection constan­te, la pureté sans tache, la lumière sans ombre de Jésus et Marie, et avec la sainteté en Jésus de Jean-Baptiste, de Joseph, de Jean. - Développer les vertus et les facultés naturelles et les sanctifier en Jésus8).

Actions de grâces pour les bienfaits constants, innombrables, inappré­ciables de Dieu par Jésus: bienfaits naturels, 13 surnaturels, externes, intérieurs.

15 . Amour de Jésus commençant à souffrir pour nous dans la Cir­concision, c'est-à-dire à réparer nos fautes et nos maux et à mériter pour nous la grâce et la gloire.

Jésus, nom merveilleux: «Lucet praedicatum, pascit cogitatum, invo­catum linit et ungit»9). Union constante avec Jésus. - Dire nos prières avec la pensée que Jésus les répète à mesure à son Père céleste.

Soyons circoncis de cœur. Que Jésus vive en nous, qu'il dirige notre volonté et commande à nos sens. Les préoccupations de l'esprit et de l'imagination sont des tentations à fuir.

«Sobrie et juste et pie vivamus in hoc saeculo (Tt 2,12). Semper gau­dete, quia copiosa 16 est merces vestra in coelis» (Mt 5,12). Que vo­tre joie soit sobre et douce, et telle que N.-S. puisse l'offrir à son Père, car il offre sans cesse à son Père les œuvres des justes en union avec les siennes.

Retraite du mois. - Renouvelons notre ferveur en union avec Jésus. «Sine me nihil potestis facere» (Jo 15,5). Appliquons résolument le re­mède là où nous reconnaissons le mal. Fermons les issues par où entrent les distractions. Que nos conversations soient telles que N.-S. puisse les offrir à son Père. Dirigeons-les vers les sujets édifiants ou instructifs. Un effort généreux au commencement obtiendra un grand résultat.

2e or. «Bene omnia fecit» (Mc 7,37). Nous ne valons que ce que va­lent nos œuvres. Nos lumières ne nous sauveront pas, mais nos actes 17. Motifs pour tout bien faire et tout surnaturaliser: 1° Chaque action faite en Dieu augmente notre trésor de grâce sanctifiante dans le présent, et de gloire dans le ciel: si les Saints avaient des regrets; ce serait pour ces pertes irréparables. 2° Celui qui méprise les petites choses tom­be peu à peu10). - Que toutes nos actions soient donc en Dieu, selon sa volonté manifestée par son inspiration ou par nos supérieurs. - Union avec Dieu dans le Cœur de Jésus, qui sera pour nous «domus refugii et turris forti­tudinis»; (Ps 30,3-60,4) faisons toutes nos actions de manière que le Cœur de Jé-sus les agrée et les offre à son Père. «Cum intentione recta, cum ordine, cum gaudio»11). «Spiritus Dei in Ecclesia, (et in anima fideli) quasi in vase bono eximium 18 quoddam depositum, juvenescens et juvenescere fa­ciens ipsum vas in quo est» (S. Irénée)12). - L'âme fidèle est jeune, in­telligente et active, au travail, à la conversation, à la prière.

«Mage obtulerunt aurum, thus et myrrham» (Mt 2,11). Offrons­nous sans cesse: «hostiam sanctam, Deo placentem» (Ph 4,18). Soyons mortifiés: retranchons même quelquefois un peu du nécessaire, tous les Saints l'ont fait.

«Vidimus stellam et venimus» (Mt 2,2). Soyons fidèles à la grâce. L'étoile qui doit toujours nous guider est le Cœur de Jésus. Que toutes nos actions soient telles que Jésus puisse les offrir à son Père. Qu'il soit notre refuge et notre paix. - Prenons pour thème de conversation les fêtes de l'Eglise, nos études, nos lectures.

«Surge, illuminare, Jerusalem; gloria 19 Domini super te orta est» (Is, 60,1). Dieu s'est fait homme pour constituer l'Eglise son épouse et l'orner des richesses de sa grâce. Unissons-nous à l'Eglise, dans la com­munion des saints.

Fuite en Egypte. - L'obéissance et l'abandon à la Providence sont les sources de la paix du cœur.

«De Oriente et Occidente venient» (Mt 8,11). Les grâces que les juifs ont refusées aux instances de la miséricorde divine ont été données aux nations. Soyons fidèles à la grâce qui nous presse et surabonde. «Aperi mihi» (Cn 5,2) nous dit N.-S..

Nous disposer au don de prudence et de conseil en prévoyant et ré­glant nos actions sous l'assistance du Saint-Esprit, et en nous abstenant de toute pensée et parole téméraires. - Que Jésus soit notre conseiller, notre 20 ami et l'époux de notre âme.

«Reformamini in novitate sensus vestri, ut probetis quae sit voluntas Dei» (Rra 12,2). Ne laisser aucune issue à notre volonté propre: agir se­lon le Cœur dé Jésus. (Imit. Livr. IV, ch. 15, v. 3 et 4)13): «Statim ut te Deo ex toto corde credideris14), nec hoc vel illud pro tuo libitu seu velie quae­sieris, sed integre te in ipso posueris, unitum te invenies et pacatum; quia nihil ita bene sapiet et placebit, sicut beneplacitum divinae voluntatis… Quanto perfectius inflmis qui renuntiat et magis sibi ipsi per contemp­tum sui moritur, tanto gratia celerius venit, copiosius intrat et altius liberum cor elevat… Hic in accipiendo sacram Eucharistiam ma­gnam promeretur divinae unionis gratiam, quia non respicit ad propriam 21 devotionem et consolationem, sed15) ad Dei gloriam et honorem……

Unissons-nous aux prières de Jésus au Temple. Ne soyons pas froids et distraits dans les audiences que Jésus ou l'auguste Trinité veut bien nous donner. Nous avons à le louer, à l'adorer, à lui rendre grâces pour tant de bienfaits naturels et surnaturels et nous avons tant de grâces à de­mander!

Jésus quitte ses parents au Temple. Il nous quittera aussi quelquefois pour nous punir ou pour nous éprouver, nous le retrouverons dans la prière, dans l'union avec son Cœur Sacré. «In his quae Patris mei sunt oportet me esse» (Lc 2,49). N'avoir de rapports avec les hommes que se­lon Dieu et en Dieu. Régler nos relations selon sa volonté 22.

«Et erat subditus illis» (Lc 2,51). Jésus pendant sa vie cachée deman­dait à son Père céleste des grâces pour chacun de nous, et il nous donnait l'exemple de l'obéissance, du travail et de la retraite.

«Vir obediens loquetur victoriam» (Pro 21,28). L'obéissance est un hommage constant rendu à Dieu. - Obéir à mon Sauveur dans l'oraison en l'écoutant, dans toutes mes actions en les offrant par son divin Cœur à son Père qui est aussi le mien.

Baptême de N.-S. - Dieu par le baptême nous a adoptés pour ses en­fants en N.-S. - Le Saint-Esprit a rempli notre âme de ses dons, et il re­nouvelle ces grâces spécialement par les Sacrements. Comme Notre­-Seigneur, détachons-nous des biens créés. Qu'ils ne soient que des ins­truments pour le louer, lui seul l'objet de tout 23 notre amour.

«Ecce ego vobiscum sum usque ad consummationem saeculi» (Mt 28,20). Jésus est avec son Eglise et avec chacun des fidèles: 1° par les grâces extérieures, c'est-à-dire par son enseignement et son action provi­dentielle; 2° par ses grâces intérieures, qui parlent à nos cœurs. - Mon Dieu, inspirez-nous votre zèle pour les âmes. Puissions-nous en induire un grand nombre à vous louer et à vous aimer.

«Jesu, nomen Dei, nomen adorabile, nomen misericordiae, nomen auxilii, nomen Salvatoris, nomen reparationis et salutis». J'invoquerai votre nom, Seigneur, et vous ne le démentirez pas. «Jesu, nomen ama­toris, nomen dilecti et sponsi; nomen ejus qui dixit: Qui faciunt volunta­tem Patris mei, hi sunt 24 fratres mei et mater mea (cf. Mt 12,50). - Oleum effusum nomen tuum (Cn 1,2): oleum lucet, roborat et linit»16). Votre nom, Seigneur, doit être invoqué avec foi dans les mystères qu'il résume, avec la confiance que vous ne le démentirez pas, avec l'amour dans lequel Marie le prononçait.

«Spe gaudentes, in tribulatione patientes, orationi instantes» (Rm 12,12). Conservons notre cœur dans une sainte joie, à la pensée des grâ­ces immenses et innombrables que nous avons reçues, et à la pensée que Dieu nous secourt, nous protège et nous aime, et que nous ne serons pas confondus. - Soyons patients dans la peine que nous avons parfois à nous tenir en union avec Dieu; soit que l'obstacle vienne du dehors, soit qu'il vienne de nous. Retirons-nous franchement dans le Cœur de Jésus, «in do­muni refugii» 25. - Pour connaître la voie, cherchons l'étoile de la mer. «Orationi instantes»: entretenons dans notre cœur un feu perpé­tuel: «holocaustum perpetuum, laus, adoratio, gratiarum actio, petitio, oblatio».

Noces de Cana. «Non habent vinum» (Jo 2,3). Marie voit nos be­soins mieux que nous-mêmes et elle intercède pour nous. Remercions­la, et dans tous nos besoins tournons notre pensée vers elle. Elle nous di­ra: «Faites ce qu'il vous dit» (Jo 2,5). Et si nous présentons à notre Sau­veur notre cœur vide de son amour, il le remplira. «Meliora sunt ubera tua vino (Cn 1,1). Le Cœur de Jésus bat toujours pour nous, aimons-le, recourons à lui.

Dieu a élevé notre nature à une dignité sublime en l'unissant à lui par la grâce. Rendons-la digne de cet honneur. La grâce qui nous unit à Dieu est le sceau de notre adoption 26. Veillons-y et tenons-nous sous son influence, pour augmenter toujours cette intime relation avec Dieu. L'union à Notre-Seigneur dans l'Eucharistie nous rend semblables à lui en mettant notre âme et toutes nos facultés et puissances sous la direc­tion et l'influence du même Esprit qui sanctifiait son humanité17).

Les Epousailles de Marie. - Marie et Joseph sont deux lis. «Pascitur inter lilia» (Cn 2,16). Emules de virginité, de pureté, d'humilité. Les vertus de Marie illuminent Joseph par leur éclat et le guident.

«Diligatis invicem sicut ego dilexi vos» (Jo 13,34). Pendant sa vie ca­chée, Notre-Seigneur nous témoignait son amour par la préparation de sa mission, en union avec son Père. - Il témoignait sa force en triom­phant de Satan, du monde et de la chair.

Aimons Dieu. Il nous l'ordonne, 27 et c'est pour nous une grâce et un honneur. Aimons-le par reconnaissance: nous lui devons tout, la con­naissance de lui-même et des créatures, l'usage de celles-ci, la raison, toutes nos facultés et toutes les grâces surnaturelles, intérieures et exté­rieures. Il est juste que nous lui rendions autant qu'il nous a donné, en lui offrant le tout, en le louant, en nous consacrant à son service. Aimons-le d'un amour de préférence et de complaisance, parce qu'il est seul bon, seul infiniment beau et aimable.

«Humilitas virtutes accipit, acceptas conservat et consummat». Unissons-nous à la pureté de cœur et à l'humilité de Jésus. Reconnais­sons notre néant, notre faiblesse, notre inutilité et la corruption de notre nature. Mettons notre force et 28 notre confiance en Dieu18). «Adhae­sit anima mea post te, suscepit dextera tua (Ps 62,9), non confundar in aeternum» (Ps 70,1).

L'Ecriture Sainte est un enseignement et une source de grâces. C'est un trésor qui contient toute la sagesse naturelle et surnaturelle. C'est une nourriture et un remède pour tous les besoins de l'âme. St. Paul est surtout le maître de la doctrine spirituelle, il faut l'apprendre de lui. - La croix nous enseigne la pénitence et l'acceptation des peines qui nous viennent de Dieu et du prochain. C'est un sacrifice d'expiation pour nos péchés et une satisfaction qui augmente le trésor de l'Eglise. - C'est un contrepoids et un remède à la tendance corrompue de notre nature vers l'orgueil, la chair et le monde, et c'est un remède pour les autres par 29 l'exemple et la bonne odeur des vertus. - C'est un holocauste et une reconnaissance de la puissance de Dieu et de son droit sur nous: holocauste offert en communion avec l'Eglise. - C'est un sacrifice d'impétration: Dieu nous vaincra en générosité.

«Nolite esse prudentes apud vosmetipsos» (Rm 12,16). Ne nous ap­puyons pas sur notre prudence et nos forces naturelles, mais sur Dieu. Consultons l'ange du grand conseil. Dans les difficultés, recourons au Cœur de Jésus, et attachons-nous à faire à chaque instant la volonté de Dieu, même dans les plus petites choses, pour devenir aptes à la faire dans les grandes et à lui servir d'instruments.

«Unus est magister, Christus» (Mt 23,10). Jésus est notre seul maître. Il nous fait entendre sa parole suave et pure, 30 surtout dans la sainte Eucharistie, puis dans l'Ecriture Sainte et l'oraison. Il nous parle aussi par nos maîtres et par les écrits des Saints. - Dans la conversation des hommes, il est plus difficile d'entendre sa parole. Permettons leur vanité, comme il la permet, mais n'y entrons pas. Si leur conversation est utile, profitons-en, si elle ne l'est pas, tâchons qu'elle le devienne.

«Domine, medicus es, aeger sum; misericors es, miser sum». Approchons-nous de Dieu et des Saints, comme un mendiant à la porte d'un palais. Nous ne voyons pas le bienfaiteur, mais nous sommes sûrs d'être entendus.

Le Roi des rois daigne se donner à nous dans la sainte Communion. Les anges se voilent la face à son aspect. Marie fut troublée en apprenant qu'elle allait le recevoir 31 dans son seine19). St. Jean-Baptiste s'esti­mait indigne de l'approcher. St. Pierre lui disait: «Retirez-vous de moi, Seigneur, je ne suis qu'un pécheur» (Lc 5,8). Le centenier s'estimait in­digne de le recevoir dans sa maison. Et nous, nous le recevons tous les jours! Et lui-même nous y invite et n'a pas horreur de nous. Donnons-­nous tout entiers à lui pour sa gloire: «Gloria in excelsis Deo», comme il s'est donné pour nous: «Pax hominibus» (Lc 2,14).

«Quis nos separabit a Christo?» (Rm 8,35). Que rien ne nous sépare de la conformité à la volonté de Dieu. C'est la source de toute sainteté. Dieu tire plus d'honneur, et nous plus de profit, de l'acte le plus simple fait selon sa volonté que d'une action d'éclat qu'il ne demande pas de nous.

«Ecce positus est hic in ruinam et in resurrectionem multorum» (Lc 2,34). Jésus 32 s'offre pour notre salut à tous. Il prend sur lui tous nos péchés. Mais il nous laisse libres de profiter de notre rédemption en nous unissant à lui, en l'aimant, en accomplissant sa volonté.

Marie est notre mère, ayons en elle une confiance filiale. Dans les tentations20), recourons à elle, et appelons-la à notre secours, comme l'enfant appelle sa mère dans tous les dangers. Elle est puissante et ren­versera le démon qui nous tente. Elle veille à tous nos besoins avec une providence maternelle. - Elle est notre avocate. S'il nous arrive de tom­ber, recourons à elle: elle nous défendra et nous excusera vis-à-vis du souverain juge.

«Quid retribuam Domino?» (Ps 115,12). Nous n'avons de nous­mêmes que le néant et le péché. Nous tenons tout de Dieu dans l'ordre de la nature et de la grâce, dans l'être, le connaître et l'action21). Cependant 33 Dieu veut bien accepter comme méritoire ce que nous lui devons déjà par justice. Il nous offre beaucoup et sans cesse, et nous donne continuellement son propre Fils, qui est un don d'une valeur infi­nie, pour qu'en lui offrant et consacrant tout ce qu'il nous donne, nous méritions la gloire éternelle. O merveille de miséricorde! Dieu nous invi­te sans cesse à puiser dans ses trésors pour lui prêter ensuite à usure.

Dieu nous invite à aimer les hommes. C'est le second commande­ment, et il est égal au premier, parce qu'en aimant les hommes nous procurons la gloire de Dieu. Notre-Seigneur dans son agonie pleurait d'amour pour nous22). Il voyait le monde plongé dans les ténèbres, avec quelques rares lueurs. Il voyait les hommes en proie au feu de leurs pas­sions, malgré la rosée de sa grâce, et glacés 34 dans leur indifférence, malgré le feu de son amour. L'amour de Dieu est un soleil spirituel, qui réchauffe, féconde, vivifie, sans nuit, sans hiver, sans nuages. La lumière des créatures, et particulièrement celle des Saints, est une lumière em­pruntée au soleil vivant. Plus le réflecteur est tourné exactement et con­stamment vers le soleil, plus il reçoit de lumière et de chaleur.

Les tentations sont utiles pour nous rappeler notre faiblesse et pour nous porter à recourir à Dieu et à le prier. Que notre refuge soit le Cœur de Jésus et celui de Marie. En nous appuyant sans cesse sur Dieu et sa sainte volonté, nous échapperons facilement aux tentations23).

«Quid timidi estis, modicae fidei?» (Mt 8,26). Dans les tentations, confions-nous entièrement à Dieu: «turris fortitudinis 35 a facie ini­mici» (Ps 60,4). Nous sommes entre ses mains comme l'insecte dans les nôtres; nous ne pouvons rien de nous-mêmes, mais il veut notre triom­phe et nous l'a mérité par la rédemption: «Confidite, ego vici mundum» (Jo 16,33). - Dans les désolations, restons pleins d'espoir. Disons avec Notre-Seigneur: «Ut quid me dereliquisti?» (Mt 27,46). Ces peines sont utiles pour nous humilier et nous mériter les joies du ciel.

Le Seigneur, en nous justifiant, d'impies nous a faits justes. D'enne­mis, il nous a faits ses amis: «Jam non dicam vos servos» (Jo 15,15). Enfin Dieu nous a adoptés, et nous sommes devenus les frères de Notre­-Seigneur et les héritiers du Ciel: «Haeredes in spe salutis aeternae». Notre-Seigneur a pour nous une affection fraternelle 36. Il intercède avec amour pour nous, il nous console et nous bénit. Méprisons les cho­ses de ce monde comme passagères et viles: «Dominus pars haereditatis meae et calicis mei» (Ps 15,5).

Retraite du mois. - «Omnes in stadio currunt» (1 Cor 9,24)24). Nous sommes un instant dans la carrière. La vie est courte et rapide et sans points d'arrêts. Allons droit au but. «Ab omnibus se abstinent». Que rien ne nous arrête, mais que tout nous soit un degré pour nous élever. Que nos rapports avec le prochain soient édifiants et charitables. Soyons humbles. Aimons à écouter les autres et à douter de nous. - «Non qua­si in incertum» (1 Cor 9,26). Le but éloigné de notre travail présent est l'apostolat. Dieu en réglera le mode. Le but présent est la sainteté de chaque jour 37. Nous avons à produire des fruits de perfection que Dieu viendra cueillir, quand il lui plaira. Puisse-t-il les trouver mûrs! - Notre vie restera aride, si Dieu ne l'arrose de sa grâce et ne la féconde du feu de son amour. Demandons-le, Marie nous l'obtiendra. Elle est notre Mère et notre providence.

«Sic curro, non in incertum, nec aerem verberans» (1 Cor 9,26). Que notre intention soit pure, et toutes nos œuvres seront lumineuses. Que notre but soit la gloire de Dieu et le salut des âmes; et le moyen, notre rè­glement. Toutes nos actions prévues par ce règlement sont voulues de Dieu. Faisons-les toutes avec la même bonne volonté et la même joie. Dieu n'aime pas les serviteurs moroses.

Notre-Seigneur, au jardin des Oliviers, pria pour nous obtenir toutes les grâces 38 dont il nous comble, tant extérieures qu'intérieures. Il pleurait à la pensée de nos péchés innombrables, de nos résistances à sa grâce et de la gloire dont nous nous privions. Unissons-nous à sa prière. Pour conserver l'humilité et la paix du cœur, reconnaissons notre igno­rance et la faiblesse de notre esprit.

«Cur otiosi estis tota die?» (cf. Mt 20,6). Le travail est naturel aux fils d'Adam. Il est dû pour nos péchés. Par lui, nous imitons Jésus et nous accomplissons la mission qu'il nous a donnée dans sa vigne. Le tra­vail de ceux qui tendent à la perfection est de laisser opérer en eux l'Esprit-Saint. Que Dieu seul soit notre appui et notre force, et sa gloire notre fin. Les œuvres les plus excellentes sont: l'oraison, 39 où l'âme loue Dieu de la manière la plus sublime dont il soit donné à l'homme de le louer, et le sacrifice de soi-même, volontaire ou accepté, par lequel nous nous unissons à la mort du Sauveur, le plus parfait hommage ren­du à Dieu et tout à la fois acte de louange, d'action de grâces, de satisfac­tion, de propitiation, de prière.

«Discite a me quia mitis sum et humilis corde, et invenietis requiem in cordibus vestris» (Mt 11,29)25). La douceur nous assimile à N.-S., qui est venu dans le monde comme un agneau au milieu des loups. Il est au ciel devant le trône de son Père comme un agneau immolé pour nous, sacrifice et victime, source de tout bien, 40 et d'où découlent les fleu­ves de vie. Il est dans l'Eucharistie un agneau humble et doux. - La douceur envers nous-mêmes consiste à éviter toute inquiétude et toute recherche de nous-mêmes. Notre âme est comme un jardin: si un loup y a pénétré et y a fait des ravages, n'en sortons pas pour le poursuivre, car, pendant ce temps-là, il serait sans garde et sans culture. Remettons-­nous de suite à planter et à cultiver, le mal sera plus vite réparé.

«Via, veritas et vita» (Jo 14,6). Jésus est la voie, le modèle à suivre et la force pour le suivre. Il est la vérité: soyons vrais en reconnaissant de­vant Dieu notre néant. Nous tenons tout de lui, nous ne vivons que de lui, nous n'avons de nous que le péché et la mort. Soyons 41 vrais de­vant notre prochain; reconnaissons pratiquement notre faiblesse, notre ignorance. Nos connaissances sont mêlées de doutes et d'erreurs. Nous ignorons ce que vaut notre prochain devant Dieu, mais nous savons au moins que nous ne valons rien.

«Qui modica spernit, paulatim decidet» (Ecli 19,1). N'écoutons pas la nature qui essaie de nous persuader que les petites concessions que nous lui faisons aux dépens de notre règlement sont raisonnables. Pour vivre en Dieu sans interruption, nous tenir aux trois principes de l'union avec lui: union de présence, union de volonté, abandon entier à la grâce qui est notre seule force26). Imitons la charité que nous témoigne N.-S. dans le très saint Sacrement, elle s'étend à tous, ne tend qu'au bien des hommes et préfère les faibles 42 et les pauvres.

St. Paul nous enseigne divers moyens d'avancer dans la vertu: la con­sidération des bienfaits que nous avons reçus de Dieu, et celle de nos in­firmités. Dieu le Père nous a créés et nous conserve; il nous a donné son Fils pour nous racheter. - Dieu le Fils a voulu pendant 33 ans intercé­der, souffrir pour nous et s'offrir en victime parfaite. Il continue son œuvre dans le ciel et dans l'Eucharistie, et il nous a laissé son Esprit. - L'Esprit-Saint est sans cesse occupé à nous appliquer les mérites de N.-S., en transformant et divinisant notre âme. - Et de nous, nous ne sommes qu'ignorance, illusion, légèreté, faiblesse et misère. «Libenter gloriabor in infirmitatibus meis, ut inhabitet in me virtus Christi» (2 Cor 12,9) 43.

«Semen est verbum Dei» (Lc 8,11). La parole de Dieu et les inspira­tions du St-Esprit sont une semence féconde que Dieu dépose dans nos cœurs. Ses fruits doivent être la gloire de Dieu, que nous lui procurons par le sacrifice, la prière, notre sanctification et celle du prochain. La Providence de Dieu ne nous met jamais en relation avec le prochain, sans avoir pour but de l'édifier. - «In corde bono et optimo verbum re­tineamus et fructum afferamus in patientia» (cf. Lc 8,15). Imitons Ma­rie de qui il est dit qu'elle conservait dans son cœur la parole de Dieu et des prophètes. Méditons sans cesse la parole de Dieu, et appliquons-la sans interruption, avec douceur et persévérance, «in patientia».

La grâce de Dieu ne porte pas de fruit, quand elle trouve nos 44 cœurs endurcis par la négligence, ou distraits par les inutilités du monde ou de la curiosité. Veillons fermement à nous tenir en union avec Dieu et pratiquons la pauvreté d'esprit et l'obéissance en écartant toute pensée et préoccupation inutiles.

Ecartons les obstacles à la grâce de Dieu, et elle remplira notre cœur comme un torrent. Ces obstacles sont la distraction, l'inquiétude, la vo­lonté propre, l'affection naturelle. Quittons de suite les pensées et les re­cherches curieuses qui nous éloignent de la paix du cœur et de la présen­ce de Dieu. Mieux vaudrait noter les difficultés pour en demander l'éclaircissement à l'occasion que de s'en troubler et préoccuper. Dé­fions-nous toujours de la faiblesse de notre raison et de notre intel­ligence 45.

«Si quid petieritis Patrem meum in nomine meo, dabit vobis» (Jo 16,23). Prions sans cesse parce que nous avons sans cesse besoin du se­cours de Dieu. Dans la paix, demandons-lui qu'elle dure et que nous louions dignement son nom. Dans le trouble, demandons-lui la paix du cœur, la lumière de l'esprit, la fidélité à notre règlement. Ne changeons rien à notre règle dans les temps de trouble et d'obscurité.

Prions avec confiance et au nom de Notre-Seigneur. «Petite et acci­pietis» (Jo 16,24). Nous sommes aussi sûrs d'être exaucés que l'enfant qui demande du pain à son père. Que si Dieu nous refuse pour le mo­ment la vertu que nous lui demandons, c'est qu'il y a danger qu'elle nous enorgueillisse; mais alors il augmente en nous la grâce d'une autre façon. Demandons-lui 46 toujours l'humilité pour être capables de re­cevoir ensuite toutes les autres vertus. L'humilité est la base de l'édifice; plus elle sera grande, plus il sera facile de bâtir.

Demandons par l'intercession de St. Pierre d'observer l'Evangile qu'il a prêché, ses lois et ses conseils. Toute notre perfection consiste à observer avec charité notre règlement, parce qu'il est l'expression de la volonté de Dieu. Demandons à Dieu d'être indifférents à tout ce qui n'est pas l'accomplissement de sa volonté. C'est là la vraie mortification.

Notre-Seigneur désirait voir venir le moment de sa Passion par amour pour nous, parce qu'il devait nous purifier, nous remettre en grâce avec son Père, nous sanctifier et nous ouvrir les trésors de sa grâce et de sa gloire. Plusieurs fois il s'entretient de sa 47 Passion avec ses apôtres: «Ascendamus Jerosolymam, ubi consummabuntur quae scripta sunt (Lc 18,31). - Surgite, eamus (Mt 26,46). - Desiderio desideravi man­ducare hoc pascha vobiscum» (Lc 22,15).

Manent fides, spes, charitas: major autem est charitas» (1 Cor 13,13). La charité est l'âme de toutes les vertus. Sans elle, toutes les ver­tus sont mortes. C'est elle qui les dirige à leur fin. Les vertus sans la cha­rité sont souvent une pure idolâtrie de soi-même: «Veni mittere ignem, ad quid nisi ut accendatur?» (Lc 12,49). N.-S., pour exciter notre amour et notre reconnaissance nous a comblés de bienfaits et nous en a promis de plus sublimes encore. Pour exciter notre tendresse, notre pi­tié, notre compassion, il s'est fait petit, pauvre et souffrant.

La source de toute perfection est dans la paix du cœur. «Beati pacifi­ci, beati mundo corde, quia ipsi Deum 48 videbunt» (Mt 5,8-9). La grâce de Dieu n'agit en nous que dans la paix du cœur. Le fondement de cette paix est la connaissance de notre néant et la vie en Dieu. Cher­chons à faire toujours sa volonté et il nous la fera toujours connaître. «Discite a me quia mitis sum et humilis corde, et invenietis requiem in cordibus vestris (Mt 11,29). - In patientia vestra possidebitis animas vestras» (Lc 21,19).

La vie est courte, et bientôt il faudra paraître devant Dieu. Faisons chacune de nos actions comme nous voudrions l'avoir faite à la mort. Dieu nous a fait sortir du néant et nous a donné l'être et la vie pour sa gloire. N'en usons que pour le louer et le glorifier. Ne pratiquons pas la vertu pour la satisfaction de notre amour-propre, comme il arrive trop souvent. Défions-nous de ce défaut qui vicie 49 toutes nos actions.

La vue des péchés du monde, qui sont une épidémie plus terrible que la peste, nous invite à la pénitence, ainsi que le souvenir de nos fautes, que nous avons si peu expiées jusqu'à présent. Pratiquons surtout la mortification intérieure, qui peut croître indéfiniment, le renoncement à toute volonté propre, l'union constante avec le Cœur de Jésus.

Etablissons en nous le règne parfait de Notre- Seigneur27). Qu'il soit le principe et la fin de toutes nos actions. Que toutes aient pour point de départ et pour base son inspiration et sa volonté, et pour fin sa gloire, et qu'elles soient faites avec la paix du cœur, qu'il nous recommande tant de fois. De nous-mêmes, nous ne pouvons produire que le néant et le péché 50.

Ce monde est semblable à une mer agitée, dont les flots sont les pas­sions, les tentations, les vanités, qui nous entourent de toutes parts. Ayons une grande foi, et Notre-Seigneur nous conduira sur les flots et nous préservera du péril. N'attendons rien de nos propres forces. En conversation, parlons peu, modestement, sachant douter et interroger conformément à notre ignorance.

Jésus fut conduit au désert par l'Esprit-Saint. Il nous enseigne l'humi­lité en se retirant dans la solitude, au lieu de commencer de suite sa mis­sion, après le glorieux témoignage que son Père a rendu de lui. Il nous enseigne la charité, en se préparant à la prédication, à l'œuvre de la ré­demption, à l'établissement de son Eglise. Il nous enseigne l'esprit d'oraison et de recueillement. Il continue ces actes et ces enseignements dans la 51 solitude de l'Eucharistie…

Notre-Seigneur a voulu être tenté, pour nous instruire, nous animer, nous consoler, nous donner l'exemple. Nous serons tentés, il faut nous y préparer. Le démon agitera nos sens et suggérera à notre esprit des pen­sées perverses, vaines ou au moins étrangères à nos occupations. Toutes les fois qu'il nous les propose et que nous nous en apercevons, portons no­tre pensée doucement vers Dieu et vers le Cœur aimable dé Jésus, s'il n'est pas fa­cile de la retenir en paix à l'œuvre que nous faisons pour la gloire de Dieu. La douceur et l'humilité sont la base de la paix.

Les tentations nous sont proposées par Satan, le monde et la chair. Sa­tan offre à notre esprit des pensées qui nous éloignent de nos devoirs et de l'amour de Dieu 52. Notre-Seigneur nous enseigne à lui résister par la parole de Dieu, l'esprit d'oraison, l'union avec Dieu28). - Le monde nous éloigne de Dieu par ses distractions, le souvenir et l'image de cho­ses étrangères et vaines. Notre-Seigneur nous enseigne à le vaincre par le silence, le recueillement, la solitude intérieure. Mortifions la chair, surtout intérieurement, en écartant de notre imagination et de notre pensée tout ce qui la flatte. Approchons-nous du Cœur de Jésus, pour y trouver la lumière et la chaleur dont il brûlait dans ses oraisons au désert.

«De stercore erigens pauperem» (Ps 112,7). Mon Dieu m'a comblé de grâces en m'appelant à l'état ecclésiastique et (m') en m'y amenant par sa suave Providence, malgré tant de misères et d'indignités de ma part. Il m'a élevé déjà par plusieurs ordres jusqu'à une participation admirable 53 de son divin sacerdoce, surtout par la récitation de l'offi­ce divin. je dois correspondre à ces grâces en m'unissant de plus en plus avec N.-S. pour me conformer à lui, et en vivant surnaturellement sous le regard de Dieu et de toute la Cour céleste.

Invoquons N.-S. avec foi, avec confiance, avec persévérance, comme fit la Cananéenne. Chacune de nos prières porte ses fruits, quand bien même nous ne les verrions pas immédiatement. Jamais nous n'invo­quons Dieu en vain. Les peines qu'il nous envoie, comme à la Cana­néenne, nous sont l'occasion de grandes grâces. Sachons en profiter. Vi­vons de la vie de foi, devant Dieu, considérant la vie comme un jour qui nous est donné pour décider de notre éternité.

Le Cœur de Jésus est ouvert pour nous 54 recevoir. Qu'il soit notre refu­ge dans tous les périls. Nous y retrouverons les conseils et les consola­tions qu'il nous a donnés dans l'oraison. - Que Dieu occupe tout notre cœur, et que le reste ne soit qu'à la surface et le trouve comme indiffé­rent. Tout ce qui prend possession de notre cœur est un obstacle grave et une source de troubles.

C'est au pied de la croix qu'il faut, avec St. Thomas, chercher la science et la sagesse. Nous trouverons dans le Cœur de Jésus les leçons les plus sublimes et toujours inépuisables. Chacun des battements de ce Cœur divin est un ac­te d'infinie justice, d'infinie miséricorde, d'infinie puissance, d'infinie sagesse. Unissons-nous à ce Cœur divin toutes les fois que nous sommes tentés ou troublés.

Retraite du mois. - «Dominus assumpsit Petrum» (Mt 17,1). Dieu pouvait nous faire 55 naître parmi les peuplades qui ont seulement pour tendre vers lui les faibles lumières de la raison, et c'était déjà un grand bienfait de sa miséricorde; mais il a voulu nous combler de grâces par le baptême en nous faisant entrer dans son Eglise et dans la commu­nion de ses Saints. Et comme le monde nous distrayait et nous égarait, le bon Maître, qui aime ardemment nos âmes, malgré leur indignité, nous a conduits par sa suave Providence dans son sanctuaire, pour nous tenir près de lui, nous combler de ses grâces et des témoignages de son amour. Et après ce temps d'épreuve, où il nous aide si puissamment et nous con­duit comme par la main, il nous recevra à la porte du ciel pour nous faire partager son héritage éternel. «Ipsum audite» (Mt 17,5). Ecoutons la voix de son Eglise, la voix de son vicaire sur la terre 56. Il a toute puis­sance, «ad aedificationem». La voie qu'il nous indique est sûre. Suivie sincèrement par tous, elle conduirait le royaume de Dieu à sa perfection29). L'autorité qui est selon Dieu ne nuit pas à la liberté, qui est le don le plus sublime que Dieu ait fait aux créatures, et la plus admira­ble image de l'acte pur et indépendant de Dieu, mais elle l'aide admira­blement, en lui présentant le bien à élire et en écartant l'obstacle et le scandale. «Ipsum audite». Ecoutons l'unique maître Jésus et son Esprit30). Il nous conduit et daigne nous permettre de nous unir à lui, suivons-le. Tenons ferme à notre règlement, varions-le rarement et seu­lement dans les moments de grâce et de lumière.

2e or. - Dans le sein de son éternelle immensité et félicité, Dieu fit naître 57 les mondes, et il y plaça l'homme, entre les créatures qui le servaient et son Dieu qu'il aimait. Et Dieu voulut bien être le père de l'homme et faire ses délices de converser avec ses enfants. Mais l'homme tomba dans l'abîme. Et au fond de l'abîme de son néant et de sa mortali­té, il retrouva son Dieu, qui s'était transfiguré en esclave pour devenir son frère, son compagnon de douleur, son rédempteur. Cette transfigu­ration promise au paradis terrestre et attendue cinq mille ans produisit ses effets dès le commencement. Dieu le Père, pour satisfaire sa justice et motiver sa miséricorde, considérait d'avance le sacrifice et les mérites in­finis du Calvaire. Mais les effets de cette transfiguration sont plus abon­dants depuis qu'elle a eu lieu et ils nous sont prodigués particulièrement dans les sacrements 58.

Au Cénacle a commencé une autre transfiguration, non moins admi­rable et miséricordieuse. Dieu est devenu notre nourriture, nos délices, notre plus véritable ami, qui pleure avec nous nos péchés, se réjouit avec nous de notre espérance, nous conseille, nous dirige, offre à chaque in­stant sa vie pour nous sauver du péril et de la mort. Son amour pour nous était figuré par les soins providentiels que l'ange Gabriel31) prenait de Tobie. Si nous avons quelque malade ou aveugle parmi les nôtres, il nous indique aussi le remède, le fiel de la mortification et l'offrande à son Père de sa Passion salutaire.

Dans sa transfiguration, N.-S. nous a laissé entrevoir la gloire du ciel et nous enseigne le néant de la terre. La vie passe comme un instant. C'est comme la jeunesse de l'âme 59, pendant laquelle il faut acquérir des richesses pour le repos de la vieillesse, qui durera une éternité. - N.-S. nous enseigne encore dans sa transfiguration l'humilité par laquel­le il se prive pendant toute sa vie d'une gloire qui lui était due. - Dans son sacrifice, il nous montre son infinie justice, par laquelle il a voulu que l'honneur de son Père, blessé presque infiniment par le péché, soit réparé par une personne infinie et une offrande d'un prix infini. Le mê­me acte nous montre son infinie miséricorde par laquelle il relève l'hom­me de la honte infinie du péché et l'enrichit par le don infini de la béati­tude éternelle. Son infinie sagesse apparaît dans le choix de l'unique moyen de concilier toutes ses perfections qui est l'incarnation: la justice parce qu'un Dieu est abaissé 60, la miséricorde, parce que l'homme est élevé; la justice parce qu'il punit, la miséricorde, parce qu'il ne frappe que lui-même: «justitia et pax osculatae sunt» (Ps 84,11).

N.-S. nous invite à écouter son Eglise, qui nous parle par l'enseigne­ment de sa doctrine, par ses Saints, par son culte, par l'office divin. - Admirons combien Dieu nous élève par la grâce au-dessus de la nature. Il nous fait comprendre son infinie justice satisfaite par l'immolation de l'homme-Dieu; son infinie miséricorde, qui nous élève jusqu'à lui par son incarnation et par la gloire future; notre dignité réparée et exaltée:

«Tu es gloria mea, tu exaltans caput meum» (Ps 3,4); sa sagesse infinie, sa providence surnaturelle, par laquelle il pourvoit tous les hommes de lumières, de grâces et du pain supersubstantiel. Notre amour doit croître en raison de la connaissance 61 de si grands bienfaits, et aussi nos œuvres. Connaître, aimer, servir Dieu, pour mériter en Jésus et par Jésus; telle est l'économie de notre vie; et de plus souffrir, mourir et réparer en Jésus à cause de notre déchéance en Adam32). - Réparer par une morti­fication modérée et une patience absolue, et mériter en louant, aimant et servant Dieu et en le faisant louer, aimer et servir. - Le centre de cette vie et de cette lumière est le Cœur de Jésus, animé par le Verbe, auteur de toute science et de toute vie.

Notre-Seigneur s'est humilié non seulement par la parfaite intelligen­ce du néant de la créature et de la nature humaine, mais aussi en pre­nant sur lui l'abîme de honte, de déchéance et de souffrance qui nous était dû pour nos péchés.

Eternité! Infini! Dieu demande de nous quelques moments de cor­respondance à sa grâce 62, et il nous donne pour récompense l'éternité. Chacun de nos actes, nos pensées, nos paroles, nos actions sont écrites dans le livre de vie33). Faisons-les avec la perfection que nous désirerons y avoir mise à notre mort, pour mériter de posséder Dieu plus parfaite­ment pendant l'éternité. Laissons vivre en nous l'Esprit-Saint. Qu'il dirige et vivifie toutes nos actions. Puisons-le dans le Cœur de Jésus.

Dans la sainte Eucharistie, Notre-Seigneur est en nous avec son corps saint et pur, dont le contact a élevé Marie à une admirable pureté; avec son âme, éclairée de sa sagesse infinie, voyant d'un regard toutes nos voies, le néant de notre vie et la gloire du ciel; avec son amour fécond, qui purifie, sanctifie, élève et fortifie ceux qu'il aime.

Je commence une nouvelle année de ma vie. «Surgam et ibo ad Pa­trem» (Lc 15, 18). Mon Dieu daigne me recevoir dans ses bras comme l'enfant prodigue et me 63 rendre sa grâce, mon héritage que j'ai tant de fois dissipé. Je renonce à moi-même et veux vivre désormais pour la seule gloire de mon Dieu. Je lui consacre tout ce que j'ai: corps, âme, intelligence, affection, volonté, biens extérieurs, relations. Tout doit désormais servir à sa seule gloire et à la joie des anges et des saints34).

Pour cela, je veux vivre en Jésus, en sa présence, en son amour; par lui, par sa grâce, par son inspiration; pour lui, pour sa gloire et son règne.

«Ejecit doemonium et illud erat mutum» (Lc 11,14). Toutes les créa­tures de Dieu devaient le louer éternellement dans un concert d'adora­tion et d'amour. Lucifer le premier s'est arraché à cette harmonie, et il est devenu muet, puis il a dégradé l'homme de son sacerdoce de louan­ges. La nature, condamnée avec l'homme nous est devenue 64 aussi un entraînement corrupteur, au lieu de nous porter purement à louer Dieu. Le Verbe incarné a guéri ce mutisme et il dirige l'hymne de louan­ges que le ciel et la terre chantent à la gloire de son Père35). «Oportet semper orare et nunquam deficere» (Lc 18,1). Gardons toujours notre cœur dans la paix et la joie intérieure. Vivons en présence de Notre­-Seigneur, dans le désir unique de lui être agréables en toutes choses, en renouvelant souvent notre intention, mais sans trop de contention d'esprit et de violence.

Soyons toujours prêts à être agréables à nos frères. Ayons toujours le sourire sur les lèvres. Une joie modeste et tempérée porte la piété et le contentement dans le cœur de tous ceux qui nous entourent… Un sujet de joie qui domine notre 65 néant et notre misère, c'est que Dieu est infiniment grand, infiniment beau, digne de toute louange et de tout amour.

Un autre sujet d'une grande joie et d'une grande paix pour nous, c'est que, nous voyant si incapables et si nuls, nous pouvons par cela même être convaincus que Dieu lui-même veut mettre la main à l'œuvre pour opérer en nous et par nous toutes les grandes choses auxquelles il nous destine. - Mais un sujet de joie plus grand que tout cela, c'est que notre extrême misère et abomination nous met dans la nécessité absolue d'avoir toujours recours à Dieu et de nous tenir bien unis à lui à tous les moments et dans toutes les circonstances de notre vie. Nous dépendons de lui comme notre corps dépend de notre âme. Et comme par cette union, la vie de notre corps est plus noble et plus élevée, de même par l'union avec Dieu 66 notre âme acquiert une sublime grandeur, beau­té et gloire. «In infirmitatibus gloriabor» (2 Cor 12,5).

Considérons dans le mystère de l'Annonciation36) l'amour de Dieu pour nous, la dignité de Marie, notre propre dignité. Dieu, dans sa mi­séricorde, voulait nous racheter et il daigne nous demander notre libre adhésion. «Aperi mihi» (Cn 5,2). Il interroge l'humanité représentée par sa plus suave fleur et il lui demande son consentement à cet hymen mystérieux et divin. Marie priait, elle pleurait l'égarement des hommes, et dans ses transports d'amour, elle appelait celui qui devait venir. Le Verbe lui envoie un messager céleste, Gabriel, un des sept esprits qui contemplent de plus près la face de Dieu… Marie fut troublée, non pas de l'apparition d'un ange, elle y 67 était sans doute habituée et l'eût reconnu par le sens qu'elle avait des choses célestes; mais elle fut trou­blée dans son humilité par une salutation aussi élogieuse: «turbata est in sermone, et cogitabat qualis erat ista salutatio» (Lc 1,29). L'ange lui ex­plique la dignité à laquelle elle est appelée37).

Elle hésite encore et demande comment cela pourra se concilier avec sa virginité. Et elle prononce enfin ce Fiat tout-puissant qui fait descen­dre le Verbe de Dieu dans son sein et avec lui les flots de la grâce divine. Alors s'ouvrent les portes d'or du Temple qu'Ezéchiel vit closes devant la gloire de Dieu. - N. S. continue mystiquement son incarnation dans son Eglise et dans ses fidèles. Ouvrons à ses instances et recevons dans nos cœurs le Seigneur des vertus.

Le Verbe de Dieu a daigné, pour nous racheter, devenir notre frère. Son sang a 68 traversé toutes les générations pendant 4000 ans. Il fal­lait qu'il appartînt bien selon la chair à la famille pécheresse d'Adam. Sa généalogie ne nomme, outre Marie, que quatre femmes, trois grandes pécheresses et la pauvre moabite, Ruth, d'abord infidèle. Mais il fallait aussi que celle dans le sein de laquelle fût formé son corps, fût digne de lui par sa pureté38).

Il ne pouvait se faire que le cœur de Marie eût une autre affection que celle de Dieu et par conséquent qu'elle connût le péché même véniel. El­le ne devait pas être esclave de la honteuse concupiscence qui nous reste même après la rémission du péché d'origine et qui souille toutes nos jus­tices: «justitiae vestrae sicut pannus menstruatae» (Is 64,6). Aussi a-t­elle été préservée du péché d'origine. Elle est toute belle, et de l'excès de son amour pour Dieu elle a contribué à 69 former Dieu dans son sein.

Elle était au milieu des hommes comme un lis entre les épines «sicut plantatio rosae in Jericho (Ecli 24,18), tanquam lilium inter spinas» (Cn 2,2).

La maternité de Marie nous invite à la louer et à mettre en elle notre confiance. Par sa maternité divine, Marie a acquis une autorité sur tou­tes les créatures et sur Notre-Seigneur lui-même. L'enfant ne reçoit pas seulement son corps et son sang de sa mère, mais la mère crée morale­ment, pour ainsi parler, l'âme de son enfant. Elle lui donne son sang vi­vant, animé; elle conforme son âme à la sienne; elle continue sa forma­tion morale dans l'éducation.

Jésus a daigné recevoir de Marie l'éducation, et par elle croître devant les hommes et même devant son Père: «crescebat sapientia coram Deo et hominibus, et erat subditus illis» (Lc 2,51-52). Et il lui fut soumis pendant trente ans 70. Mais outre que les tendres baisers de l'enfance laissent une impression ineffaçable, il est certain que la maternité est une relation réelle qui persévère dans l'éternité. Et Jésus rend grâces sans cesse avec amour à Marie du sang qu'il tient d'elle et avec lequel il a ra­cheté ses frères et il les enivre tous les jours à l'autel.

Nous sommes devant Dieu, les anges et les Saints avec un bandeau sur les yeux, parce que nous ne percevons pas directement ce qui ne tombe pas sous nos sens. N'oublions pas que nous avons ce bandeau qui nous sera arraché à la mort, et n'agissons pas comme si rien n'existait que ce que nous voyons.

Toutes nos actions et nos affections sont écrites dans le livre de vie: nous les y écrivons nous-mêmes: que ce soit avec les lettres d'or de l'amour de Dieu 63bis, et que les pages qui nous sont laissées soient bien remplies. - Préférons avec S. Joseph la vie cachée et intérieure; abandonnons-nous entièrement à l'action de l'Esprit-Saint, pour que Jé­sus vive en nous.

N.-S. par ses plaies adorables39) confirme notre confiance et notre amour. Il nous enseigne à nous renoncer entièrement et à remettre entre ses mains toutes nos facultés, pour qu'il les dirige et en use à la plus grande gloire de son Père. Pensons aux flots de grâces qui découlent de la plaie de son Cœur.

N.-S. nous recommande instamment la mansuétude, la paix du cœur, le silence: «Discite a me quia mitis sum et humilis corde (Mt 11,29). - Pax vobis (Jo 20,19). - Pacem meam do vobis (Jo 14,27). - Beati mites. - Beati pacifici» (Mt 5, 4. 9). La paix du cœur nous rend aptes à comprendre les choses du ciel. L'eau limpide et calme reflète la lumière 64bis et reçoit les images des objets tournés vers elle: l'eau trouble et agitée est impénétrable à la lumière. - Considérons toujours N.-S. qu'il faut reproduire en nous. La considération fréquente de nous-­mêmes est une source d'inquiétudes40).

«Accepit Jésus panes et postquam gratias egisset, distribuit discum­bentibus» (Jo 6,11). Jésus est figuré lui-même par ces pains: «Ego sum partis vivus» (Jo 6,51). Il nous communique quelque chose de sa nature divine par la grâce, en nous donnant son esprit de lumière et de force. Il nous a donné son humanité en la livrant pour nous depuis son incarna­tion jusqu'au calvaire. Il se donne encore à nous chaque jour dans sa vie eucharistique, comme notre pain spirituel.

De toute éternité Dieu avait résolu de s'incarner et de venir habiter parmi nous. Le cœur humain sentait 65bis le besoin de voir Dieu fa­ce à face. «Et Verbum caro factum est et habitavit in nobis» (Jo 1,14). - Ipsum vidimus, audivimus, contrectavimus» (I Jo 1,1). Il a permis dans son amour à Marie et à Joseph de le posséder pendant trente ans; à la Palestine, de l'entendre pendant trois ans; aux enfants de venir à lui et de recevoir ses tendres baisers; à Madeleine de verser sur ses pieds ses larmes avec ses parfums; à Lazare de le presser sur son cœur; à Jean de reposer sur sa poitrine et d'y puiser un amour tendre et brûlant41).

«Non relinquam vos orphanos» (Jo 14,18). L'amour de N.-S. n'eût pas été satisfait, s'il n'eût fait qu'effleurer la terre. Son union avec nous eût été trop limitée par le temps, par l'espace et par le mode. Il a voulu être à nous partout et toujours dans le mystère de l'Eucharistie, et par le mode le plus intime d'union 66bis en devenant la nourriture de notre âme. - Il est avantageux, pour que notre affection pour lui n'ait rien d'humain, que nous ne le percevions pas par le sens. - N.-S. est, dans le mystère de l'Eucharistie, l'époux, le bien-aimé de notre âme - «Vi­num germinans virgines» (Zc 9,17): il soutient seul et explique la virgi­nité chrétienne, car notre cœur est fait pour aimer.

Il nous réserve pour l'éternité une union plus intime et plus merveil­leuse encore avec lui, en sa divinité: «Consortes divinae naturae» (2 Pt 1,4) et cette union même commence dès cette vie: «Jam non ego vivo» (Gal 2,20). - «Nobis datur substantia Dei vegetari, illuminari et beari». St. Aug.

L'incarnation du Verbe est le principe de toute rédemption, de tout mérite et de tout l'ordre surnaturel: elle en est aussi la fin42). Et comme l'ordre de la nature est subordonné à l'ordre 67bis surnaturel, le Verbe est le centre de toute la création: «Pater futuri saeculi» (Is 9,6). Adorons, rendons grâces, humilions-nous. Marie est l'instrument de cette incarnation, instrument sublime et puissant: «Mater misericordia­rum».

Soyons dévoués à la Reine des cieux et confiants en la médiatrice de toutes grâces. Préparons-nous à la grâce comme Marie par la pureté: «Missus est angelus ad virginem» (Lc 1,26-27); par l'umilité: «Ecce ancilla Domini» (Lc 1,38); par la foi: «Fiat mihi secundum verbum tuum» (id.).

La pensée de la mort est féconde pour nous éloigner du péché et nous détacher des vanités du monde43). «Quotidie morior» (1 Cor 15,3). No­tre vie est une mort continuelle. Chaque instant nous échappe, jusqu'à ce que nous ayons épuisé tous ceux que Dieu nous a destinés. Notre vie est une courte série de relations avec Dieu 68bis, avec les hommes, avec nous-mêmes. Nos actions ont une valeur presque infinie, si elles sont faites en la grâce de J.-C., car elles sont unies avec les siennes…

N.-S. nous a rachetés. Son sang précieux intercède sans cesse pour nous. Approchons-nous souvent de lui avec pureté, avec amour, et pui­sons dans son Cœur des trésors de grâces.

«Ego sum lux mundi; qui sequitur me non ambulat in tenebris, sed habebit lumen vitae» (Jo 8,12). Le Verbe est la lumière du monde: no­tre intelligence est son œuvre et son image. En lui était la vie de l'âme. Il était parmi nous sous les voiles de la raison, et les hommes ne l'ont pas compris.

Alors il est venu parmi nous, et il nous a comblés de lumières d'un or­dre plus élevé, des lumières 69bis de la grâce; et il nous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, par la foi et en n'écoutant pas la chair…

«Non quaero gloriam meam, est qui quaerat et judicet» (Jo 8,50). N.-S. ne cherche pas sa gloire dans l'humble crèche de Bethléem, lui à qui est dû tout empire et toute puissance.

Il ne la cherche pas dans sa vie cachée ni dans sa douloureuse Passion. Ce qu'il cherche, c'est la gloire de son Père, mais la gloire de son Père par la nôtre, par notre rédemption, par notre élévation: «propter nos et propter salutem nostram» (Credo).

Il ne cherche pas sa gloire sous les voiles mystérieux et les mépris de l'Eucharistie. Il l'oublie même auprès de son Père dans le ciel, car il y est pontife, intercédant pour notre propre glorification. - «Sed est qui quaerat». Son Père le glorifie dans son Eglise en courbant tous les fronts devant la croix 70bis. Il le glorifie à sa droite dans le ciel. - «Et judi­cet». Et il juge ses amis et ses ennemis. Il a jugé les juifs, ses frères in­grats, l'empire romain son persécuteur, les hérésies et les nations aposta­tes. Il juge ses amis qui brillent de sa lumière et reflètent sa gloire.

N.-S. continue son sacerdoce sur la terre dans la personne de ses mi­nistres. Il perpétue par eux sa triple fonction d'enseigner, de sanctifier, de prier. Le sous-diacre participe déjà à ces fonctions: à l'enseignement par l'exemple, l'étude, la lecture de l'Ecriture Sainte, à la sanctification des fidèles par la part qu'il prend à la confection du sacrement de l'Eu­charistie; à la prière par l'office divin et par sa coopération au sacrifice de l'autel. A ces divers titres il doit se sanctifier. N.-S. se sancti­fiait 71 comme prêtre: «sanctifico meipsum» (Jo 17,19). - «Veritas liberabit vos» (Jo 8,32). On dira plus tard de ce siècle, qui méconnaît l'autorité et la vérité: Tout y était libre excepté le bien. L'autorité de l'Eglise ne nuit pas plus à liberté des individus et des nations, que l'auto­rité du père de famille ne nuit à la liberté de l'enfant44).

Tous les hommes sont enfants dans les choses de la foi et ont besoin de la direction de l'Eglise de Dieu. Bien plus, ils y ont droit, et les en priver c'est une tyrannie qui les met sous le joug de tous les ennemis de Dieu, visibles et invisibles, extérieurs et intérieurs… «Libera nos a malo» (Mt 6,13).

«Veni et vive in famulis tuis in spiritu sanctitatis tuae»45). Dieu seul peut et doit remplir notre cœur. Il est infiniment aimable. N'aimons les créatures qu'en lui et pour lui. Que notre fin soit toujours 72 sa gloire, notre lumière son Esprit qui nous parle dans la paix de l'âme devant lui, et notre méditation ses perfections et sa loi.

La croix adorable du Sauveur nous éloigne de tous les vices et nous porte à toutes les vertus. En nous enseignant l'ignominie du péché et le prix de la rédemption, elle augmente indéfiniment l'horreur que nous avons pour les vices naturels et elle l'étend à tout ce qui peut nous y por­ter et nous souiller en quelque manière. La croix nous porte à toutes les vertus et y ajoute le prix du sacrifice…

Imitons, après nos chutes, la promptitude de Madeleine qui, aussitôt qu'elle connût la présence du Sauveur, «ut cognovit» frappée de la lai­deur de ses péchés, de la difformité de sa vie, de la beauté et de la sainte­té de Jésus, alla sans 73 respect humain se jeter à ses pieds et laver ses fautes dans l'amour. Imitons aussi sa persévérance. N.-S. voulut laisser encore longtemps sur la terre après son Ascension ceux mêmes qu'il ai­mait le plus, Marie, Jean, Madeleine et Lazare.

Abandonnons-nous aussi à sa volonté. Laissons-nous conduire par sa grâce et adorons la sagesse de sa Providence merveilleuse et cachée. Ne désirons pas faire plus d'œuvres extérieures qu'il ne le demande de nous pour sa gloire. Nos actes même intérieurs et secrets ont, dans la commu­nion des Saints et en N.-S., une action mystérieuse sur toute créature bien plus merveilleuse même que la solidarité naturelle qui existe entre tous les enfants d'Adam.

Avec la cour céleste louons Marie qui a participé à notre ré­demption 74 par sa sainte compassion. «Stabat». Elle a été soutenue dans sa douleur par sa résignation à la volonté divine et son amour pour les hommes. Marie participe à la gloire et au règne de Jésus comme elle a pris part à ses douleurs. La gloire de Jésus rejaillit sur Marie, «pulchra ut lima» (Cn 6,9), et de Marie sur les élus et l'Eglise, «electa ut sol» (id.).

«Qui sequitur me non ambulat in tenebris» (Jo 8,12 )46). Imitons N.-S. dans son union avec son Père céleste. Vivons par la foi dans cette lumière éternelle, dans ce soleil de justice47), sous lequel nous sommes présents à Dieu, aux anges et aux Saints, et dans lequel nous verrons un jour toutes les actions des hommes.

Vivons dans la sainte espérance de la vision de Dieu. Laissons N -S. vi­vre en nous, continuer en nous 75 son sacrifice, son holocauste et son œuvre de réparation. Nous sommes ainsi élevés à la dignité de son règne sur les créatures: «Regale sacerdotium» (1 Pt 2,9).

Jésus est notre roi, un roi de paix. C'est à lui qu'il appartient de ré­gner sur les nations et sur les âmes. Sa loi est l'Evangile. Son règne est doux, sans faste, sans violence. Sa miséricorde est inséparable de sa justice. Il a subi le premier le joug de sa loi. Il comble de grâces ses su­jets.

Quand il punit, c'est pour guérir. - Quant aux conversations, trouvez-vous souvent avec ceux qui édifient le prochain par leurs exem­ples et leurs paroles. Prenez toujours bien garde aux compagnies de ceux qui ne sont pas fervents, évitez le plus que vous pouvez ceux qui s'amu­sent de conversations frivoles, ceux qui jugent 76 et critiquent toutes choses, ceux qui sont mondains dans leurs actions et leurs paroles, car il faut que vous soyez comme un ange qui aime à converser avec des an­ges… Prenez garde à vous les jours de grand congé… Promenez-vous, distrayez-vous doucement, occupez-vous tranquillement, ne vous liant ni vous associant avec personne, excepté pour les conversations de piété.

Appliquez aux lectures ce qui est dit des conversations. Tâchez d'avoir toujours l'esprit libre, gai, ouvert… Il faut être doux et simple avec tous… Dieu seul toujours en vue… Dans le cours de la conversa­tion: modération, paix, douceur. Avec l'oubli de vous-même, la modé­ration et la paix devant Dieu, vous pourrez avancer dans la vie intérieu­re. Ces trois point seront en vous le fondement de cette grande liberté in­térieure, qui 77 suppose un grand avancement dans la perfection. Que la paix, la douceur et la sainte joie, qui doivent être dans votre cœur se répandent dans votre maintien, dans vos paroles et dans vos actions48).

Exercices spirituels, prêchés par le Supérieur Général des Pères de Marie (fondés par le Vén. Grignon de Montfort). «Dignos se circuit quaerens, et in viis ostendit se illis hilariter, et in omni providentia occu­rit illis» (Sap 6,17). N.-S. nous cherche pour nous élever à lui. Sa Provi­dence est infinie et il a pour chacun de nous la même attention que si nous étions seuls au monde.

A quelle perfection ne veut-il pas nous conduire? Son regard est tour­né vers nous, bienveillant et amoureux; son regard qui entraîna Zachée à sa suite; son regard qui fit couler les larmes de Pierre et qui soutenait l'espérance d'Etienne dans son martyre.

Il intercède 78 sans cesse pour nous à la droite de son Père, à qui il présente ses plaies glorieuses, et dans le saint Sacrement de l'autel, où il veut bien demeurer pour prier pour nous nuit et jour.

lère instruction: Motifs de prendre la ferme détermination d'éviter tout péché véniel délibéré. 1° motifs communs au péché mortel: c'est une contradiction à la volonté manifeste de Dieu et une injure faite à Dieu. - C'est une ingratitude. - C'est une lâcheté, une infidélité aux promesses de notre baptême renouvelées tant de fois, spécialement à nos ordinations: c'est un oubli de la Passion de N.-S. qui a souffert aussi pour nos péchés véniels, surtout pour ceux des prêtres. 2° motifs spé­ciaux: les peines du purgatoire si terribles: la difficulté de distinguer les fautes vénielles d'avec les mortelles (St. Aug.): le péril de tomber peu à peu dans de 79 grandes fautes, «qui modica spernit.. ». (Ecli 19,1) ; la nécessité d'obtenir par nos prières et par nos efforts la grâce d'une bonne mort; l'amour de N.-S. qui nous aime tant et qui nous le témoigne de tant des manières.

Déposons cette résolution dans le Cœur immaculé de Marie.

2e inst.: «Estote perfecti sicut Pater vester qui est in coelis perfectus est» (Mt 5,48). N.-S. adresse cette parole même aux simples fidèles, qui doivent s'abstenir de tout péché et faire le bien. Elle s'adresse à plus for­te raison aux prêtres, qui doivent être plus saints même que les religieux non prêtres, qui par leurs voeux s'engagent seulement à tendre à la per­fection.

La sainteté que doivent avoir les prêtres nous est enseignée par l'Ecri­ture Sainte: «Sancti estote quia ego sanctus sum» (Lv 11,14); et cepen­dant le sacerdoce de l'ancienne loi n'était rien, à peine l'ombre 80 de celui de la nouvelle. St. Paul à Tite et à Timothée décrit la sainteté des évêques et des prêtres: «irreprehensibile, sanctum…» (Tt 1,8 - 1 Tm 3,2). Les Pères l'exaltent jusqu'aux cieux en cent endroits. L'Eglise, sans rien exagérer, exige des clercs eux-mêmes une grande perfection: «quis ascendet in montem Domini…» (Ps 23,3).

Et en vérité, le prêtre doit parler aux fidèles la parole de Dieu; il traite avec N.-S. à l'autel, dans une intimité plus que fraternelle; il est le mo­dèle du peuple: «luceant opera vestra bona» (Mt 5,16). - Défauts à éviter dans la voie de la perfection: l° - la recherche des consolations: dans l'aridité, rappelons-nous l'agonie de N.-S.; 2° - le retour sur nous-mêmes pour constater nos progrès: humilions-nous sans cesse; 3° - le découragement dans les tentations: «sufficit tibi gratia mea» (2 Cor 12,9); 4° - le découragement après les fautes: «dixi, nunc coepi» (Ps 76,11); reprendre toujours 81 avec courage et persévérance.

«Indicabo tibi, o homo, quid sit bonum et quid Dominus requirat a te: utique facere judicium, et diligere misericordiam et sollicitum ambu­lare cum Deo tuo» (Mic 6,8). Te juger équitablement en tenant ton corps pour vil, rebelle et corrumpu; ton âme pour grande, faite à l'image de Dieu, rachetée par le sang de Jésus-Christ, ointe du St. Esprit; en estimant à sa hauteur ta vocation sublime et la responsabilité que tu en­cours par elle devant Dieu et devant les hommes, ce qui t'oblige à une sainteté très élevée et à une pureté angélique. - Faire miséricorde à ton prochain dans tes pensées, tes jugements, tes paroles et tes actions. - Marcher en union avec Dieu, en mettant toute ta force en lui. - «Circa praeteritum: recordatio complacentiae in peccatis mala est et novum peccatum; 82 recordatio diffidentiae et inquietudinis est periculosa, gratiae progressum retardans et exponens ad lapsum in recidivam, ob desperationem; recordatio doloris de peccato et gratitudinis ob peccati condonationem auget gratiam, Deum glorificat, et ideo habenda fre­quenter».

lère inst. «Discite a me quia mitis sum et humilis corde» (Mt 11,29). L'humilité est nécessaire comme la grâce pour le salut: «sine me nihil potestis facere (Jo 15,5); superbis resistit, humilibus dat gratiam» (Jc 4, 6); elle est nécessaire comme la prière, car la vraie prière est une humi­liation: «oratio humiliantis se nubes penetrabit (Ecli 35,21) de profundis clamavi…» (Ps 129,1).

Elle est le fondement de toutes les vertus, qui sans elle ne sont qu'exté­rieures et même dangereuses. Elle est surtout nécessaire aux prêtres, car s'enorgueillir des grâces et des dons surnaturels de Dieu 83 est plus odieux encore que de s'enorgueillir des dons et des vanités de la nature.

Pour nous en pénétrer, considérons ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous pourrions devenir49): dans le passé, que de misères, que de révoltes contre Dieu; dans le présent, incertitude sur no­tre état, bien que nous devions avoir confiance, néant de nous-mêmes, corruption de notre nature, comme l'exprimaient les Saints, quand ils étaient inspirés à parler d'eux-mêmes; dans l'avenir, nous pouvons tom­ber bien bas, surtout par l'amour-propre et l'orgueil. - Dans la prati­que, s'humilier souvent devant Dieu, comme S. François de Borgia; en nous-mêmes, écarter les tentations d'amour-propre, en prendre occa­sion pour nous humilier; devant les hommes, éviter d'abord la médisan­ce, fruit de l'amour-propre; savoir se taire et douter de soi; aimer tou­jours le dernier 84 rang parce qu'il est sûr, tandis que les autres sont dangereux.

Ne pas cependant s'abstenir du bien par l'humilité: «Videant opera vestra bona» (Mt 5,16). - «In omni Christi ministro, duo sunt neces­saria: humilitas qua se suo ministerio judicat indignum; fiducia in Dei virtute, qua libere et audacter agat in Dei nomine et auctoritate».

2e inst. «Exerce teipsum ad pietatem» (1 Tm 4,7). L'oraison est le principal exercice de piété. Elle est presque aussi nécessaire que la prière vocale, puisque sans l'oraison on ne sait ni ce qu'on doit demander, ni comment on doit le demander (St. Lig., Ste Thérèse).

Elle est pour les prêtres la source unique et nécessaire de l'esprit de foi et de l'onction de la charité. Elle seule peut rendre fécond leur ministère. Elle nourrit la charité: «in meditatione exardescit ignis» (Ps 38,4). On prétend en vain 85 qu'on n'a pas le temps: on doit avoir le temps pour Dieu et on le retrouve abondamment. - Si l'on dit qu'on n'y fait rien, ou bien c'est involontaire et alors il n'y a pas moins de mérite, ou bien c'est volontaire et alors il ne faut pas quitter l'oraison mais se corriger. - Les méthodes ne manquent pas. La plus simple est de considérer rela­tivement à une vertu ce que nous avons été dans le passé, ce que nous sommes devant Dieu, ce que nous devons être dans l'avenir50) et ce que nous voudrions avoir été au moment de la mort…

Que notre oraison soit toujours préparée, mais ne nous attachons pas rigoureusement à la méthode, si le St.-Esprit nous communique ses lu­mières sans demander de nous une grande activité. - Ramenons tout à l'union avec N.-S.

«Deus cumulabit bonis eos qui ambulant in innocentia sua - beati qui sperant in eo» (Ps 83,13). Bien que les prêtres se perdent facilement 86 (et pour la majeure partie, selon St. Jean Chrysostome), Dieu leur offre un moyen de salut facile et fécond: se détacher de toutes les inclinations de la nature corrompue ou au moins y tendre sans cesse et mettre leur espérance en lui. Vivons sur la terre comme y vivait N.-S. et seulement pour la gloire de Dieu.

lère inst.: «Manete in dilectione mea (Jo 15,9). Diligamus Deum quia prior ipse dilexit nos» (I Jo 4,19). Considérons la Passion de N.-S., ses ignominies, sa croix, son amour pour nous dans le ciel et dans l'Eu­charistie. - Aimons-le pour réparer la haine des juifs, l'oubli des chré­tiens eux-mêmes et des mauvais prêtres; et pour réparer tout l'oubli et la froideur de notre vie passée. Aimons-le, c'est la source de tout bien: «si vous m'aimez, mon Père vous aimera et vous bénira et nous ferons en vous notre demeure» (Jo 14,23).

Aimons-le en 87 observant ses commandements et en pensant sou­vent à lui. Que la méditation de sa Passion soit notre aliment. Aimons-le en faisant tout pour sa gloire et en souffrant volontiers pour lui. - Aimons-le par son propre Cœur qui est le nôtre: par son Cœur seul nous pourrons dignement aimer et louer son Père.

2e inst.: «Ecce Mater tua» (Jo 19,27)51). Jean représentait tout spécia­lement les prêtres au pied de la croix. Marie est notre mère, il faut l'ai­mer comme une mère. «Ecce filius tuus» (Jo 19,26).

Quel amour pour nous ces paroles ont dû allumer dans son Coeur! Nous lui devons tous quelques grâces de choix. Elle est le canal et la mé­diatrice de toutes les grâces (St. Bern. - St. Cyrille au concile d'Ephèse. - St. Lig.). Comme Dieu a voulu nous donner par elle, dit Bossuet, la Source de toutes les grâces, il est à croire qu'il veut nous com­muniquer 88 par elle tous ses bienfaits. Nous avons besoin de sa mé­diation pour nos ordinations, pour réparer nos fautes passées, pour no­tre ministère futur, dans les périls, surtout à la mort.

Jamais on ne l'invoque en vain. Soyons-lui dévots, dans la récitation du chapelet, en prêchant et en propageant sa dévotion, enfin en vivant en union avec son Cœur, pour mieux être uni à Celui de Jésus: «Tout à Jésus par Marie, tout à Marie pour Jésus, tout à Dieu et rien qu'à Dieu pour l'éternité». Je dépose dans votre Cœur, ô Marie, les résolutions de cette retraite. Offrez-les à Jésus et obtenez-moi la grâce de les mettre à exécu­tion.

«Quam magna Dei caritas, quam alta sacerdotum dignitas!». N.-S. nous appelle à converser avec lui, à nous nourrir de lui, à le représenter dans son sacrifice. Il se soumet à notre autorité 89. Combien tout cela nous oblige à établir sa vie en nous! Rendons grâces à Dieu par le Cœur de Jésus de ces dons admirables.

«Humiliavit semetipsum, factus obediens usque ad mortem» (Ph 2,8). Dieu le Père livre son Fils à la mort par amour pour nous; infinie miséricorde qui se témoigne par toutes les souffrances de N.-S., toutes destinées dans sa sagesse à réparer nos fautes et à nous fortifier pour tou­tes nos épreuves.

Modèle d'obéissance parfaite que nous devons imiter en consacrant à Dieu notre vie et notre mort, bien insuffisantes pour réparer tant de pé­chés qui nous feraient horreur si nous en pouvions voir toute l'étendue et la profondeur.

«In finem dilexit nos (Jo 13,1) - usque ad mortem» (Ph 2,8). Persé­vérons dans l'amour avec Jésus jusqu'à la fin. Tenons toujours allumée dans notre cœur la lampe de la 90 charité, à l'abri des vents de la distraction, de la dissipation, des affections naturelles.

«Ego sum qui sum» (Ex 3,14). C'est moi, dit le Seigneur en venant sur la terre et ses anges annoncent sa venue aux pasteurs, et l'étoile aux rois mages. C'est moi, dit-il aux soldats qui viennent le saisir à Gethsé­mani et l'affirmation de sa présence terrasse et renverse les traîtres. C'est moi qui suis celui qui suis, nous dit-il par Son Eglise au jour de sa résurrection: c'est moi qui fais trembler la terre et qui ouvre les tom­beaux. C'est moi qui vous comble de bénédictions et vous ressuscite avec moi à la vie de la grâce.

C'est moi qui vous admets, vous surtout mes prêtres, à mon intimité et à mon banquet céleste. Mais je n'admets pas les impies dans mon con­seil (Off.), je suis pour eux scandale et folie. Je réserve mes grâces aux 91 humbles, à ceux qui comme moi et avec moi persévèrent dans l'accomplissement de la volonté de mon Père.

Pour préparer notre corps à la résurrection, faisons-en un instrument docile de l'esprit et non pas une idole. Les actes qui n'ont pour motif fi­nal que l'agrément du corps nous rendent esclaves de la nourriture et des vers. Détachons notre cœur de tout ce qui est charnel et passager. «Bea­ti mundo corde» (Mt 5,8).

Les cicatrices glorieuses de Jésus nous enseignent la voie qui conduit à la résurrection. L'homme sans le péché n'aurait eu qu'à louer, aimer et servir Dieu. Après la chute, il doit en outre réparer, souffrir, dompter la concupiscence et mériter en souffrant. Les plaies de Jésus intercèdent sans cesse pour nous et nous sont un refuge où nous trouvons toujours un trésor infini de réparations et de mérites à offrir à son Père 92.

«Qui diligit me, diligetur a Patre meo et manifestabo ei meipsum» (Jo 14,21). Jésus se manifeste par sa grâce à ceux qui l'aiment et obser­vent ses commandements. Il console ceux qui souffrent pour lui. Il a dû apparaître à Marie bientôt après sa résurrection et s'entretenir avec elle dans un colloque divin, où Marie lui témoigna son amour, sa résigna­tion, sa joie et la reconnaissance que lui devaient tous les hommes.

Imitons l'empressement et la confiance des saintes femmes. Elles disposent leurs parfums et se rendent au sépulcre, se confiant au secours de Dieu pour leur en ouvrir l'entrée. Faisons ce qui est en nous pour plaire à Dieu et mettons pleinement en lui notre confiance, il pourvoira à tous les besoins de notre âme.

Dans son adorable sacrement, N.-S. prépare nos corps à l'immortali­té. «Qui 93 manducat meam carnem, ego ressuscitabo eum in novis­simo die» (Jo 6,55); et cela par la dignité que leur confère sa présence et son contact. Notre séjour dans la tombe ne sera qu'un sommeil. Nos corps ressusciteront semblables à celui de N.-S.. «Corpus spiritale, in incorruptione, in virtute, in gloria»… (cf. 1 Cor 15,42-44). N.-S. nous communique aussi dans son sacrement son esprit, sa vie, la lumière sur­naturelle, l'onction de la grâce et de l'amour, et la force de la volonté.

«Quem quaeritis, non est hic» (Lc 24,5). Toutes nos espérances sont au ciel. «Quae sursum sunt, quaerite» (Col 3,1). C'est là le terme de notre pèlerinage, notre repos, notre fin. C'est là qu'est notre lumière et notre force. Cherchons là dans les stigmates sacrés de Jésus notre voie et notre refuge. C'est là aussi que doit être notre amour et notre cœur. C'est là qu'est Jésus: «Quae sursum sunt, sapite» (Col 3,2) 94.

«Vita vestra abscondita est cum Christo in Deo» (Col 3,3). Le princi­pe et la source de notre vie surnaturelle sont cachés en Dieu avec le Christ. Mais notre foi nous tient lieu de la lumière qui nous les révélera un jour. Vivons comme si nous voyions en Dieu notre voie dont le terme est le ciel…

«Dicite apostolis et Petro quia surrexit» (Mt 28,7; Mc 16,7). N.-S. fait annoncer de préférence sa résurrection à Pierre non seulement à cause de sa primauté, mais parce qu'il aimait plus que les autres et qu'il pleurait encore son infidélité. Ce sont là les conditions pour être apte à recevoir les communications de N.-S.: aimer et pleurer ses fautes, aimer en agissant sous l'inspiration du St. Esprit.

Comme Pierre et Jean, courons vers Jésus ressuscité. Cette course du­rera autant que notre courte vie, avec des haltes ménagées par la miséri­corde de Dieu et l'amour de N.-S. - Courons, quittons tout pour 95 le bien infini, ne regardons pas en arrière.

«Omnis potestas data est mihi in coelo et in terra (Mt 28,18). Sicut misit me Pater et ego mitto vos» (Jo 20,21). Le prêtre est envoyé comme N.-S. pour sauver les hommes, les conduire de la mort à la vie par la foi et les sacrements, par l'enseignement, par l'exemple52). Le prêtre repré­sente N.-S., traite familièrement avec lui, le distribue aux fidèles. Quelle dignité! Quels mérites dans ces actes de charité divine s'ils sont faits avec foi et piété!

Dirigeons nos actes par la raison, éclairée par la foi. L'imagination tend à entraîner la raison, il faut la contenir. Les passions aussi tendent à aveugler l'intelligence et à voiler à l'âme le bien véritable en la portant vers les appétits inférieurs et brutaux.

«Ecce desiderium meum et gemitus meus ante te» (Ps 37,10). Tenons­nous devant Dieu comme des mendiants, dans une 96 supplication continuelle… Notre office à réciter est plutôt une grâce qu'une obligation, car il nous force à demander à Celui qui a dit: demandez et vous recevrez (Jo 16,24). On ne lui demande jamais de bon cœur sans en être enri­chi53).

Laissons vivre en nous N.-S.. Il continue à vivre sur la terre en cha­cun de ses membres. Agissons sous l'influence de sa grâce. Unissons­-nous à sa parfaite humilité devant son Père, à son dévouement pour les hommes, dont il se fait le maître, le médecin, le conseiller, l'ami, le frè­re, le serviteur même, l'instrument de leur sanctification et la nourriture de leur âme.

«Eratis sicut oves errantes» (1 Pt 2,25)54). Avant le baptême surtout, nous étions des brebis égarées abandonnées à la conduite de leurs sens corrompus. Nous l'étions encore avant notre préparation au sacerdoce, 97 nous marchions dans les ténèbres, en nous blessant à mille obstacles. «Nunc conversi estis ad pastorem et episcopum anima­rum vestrarum» (1 Pt 2,25). Maintenant, tenons-nous unis à Jésus.

Combien grande est la miséricorde de Dieu, qui nous a destinés à être élevés, après une courte épreuve, à un bonheur qui est au-dessus de no­tre nature. Les cieux et la terre seront renouvelés. Nos corps seront in­corruptibles, agiles, lumineux. Nos âmes verront Dieu et lui seront unies: «similes ei erimus» (1 Jo 3,2).

En attendant ce couronnement, Dieu nous donne tout ce qu'il était possible de nous donner sans supprimer la liberté et le mérite. Il nous comble de grâces, il nous dirige comme par la main et se donne lui-même à nous, comme si son amour ne pouvait pas attendre l'heure de la vision béatifique 98.

N.-S. faisait servir toutes les vertus de son humanité sainte à la gloire de son Père. La prudence est une de ces vertus. Il la montra dans l'or­donnance de sa vie selon ses fonctions variées de rédempteur, de doc­teur, de modèle, dans le partage de son temps entre la prière et la vie ac­tive, dans l'institution de son Eglise et de ses sacrements. Disposons avec prudence nos oraisons, notre travail, nos relations avec le prochain.

Notre bon Pasteur s'est fait homme pour chercher et ramener au ber­cail ses brebis égarées. Il les a tirées de l'abîme du péché et conduites dans les pâturages de sa grâce. Son amour pour les âmes est magnani­me, il est constant et toujours intense. Quand son Cœur déborde, il vient à nous dans l'Eucharistie et nous supplie de lui ouvrir notre cœur pour y recevoir les 99 effusions du sien. Mettons toute notre confiance en son amour et donnons-lui le nôtre en retour.

Le fondement de l'humilité parfaite de Notre-Seigneur consiste en ce que son Père est le principe et la fin de toute sa vie. Qu'il soit aussi le principe et la fin de la nôtre: le principe, par ses lois, par sa grâce, par ses inspirations; la fin par la pureté de nos intentions.

Vivons de la vie intérieure avec Jésus; avec Marie, qui reflétait en son âme les vertus de son Divin Fils55). Le lieu de cette vie est l'immensité de Dieu, sa lumière, le grand jour du soleil de justice, lumière que nous ne recevons encore que par le miroir de la foi…

Marie, par son immaculée conception a été préparée pour devenir le temple de Dieu. Son corps était pur et docile instrument de son âme. Son 100 imagination était l'auxiliaire de ses vertus. Toutes ses facul­tés étaient naturellement inclinées à la plus grande perfection et ses pas­sions toujours dans l'ordre. Le prêtre, qui devient comme Marie le tem­ple de Dieu, doit imiter autant qu'il est en lui cette perfection.

La croix triomphe de toute éternité dans la destination divine. Au Calvaire, elle est victorieuse de l'enfer et du péché. Elle triomphe depuis le IVe siècle sur nos autels, et depuis le Calvaire elle triomphe morale­ment dans tous les nobles cœurs. Offrons toutes nos actions à Dieu en union avec Jésus crucifié.

Marie, se jugeant indigne de donner le jour au Messie, ne rechercha pas le mariage comme les autres filles d'Israël, mais elle fit voeu de cha­steté et se consacra toute à Dieu. Les créatures ne lui servaient qu'à s'élever à Dieu… 101.

Marie vivait au temple d'une vie simple et retirée avec ses compagnes. Elle louait Dieu en accomplissant sa volonté, indiquée par son règle­ment. Elle partageait sa journée entre la prière, le travail et l'étude. Unissons-nous à la pureté de ses intentions et à sa prudence.

Marie est troublée par l'apparition et les paroles de l'ange. Cette salu­tation semble compromettre sa virginité et son humilité. Renouvelons souvent nos protestations d'amour exclusif pour l'époux de notre âme. Exprimons notre confusion et notre humiliation à la vue des bénédic­tions dont Dieu nous comble. Nous sommes indignes de toutes ses grâ­ces.

«Ecce ancilla Domini» (Lc 1,38). Telle était la disposition du cœur de Marie: servir Dieu humblement, suivre toutes ses inspirations et sa volonté. C'est la source de toute grandeur et de toute dignité 102.

Marie devenue mère est toute à Jésus. L'influence des âmes ainsi unies est déjà sensible dans la maternité ordinaire. Combien elle fut plus grande en Marie. Jésus et Marie n'avaient moralement qu'une âme, qu'un esprit et qu'un cœur. - Dans la sainte Eucharistie a lieu égale­ment une union intime de nos âmes avec Dieu et une grande influence de Jésus sur nos âmes. Cette communication n'est pas extérieure comme dans le repos de Jean sur le Cœur de Jésus, dans le tendre regard de Jé­sus à Pierre, dans le doux baiser qu'il donna aux petits enfants, mais son amour n'est pas pour cela inactif. Il transforme les âmes par sa grâce, et s'il les trouve bien vides, il les remplit de son esprit et de son amour.

Marie quitte la contemplation de son Sauveur pour aller se mettre au 103 service d'Elisabeth, ou plutôt elle unit à l'amour de son Dieu l'amour de son prochain56). Comme l'Arche d'alliance, elle est revêtue d'or à l'intérieur et à l'extérieur. A son exemple, donnons-nous aux hommes sans quitter Dieu. Tenons-nous en union avec Dieu, union constante, intense, toujours égale, union qui s'opère par la foi et l'espé­rance, mais surtout par la charité.

Retraite du mois. - «Non habemus hic permanentem civitatem» (Heb 13,14). Notre vie est comme une mission que Dieu nous confie pour éprou­ver notre fidélité. Accomplissons-la avec soin et soyons toujours prêts à en rendre compte. Ne nous attachons pas aux choses qui passent, allons droit au terme. «Vado ad Patrem meum» (Jo 16,28). N.-S. pendant toute sa vie allait vers son Père, par ses pensées et par ses louanges intimes: «ego te cla­rificavi» (Jo 17,4)57); et par ses 104 paroles: «verba quae dedisti mihi, dedi eis» (Jo 17,8); et par ses actions: «opus consummavi quod dedisti mi­hi ut faciam» (Jo 17,4). Que notre esprit soit toujours rempli de Dieu, pour ne pas laisser place à la distraction et à l'amour-propre. Que nos paroles soient réglées, édifiantes, humbles et charitables. Prévoyons nos actions dans l'examen particulier58) pour qu'elles nous sanctifient et qu'elles édi­fient les autres.

«Magnificat anima mea Dominum» (Lc 1,46). Entrons dans les sen­timents de profonde humilité de Marie. Elle exalte le Seigneur et s'abaisse devant lui. Plus notre cœur sera vide de tout amour-propre, plus il sera apte à recevoir l'abondance des grâces de Dieu. Le prêtre peut dire comme Marie: «Fecit mihi magna qui potens est» (Lc 1,49). Il doit considérer cette grâce avec la même humilité 105.

Marie témoigne chez Elisabeth une charité généreuse, persévérante. Elle se dévoue aussi longtemps qu'elle est utile et elle n'omet pas cepen­dant de contempler le Sauveur qu'elle porte dans son sein59).

Dieu se sert du cours ordinaire de sa Providence pour conduire Marie à Bethléem. Laissons-nous conduire par cette douce Providence qui a ses vues cachées mais sublimes. Méditons aussi à Bethléem la pauvreté du Sauveur et de Marie.

Marie à Bethléem contemplait amoureusement Jésus et lui offrait son lait virginal, et Jésus lui souriait. Toutes ces relations maternelles étaient pour Marie des sources de grâces qui l'élevaient au-dessus des Séra­phins. Marie portait à un degré sublime son union à Dieu et le détache­ment des créatures par la pauvreté, la chasteté, l'humilité parfaite 106.

Marie repassait et méditait dans son cœur les premiers mystères de l'enfance de Jésus. Elle entretenait et alimentait son amour60). Elle unis­sait ses adorations à celles que Dieu inspirait aux bergers.

Marie se soumet sans raisonner à la purification. Sa volonté est portée à l'observation de la loi, et elle ne s'en écarterait que sur un ordre mani­feste de Dieu. Elle n'a pas à purifier son corps, mais le St-Esprit aug­mente encore la pureté de son âme…

Nous avons besoin de prier pour vaincre le démon, le monde et la chair, qui nous suivent jusqu'au sanctuaire, et pour augmenter en nous la grâce et les vertus. Comme prêtres, nous devons être hommes de priè­re, nous qui nous entretenons avec N.-S. au saint sacrifice et qui ne pou­vons rien pour les âmes sans la grâce61) 107.

Marie se rend en Egypte sans raisonner, sans se plaindre, avec un parfait abandon à la volonté de Dieu. Bien plus, elle embrasse avec amour cette volonté, persuadée que tout ce que Dieu veut et permet, il le veut pour sa plus grande gloire et notre plus grand bien.

Jésus avait au Temple une mission à remplir. Marie et Joseph de leur côté avaient le devoir de chercher Jésus. Cherchons Jésus avec Marie, cherchons-le dans le sanctuaire, constamment et avec amour. Toutes les fois qu'on le cherche, on le trouve et on devient meilleur.

Marie à Nazareth menait une vie simple et modeste. Toute sa sainteté était à l'intérieur. Elle ne se manifestait pas par des miracles et des pro­phéties, et cependant elle était parfaitement agréable à Dieu. La sainteté consiste 108 à accomplir en Dieu les actions simples de notre état. Dans notre cœur et dans nos oraisons, louons et adorons Dieu, et ali­mentons notre foi et notre amour par la considération des perfections de Dieu et de ses œuvres.

Ascension. - Aimons N.-S., qui monte au ciel en nous bénissant dans la personne de ses apôtres. Sa bénédiction toujours féconde se con­tinue au ciel: «benedicens ferebatur in cœlum» (Lc 24,51). N.-S. va re­prendre au ciel la clarté qui lui est due: «clarifica me in veritate» (Jo 17,5). Il ne s'en était privé momentanément que pour nous mériter la grâce d'y participer. «Vado parare vobis locum» (Jo 14,2). Nous som­mes ses membres et nous serons réunis à notre Chef pour être clarifiés en lui. Plus nous serons unis à lui, plus nous entrerons dans sa gloire. - «Advocatum habemus» 109 (1 Jo 2,1). Notre cause est gagnée, ré­pondons seulement à ses grâces et N.-S. nous clarifiera avec lui.

Marie aimait le silence. Pendant ses travaux manuels, elle nourrissait son esprit de ce qui était propre à développer son amour de Dieu, des perfections divines, des bienfaits de Dieu, des amabilités de Jésus. Elle savait rompre le silence pour satisfaire aux devoirs du zèle, de la charité, de la bienséance, comme nous le voyons chez Elisabeth et à Cana. Mais ses discours tendaient toujours à glorifier Dieu et à édifier le prochain.

Marie repassait souvent dans son cœur ce que les prophètes avaient dit de Jésus, et ce qu'en avaient dit l'ange et les personnages récemment inspirés, comme Siméon, Anne et Elisabeth. Elle considérait aussi dans son cœur toutes les actions et les paroles de Jésus, pour ne faire qu'un cœur avec lui… 110.

Marie est le secours des chrétiens. Elle est puissante auprès de Jésus. Il lui fut soumis pendant trente ans, pour le règlement de toutes ses ac­tions, pour le travail, pour la prière, pour les relations extérieures. Il lui montra à Cana que pour elle son temps était toujours venu. Recourons donc à elle avec confiance.

Marie vaquait à l'oraison autant que son travail le permettait. Son oraison était alimentée par les fêtes de l'année, par la lecture des Livres Saints et les mystères de la vie de Jésus. - Ses jugements étaient posés devant Dieu et conformes à la vérité des choses et à une sage prudence.

S. Philippe de Néri se prépara au sacerdoce par l'acquisition de toutes les vertus et par l'intention très pure de glorifier Dieu et d'être utile au prochain. Il savait se priver des 111 extases de l'amour divin pour al­ler aux œuvres de zèle.

«Ecce mater tua» (Jo 19,27). Comme Jésus s'est donné tout entier pour nous, Marie nous a donné d'abord son Jésus qu'elle aimait infini­ment plus qu'elle-même, puis elle s'est donnée elle-même à nous par ses prières, par son zèle et par ses exemples. Comme elle a pitié de nous. El­le voudrait tant nous voir vertueux et saints à l'exemple de son Fils. Si nous voulons être ses enfants bien-aimés, imitons Jésus. Plus Jésus vivra en nous, plus Marie nous aimera.

Marie, reine des martyrs, a souffert dans son cœur toutes les douleurs de son Fils. Son cœur était déchiré par les épines qui ensanglantaient le front de Jésus, percé par les clous qui l'attachaient à la croix et oppressé par l'abandon que Jésus exprimait en disant à 112 son Père: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné (Mc 15-34). Mais elle entendait aussi Jésus disant aux hommes: «Tout est consommé pour votre salut», et à son Père: «Je remets mon âme entre vos mains» (Lc 23,46), et avec Jésus elle donnait tout à Dieu pour sa gloire et le salut des hommes.

Retraite pour le diaconat. - Après sa résurrection, Jésus dut apparaître à Marie, mais la modestie de Marie ne nous l'a pas fait connaître. Elle dut assister aussi à l'Ascension de Jésus, et ce fut pour el­le une mort continuelle d'être séparée de Jésus. Elle l'accepta pour la gloire de Dieu. Acceptons aussi les abandonnements divins et travaillons au règne du Christ, comme le fit Marie en aidant les apôtres62). - «Cau­sa martyrem facit, ubi autem persecutionis causa non imminet, pia 113 in seipsum crudelitas et desiderium patiendi vicem martyrii recompenset…» (Olier). 2e or. - N.-S. nous invite à recevoir de lui une nouvelle grâce, après celles de la création, de la vocation au christia­nisme et à l'état ecclésiastique. Nous ne pouvons rien pour répondre à une si grande dignité, laissons agir N.-S. en lui donnant tout notre esprit et tout notre cœur. Nous aurions dû progresser chaque jour depuis la ré­ception de la tonsure dans le renoncement et l'abnégation, dans l'estime de notre vocation et dans l'acquisition des vertus. Le détachement a dû supprimer en nous toute pensée, toute affection, toute action qui ne se­rait pas animée par l'Esprit-Saint. Nous sommes appelés â être des in­struments de grâces63). Tous nos actes doivent sanctifier les âmes soit ex opere operato dans les sacrements, soit par la Providence surnaturelle de Dieu 114 (ex congruo) qui nous destine à servir de maîtres et de mo­dèles aux âmes et nous donne ses grâces en conséquence. 3e or. «Susci­tabo mihi sacerdotem fidelem juxta cor meum» (1 Rg 2,35). Je l'appel­lerai, dit le Seigneur, pour moi et selon mon cœur. Nous avons dû mon­trer déjà cette fidélité dans les ordres inférieurs. L'esprit de ces ordres doit nous rester. Il consiste à avoir soin des choses du Seigneur et de tou­tes les fonctions de son culte, à lire et à méditer la parole de Dieu, à nous rendre maîtres du démon, surtout en nous tenant unis à Dieu, à nous of­frir sans cesse à Dieu comme une victime qui lui soit agréable et à édifier le prochain par nos exemples et nos bonnes œuvres.

Marie, après l'Ascension de Jésus, était avec les apôtres comme leur guide et leur conseil. Déjà remplie 115 de grâces dès sa conception, elle avait reçu un accroissement merveilleux de sainteté par le fruit des mystères de la vie et de la mort de N.-S.. Le St-Esprit acheva de l'enri­chir de ses dons au Cénacle. Il rayonna d'elle comme de son foyer sur les apôtres. Par elle aussi nous obtiendrons les dons et les grâces du St-­Esprit. 2e or. «Tuli levitas de filiis Israël et erunt levitae mei» (Nm 3,12). Dieu nous a choisis et élus pour être à lui. Par le sous-diaconat, nous nous sommes engagés à le servir dans la pureté de l'âme et du corps.

Nous entretiendrons cette pureté par l'union avec Dieu, par le déta­chement du monde et la prière. Nous sommes devenus des hommes de prière et pour que notre prière soit vraie, recueillie, religieuse, il faut que nous soyons des hommes d'oraison64) 116. Comme lévites, nous devons aussi être des hommes de foi et de zèle pour les choses de Dieu et pour son culte. 3e or. «Considerate viros boni testimonii, plenos Spiritu Sancto et sapientia» (Ac 6,3). Soyons purs comme il convient à ceux qui approchent du Saint des saints, et qui traitent familièrement avec Dieu. «Estote nitidi, mundi, puri, casti» (Rituel diaconat); sans ombres, tout éclairés par Dieu, par sa lumière surnaturelle…

«Cum complerentur dies pentecostes» (Ac 2,17. Le même jour où l'ancienne Loi fut donnée à Moïse sur des tables de pierre, la Loi nou­velle est gravée dans le cœur des disciples de Jésus. C'est ainsi que Dieu nous parle de préférence depuis la rédemption. Les apôtres s'y préparè­rent par le recueillement et la prière. Le St-Esprit parut sous la forme de langues de feu.

Comme le feu, 117 il éclaire, il échauffe, il purifie, il consume ce qui n'est pas pur, il s'étend, il se dilate. 2e or. «Emitte Spiritum tuum et creabuntur» (Ps 103,30). N.-S. avait choisi des apôtres pauvres et igno­rants et quelques-uns grands pécheurs. Pendant trois ans, ils entendirent sa doctrine et virent ses exemples, et ils ne le comprenaient pas. Mais quand vint le moment de prêcher sa résurrection et de porter aux peu­ples la parole du salut, il les revêtit de la force d'en-haut.

Prions Marie et les apôtres de nous obtenir cette nouvelle création de nos âmes: la force, la pureté, le zèle, la sagesse et un ministère fécond.

3e or. «Et coeperunt loqui» (Ac 2,4). Les apôtres, les diacres et les pre­miers chrétiens commencèrent à parler dans l'Esprit-Saint, suivant les devoirs de leur état, 118 les uns par la prédication, tous par l'édifica­tion. Réglons toutes nos paroles selon l'Esprit-Saint, qu'elles soient édi­fiantes, charitables et zélées…

Ils commencèrent à pratiquer toutes les vertus sans faiblesse et sans relâchement. Imitons leur foi, leur charité, leur humilité. Et ils suivirent Jésus jusqu'à la mort. Pour nous, qu'une pieuse mortification et une parfaite résignation à la volonté de Dieu remplacent le martyre.

«Oportet diaconum ministrare ad altare, baptizare, praedicare» (Ri­tuel diaconat). Il faut que le diacre se pénètre de l'esprit de N.-S. pour exercer ces saintes fonctions dans le même esprit qui animait N.-S. dans ses prédications et au Cénacle. 2e or. «Quid est dignitas in indigno, nisi ornamentum in luto. Elegit 119 nos Deus in ipso ante constitutionem mundi ut essemus sancti et immaculati» (Eph 1,4). Dieu nous a élus éternellement pour que nous soyons saints par la grâce de son Fils.

«Erit sanctum Domino» (cf. Dt 7,6). Dès notre baptême, nous fûmes marqués de ce cachet et Dieu a daigné nous pardonner d'avoir violé le temple de l'Esprit-Saint. Il nous appelle maintenant à une sainteté plus élevée, à une plus grande union avec lui. 3e or. «Obsecro igitur primum fieri obsecrationes, orationes, postulationes, gratiarum actiones pro omnibus hominibus» (1 Tm 2,1).

Soyons hommes de prière comme N.-S., figuré par le grand-prêtre Onias que judas vit en vision priant pour le peuple. «Erat pernoctans in oratione (Lc 6,12) - Semper vivens ad interpellandum» (Heb 7,25). N.-S. continue à prier au ciel et dans l'Eucharistie. Allumons l'encens de nos prières au feu de son amour 120.

N.-S. est le parfait modèle de la vie intérieure par son union parfaite avec son Père. Imitons-le par notre union douce et fidèle avec son Cœur, avec sa volonté et celle de son Père. Cette union est la source de la paix de l'âme et de la charité pure, discrète, généreuse envers le prochain. 2e or. «Rape ad amorem quos potes et dic eis: amemus et redamemus, meliorem inveni­re non possumus». Contemplons avec amour N.-S.. Rien de meilleur que ses perfections, ses grâces, son amour.

Travaillons à le faire aimer par nos exemples, par nos conversations, par notre union à lui, qui sera féconde en fruits de salut. 3e or. La digni­té du prêtre au saint sacrifice est supérieure à celle des anges et sa sainte­té doit être éminente. Ses mains tiennent familièrement N.-S. 121 lui-même. Ses lèvres prononcent des paroles qui ont une vertu divine. Pour nous préparer à cette dignité, laissons N.-S. vivre en nous par sa grâce.

2e or. Le prêtre est comparé à une cité bâtie sur une montagne, à une lumière élevée sur un chandelier. Il doit être l'exemple des fidèles: «Esto exemplum fidelium - adolescentiam nemo contemnat» (1 Tm 4,12). «Esto bonus odor Christi» (2 Cor 2,15). Nos forces n'ont aucune pro­portion avec ces grandeurs, mais Dieu est avec nous.

Avec le secours de Dieu, les apôtres ont converti le monde. Augustin a arraché l'Afrique à l'hérésie. Charles Borromée a réformé et maintenu dans la foi le Milanais.

François Xavier a converti vingt royaumes, François de Sales a ramené à la foi 70.000 hérétiques. Comme eux, laissons-nous conduire par l'Esprit-Saint. Il ne demande de nous présentement que d'être 122 des parfaits séminaristes. 3e or. «Eripuit nos a potestate tenebrarum, et transtulit nos in regnum Filii dilectionis suae» (Col 1, 13). N.-S. au prix de sa Passion nous a arrachés au péché et à la damna­tion et nous a acquis un trésor de miséricorde auquel nous avons eu sou­vent besoin de recourir après nos chutes.

Il nous offre de tout nous pardonner de nouveau pourvu que nous l'ai­mions. «Cor meum (mundum)65) crea in me Deus. Amplius lava me ab iniquitate mea» (Ps 50,12 et 4).

L'union intérieure avec N.-S. est le commencement de la vie du ciel. Tenons-nous dans cette union du cœur et de la volonté avec Lui. Nourissons-la en contemplant souvent ses actes intérieurs et ceux de Marie. 2e or. «Quis stabit in loco sancto ejus, innocens manibus et mundo corde» (Ps 23, 3-4). Comme cette pureté est justement 123 requise pour ceux qui vivent dans le service de Dieu! Ceux qui n'aiment dès cette vie que l'agneau sans tache le suivront dans le ciel partout où il ira, n'ayant d'amour que pour lui et de volonté qu'en lui. «O quam pulchra est genera­tio casta cum claritate! « (Sap 4,1).

«Isti sunt ministri Verbi, adjutores Dei, oraculum Spiritus Sancti» (St. Prosp.). Quelle admirable dignité! «Sicut misit me Pater et ego mit­to vos» (Jo 20,21). C'est la même mission, le même sacrifice à offrir, la même doctrine à prêcher.

Et ce ne sont pas des anges que N.-S. a choisis pour ce ministère, mais de faibles hommes. Mais ayons confiance, il nous donnera sa vertu: «in­duamini virtute ex alto» (Lc 24,49). C'est lui qui nous a appelés: «Non vos me elegistis , sed ego elegi vos» (Jo 15,16). Montrons-nous dignes, avec sa grâce, de ce ministère plus qu'angélique 124. «Honorifico mi­nisterium meum» (Rm 11,13). Nous représentons N.-S.. Qu'il vive en nous, qu'il pense, aime, prie, parle, agisse en nous. - «Sanctificamini, cras enim Dominus faciet mirabilia inter vos» (Is 3,5).

Le Seigneur nous dira: «Ascende superius» (Lc 14,10). Nous lui se­rons de nouveau consacrés: «qui consecrati sunt mihi sancti sint quia ego sanctus sum» (Lv 21,8). Dieu nous choisit entre mille, nous arrache à notre néant et nous élève à ces dignités surnaturelles. Pour y corres­pondre, nous avons sa grâce: «Confidite, ego vici mundum» (Jo 16,33), et l'assistance de son persévérant amour. «Pater mi, sanctifica eos in ve­ritate» (Jo 17,17).

Ordination du diaconat. - Résolution de m'attacher de plus en plus à faire la volonté de Dieu, en sa présence, n'ayant d'autre but que sa gloire. Ne me rechercher 125 en rien moi-même. Faire en toutes cho­ses ce dont Dieu est le plus honoré.

Pour nous conformer à la volonté de Dieu, nous unir au Cœur sacré de Jésus66), en suivant doucement, patiemment et amoureusement la Providence de Dieu et l'inspiration du Saint-Esprit, comme N.-S. nous en a donné le plus sublime et le plus parfait exemple dans sa Passion: «Obediens usque ad mortem» (Ph 2,8).

Le ministère du diacre à l'autel est assez semblable à celui de St. Joseph à Nazareth. Il s'approche de N.-S., couvre et découvre le calice et transporte l'hostie de ses mains. Ce ministère demande une pureté angé­lique à laquelle il faut veiller délicatement et qu'il faut entretenir par une vraie mortification.

Considérons Pierre et Paul vivant ensemble neuf mois dans une som­bre prison. Comme devait être grand leur 126 amour pour Jésus et généreux leur abandon à Dieu! Leurs entretiens étaient des actions de grâces à Dieu pour le passé et des actes de confiance pour l'avenir. Avec quel amour ils devaient accomplir les saints mystères et exercer leur zèle autour d'eux.

Quel infini amour N.-S. témoigne à son Père et aux hommes dans l'admirable mystère de l'Eucharistie! Dans le saint sacrifice, il offre par toute la terre à son Père un hommage et un culte infiniment digne en même temps qu'il continue notre rédemption. Dans le sacrement, il nous sanctifie pour offrir à son Père une Eglise immaculée.

«Qui manducat carnem meam habet vitam aeternam» (Jo 6,55). N.-S. dans la sainte Eucharistie donne à nos âmes le pain de l'intelligen­ce. C'est là que nous le comprenons le mieux et 127 que nous appre­nons à nous connaître. Il nous donne le pain du cœur et de l'affection en nous inspirant un grand amour envers lui et le pain de la volonté en diri­geant fortement nos résolutions.

N'accordons rien à la nature mauvaise qui est toujours prête à se ré­veiller. Pour la tenir soumise, il faut être vigilant et persévérant dans la mortification et tenir notre pensée et notre volonté unies à N.-S.

Comme les anges sont pénétrés de la grandeur de Dieu! Ils se voilent la face et tremblent en sa présence. Tenons-nous devant lui avec le mê­me respect, une gravité et une modestie constante autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Que nos pensées mêmes soient réglées, modestes, gra­ves!

La sainte Eucharistie nous unit toujours 128 plus intimement à N.-S. et nous remplit de grâces quand nous sommes bien vides de nous-­mêmes. Veiller à bien purifier nos pensées et nos affections et à n'y rien laisser d'étranger quand nous avons la grâce de communier.

«O sacrum convivium!». Festin, noces sacrées où nos âmes sont les épouses de Jésus, quelle pureté vous exigez! «In quo Christus sumitur». Nous sommes nourris de la moelle du lion. Notre âme doit y trouver la santé, la force et la joie. «Recolitur memoria Passionis ejus». Nous nous souvenons de la rédemption, et Jésus aussi s'en souvient et nous en ap­plique les mérites.

O chaste banquet, dans lequel nous sommes unis à N.-S.. «Mens im­pletur gratia». Attendons avec confiance comme la Cananéenne et nous obtiendrons des grâces et des dons spirituels. «Futurae 129 gloriae nobis pignus datur». Ce sont les fiançailles, que sera-ce quand nous ver­rons l'époux?

«O res mirabilis manducat Dominum pauper, servus et humilis!» Que le Seigneur est miséricordieux! Combien cette condescendance in­spire de confiance à ce pauvre mendiant67), nu, affamé, esclave de concu­piscence. N.-S. le délivrera et le revêtira de la vertu de l'homme nou­veau.

Dans la sainte Eucharistie, notre âme est unie à N.-S. par l'union la plus intime, représentée par l'assimilation des aliments par le corps. Mais comme N.-S. le dit à St. Augustin, ce n'est pas lui qui nous est as­similé, mais notre âme qui est assimilée à lui par la force et la dignité de cet aliment divin.

Unissons-nous de plus en plus 130 pratiquement avec le Cœur Sacré de Jésus. Que notre intérieur est loin de la pureté, de la dignité, de la sainteté des pensées, des désirs et des affections de N -S.! Pour le laisser vivre en nous, retranchons les obstacle, l'amour-propre et toute concession faite aux sens68).

(A la fin de cette année, j'ai été trop surmené, trop absorbé pour pren­dre des notes. J'avais mes bons parents à Rome, et j'ai eu les grands jours de l'ordination et des premières messes. Le papier n'aurait pas pu rendre mes impressions si profondes).

Le sacerdoce. - Ses grandes émotions. Les premières messes (Voir le 6e cahier noir).

Les chiffres qui précèdent les titres se rapportent aux pages du manuscrit. Cet index, également, a été composé quelques temps après la rédaction du cahier.

6 - Le zèle

18 - Les Mages

22-23 - Le Nom de Jésus

25 - Noces de Cana

28 - L'Ecriture

33 - Le charité

36-48 - Le but de la vie

45 - La prière

38-41 - 16-74 - L'union

39-45 - Douceur et paix

42-44 - La grâce

50-51-34 - Les tentations

52 - Vocation

56-58 - Transfiguration

60 - L'Eglise

63-24-76 - La joie

66-61 - L'Incarnation

69 - Maternité de Marie

62 - Devant Dieu

64-62-30 - L'Eucharistie

67 - La mort

68 - Le Verbe

69 - Non quaero gloriam meam

75 - Les conversations

77 - Les desseins de Jésus

78 - Le péché

79 - La perfection

82 - L'humilité

84 - L'oraison

87 - Marie

90 - Pâques

92 - Les apparitions

102 -Jésus et Marie

128 - L'Eucharistie

2-8 - Retraite

8 - Sous-diaconat

10-12 - Union à Notre-Seigneur

10-12 - Esprit de victime

15-25 - Union avec le Sacré-Cœur

28 - L'Écriture Sainte

32 - Marie

34 - Les tentations

36 - Retraite du mois

41 - Ferveur

47 - La vie en Dieu

53 - Le Sacré-Cœur

54 - Retraite du mois

61 - Réparer par une mortifica­tion modérée et une patience absolue

62 - Mes 25 ans

66 - L'Incarnation

77 - Exercices spirituels: à Jésus par Marie

90 et s. - La résurrection

96 - Jésus vivant en nous

99 - Marie

103 - Retraite

104 et s. - Marie

112 - Retraite du diaconat

124 - Ordination

126 - L'Eucharistie

129 - Union avec le Sacré-Cœur de Jésus


1)
Ignace de Loyola: Exercices Spirituels, n. 167.
2)
Les Notes Quotidiennes ont une phrase inintelligible, parce que le P. Dehon a oublié le verbe et son attribut: «est troublée». Le texte de «L’édition de Lyon» se contente de supprimer un «relatif» qui reste en l’air… Les Notes sur l’Histoire de ma Vie V, 186 con­tiennent le texte complet.
3)
L’humanité du Christ est au centre de la vie spirituelle de l’étudiant, car elle est le lieu de toute perfection, de toute sainteté (14 décembre 67). En Jésus, se rencontrent d’une façon normative, l’humain et le divin (22 janvier 68). Par son union parfaite avec le Père, Jésus devient le modèle de la vie intérieure (2 juin 68). Puisqu’il est le che­min qui nous conduit au Père (14 février 68), il faut donc laisser vivre Notre-Seigneur en nous (4 avril 68) par une union constante avec son Cœur (27 février 68) qui est le centre, le foyer de l’union du Christ avec son Père (10 mars 68). Le Cœur du Christ, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus intime, de plus personnel en lui, est le lieu de notre ado­ration du Père (8 avril 68).
4)
Cf. «Symbole Quicumque» in Denzinger – Schônmetzer: Enchiridion symbolo­rum… (Herder, 1967), nn. 75-76, p. 41.
5)
Quelque 20 ans plus tard, commentant cette retraite dans NHV V, 129, le Père Dehon écrit: «Notre-Seigneur me conduisait peu à peu à l’union avec son divin Cœur, me préparant ainsi à la vocation qu’il voulait me donner plus tard. C’étaient les dispo­sitions de la fin de ma retraite». Puis il cite textuellement les notes du 19 et 20 décembre 1867. On saisit le sens de la relecture du Père Dehon: retrouver les linéaments de son itinéraire spirituel qui se cristallisera dans la fondation d’une Congrégation. Mais il est important de noter, qu’ici, le Sacré-Cœur n’est que l’intérieur du Christ, son point d’amorisation. Il n’y a pas dans cette retraite, de personnalisation du Cœur du Christ.
6)
La parole des anges commente l’Incarnation du Fils de Dieu. Léon Dehon utilise­ra cette même citation de l’Ecriture pour signifier la réponse humaine à l’Incarnation, à savoir la divinisation de l’homme (16 février 68): «Donnons-nous tout entiers à lui pour sa gloire»: «Gloria in excelsis Deo», comme il s’est donné pour nous: «Pax homi­nibus» (31 janvier 68).
7)
Dans cette recherche de l’amitié du Christ, de l’union avec Jésus, saint Jean est le modèle auquel le séminariste se réfère constamment: 22; 30 décembre 67; 23 mars; 2.21 avril; 8 mai 68; 1 novembre; 25.27 décembre 69.
8)
Cf. 22.25 janvier 68. Le 5 janvier 68, Léon Dehon indiquera les motifs et les moyens de surnaturaliser les facultés humaines. Car le séminariste qui s’initie à la vie spirituelle, est déjà un humaniste par son éducation aristocratique et par ses études an­térieures. Les nombreux voyages, dont le goût lui restera toute la vie, une attention constante aux arts plastiques qui tiennent une place considérable dans ses NQ et ses NHV n’en sont qu’un aspect. Le jeune séminariste épouse à fond la loi de l’incarnation qui rectifie, «christifie» l’humain (22 janvier, 4 février, 10 mars 68). Nous avons en germe une constante de la spiritualité dehonienne: exaltation de l’homme dans l’huma­nité du Christ par l’adoration.
9)
Saint Bernard: Sermon 15 sur Gant., cf. Brév. 4e leçon, SS. Nom de Jésus.
10)
Accent mis sur la fidélité aux détails, aux petites choses: «La sainteté consiste à accomplir en Dieu les actions simples de notre état» (20 mai 68). Cf. 28 janvier; 1.15 fé­vrier 68; 27 octobre; 1 novembre 69; Directoire Spirituel, p. 92, éd. 1936.
11)
Les 21 décembre 67 et 20 janvier 68, même énumération de titres bibliques ap­pliqués au Cœur du Christ.
12)
Saint Irénée: Adversus Haereses, II, 24, 1.
13)
La citation se réfère au passage suivant.
14)
Dans le texte original: tradideris.
15)
«Super omnem devotionem et consolationem» a disparu du texte original.
16)
Fête du saint Nom de Jésus au 2e dimanche après l’Epiphanie. Cf. Saint Ber­nard, Sermon 15 sur le Cant., Brév. 4e Leçon: «Oleum effusum nomen tuum. Oleum enim lucet, pascit et ungit».
17)
Cf. 4 février 68.
18)
Parlant de sa première année de séminaire, le Père Dehon écrira dans NHV IV, 182: «Avec le bienheureux Berchmans, j’avais résolu de m’appliquer spécialement cet­te année à l’humilité et à l’abnégation». Et, plus loin, il poursuit: «Je méditai longtemps sur l’humilité et je la considérai sous tous ses aspects. J’en contemplai le modèle en Notre-Seigneur, j’en reconnus les avantages.. La connaissance de notre faiblesse nous conduit à la confiance en Dieu. Que nous reste-t-il à faire en voyant notre inclination profonde au péché, sinon à nous appuyer sur Dieu seul» (NHV IV, 185). Cette humili­té, cette reconnaissance de notre néant dans l’ordre de la grâce n’est pas un mépris de l’homme chez le Père Dehon. Certes, ce thème du néant de l’homme, de sa faiblesse, de sa corruption revient souvent: 27, 28 janvier; 4, 11, 14, 16, 25, 28 février; 8, 13, 15 mars; 7 avril 68; 10 février 69. Mais on aura remarqué que ce thème est très localisé dans ses notes. Si le séminariste insiste tant sur cette incapacité de l’homme, c’est que sa divinisation est l’œuvre de Dieu seul. Il ne cesse de rendre grâces pour les bienfaits tant naturels que surnaturels (31 décembre 67; 25 janvier 68 … ). D’où l’importance ex­ceptionnelle de l’union à Dieu, afin que l’Esprit puisse transformer toujours plus pro­fondément l’homme (12, 17 février; 12, 19 mars; 3, 7 juin 68). Cette divinisation de tout notre être se fera principalement dans l’Eucharistie (22 janvier 68). Il s’agit donc bien d’une exaltation de l’homme, mais une exaltation dans la docilité à l’Esprit-Saint, c’est-à-dire dans l’humilité qui «est la base de tout l’édifice» (21 février 68).
19)
Cf. 16 mars 68.
20)
Ici apparaît le thème des tentations qui sont autant d’appels à la foi et à la con­fiance en Dieu (6, 7 février; 1, 2, 3, 7, 15 mars 68). Dans les tentations, le Cœur de Jésus est un refuge (6 février; 2, 3, 7 mars 68). Mais le grand thème qui nous conduira jusqu’au carême est une méditation sur le péché, qu’encadrent les méditations sur le cycle liturgique.
21)
Cf. 25 janvier 68.
22)
L’agonie du Christ: cf. 11 février 68.
23)
Cf. 28 janvier 68.
24)
Septuagésime, épître du jour. Le thème du péché conduit l’étudiant à la médita­tion sur la brièveté de la vie et sur l’imminence de la mort. «Faisons chacune de nos ac­tions comme nous voudrions l’avoir faite au moment de la mort» (26 février 68; cf. 9, 12, 19, 26 mars; 4, 7, 21 avril 68). Cette idée se retrouve dans sa correspondance de l’époque: «Chaque moment que nous perdons ajoute aux peines que nous aurons à su­bir et diminue les récompenses que nous avons à espérer» (19 janvier 68). «Le bon Dieu nous rappelle tous les jours que la vie n’est pas longue…» (7 mai 69).
25)
Cf. 25 février, 21 mars, 7 avril 68.
26)
Directoire Spirituel, p. 129, éd. 1936. «Mais il y a une condition qui domine tout et qui est le noeud de la sainteté, c’est l’union à Notre-Seigneur. Il faut tout faire pour cet­te union: union de présence, union de volonté, union de cœur».
27)
Ce règne parfait du Christ en lui est vraiment le but ultime que se propose le jeu­ne séminariste (5 avril 68). Toutes ses pages de méditation trahissent une tension con­stante vers Dieu qui «seul peut et doit remplir son cœur» (31 mars 68).
28) , 30)
Cf. 29 janvier 68.
29)
Cf. 9 décembre 69.
31)
En réalité, il y a ici un lapsus: il s’agit évidemment de Raphaël (Tb 3, 25, 8, 3/12, 15).
32)
Cette déchéance en Adam se répercute jusque dans le travail de l’homme: par son travail à Nazareth, le Christ récupérera cette dégradation de l’activité humaine (12 Février 68).
33)
Cette idée se retrouve les 19 mars, 4 et 7 avril 68. Le 19 mars, il écrit: «Toutes nos actions et affections sont écrites dans le livre de vie». Le 19 janvier 68, on retrouve cette même expression dans une lettre adressée à ses parents.
34)
Le chrétien vit dans le Corps mystique; le jeune étudiant est sensibilisé à cette idée de vivre devant Dieu, les anges et les saints. Cf. 19 mars, 4 avril 68.
35)
Si l’on se rappelle la méditation du 10 mars 68, «le centre de cette vie et de cette lumière est le Cœur de Jésus, animé par le Verbe, auteur de toute science et de toute vie», on voit combien la visée du séminariste est christocentrique. Le Cœur du Christ en est une coloration: il n’en est pas le centre qui reste le Verbe, chorège de la création. Cf. 25 mars. 68.
36)
Début d’une sorte de «neuvaine» de méditations sur l’incarnation pour prépa­rer la fête de l’Annonciation.
37)
Le 6 mai signale une autre source de trouble chez Marie: sa virginité.
38)
Ce thème sera repris pendant le mois de mai, 2, 8… mai.
39)
Fête des 5 plaies de Notre-Seigneur. Cf. 14, 18 avril 68.
40)
Cf. 13 février 68.
41)
Cf. 2 avril, 8 mai 68.
42)
Fête de l’Annonciation de Marie.
43)
Jeudi de la 4° semaine de Carême. L’évangile – résurrection du fils de la veuve de Naïm, Luc 7,11-16 – le met en présence de la mort. Cf. 10 février 69.
44)
La même idée était déjà développée le 8 mars 68.
45)
Cf. 22 novembre 69.
46)
Evangile du jour: Jn 12,10-36. Le v. 35 est commenté par Jn. 8,2. Cf. 28 mars 68.
47)
Ce soleil de justice (1er mai 68), vraie lumière de notre foi, est aussi un feu d’amour qui réchauffe et vivifie. De ce grand soleil de Dieu dont le Cœur de Jésus est le vivant symbole, nous recevons lumière et chaleur (5 février, 3 mars 68).
48)
Tout ce passage en «vous» est, en réalité, un extrait recopié de la lettre CXL de Libermann «à un séminariste» (cf. Lettres Spirituelles II 2° édition, p. 150). Le même texte est repris aussi dans le règlement de la «pieuse association» de 1868 1’«œuvre de sainte Catherine» au Séminaire français de Rome (cf. NHV V, 107-108). En 1868, ces lettres de Libermann étaient inédites, mais le Père Dehon nous apprend, dans ses NHV, que le p. Freyd lui confia pour se guider dans l’oraison des écrits inédits du P. Libermann dont il avait une copie (cf. NHV V, 6).
49)
La même méthode est préconisée le 16 janvier 70.
50)
Les motifs qui commandent notre amour envers Dieu sont bien différents, ici, de ceux exposés le 25 janvier 68.
51)
Cf. 27 mai 68.
52)
Cf. 30 mars 68.
53)
Cf. 19 mai 68.
54)
Dimanche du Bon Pasteur. La citation scripturaire est tirée de l’Epître. Cf. 29 avril 68.
55)
Pendant tout le mois de mai, sauf les dimanches, l’Ascension et le 26 mai, Léon Dehon va méditer sur les mystères de la vie de Marie. 2 mai: Naissance de Marie; 4 et 5 mai: Enfance; 6, 7, 8: Annonciation; 9, 10, 11: Visitation; 13, 14, 15: Naissance de Jésus; 16: Purification; 18: Fuite en Egypte; 19: Jésus au milieu des Docteurs; 20, 22, 23, 25: Nazareth; 27, 28: la Croix; 29: après Pâques; 30: après l’Ascension.
56)
Cf. 12, 22 mai 68.
57)
Cf. 21 mai 68.
58)
A la retraite de la rentrée scolaire 69, Léon Dehon prendra comme résolution de «noter l’examen particulier» (27 octobre). Cet «exercice spirituel» de la mi-journée va devenir un temps important de sa vie intérieure. Dans ses NQ et dans ses NHV, il y re­vient souvent, pour en souligner l’importance, tant pour lui-même que pour ses reli­gieux. Et, fait significatif, ce sera le Père Dehon qui dirigera les examens particuliers aux congrès ecclésiastiques de Reims (1896) et de Bourges (1900).
59)
Le 9 mai précédent, il notait: «Marie quitte la contemplation de son Sauveur pour aller se mettre au service d’Elisabeth…». Le mouvement inverse apparaît ici: «El­le se dévoue… et n’omet pas cependant de contempler le Sauveur». En un raccourci ex­trêmement suggestif, ces deux annotations disent l’itinéraire spirituel du P. Dehon. La contemplation au séminaire, le dévouement, l’action au vicariat de Saint-Quentin puis, après la fondation de sa Congrégation, l’équilibre parfois fragile mais toujours re­cherché, entre l’action apostolique et la contemplation. Toute la vie du Père Dehon té­moignera d’une tension entre ces deux pôles qui l’attirent l’un et l’autre, mais qui ne s’atteignent pas l’un sans l’autre.
60)
Les 22, 23, 25 mai, il précisera ce qui alimentait l’amour de la Vierge.
61)
5e dimanche après Pâques. Evangile: Jo 16,23-30: «Demandez et vous recevrez». Cette annotation ne nous livre que le colloque de la méditation, la contem­plation du mystère est omise. Cette façon de procéder est tout à fait exceptionnelle pen­dant l’année scolaire 1867-68. Le schéma-type de la méditation dehonienne de l’épo­que, pourrait être le suivant: une parole de l’Ecriture introduit la contemplation d’un mystère du Christ ou de Marie, proposé la plupart du temps par la liturgie – la contem­plation proprement dite, souvent parsemée de textes scripturaires (procédé cher au Pè­re Libermann) – application personnelle de ce mystère. Et cette assimilation conduit in­lassablement le séminariste à l’union à Jésus, surtout par et dans l’Eucharistie.
62)
Cf. 14 janvier, 19 mai 68.
63)
Marie, à un autre titre, est également instrument de grâces (25 mars 68). De ce fait, elle est le guide, le conseil des prêtres (30 mai 69).
64)
Cf. 7 avril 1868, 2° inst.; 17 mai 68; 1° juin 68, 3e or.
65)
Il y a ici un lapsus: il s’agit évidemment de «mundum».
66)
Cf. 31 octobre 69.
67)
Cf. 24 avril 68.
68)
Les deux notes qui suivent les points de suspension furent écrites à des époques différentes, quelque temps après la rédaction du cahier. Les index datent de la même période que la note du 19 décembre; cette dernière a été rédigée au temps de la vieilles­se du P. Fondateur.
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