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===XI LES PREMIERS TRAVAUX=== Il y eut sept congrégations générales avant la session de l'Épiphanie. Les premières se passèrent en scrutins et distributions des schemata.

La discussion s'engagea sur le schéma de fide. Le cardinal Rauscher parla;1) puis Mgr Connolly, archevêque d'Halifax, Mgr Spaccapietra, de Smyrne, Mgr Tizzani, évêque résidant à Rome. C'étaient des plaintes générales sur le schéma. Il avait un ton trop philosophique et profes­soral; ses formules étaient trop longues; il portait des condamnations inutiles d'erreurs oubliées. Ces critiques étaient fondées. Je crois que le schéma avait été rédigé par le P. Franzelin. C'était une garantie de science profonde et d'orthodoxie, mais ce cher Père n'avait pas le don de la clarté et de la limpidité.

Mgr Strossmayer se révéla.2) Il blâma le titre du schéma parce que le Pape ne présidait pas de fait. Voulait-il donc mêler le Pape à toutes les discussions des congrégations? Le cardinal Capalti, président, lui fit comprendre qu'il s'égarait: il protesta de son dévouement au Pape. Il entonna alors la justification du libéralisme. Il ne fallait pas, disait-il, blâmer l'effort des peuples vers la liberté, pourvu que la foi soit sauve. Le président le rappela encore à la discussion plus stricte du schéma. Mgr Ginoulhiac critiqua à son, tour le schéma, qui lui paraissait confondre le panthéisme, le matérialisme et le rationalisme. Il ajoutait que le Concile devait exclure tout dogme nouveau.

Le bon évêque d'Urgel, Mgr Caixal y Estrade remit les choses au point. Nous avons besoin d'autorité, dit-il, le libéralisme est le mal du siècle. Il faut définir l'infaillibilité du Saint-Siège, l'authenticité de la Vulgate avec ses corrections et l'inspiration concomitante de l'Écriture Sainte.

Mgr Vérot, évêque de Savannah, commence la série de ses discours. Il parle, de ce qu'on appelle au collège le latin de cuisine. Il demande que le péché originel soit appelé seulement macula (une tache). Très sou­cieux du sort des esclaves d'Amérique, il demande, qu'en parlant de l'origine du genre humain, on affirme l'égalité des noirs et des blancs. Le Concile sourit.

Mgr Gastaldi, de Saluces, nous donne ensuite un discours chaleur roux. Il approuve l'ensemble du schéma et critique quelques détails. Le cardinal Trevisanato, de Venise, fait de même avec moins d'élo­quence.

Mgr Hassun, patriarche arménien, lit une profession de foi, qui n'est pas ad rem. Il affirme sa foi au jugement irréformable de Rome et pro­teste contré les erreurs de l'Orient sur l'Incarnation et la Trinité.

Mgr Bernadou, de Sens, demande une forme plus adoucie dans la condamnation des erreurs. On dit tout bas que son discours a été rédigé par M. Icard, de Saint-Sulpice.

Mgr Doney, de Montauban, a écrit son sentiment sur l'autorité de l'Écriture. Il le fait. lire par Mgr de Dreux-Brézé.

Mgr Bailles, ancien évêque de Luçon, lit un discours bien conçu sur l'autorité de la Vulgate.

Mgr Martin, de Paderborn, parle en faveur du schéma.

Mgr Gandolfi, de Corneto, nous fait un discours éloquent. Il venge le schéma. Il y a, dit-il, des défauts de forme, mais le fond est parfait. Le schéma donne en particulier une belle division du naturalisme. «Sche­ma est opus egregium. S. Pater dedit nobis schema non sepeliendum, ut aliqui vellent, sed discutiendum».

Mgr David est le porte-parole des opposants. Il est, lui, pour l'en­terrement du schéma. Il ressuscitera, dit-il. On en fera un autre, et ce­lui-ci ne sera pas de père inconnu (patre orbatum) comme le premier. (C'est peu flatteur pour la commission pontificale qui a préparé les dé­crets et pour le Pape qui les a fait préparer).

Il ajoute que les orientaux sont trop délaissés par le Concile. (Est-ce pour les gagner au parti?).

Mgr Greith, de Saint-Gall, termine la journée avec sa voix de stentor. Il est de la majorité. On recourra souvent à sa voix retentissante pour les lectures à faire aux congrégations et aux sessions.

Ces quelques jours de travail faisaient présager déjà ce que serait tout le Concile. Ceux qui aimaient à parler et qui parlaient facilement s'étaient déjà fait connaître. Mgr Strossmayer serait le porte-parole ha­bituel de l'opposition. Mgr Vérot latiniserait à tout propos ses idées françaises. Mgr Gastaldi, Mgr Gandolfi et l'évêque d'Urgel mettraient leur éloquence au service de la bonne cause.

===XII SECONDE SESSION – 6 JANVIER 1870=== La seconde session avait pour but la profession de foi solennelle que tous les Pères du Concile devaient faire publiquement comme c'est l'usage dans les Conciles.3)

On procéda avec la même solennité qu'au 8 décembre. La salle était ouverte, les tribunes garnies d'une assistance d'élite, la basilique rem­plie de fidèles. Le cardinal Patrizi chanta la messe. Après la messe le cardinal Capalti chanta un évangile tiré du chap. XVIII de St. Mathieu, où le pouvoir de lier et de délier est donné aux Apôtres. Puis le Saint­-Père entonna le Veni Creator. Après ce chant, le Pape lut le premier la profession de foi de Pie IV: «Ego Pius catholicae Ecclesiae Episcopus, firma fide credo et profiteor omnia et singula quae continentur in sym­bolo fidei, etc.».4)

Puis l'évêque de Fabriano [Valenziani], choisi à cause de sa bonne voix, lut la même profession5) en chaire au nom de tous, et les évêques s'avancèrent un à un selon leur rang. Ils étaient revêtus de leur chape et ils avaient déposé leur mitre, et parvenus aux pieds du Saint-Père, agenouillés et la main sur l'Évangile, ils résumaient leur profession de foi par ces mots: Ego.. Episcopus… spondeo, voveo et juro juxta formu­lam praelectam. Sic me Deus adjuvet, et haec Sancta Dei Evangelia. Les orientaux faisaient leur profession dans l'idiome de leur rite.

Tout se termina par le chant du Te Deum.

Comme cette unité de l'Église est frappante! Quel contraste avec les divisions des protestants et les fluctuations de la philosophie. La vérité seule peut unir tant d'esprits éminents dans une absolue identité de cro­yance. 6)

===XIII PRÉDICATIONS A SAINT-ANDRÉ=== Chaque année il y a une octave de prédications à Saint-André della Valle à l'occasion de l'Épiphanie. Cette octave a eu cette année une splendeur particulière. La messe était célébrée chaque matin dans un des rites de l'Orient. Il y avait chaque soir un sermon français. Nous avons entendu Mgr Freppel, Mgr Thomas, Mgr David, Mgr de la Bouil­lerie, Mgr Mermillod, Mgr Berteaud et Mgr Pie. Et tous ont parlé avec éloquence de l'Église et de ses bienfaits. Quelle ville pourrait donner un pareil auditoire? Les évêques et les prêtres savants y abondaient.

Avec quel charme Mgr Mermillod parle de l'Église! Il a gardé quel­que chose de jeune et de gracieux dans son esprit et dans son langage comme dans ses traits. Il aime tant l'Église! Il a pour elle un cœur d'en­fant, et il sait nous arracher des larmes en nous parlant des épreuves de sa mère.

Mgr Berteaud est un poète. C'est un homme qui pense, un homme d'imagination. La théologie ne lui manque pas. Il sème des vues splen­dides. Il s'inquiète peu des lois de la rhétorique. Il chante, comme le poète épique. Ses discours sont des odes où les effets de lumière se succèdent sans préoccupation de l'ordonnance. L'habitude qu'il a de par­ler aux prêtres de la Corrèze fait qu'il mêle des familiarités aux vues les plus élevées. Comme homme privé, il n'est pas de ce monde. Il tutoie tout le monde, même ses collègues dans l'épiscopat. Il ne songe pas à répondre aux lettres qu'il reçoit, et à sa mort on en trouvera un stock qui attendront une réponse jusqu'au jugement dernier. Il ne penserait pas à se brosser, si son domestique n'y veillait pas. Son secret, c'est sa foi. Il est dans un enthousiasme perpétuel de la bonté de Dieu, de sa miséricorde et de ses œuvres. Les images se pressent dans sa pensée et son discours pour dire toutes les merveilles qu'il entrevoit. Les choses de la nature comme celles de la foi lui apparaissent magnifiques. Ce sont des ouvrages de Dieu. Les hommes sont des enfants de Dieu, des dieux en fleur. Les mots sont les chars qui portent l'essence des choses. L'in­faillibilité c'est un don de Dieu, comme la lumière du jour, pour que les hommes puissent atteindre leur fin, en suivant la voie toujours lumi­neuse de la vérité…7)

Mgr Pie a lu. Il ne voulait rien livrer au hasard de l'improvisation. Et puis il voulait faire parler beaucoup Saint Hilaire et il en lut de ma­gnifiques citations, qui disaient la foi de l'Église sur l'autorité de Pierre et sur les prérogatives du siège de Rome. Il parla en théologien, comme Mgr Berteaud avait parlé en poète.

===XIV NOS TRAVAUX EN JANVIER===

Mgr Salzano, évêque de Tanis, est dominicain, aussi il regrette que le schéma ne soit pas inspiré davantage de St. Thomas. On eût trouvé dans St. Thomas des formules qu'il propose contre le panthéisme et le matérialisme. Il a été professeur et il aurait divisé autrement le schéma de fide. Il aurait trois parties: 1° de la nécessité de la révélation; 2° de l'autorité dans l'Église; 3° de l'objet de la foi…8)

Mgr Meignan donne un bon discours sur l'authenticité de l'Écriture. Il a été professeur d'Écriture Sainte.

Mgr Ramadié parle en philosophe de l'union de l'âme et du corps.

Mgr Ebedjésus Khayatt, évêque d'Amadija en Chaldée, demande que le Concile commence par une exposition de la foi. Les Orientaux, dit-il, ne connaissent pas les erreurs modernes et ils seront plus scandalisés qu'édifiés s'ils voient qu'on en est encore en Occident à discuter l'exis­tence de Dieu et la spiritualité de l'âme.

Mgr Haynald, évêque de Kalocsa, parle élégamment de la liberté de discussion. Il prend à parti les orateurs qui ont reproché aux autres de trop blâmer le schéma. Lui-même ne s'en prive pas et il humilie grandement le pauvre schéma. Mgr Haynald se révèle comme orateur, mais aussi comme gallican et libéral.

La correction du schéma de fide demandera quelques jours. En at­tendant on entame les questions de discipline. On a distribué les sche­mata de Episcopis, de Vicario Generali, de Sede vacante.9) On commence à les discuter.10)

Le cardinal Schwarzenberg demande la réforme des cardinaux et de la Curie Romaine (c'est d'un beau zèle); il demande aussi qu'on dé­veloppe la partie du schéma qui exprime les droits des évêques.

Le cardinal Mathieu demande qu'on permette la pluralité des vi­caires capitulaires. Il y a, dit-il, de la besogne pour plusieurs et le gou­vernement en paie plusieurs. Et puis ce serait humilier les vicaires gé­néraux qu'on laisserait de côté.

Mgr Monzon, archevêque de Grenade, loue la préparation des sche­mata, qu'on blâme trop souvent. Sans eux le Concile durerait éternel­lement.

Le cardinal président rappelle l'obligation du secret sub gravi. Il invite les orateurs à s'exprimer brièvement et à ne pas sortir de la question.

Mgr Simor demande qu'on accepte comme quatrième cause d'excuse pour la résidence des évêques, la présence aux assemblées politiques. Il voudrait que la dénonciation ne fût pas admise.

Mgr Losana (de Bielle en Piémont), le doyen d'âge des évêques, fait un petit discours libéral. Il demande que le décret exprime les droits des évêques. Il demande aussi que les évêques se montrent les amis des progrès modernes. Il oublie son Syllabus. L'Église a toujours goûté les vrais progrès.

Mgr Caixal, d'Urgel, prend les choses carrément. Les évêques n'ont pas tant besoin qu'on leur dise leurs droits. Mieux vaudrait les inviter à faire chaque jour une heure d'oraison, une demi-heure d'Écriture Sainte et un quart d'heure d'examen de conscience.

Mgr Devoucoux, d'Evreux, vient quand même répéter la petite for­mule convenue du groupe gallican: il faut exprimer dans le décret les droits et les prérogatives des évêques.

Mgr Lluch, de Salamanque, Mgr Ramirez y Vasquez, deux espagnols, sont des orateurs de la majorité. Ils approuvent le schéma avec quel­ques modifications.

Mgr Demartis, de Galtelli-Nuoro, fait de même.

Mgr Spaccapietra, de Smyrne, propose que le vicaire capitulaire dans les missions soit choisi par l'évêque avant sa mort ou bien que ce soit le vicaire général qui était en fonctions à la mort de l'évêque. Il de­mande aussi que le schéma contienne l'exposé des droits et des devoirs des évêques.

Mgr Darboy, archevêque de Paris, prend la parole. Tout le monde écoute avec attention. Il malmène le schéma, il le trouve informe et vide (jejunum, informe). Il reprend Mgr Demartis qui a proposé dans la Con­grégation précédente que les diocèses vacants soient gouvernés par le mé­tropolitain ou le plus ancien suffragant, sous le prétexte qu'un vicaire capitulaire de Paris avait fait des décrets gallicans. Mgr Darboy répond qu'un évêque aurait fait de même, parce que tous les évêques français d'alors (sous le I Empire) étaient gallicans. Il dit que ces évêques gallicans et leur clergé sont morts pour la foi et l'obéissance au Saint-Siège, tandis que beaucoup d'évêques nommés par le Saint-Siège au XVI siècle ont fait défection. (L'illustre prélat donnera aussi sa vie. Cela expiera son gallicanisme, mais cela ne l'excusera pas). Il demande lui aussi qu'on exprime dans le décret les droits des évêques. Il réclame pour eux le droit intégral de régler le nombre de leurs vicaires généraux. Si on sup­prime sans raison les vicaires généraux honoraires, dit-il, qu'on en fasse autant de prélats ad honorem. (Ceci est pour défendre son ami l'évêque d'Orléans, qui avait une douzaine de vicaires généraux. L'argument avait sa valeur). «Veuillez m'excuser, dit-il, si je répète des choses,

qui ont déjà été dites, parce que je n'entends pas de ma place (c'est vrai qu'il était mal placé), et il ne m'est pas donné de m'expliquer ailleurs qu'en congrégation générale». (Il laisse voir qu'il a été piqué de n'avoir pas été élu de la commission de fide). C'est en somme un discours adroit, diplomatique et pas mal dit, mais plus parlementaire qu'épiscopal.

Mgr Melchers, de Cologne, parle longuement. Il reprend le schéma par le détail. Inutile de s'étendre, dit-il, sur la résidence des évêques, il n'y a plus d'évêques de cour. Il faut leur donner une plus grande fa­cilité, un plus long détail pour la visite du diocèse, et la faculté d'or­donner les sujets ad titulum dioecesis.

Mgr Gandolfi, de Corneto, demande que le décret félicite les évêques de leur zèle en ces temps-ci. (Je ne crois pas que les Conciles aient fait de ces sortes de compliments).

Mgr Parlatore, de San Marco en Calabre, justifie son nom. Il parle beaucoup sans grande utilité. Le président est obligé de le rappeler ad rem.

Mgr Charbonnel, un vieux missionnaire, termine bien la journée. Il est gaulois, mais non gallican. Il a une bonne voix et de l'aisance. Il cri­tique avec chaleur, avec véhémence même; les évêques qui recherchent et sollicitent cet honneur. Il vit en France depuis sa retraite, il connaît ces déplorables procédés de l'ambition.

Mgr Ketteler, de Mayence, reconnaît qu'une visite plus fréquente des diocèses par les évêques serait désirable, nécessaire même. Mais il faudrait pour cela une division plus raisonnable des circonscriptions épiscopales. (Ce serait là une grande et difficile réforme).

Mgr Fania, évêque franciscain de Potenza, parle facilement et d'un ton oratoire. Il répète des critiques déjà faites.

Mgr Casangian, archevêque arménien d'Antioche, demande qu'à dé­faut de chapitres les vicaires capitulaires soient élus parles curés. (Cela serait peut-être pratique dans son diocèse qui a peu de paroisses).

Mgr Dupanloup. (Grande attention). Il loue le conseil donné aux évêques d'agir en commun. Il approuve la restauration de conciles pro­vinciaux. Il prétend qu'en Italie depuis le Concile de Trente il ne s'en est tenu que six ou huit et presque tous sous Saint Charles Borromée.

(Ceci sera démenti). Ceux qui se tiennent ailleurs, dit-il, sont entravés ou annihilés par les lenteurs de l'approbation romaine (ceci est assez vrai): On y insère à Rome dés choses, qui n'y ont pas été traitées. Les avis de Rome devraient être donnés à part. Il regrette qu'il ne soit pas question des conciles nationaux. Il goûte fort la visite ad limina. Il désir que le Souverain Pontife soit toujours éclairé: Omnem principem sequuntur adulatores ut umbra corpus. Il dit que les Papes ont toujours loué la liberté de leurs conseillers. Il cite Benoît XIV et d'autres. Il rappelle que les évêques doivent veiller in solidum à toute l'Église. Il cite St. Chrysostome, St. Basile, Nicolas III. Il ne comprend pas pourquoi on veut faire une hécatombe de vicaires généraux honoraires; ce sont des hommes éminents que les évêques appellent in partem solitudinis. Il est bon que les Conciles soient entourés de théologiens, d'hommes de science et d'expérience; mais il né faudrait pas seulement des pro­fesseurs habitués à vivre dans l'ombre et ne connaissant pas la société et la vie pratique.

C'est en somme un discours adroit, débité avec humeur. Le latin en est passable, avec quelques mots français, qui échappent à l'orateur quand il s'anime.

Mgr de Dreux-Brézé, parlera, dit-il, sine strepitu verborum (c'est une allusion). Il approuve en général les deux schemata. Il fait remarquer que les droits des évêques n'y sont pas omis. L'orateur précédent a eu tort de dire qu'il n'y a pas en Italie de conciles provinciaux. Il y en a un grand nombre ainsi que de synodes diocésains.

Mgr Pace, de Amelia, parle dans le même sens.

Mgr Ormaechea, de Tulancingo, prélat espagnol, est inintelligible. Les pauvres sténographes y perdent leur latin. Il demande que les pou­voirs des vicaires capitulaires soient plus étendus.

Mgr Dabert, de Périgueux, vient demander encore qu'il puisse y avoir plusieurs vicaires généraux et capitulaires. Tous les français ont déjà dit cela.

Mgr Moreyra, d'Ayacucho, parle avec émotion, avec larmes même, des maux de l'Église du Mexique. Il espère que les décisions du Concile y porteront remède. Il est applaudi.

Mgr Zunnui, Uxellensis (de Ales et Terralbe), parle en faveur du schéma en général.

Mgr Strossmayer critique l'évêque de Moulins. Il trouve le schéma très défectueux et d'un esprit étroit. Il voudrait qu'on laissât de côté les petites choses. Le schéma semble dire que les évêques ont besoin d'être réformés et corrigés. L'unité de détail n'est pas réalisable. Il approuve qu'on tienne compte des besoins particuliers de l'Église de France. Il adhère à l'opinion docte et pieuse de ceux qui veulent un Concile tous lés dix ans. Le Concile de Constance l'avait décidé ainsi dans sa ses­sion 39e, qui fut légitime et qui fut approuvée par les Papes Martin V et Eugène IV. Le premier de ces pontifes avait même commencé à réa­liser ce vœu. Au moins faudrait-il un Concile tous les vingt ans, comme voulait Pie IV.

Mgr Vitali, de Ferentino, défend le schéma.

Mgr Faiet, de Bruges, est d'avis qu'il ne faudrait qu'un vicaire ca­pitulaire, pour maintenir l'unité d'administration.

On distribue le schéma de vita et honestate clericorum.11)

Mgr Zwerger, de Seckau, apporte des propositions pratiques. Il pro­pose de régler le temps de la visite épiscopale suivant le nombre des pa­roisses, et de régler l'élection des vicaires capitulaires suivant l'état des divers pays.

Mgr Lachat, de Bâle, fait aussi une réflexion toute pratique. «Com­ment tenir, dit-il, des conciles provinciaux en Suisse, où nous n'avons pas de métropole? Nos évêques relèvent directement du Saint-Siège. C'est au Saint-Siège à répondre. Il devra ériger une métropole en Suisse ou donner un autre modus vivendi, avec des réunions présidées par le plus ancien.

Mgr Melchisedechian, évêque arménien d'Erzerum, exprime son dé­vouement absolu au Saint-Siège.

Mgr Gastaldi, de Saluces, confirme les propositions pratiques de ses collègues sur la visite des diocèses et la tenue des conciles provinciaux. Il émet le vœu qu'il soit rédigé un code de droit canonique, simple et adapté à notre temps, qui ne soit pas de l'archéologie et n'oblige pas à recourir à d'énormes bullaires.

Le cardinal Di Pietro signale la difficulté qu'il a d'entendre de sa place. Il reproche à Mgr Strossmayer d'avoir parlé de la réforme des cardinaux comme s'ils avaient encore la richesse du XVI siècle.12)

Le cardinal de La Lastra y Cuesta, archevêque de Séville, commence la discussion générale du schéma de vita et honestate clericorum. Il re­proche à ce schéma d'être plus théorique que pratique. On rappelle, dit-il, combien les mauvaises mœurs sont à réprouver chez les clercs mais on n'indique pas les moyens pour les prévenir.

Mgr Simor, archevêque de Gran, parle avec beaucoup de facilité et d'élégance, sur la sainteté des clercs. Il voudrait que le schéma eût un prooemium serait conseillée et recommandée la cohabitation des clercs, selon la méthode du Vén. Holzhauser.

Mgr Salzano (Tanensis) demande aussi que le schéma commence par exhorter les clercs à donner l'exemple de la perfection.

Mgr Martin, de Paderborn, parle de la science ecclésiastique et des développements à lui donner. Mais il ajoute qu'il voudrait que les ecclé­siastiques portassent la barbe, et cela fait sourire bien du monde.

Mgr Vérot, de Savannah, parle de beaucoup de choses: de la chasse, de la retraite, du bréviaire. Il n'aime pas la chasse pour les ecclésiasti­ques, sauf en certaines missions. Exiger la retraite tous les trois ans seulement est pour lui un scandale. (Je suis de cet avis). Il voudrait que les distractions volontaires obligeassent à recommencer l'office. (Que deviendraient les pauvres scrupuleux?). Il demande qu'on réforme le bréviaire; que l'office du dimanche soit abrégé (beaucoup pensent ainsi dans le ministère); qu'on retranche certaines leçons comme celle où Saint Augustin prouve que le chiffre 38 est numerus infirmitatis. Le pré­sident l'invite à parler avec plus de respect des Pères. Je les respecte, dit-il, mais «quandoque bonus dormitat Homerus». (Il ne faut deman­der si tout le monde sourit). Il reproche au bréviaire d'avoir des légen­des apocryphes, comme celle du baptême de Constantin Rappelé ad rem, il s'en écarte de nouveau.13) Le président lui dit: «Si non loquatur de schemate, orator cedat locum alteri». Le bon prélat répond: «Alia habeo dicenda, sed ad ostendendum majus obsequium, cedo locum».

Mgr Papp-Szilágyi, du rite roumain, parle facilement. Il dit que le bréviaire romain est trop étendu, et qu'il est difficile aux clercs de con­cilier l'offrande du Saint Sacrifice et la privation de l'usage du mariage. (Ces discussions viendraient plus à propos dans les décrets relatifs aux Orientaux).

Mgr Bindi, de Pistoia, voudrait qu'on ne donnât plus le nom de Pistorienses aux jansénistes. (Il est jaloux de l'honneur de son Siège). Il désire voir refleurir la science des clercs. Il attend un schéma sur les séminaires qu'on aurait dû déjà donner.

Mgr de Urquinaona, des Canaries, fait une homélie sur la sainteté des clercs et voudrait que le Concile en indiquât les moyens pratiques: l'oraison, la dévotion au Saint-Sacrement et à la Sainte Vierge.

Mgr Monzon, archevêque de Grenade, parle dans le même sens. Mgr Melchers parle en faveur de l'autorité des évêques sur les clercs. Mgr Nasarian, archevêque de Mardin en Arménie, dit que les clercs de son rite, non bénéficies, ne se croient pas tenus à l'office.

Mgr Acciardi, évêque de Tursi en Basilicate, nous fait une longue dissertation sur la soutane. Je comprends que les prêtres de ses montagnes ne la portent guère, dans ce pays où la civilisation d'Héraclée et de Meta­ponte a fait place aux mœurs demi-sauvages des montagnards calabrais. Mgr Caixal, d'Urgel, demande, comme les autres espagnols, qu'on détermine les moyens propres à produire la sainteté des clercs. Il vou­drait voir exclure la faculté de l'appel à Rome???

Mgr Dinkel, d'Augsbourg, demande qu'on retranche le mot concu­binatus. 14)

Mgr Gallucci, de Lorette, parle éloquemment de la sainteté des clercs, de son importance et de ses conditions.

La majorité des évêques s'était émue en voyant se former un parti d'opposition. Cela entravait le Concile. Il y avait deux camps. La charité en souffrait. Les séances étaient moins édifiantes qu'elles n'auraient dû l'être. La division avait son écho dans la presse de toutes les nations. Un grand nombre d'évêques pensèrent qu'il fallait hâter la solution de cette question pour mettre fin à ce malaise. Un postulatum circula pour demander au Saint-Père d'introduire de suite la question de l'infaillibi­lité. On réunit plus de quatre cents signatures. Le postulatum fut remis au Saint-Père le 12 janvier. Les opposants auraient dû comprendre dès lors que c'était chose jugée dans l'esprit de la majorité et ils auraient dû s'incliner. Il n'en fut rien, la lutte continua et toujours plus vive.15)

Les brochures commencèrent à pleuvoir. Le Saint-Père interdit la publication à Rome de brochures de controverses relatives au Concile. Heureusement! autrement nous aurions eu un Concile par brochures à côté de celui qui se tenait à Saint-Pierre.

Le première brochure du P. Gratry nous arriva le 20 janvier.16) Elle fut distribuée aux évêques. Le Père, d'ailleurs bon et zélé, se fit le porte-parole du parti. Mal lui en prit. Louis Veuillot lui donna un érein­tement en règle. Il faut lire ces articles reproduits dans les volumes de Rome pendant le Concile.

«La forte école gallicane, depuis quelque temps si malheureuse, di­sait Veuillot, est menacée d'un nouveau désagrément. C'est un écrit po­lémique, écrit en sa faveur par un aimable prêtre littéraire, homme de bonne compagnie et de grand talent, mais sujet à voyager dans les astres, d'où il se laisse tomber quelquefois. Tout à coup, on ne sait pourquoi, ce gracieux rêveur s'est senti gallican, et soudain, sans avertir personne, il s'est précipité vers son encrier plein d'étoiles, pour en tirer des argu­ments contre l'archevêque de Malines et contre l'archevêque de West­minster…».17) «Je n'aurais jamais pensé que ce pacifique pût aller jus­qu'à la frénésie, ni que l'esprit académique dût faire un pareil ravage dans sa tête d'oiseau bleu… Personne n'ayant jamais accusé M. Gratry de posséder aucune science ecclésiastique, personne aussi ne l'accusera d'avoir travaillé tout seul, et l'on peut entrevoir d'où il tient ses docu­ments. Necesse est ut veniant scandala!… ».18)

Veuillot mettait de l'huile sur le feu.

Je connaissais personnellement le P. Gratry et Mgr Dupanloup. Je les avais vus plusieurs fois à Paris, je les avais consultés pour mes études. Leur beau zèle pour le gallicanisme n'était pas nouveau. Tous deux me l'avaient manifesté, et ils m'avaient déconseillé de faire mes études à Rome tout en approuvant qu'on y allât un peu, pour finir, après avoir commencé à Saint-Sulpice. Le P. Gratry m'avait parlé sans ambages de ceux qu'il appelait «les idolâtres du Pape». Il était donc conséquent avec lui-même et il était de bonne foi. Mais n'eût-il pas mille fois mieux fait de se taire, et comptait-il diriger le Concile, parce qu'il avait été polytechnicien et qu'il était de l'Académie?19)

===XV TRAVAUX DE FÉVRIER===

Mgr Demartis, de Galtelli-Nuoro, est favorable au schéma de vita et honestate clericorum. Il demande cependant, comme plusieurs des ora­teurs, quelques additions pratiques.

Mgr Behnam Benni, archevêque syriaque, voudrait qu'on unifiât la discipline de l'Orient avec celle de l'Occident. Il pense que l'unité de discipline doit résulter de l'unité de la foi. Nous étudions déjà, dit-il, les mêmes moralistes qu'en Occident: St. Liguori, Antoine, etc. (Il faut dire que ce bon archevêque avait étudié à Rome).

Mgr Clifford, de Clifton, est d'avis que la question est épuisée. Bien des Pères proposent des règles de détail qui ne doivent pas être l'œuvre d'un Concile. Il demande le renvoi du schéma à la commission.

Mgr Bostani, évêque de Tyr et Sidon, de rite maronite, nous dit aussi avec le ton monotone et chantant des Orientaux que le Concile n'a pas à statuer sur tous les détails de la vie cléricale.

Mgr Pedicini,20) archevêque de Bari, insiste après tant d'autres sur la nécessité d'une vie régulière et pieuse pour lés clercs. Ces nombreux dis­cours dans le même sens nous disent la sollicitude de bien des évêques.

Mgr Gandolfi tient à la soutanelle pour les campagnes. C'est plus commode pour la marche dans les chemins poussiéreux ou boueux. La soutane est bonne, dit-il, pour l'intérieur des églises et pour les villes.21)

Mgr Jekelfalusy, évêque magyar d'Albe-Royale (Stuhlweissenbourg), parle longuement. Il dépeint les mœurs déréglées de certains prêtres et leurs conséquences. Il dit que le remède n'est pas tant dans les lois, qui ne manquent pas, que dans les volontés.

Mgr Haynald demande la cohabitation des prêtres inférieurs avec les curés, et la réforme du bréviaire. Il se plaint de ce qu'on n'a pas encore fait droit à la demande des Pères d'avoir en mains tous les schemata.

Mgr Stefanopoli, archevêque de rite grec, demande la réforme du bréviaire grec par une commission d'évêques.22)

Mgr Macedo Costa, de Belem de Parà au Brésil, remercie les évêques français du concours qu'ils lui ont prêté pour les prêtres de son diocèse. (Plusieurs ont été élevés à Saint-Sulpice). Il demande l'exclusion des clercs errants et sans fonctions (cleri vagi), et la sécularisation des prêtres interdits et dégradés. Il loue le dévouement de l'épiscopat du Brésil au Siège infaillible de Pierre.

Mgr Bravard, de Coutances, fait un long discours assez animé. Il n'est pas pris très au sérieux. On rit souvent et on finit par s'impatienter. Il parle un .pauvre latin, émaillé de barbarismes et de solécismes. Il se plaint de la salle et de sa mauvaise acoustique. Il répond à des discours anciens de l'archevêque des Canaries et de l'évêque de Paderborn. Il veut que le clergé puisse se mêler des élections. En France on a obtenu par là le maintien de l'occupation de Rome, ce qui a permis la célébration du Concile. Il défend les décorations civiles que portent en France les évêques et de bons prêtres et qu'on a eu tort de critiquer. Il exalte le clergé français et cependant il cite mille abus, et en particulier les achats… de livres et abonnements aux journaux avec des intentions de messes. Des conversations s'engagent dans la salle. «Non scitis omnia, vos qui loquimini; si vultis ad hanc (sic) ambonem ascendere, potestis». L'orateur loue l'évêque d'Orléans qui a organisé la cohabitation dans son diocèse. Il glorifie la France qui a montré tant de zèle pour la dé­fense du Saint-Siège. Le Concile sourit de l'incohérence du discours et de la pauvreté du latin.

Mgr Lyonnet, archevêque d'Albi, parle brièvement. Il a la mauvaise fortune de bégayer. Il trouve bon que les prêtres recherchent les grades académiques.

Mgr Strossmayer prononce un discours élégant, plus riche de rhéto­rique que d'arguments nouveaux. Il loue le clergé de France. La France est magistra fidei après Rome. Il affirme de nouveau son dévouement au Saint-Siège; mais il demande que les droits des inférieurs soient affir­més et il désire qu'on procède lentement comme à Trente.

Mgr Lluch, de Salamanque, s'exprime avec une voix féminine. Il demande qu'on efface les mots de concubinat et autres semblables, qui offensent les oreilles délicates. Il désire que l'on respecte les vieilles légendes du bréviaire et les offices anciens, qu'il trouve plus beaux que les nouveaux.

Mgr Gastaldi, de Saluces, voudrait que le schéma ait pour titre «de officiis clericorum», avec des chapitres distincts pour les clercs, les prê­tres et les évêques. Il désire que l'on recommande l'habitation commune et la soutane «vestem talarem». Il se défend contre Mgr Vérot de l'accusation de baïanisme. Il a énoncé une proposition de Baïus, mais dans un sens différent. Il a dit comme Baïus que Dieu «n'aurait pas pu créer l'homme comme il est maintenant». Baïus entendait par là que Dieu n'aurait pas pu créer l'homme sans la grâce; mais lui avec Saint Augustin, Perrone et les théologiens catholiques veut dire que Dieu n'aurait pu créer l'homme avec la concupiscence effrénée qui le domine aujourd'hui. Il parle contre les décorations qui avilissent le clergé et le rendent muet ou flatteur et dépendant des gouvernements.

Mgr Gravez, de Namur, parle sur le bréviaire dont il loue la com­position. Il se plaint de l'audace d'un récent écrivain, en faisant allusion au P. Gratry et il est vivement applaudi.

Mgr Nasarian, évêque arménien, désire l'obligation du célibat pour le clergé des Églises d'Orient. De fait, dit-il, on y est presque arrivé dans Église arménienne, et il en a résulté un accroissement de la foi et un développement des diocèses.

Mgr Moreno, Ipporegiensis [Ivrea], parle longuement et solennel­lement. Il n'apporte pas d'arguments nouveaux et il est peu écouté.

Mgr Moretti, d'Imola, se plaint de l'irrévérence de certains évêques qui ont dit ne pas savoir d'où venaient les schemata (l'archevêque de Paris et l'évêque de Coutances). Leur titre, dit-il, le dit assez; ils sont proposés par la commission pontificale. Il regrette qu'on se plaigne trop de la conduite des clercs, ce qui donnera une mauvaise idée de la discipline de ces temps-ci, quand on publiera plus tard les discours sténographiés.

Mgr Ghilardi, de Mondovì, débite un sermon plutôt qu'un discours sur la sainteté des clercs, des évêques, etc.

Le président, à la fin, proteste contre une prétention de Mgr Clifford qui refusait aux présidents les droits de décider du renvoi des amende­ments proposés à la commission.

Le cardinal Mathieu, archevêque de Besançon, se plaint du blâme infligé aux évêques par le schéma. On leur reproche leur initiative per­sonnelle dans la rédaction des catéchismes. Ce blâme ne se trouve pas, dit-il, dans les Constitutions pontificales ni dans les actes des conciles provinciaux qu'on allègue. Il cite dix-sept conciles provinciaux posté­rieurs au Concile de Trente, qui tous reconnaissent aux évêques le droit de faire de petits catéchismes. Il énumère les inconvénients d'un caté­chisme universel et de sa traduction immuable en langue vulgaire.

Le Cardinal Rauscher, de Vienne, fait lire un discours assez diffus contre le projet d'un catéchisme uniforme pour toutes les nations.

Mgr Simor, archevêque de Strigonie, membre de la commission de fide, désapprouve le schéma. Il loue l'initiative des évêques pour la rédaction des catéchismes et le zèle des prêtres pour l'enseignement des catéchismes locaux.

Mgr Guibert, archevêque de Tours, pense que le Saint-Siège pour­rait donner seulement un plan général avec un modèle qu'on imiterait.

Mgr Moreno, évêque d'Ivrée, signale les défauts du catéchisme de Bellarmin. On y trouve des réponses trop, longues. Il demande une édi­tion du catéchisme du Concile de Trente complétée par les nouvelles définitions.

Mgr Forcade, de Nevers, prononce un discours bref et bien dit. Il trouve que le projet est utile, mais difficile à réaliser. Il propose qu'on le confie à une commission d'évêques.

Mgr Dupanloup combat vivement le schéma. Son latin est assez pauvre, surtout dans les passages improvisés. Il désapprouve le caté­chisme commun, à cause de la différence du génie de chaque peuple, de la variété des erreurs à combattre et des vices à corriger; à cause aussi du caractère propre de chaque langue. Il revendique le droit divin qu'ont les évêques d'enseigner, ce que les auteurs du schéma oublient. Il signale les imperfections du catéchisme de Bellarmin,23) imperfections reconnues par le cardinal vicaire et par Pie IX lui-même qui trouve le peuple romain très ignorant de la religion. Ce catéchisme est insuffisant sur beaucoup de points. D'autre part il a des inutilités (v.g. des quatre enfers…). Eût-on plusieurs Bellarmin on ne ferait pas mieux. L'orateur a d'ailleurs pour Bellarmin une grande vénération à beaucoup de titres. Il a son portrait chez lui.

Mgr [ Gérault ] de Langalerie, de Belley, approuve en général le schéma. Il voudrait qu'on fît un gros et petit catéchisme et que le caté­chisme commun fût expliqué au prône une ou deux fois par les curés. Il dit que les schemata, bien que discutables, sont protégés par l'ombre du Souverain Pontife. Il désire l'union et la concorde. Il déplore les divisions qu'engendre une question fameuse. Il voudrait que cette ques­tion fut terminée (ut causa finita sit, ut sit cor unum et anima una) afin que, si le Concile est suspendu, les évêques aillent porter la paix dans leurs diocèses et produire des fruits de salut comme après la Pentecôte, L'orateur est chaleureusement approuvé. Un évêque américain va l'em­brasser quand il descend de la tribune.

Mgr Sola, de Nice, s'autorise de ses quatre-vingts ans pour faire un sermon sur les soins qu'on doit donner à l'éducation des enfants. Il cite Juvénal et Platon. Il approuve le schéma et réfute l'évêque d'Or­léans. Il montre l'utilité d'un catéchisme unique par la situation de sa ville épiscopale qui est comme un emporium universel. Il demande qu'en tête du décret sur le catéchisme on mette une exhortation sur l'ensei­gnement du catéchisme.

Mgr Vérot, de Savannah, parle en faveur du schéma. Il voudrait seulement que le catéchisme ne fût qu'un modèle dont on serait libre de s'écarter. Il voudrait qu'il fût fait et traduit pendant le Concile. Chez lui, il y a un catéchisme pour la conversion des protestants, un pour les infidèles, un pour les juifs, un pour les nègres (durae cervicis). Il dit que la variété des règles ecclésiastiques est nuisible. On s'étonne, dit-il, que les Espagnols ne fassent pas maigre le vendredi (ils sont, il est vrai, moins grands pécheurs que les autres). Il voudrait que le jeûne et l'absti­nence n'obligeassent que sub levi.

Mgr David, de Saint-Brieuc, lit un discours en assez bon latin, mais d'un ton de mauvaise humeur. Il voudrait seulement l'unité de catéchis­me par provinces ou par royaumes. Il cite l'évêque d'Orléans (primus sane inter episcopos). Il veut bien croire que les auteurs des schemata n'ont pas voulu supprimer les droits des évêques, comme voudrait le faire une certaine école qu'il croit peu nombreuse et qui ne laisserait aux évêques que la faculté de porter la barbe (barbigeri incedendi). Il est dévoué au Saint-Père, mais il croit qu'en diminuant les droits des évêques on rabaisse le Saint-Siège lui-même aux yeux des peuples. Il voudrait voir au moins ce qu'on lit dans le catéchisme du cardinal vi­caire: que l'Église enseignante se compose du Pape et de tous les évêques.

Mgr Ballerini, patriarche d'Alexandrie, fait un long discours favo­rable au schéma. Il réfute les objections. Il dit que les évêques par un catéchisme unique ne seraient pas privés de leur droit d'enseigner; pas plus qu'ils ne le sont par les formules de symboles, mais ils en seraient aidés.

Mgr Ricciardi, archevêque de Reggio, approuve le schéma. Il voudrait qu'on enseignât le catéchisme au prône dans les paroisses, surtout en carême, et qu'on instituât des réunions ou associations où on l'enseigne­rait, comme on a fait récemment à Naples.

Mgr Nobili Vitelleschi, évêque d'Osimo (Auximanus), réfute les ob­jections qui ont été proposées par plusieurs orateurs et soutient entiè­rement le schéma.

Mgr Ghilardi, de Mondovì, soutient également le schéma. Il cite Saint Augustin et Saint Thomas. Ces docteurs disent qu'il appartient au Pape de rédiger un symbole, à plus forte raison peut-il faire un caté­chisme.

Mgr Keane, évêque de Cloyne en Irlande, parle éloquemment en faveur du schéma. Il réfute les objections principales.

Mgr Mabile, de Versailles, défend également le projet de constitu­tion.

Mgr [Roullet] de la Bouillerie, de Carcassonne, défend le projet. Les sectes, dit-il, tendent à la division, mais l'Église tend à l'unité. Il est très applaudi.

Mgr Clifford, évêque de Clifton, croit que l'on peut remédier aux inconvénients signalés sans recourir à un catéchisme universel.

Mgr Paya y Rico, de Cuenca, parle pieusement. Il défend le schéma. La première raison est qu'il vient du Pape. Quand il reçoit une lettre du Pape, il la porte à ses lèvres, à son front et à son cœur avant de l'ou­vrir, pour marquer l'assentiment de son intelligence, de sa volonté. Il dit que le catéchisme doit être unique comme le lait de la mère est l'uni­que aliment des enfants. Il rappelle l'unification de catéchisme qui était en voie de se faire en Espagne quand est venue la révolution. Que si d'ailleurs on pense différemment, dit-il, qu'on se donne néanmoins la main et qu'on fasse pour le mieux.

Mgr de Canossa, archevêque de Vérone, développe en faveur du sché-ma, jusqu'à neuf bonnes raisons, déjà presque toutes données par d'au­tres; il réfute les objections.

Mgr Elloy, [vescovo di Tipasa], vicaire apostolique en Océanie, parle avec une grande modestie; il s'excuse de parler, n'étant autorisé ni par son âge; ni par sa science, ni par l'autorité de son siège. Il prouve l'utilité du catéchisme universel par l'autorité qu'il aura, par les incon­vénients des changements qu'il signale pour les missions. Il réfute les objections. Est-ce que dans chaque diocèse les esprits ne sont pas diffé­rents? Et cependant le catéchisme est unique. Du reste il a trouvé en Océanie autant d'intelligence de la religion qu'en France. Il a cinquante mille chrétiens, là où il n'y en avait pas il y a quarante ans. Les protes­tants reprochent là-bas aux catholiques la diversité de doctrine, ce qu'évi­tera le catéchisme universel.

Mgr Pettinari, évêque de Nocera, demande aussi le catéchisme uni­que. L'unité est aussi facile pour l'Église que pour un diocèse. L'unité écartera les amis de la religion d'État (statulatras).

Mgr Faiet, évêque de Bruges, réfute les objections dans une impro­visation spirituelle. Il parle au nom des évêques belges. Les apôtres ont bien fait un symbole, qui est aussi un petit catéchisme, sous la di­rection de Pierre, sans renoncer à leurs droits ni se couper les ailes. On reprochait tantôt aux auteurs des schemata d'être trop théoriques, maintenant qu'ils ont écouté les demandes des évêques, seraient-ils trop pratiques? Il ose louer comme le plus théologique le catéchisme tant critiqué de Bellarmin et ajoute qu'on ne peut rien attendre que d'excel­lent des théologiens romains.

Mgr Lenti, évêque de Nepi et Sutri, ancien curé de St. Laurent à Rome, venge le catéchisme de Rome, qui n'est pas triple comme l'évêque de Saint-Brieuc l'a cru. Il loue l'instruction des enfants à Rome, qui est très avancée. Plus de cent prêtres s'occupent des écoles du soir.

Mgr Jans, d'Aoste, parle brièvement en faveur du schéma.

Mgr Gastaldi, de Saluces, justifie la définition du péché originel donnée par Bellarmin. C'est, dit-il; celle de St. Thomas. Il ajoute que ce catéchisme est très incomplet et qu'on devrait faire faire le nouveau par une commission d'évêques pendant le Concile.

Mgr Gros, dé [Moutiers en] Tarentaise, nous donne un discours assez mal lu. Il approuve le schéma. Il voudrait qu'un abrégé d'histoire fût joint au catéchisme. Il loue particulièrement le discours de l'évêque de Bruges.

Mgr Magnasco, évêque titulaire [di Bolina], loue et venge le schéma et le catéchisme de Bellarmin, qu'il croit être d'une orthodoxie rare chez les autres.

Mgr de Urquinaona, évêque des Canaries, approuve de même; il parle parce qu'il a promis d'exprimer la pensée de plusieurs évêques d'Espagne.

Mgr Garcia Gil, évêque de Saragosse, approuve. Il se plaint de ce que depuis trois mois on n'ait encore rien décrété.

Mgr Desprez, de Toulouse, lit un discours très romain. Il prouve l'utilité d'un catéchisme unique, spécialement pour la France.

Mgr Monescillo, évêque de Jaen, approuve. Il regrette les éloges qui ont été formulés au Concile en faveur de l'Église gallicane, quoiqu'il aime l'Église de France (Gallica). Il loue l'unité et l'obéissance à Rome. Il rappelle les gloires des autres églises et spécialement les hommes célèbres de l'Église d'Espagne.

Mgr Martinez, de la Havane, approuve. Il développe la comparai­son avec l'aliment unique des enfants, le lait.

Le Rév.me Père Ricca, général des Minimes, loue à son tour le sché­ma et désire l'unité de doctrine. Il était bon qu'un des généraux d'Or­dres parlât une fois pour réserver leurs droits traditionnels.

Mgr Zunnui, évêque d'Ales et Terralbe, lit un; long et peu inté­ressant discours où il répète les approbations déjà données au schéma et réfute encore lés objections.

Mgr Scherr, de Munich, rappelle lés bons effets qu'a eus pendant trois siècles en Allemagne l'unité de catéchisme (le catéchisme de Ca­nisius); et cependant il n'approuve pas le schéma.??24)

Mgr Eberhard, de Trèves, inscrit par erreur parle néanmoins: Il dit ce que doit contenir le petit catéchisme, l'explication du Pater, de l'Ave, du Credo, les Actes, etc.

Mgr Haynald, de Kalocsa, essaie d'obtenir que le catéchisme unique ne soit pas obligatoire et qu'il puisse être refondu par les évêques. Il loue la foi et la moralité de Rome, dues à la présence du Souverain Pontife, à la protection des Apôtres, au clergé romain, mais non au catéchisme de Bellarmin, qu'il trouve très défectueux. Il se défend en­suite de l'accusation d'avoir critiqué le bréviaire; il n'en a attaqué que les défectuosités. Il est rappelé ad rem et la parole lui est retirée.

Le président: «Verba tua non inserviunt nisi ad zelum inducendum in hoc sacro Concilio. Igitur cesses».

Mgr Perez-Fernandez, de Malaga, approuve à son tour le schéma et se plaint des lenteurs de la discussion.

Il est clair que les discussions minaient en longueur. On avait en­tendu beaucoup trop de discours sur la discussion générale du petit catéchisme. La plupart de ces discours se répètent. Cela se comprend, c'était un sujet facile sur lequel chacun aimait à dire son mot.

L'impression générale du Concile était pénible. A quoi aboutirait-on? On avait passé tant de temps sur une petite question qui semblait de­voir aller tout seul puisque le petit catéchisme était demandé par un Postulatum signé de nombreux évêques. Et il n'y avait encore que la discussion générale de terminée! En allant de ce pas, on ferait peu de choses en un an. Le Saint-Père s'en inquiétait. Il promulga un supplé­ment au règlement des travaux du Concile.25) Cela s'imposait. Désormais les discussions pourraient être abrégées par le bureau; les modifications proposées seraient remises par écrit, condensées dans un rapport et dis­cutées brièvement.

L'opposition libérale ne goûta pas ces changements. Elle revendi­quait toujours pour le Concile le droit de faire son règlement lui-même. De plus elle croyait voir dans ces mesures un plan conçu pour amoindrir la discussion sur l'infaillibilité.

On se compta et le 20 février une protestation revêtue de cent si­gnatures fut remise au Saint-Père. L'opposition devait atteindre rare­ment ce nombre de voix.

L'Univers du 12 février avait donné les noms des opposants français et cela avait produit un grand émoi dans certains diocèses. Je reproduis ces noms.

Archevêques:

Mgr DarboyParis
Mgr LandriotReims
Mgr BernadouSens
Mgr LyonnetAlbi
Mgr DubreilAvignon
Mgr Billiet26)Chambéry

Évêques:

Mgr DupanloupOrléans
Mgr GinoulhiacGrenoble
Mgr RivetDijon
Mgr de MargueryeAutun
Mgr DevoucouxEvreux
Mgr GrimardiasCahors
Mgr RamadiéPerpignan
Mgr Las CasesConstantine
Mgr ColetLuçon
Mgr ThomasLa Rochelle
Mgr Dupont dés LogesMetz
Mgr CallotOran
Mgr GuilbertGap
Mgr DavidSaint-Brieuc
Mgr HugoninBayeux
Mgr GueulletteValence
Mgr BravardCoutances
Mgr BelavalPamiers
Mgr DelcusyViviers
Mgr SolaNice
Mgr Le CourtierMontpellier
Mgr DoursSoissons
Mgr MeignanChâlons-sur-Marne
Mgr PlaceMarseille
Mgr FoulonNancy
Mgr HacquardVerdun
Mgr MaretSura

L'Univers du 18 février était assez vert. Il se plaint de l'affluence des brochures gallicanes (Marnt, Dupanloup, Gratry) et du retard des ré­ponses. «Les écrits apologétiques dorment en route, sont oubliés à la douane, n'en sortent qu'avec difficulté. Il y a bien des toiles d'araignées révolutionnaires dans les bureaux romains, et quand le Pape dur vien­dra, il aura de l'ouvrage. Pie IX est juste, mais n'est pas justicier».27) La Providence depuis s'est chargée du nettoyage, mais à quand le relè­vement? Enfin, le livre de Dom Guéranger est arrivé.28) Veuillot est su­perbe d'esprit et de finesse quand il loue ce livre: «La polémique de Dom Guéranger réalise parfaitement, selon moi, la théorie de l'art, la force sans effort. Hercule ne doit suer. Il étouffe ses serpents, il assom­me son lion, il couche par terre son homme, il vide ses étables, et n'a nul besoin de reprendre haleine. Hercule n'est si fort que parce qu'il vient des dieux; Dom Guéranger n'est si habile que parce qu'il sait, et ne sait si long que parce qu'il est moine. C'est une grande chose qu'un moine, - je dis,un vrai moine, - et cette grande chose est bien em­barrassante dans l'occasion pour un homme qui fait le savant. Le Père Gratry vient d'en avoir des nouvelles. Le morceau que nous donne la Revue du monde catholique sur Honorius, le Bréviaire et les fausses Décrétales, est un petit chef-d'œuvre. Pauvre père Gratry, pauvre oiseau bleu!

Oiseau bleu, couleur du temps,

Volez vite, volez vite!

Oiseau bleu, couleur du temps,

Volez au nid promptement!

Rien de plus gracieusement ironique et d'un sel plus fin que le con­seil du R. abbé de Solesmes au savant qui n'a pas encore eu le temps de lire les in-folio, et au prêtre qui se trouve totalement dépaysé dans les matières de bréviaire. Vous l'avez voulu, aimable docteur!…».29) On se dispute L'Univers. Les libéraux voudraient bien supprimer, au moins pour quelque temps, la liberté de la presse.

Je vois quelquefois L. Veuillot, soit chez lui, soit dans des prome­nades archéologiques avec Mgr Bastide, le plus merveilleux cicerone de la Rome païenne et chrétienne. J'admire Veuillot, mais je sors de chez lui un peu troublé. On y parle des opposants avec une verdeur de langage qui m'étonne, surtout dans la bouche d'une femme, Mlle El…

C'est au 17 février qu'on a ouvert l'Exposition du Concile. Pie IX l'a visitée. Il a été accueilli avec un enthousiasme frénétique. «J'ai vou­lu, oui j'ai voulu, a-t-il dit, cette exposition, pour faire voir que la religion est la maîtresse inspiratrice des arts. C'est qu'elle est la vérité…». Et il ajoutait avec énergie en faisant allusion à une parole des opposants: «Selon quelques-uns, la religion doit changer avec le temps, et elle a besoin de son 89. Je dis que c'est un blasphème. La religion de Jésus­-Christ demeure avec Jésus-Christ, telle qu'elle a été dès le commence­ment».30)

Veuillot disait: «L'Exposition romaine est restreinte et d'autant plus aimable. Il y a de beaux tableaux, de beaux objets d'art religieux, d'admirables antiquités, des étoffes d'église très riches. Le lieu est char­mant. On en a tiré tout le parti possible, et la place ne manque pas.

Quel objet d'art que ce cloître des Chartreux, d'où l'on peut passer à Sainte-Marie-des-Anges! (Le cloître est de Michel-Ange, il y a cent belles colonnes de travertin). Les cyprès plantés, dit-on, il y a trois cents ans par Michel-Ange Buonarroti, et conservés avec tant de soin, sont une merveille de premier ordre, qui s'est trouvée là bien à point. L'Expo­sition tourne autour de leur admirable pyramide. Mais quand le Pape était là, entouré des deux-tiers des membres du Concile, les cyprès de Michel-Ange et le cloître des Chartreux lui-même n'offraient plus qu'un intérêt très secondaire. Un pape! un Concile! ce sont là des «produits» qui permettent à l'industrie romaine de dédaigner le premier rang sur tous les autres points».31)

A propos de l'Exposition, Veuillot a des pages superbes sur l'art, sur le progrès.

«Quant à l'industrie, on dit généralement que les expositions lui font faire un très grand et très réel progrès… J'observe seulement qu'elle fait aussi beaucoup de progrès en arrogance, mais qu'elle n'en fait pas du tout vers la beauté. Elle continue d'être très gauche, très laide, et gé­néralement très malpropre et très malhonnête en ses œuvres grandes et petites. Comparés aux produits anciens, ses produits se distinguent tout de suite par moins de grâce dans la forme et par moins de probité dans la matière. On dit qu'ils sont plus savants… je me contenterais qu'ils eussent meilleure figure et durassent plus longtemps. Mais l'industrie a de moins supportables défauts. Je voudrais un progrès de l'industrie qui empêchât le patron d'opprimer l'ouvrier et l'ouvrier d'opprimer le patron et le public. J'aimerais fort que l'industrie trouvât le moyen de nourrir son monde; au lieu de le dévorer, comme elle fait. Je voudrais que l'usine à fer et à coton, à eau-de-vie et à constitutions, qui s'est élevée sur les immortels principes de 89, ne tuât point tout-à-fait la bonne vieille usine à pain, à vin, à viande et à église, l'usine de bon labeur et de bon repos qu'on appellait la France… ».32)

Veuillot reconnaissait avec justesse la médiocrité relative des œuvres exposées. «Le beau cloître des Chartreux se trouve plein de statues et de peintures. Je dirai franchement que je n'ai rien vu qui pût ravir personne, et rien de nouveau, sauf quelques grands dessins de Fracas­sini, romain mort à vingt-quatre ans l'année dernière. Ces œuvres plus ou moins habiles manquent souverainement de ce qu'on s'attendrait à trouver en Italie et à Rome, où tant de précieux modèles sont entassés. Pour le moment cette grande sève si abondante et qui a si longtemps coulé semble épuisée».33)

J'avais noté quelques peintures. C'était gracieux, assez soigné, mais rien de saisissant, rien qui doive garder un nom dans la postérité. Cec­carini primait parmi les peintures. Il y avait de lui deux charmantes toiles: Avant le martyre, la messe aux Catacombes; Le samedi, une reli­gieuse dans un cloître allumant une lampe à la Vierge. C'était pieux et plein d'expression. De Molinari il y avait Les derniers sacrements, un groupe sortant d'une maison où le prêtre a porté l'Eucharistie, aux en­virons de Rome. De Ricci, une scène analogue: Le cardinal Altieri se­courant les cholériques d'Albano.

Plusieurs moines avaient exposé. Il y avait un Chœur de moines exposé par un fra Angelico moderne, moine polonais. C'était correct, simple et pieux. Regina Apostolorum, la Vierge entre Saint Pierre et Saint Paul, par Fra Pietro du couvent de Saint Bonaventure. Sainte Thé­rèse, par un Carme.

Pour la sculpture, l'école moderne italienne dérive de Canova, elle cherché le joli, le gracieux, avec une tendance réaliste. J'ai remarqué une Mater pietatis de Forzani, un Jacob en berger de Andrei.

En somme sous le pontificat de Pie IX, Rome n'a eu que deux artis­tes dont le nom restera, Tenerani en sculpture et Fracassini en peinture. Ce qui faisait le plus d'honneur à l'art chrétien dans cette expo­sition, c'était l'orfèvrerie d'Armand Caillat, de Lyon. C'est là un artiste, un vrai. Ses œuvres sont originales, elles ont de la grâce et de la richesse. Aucune époque n'a fait mieux. Armand Caillat rappelle les grands noms de Cellini et du Limousin.

Pendant ce mois, au 3 février, j'avais passé mon examen de bacca­lauréat en droit canon.

===XVI TRAVAUX DE MARS===

Rapport sur le schéma de fide 34) par Mgr Simor.35) On a conserve le fond du schéma et changé la forme et le ton professoral. Bien que les formes fussent indifférentes et employées alternativement par les Con­ciles, on a mis des canons pour satisfaire la majorité des Pères.

Mgr Tizzani approuve en général le schéma et en loue les rédacteurs.

Mgr Spaccapietra loue aussi le schéma. Il présente une motion pour que le Concile adresse un appel aux juifs.

Mgr Moreno, d'Ivrée, loue l'ensemble, mais croit qu'on ne peur pas bien juger avant d'avoir la seconde partie.

Mgr Ginoulhiac discute la forme et le fond. Il demande pourquoi on a introduit des choses nouvelles dans le schéma sans qu'elles aient été discutées et acceptées par la commission des postulata: spécialement l'approbation générale qui est donnée aux constitutions et aux décrets du Saint-Siège. Il se plaint qu'on introduise des condamnations sans en justifier la définibilité, la nécessité, l'opportunité.

Mgr Salzano, Tanensis, loue le schéma en termes de rhéteur.

Mgr Kenrick, archevêque de Saint-Louis, demande qu'on supprime les premiers canons.

Le cardinal Schwarzenberg se plaint du règlement, du défaut de dis­cussion, etc. Cela n'est guère ad rem. Il est rappelé à l'ordre. Il répond que ces choses se rapportent au schéma comme l'arbre au fruit.

Mgr Bravard, de Coutances: courtes observations sur la longueur des phrases, la difficulté du style, etc.

Mgr Simor répond aux discussions entendues. Il acceptera les modi­fications de style, il explique l'introduction de choses nouvelles.

La discussion générale est close.

Mgr Moreno, Ipporegiensis, et Mgr Gandolfi, de Corneto, proposent des modifications de détail.

Mgr de Dreux-Brézé demande qu'il soit ajouté que le Saint-Siège a suffi à tous les besoins de l'Église.

Mgr Strossmayer: le paragraphe cinquième36) choquerait les protes­tants, auxquels il attribue toutes les erreurs modernes. Il y a des protes­tants qui ont combattu avec nous ces erreurs, v.g. Leibnitz et Guizot dont les méditations religieuses devraient être dans toutes les mains.

Le cardinal De Angelis interrompt: «On peut croire à la bonne foi des peuples mais non des lettrés». L'orateur insiste.

Le cardinal Capalti: «Vos paroles offensent les oreilles de la ma­jorité».

Mgr Strossmayer récuse le jugement de la majorité, conformément à une protestation qui a été faite par plusieurs contre le règlement du Concile. Il n'accepte que le jugement de l'unanimité ou dé la presque unanimité.

Le cardinal Capalti expliqué qu'en ce paragraphe les protestants ne sont pas nommés et que seulement le principe du libre examen est donné comme la source des erreurs modernes. Les deux orateurs parlent en­semble. Mgr Strossmayer répète plusieurs fois: «Protestor contra omnem interruptionem».

Les présidents se lèvent, sonnent et crient à l'orateur de des­cendre.

Beaucoup de Pères se lèvent et crient: satis, satis, descendas, etc.

Un d'eux: Et nos omnes protestamur contra te.

Un autre: È un uomo pestifero, questo.

Émotion générale.

Cette séance laisse à tous une impression pénible. On en parle à mots couverts l'après-midi dans la ville. C'est la mauvaise journée du Concile.37)

Mgr Caixal y Estrade, évêque d'Urgel, propose d'indiquer le Souve­rain Pontife après Notre-Seigneur comme fondement de l'Église et com­me centre d'union.

Mgr Ferre, de Casal: critiques grammaticales.

Mgr Meignan, de Châlons-sur-Marne, sur le paragraphe cinquième, origine du naturalisme, dit qu'on l'attribue trop aux protestants; que ce paragraphe cinquième est obscur; qu'on y a omis le criticisme au nombre des erreurs relatives à l'Écriture Sainte. Il propose en somme les mêmes observations que Mgr Strossmayer, mais avec plus de réserve dans la forme.

Mgr Magnasco, évêque de curie: corrections de détails. Mgr Whelan, de Wheeling: id.

Mgr Haynald demande «ut propositio Ill.mi Molinensium episcopi [Dreux-Brézé] insuper habeatur», parce que elle introduirait incidem­ment l'infaillibilité du Pape, ce qui empêcherait d'arriver à une prompte rédaction de ce schéma, pour avoir une session.

Mgr Filippi, d'Aquila: corrections grammaticales.

La discussion sur le Prooemium est close. On imprimera les propo­sitions et corrections demandées et on votera un autre jour.

Mgr Ballerini, patriarche d'Alexandrie, NN. SS: les évêques de Cor­neto et d'Urgel et Mgr Dubar, évêque de Canatha, vicaire apostolique de Pet-chili oriental, proposent es corrections de détails. Celui-ci en particulier demande qu'on distingue les attributs divins en absolus et relatifs.

Mgr Fogarasy, évêque de Transylvanie, demande avec plusieurs au­tres qu'on supprime les premiers canons.

Mgr Hefele, de Rottenbourg, dit qu'il faut citer tous les attributs divins ou n'en citer aucun:

Mgr Dubreil, d'Avignon, rejette les premiers canons. Le Concile ne devrait pas faire de la philosophie, autrement il devrait définir trop de vérités philosophiques, supposées par la révélation, et il confondrait la raison avec la foi…

Mgr Ullathorne, de Birmingham, propose des corrections de détail.

Mgr Clifford, de Clifton: id.

Mgr Eberhard, de Trêves: id.

Mgr Ramadie, Elnensis, propose, pour exprimer la fin de la création, la formule de St. Thomas: Vult omnia esse propter se.

Mgr Gastaldi, de Saluces, défend les canons.

Mgr Melchers, de Cologne: critiques de détail.

Mgr Meurin, évêque d'Ascalon, vicaire apostolique de Bombay: id.

Mgr Ballerini, patriarche d'Alexandrie, distingue deux règles d'in­terprétation de l'Écriture: sensus quem tenet Ecclesia et unanimis con­sensus Patrum.

Mgr Ricciardi, de Reggio [Calabria]: critiques de détail.

Mgr Cantimorri, de Parme: id.

Mgr Gandolfi, de Corneto, voudrait éliminer tout ce qui est doctrine d'école, comme le traditionalisme, la possibilité de l'état de pure nature.

On peut soutenir, dit-il, que Dieu devait à sa justice et à sa bonté d'éle­ver l'homme à l'état surnaturel.

Mgr Garcia Gil, de Saragosse, membre de la députation, répond que le traditionalisme rigoureux, qui soutient que la raison ne peut pas prou­ver l'existence de Dieu, a déjà été condamné par le Saint-Siège.

Rapport de Mgr Simor sur les amendements proposés pour le prooe­mium. La plupart sont relatifs au style. La commission en tiendra compte. Leurs auteurs ne demandent pas le vote. Trois touchent à la doctrine. L'orateur répond d'abord à l'objection relative à la genèse des erreurs. On a indiqué la source principale, le principe du libre examen; comme le Saint-Père le fit dans la Bulle de convocation.

Première proposition: «errores indigitare iis qui volunt salvi fieri», au lieu de «errores damnare»; c'est contraire à l'usagé et à la mission de l'Église.

Seconde proposition: ajouter «definientibus»; «judicantibus» est plus large, suffisant et conforme à l'allocution du Saint-Père du 8 dé­cembre et aux Actes des Apôtres.

Troisième proposition: «supprimer le témoignage rendu au Saint­-Père sur le zèle à réprimer les erreurs». Ce témoignage est fondé, tou­tes les Encycliques en font foi. Les amendements sont retirés, il n'y a pas lieu à voter.

Mgr Filippi, d'Aquila, défend le traditionalisme, que le schéma ré­formé condamne plus encore que le premier. Il cite les actes prudents du Saint-Siège et du Concile d'Amiens.

Mgr Dechamps répond qu'il y a d'autres actes du Saint-Siège, qui condamnent le traditionalisme dans la même mesure que le schéma. Mgr Caixal, d'Urgel, parle longuement du traditionalisme. Le Con­cile manifeste sa fatigue. L'orateur s'arrête et déclare qu'il remettra le reste à la députation.

Mgr Amat, Montereyensis, Mgr Rota, de Guastalla, Mgr Pettinari, Nucerinus, et Mgr Martinez, de la Havane, parlent sur le traditiona­lisme. Ce dernier voudrait que le Concile ne s'occupât point des questions hypothétiques, comme l'état de pure nature, mais seulement des réalités. Il propose une formule qui établit que nous tenons du bienfait de la révélation les vérités mêmes naturelles.

Mgr Gastaldi défend le traditionalisme, la nécessité de l'institution divine pour le langage. Il voudrait que l'on tranchât la question pour l'authenticité des parties de la Vulgate, (par ex. I Joan., V, 7), en ap­prouvant l'édition de Clément VIII.

Mgr Khayatt voudrait qu'on réglât les éditions et traductions de l'Écriture Sainte, et qu'on renouvelât la défense de s'en servir ad vana, scurrilia, etc.

Mgr Vespasiani, Fanensis, parle sur l'Écriture.

Mgr Manning annonce que la députation introduira un amendement. Mgr Maret: la formule du schéma d'après laquelle Dieu peut être connu per ea quae facta sunt, approuve le système péripatéticien ou sen­sualiste, et condamne le système sur l'origine des idées de Saint Augustin, de Saint Anselme, de la plupart des Pères. Il faudrait mettre que Dieu peut être connu argumentis metaphysicis, cosmologicis et moralibus, pour respecter les systèmes de l'ontologisme, des idées innées, de l'argument de Saint Anselme, qui est aussi celui de Saint Bonaventure et de Saint Thomas bien compris. Il n'y a de condamnable que l'ontologisme extrê­me qui se confond avec le panthéisme. Quelques écrits et journaux ont essayé en vain de faire dominer le système péripatéticien ou sensualiste. Il rend grâce de ce que l'on condamne le traditionalisme.

Pour la notion d'inspiration, il voudrait qu'on la renvoyât à un pro­chain Concile.

La notion du surnaturel donnée par le schéma n'est ni claire ni vraie. Mgr Faiet, dé Bruges, combat vivement le traditionalisme. Là où le schéma approuve la nécessité d'une institution, il y a une anguille sous roche. Le traditionalisme mitigé ne diffère pas en fait de l'extrême. Il nie la puissance de la raison. Il est condamné par le Saint-Siège, spéciale­ment par une condamnation des Congrégations de l'Index et du S. Office réunies.

Mgr Demartis, de Galtelli-Nuoro, défend longuement le traditionalisme contre son prédécesseur. Il dit que le traditionalisme modéré est plutôt approuvé par le Saint-Siège.

La discussion du second chapitre est close.

Long rapport de Mgr Gasser, de Brixen, sur les 47 amendements du I chapitre.

Vote: opposition pour effacer le mot Romana: les évêques d'Or­léans, Paris, Saint-Brieuc, Marseille, Sens, Kalocsa, Bosnie, Mayence.

Partage pour la virgule entre Romana et Ecclesia.

Pourquoi effacer ce mot Romana? On dit que cette épithète n'est pas nécessaire et qu'elle trouble les protestants. En réalité on agit par un sentiment de gallicanisme.

Rapport de Mgr Gasser concluant contre la virgule. Dans cette ex­pression «Catholica Romana Ecclesia», les deux mots Catholica et Ro­mana sont comme deux noms de la même personne. L'inconvénient qu'objectent les Anglais «qu'il pourrait y avoir plusieurs églises catho­liques», sera écarté par le schéma de l'Église.

La majorité vote contre la virgule. L'opposition comprend lés mê­mes que la veille, plus Soissons, Montpellier, Gap, Metz.

Les évêques suivants proposent seulement des observations de style et de détail:

Mgr Ballerini, patriarche d'Alexandrie, qui est long et provoque des rumeurs.

Mgr Vancsa, Fogarasiensis, de rite roumain.

Mgr Rivet, de Dijon.

Mgr Gignoux, dé Beauvais.

Mgr Cantimorri, de Parme.

Mgr Caixal y Estrade, d'Urgel, demande qu'on limite le temps ac­corde aux orateurs.

Mgr Ferrè, de Casal.

Mgr Martinez, de la Havane, demande qu'on remplace le mot «ma­gisterio ordinario Ecclesiae» par ceux-ci «magisterio ordinario Summi Pontificis Ecclesiae capitis». Nonne, ait, magisterium ordinarium Eccle­siae exercetur per Summum Pontificem, qui a 18 saeculis docet, et in­fallibiliter docuit, et infallibiliter docebit Ecclesiam usque ad consum­mationem temporum.. » Il ajoute: «Laetus sum si placet, laetus si non placet».

Mgr Magnasco, évêque de curie;

Le Rév.me P. Jandel, général des Dominicains;

Mgr Melchers, de Cologne, propose des formules de canons dont deux paraissent inexactes.

La séance se termine par un monitum du président sur la brièveté des discours et la charité fraternelle.

Mgr Errington, évêque in partibus de Trébizonde, demande qu'on supprime les mots «ordinario magisterio Ecclesiae», qu'un orateur pré­cédent a entendu de l'infaillibilité du Pape, afin de ne pas trancher incidemment et sans discussion la plus grave question du Concile.

Mgr Monzon, archevêque de Grenade;

Mgr Maupas, évêque de Zara;

Mgr Dupanloup: observations de détails et de syle, proposées «bumillime».

Mgr Amat, Montereyensis;

Mgr Dabert, de Périgueux;

Mgr Meurin, vicaire apostolique de Bombay;

Mgr Gandolfi, de Corneto;

Mgr Hefele demande qu'on n'ajoute pas de nouveaux anathèmes.

Les discussions se continuaient. On avait parlé longtemps du petit catéchisme, et comme c'était un sujet facile et pratique, beaucoup avaient voulu dire leur avis. On avait avancé la préparation de la constitution «de fide». Le traditionalisme avait trouvé d'assez nombreux défenseurs en France, en Italie, en Espagne. Cependant il devait succomber.

Au 7 mars, le jour de la fête de Saint Thomas d'Aquin, on a dis­tribué au Concile le schéma de l'infaillibilité. Pie IX ne s'est arrêté ni devant l'agitation de quelques prélats ou écrivains gallicans, ni devant les menaces maladroites de M. Daru, ministre français.38) Ce monsieur a prononcé son «Quos ego»; il a parlé de retirer la garde qui veille aux portes du Concile. La France devait hélas! la retirer quelques semaines plus tard et cela ne lui a pas porté bonheur.

M. Bougaud prêchait le carême à Saint-Louis, et M. Chambalot à Saint-André della Valle. M. Chambalot avait admirablement bien com­pris notre temps. Il avait devancé les Ketteler et les Manning. Il avait compris que l'avenir était à la démocratie et qu'il fallait aller au peuple pour le christianiser. En 1850, il écrivait aux évêques de France et leur signalait l'inertie du clergé et les périls qu'amènerait une démocratie païenne et sauvage. En 1861 il était intervenu auprès de l'impératrice. Il voulait faire de l'empereur un Charlemagne et relever la religion par l'action de l'empire. En 1870, il écrivait une lettre à M. Emile Ollivier sur le choix des évêques. Au retour du Concile, il prédit la chute de l'empire qui se montrait sournoisement hostile à l'Église. Le grand ora­teur écrivait: «Une démocratie sauvage selon toute apparence débor­dera sur toute cette Europe devenue païenne. J'espère que l'Église fera un de ses plus grands miracles en la convertissant». Il voyait donc la situation comme Léon XIII devait la voir quelques années plus tard.

Cependant plusieurs brochures paraissaient et se répandaient. Il y avait un petit concile à la porte du Concile. Soixante-dix évêques de l'opposition signaient et publiaient un postulatum contre les modifica­tions au règlement.39) La pièce paraissait dans le journal La Perseveranza. Mgr Dupanloup répondait par une brochure à Mgr l'archevêque de Ma­lines.40) Mgr de Malines répondait au P. Gratry; le vicaire apostolique de Ceylon à Mgr Dupanloup.41) On lisait ces brochures avec curiosité; elles ne modifiaient guère les opinions.

La mort de M. de Montalembert, survenue le 13 mars, provoqua un très curieux incident. Il est d'usage, quand un grand catholique meurt, qu'on célèbre à Rome un service pour son âme. Qu'allait-on faire pour M. de Montalembert? Il avait rendu autrefois de grands ser­vices à l'Église, soit par ses écrits, soit au parlement; mais dans ces der­niers temps il avait été un des protagonistes de la cause gallicane. Les op­posants du Concile voulaient lui faire un triomphe et spéculer sur cette mort. On demandait un service funèbre à l'église d'Ara Coeli, on par­lait d'un discours de l'évêque d'Orléans. Le dimanche 16, au sermon de carême de Saint-Louis des Français, le prédicateur M. Bougaud annonçait le service et terminait en disant: «A demain, à l'Ara Coeli, c'est-à-dire au Capitole». Le lundi 17, les évêques gallicans étaient à l'Ara Coeli. On y voyait les évêques d'Orléans, de Sura, de Luçon, de Perpignan, de Cahors, d'Oran, etc.42) Mais, ô déception, le service était contremandé, on ne savait si c'était par le cardinal vicaire ou par le Pape. Et le 18, le Saint-Père faisait célébrer un service dans l'église de Sainte-Marie in Traspontina et il y assistait lui-même dans une loge grillée.43) C'était bien là un de ses tours malicieux comme savait en jouer Pie IX.

Au 15 mars, quelle belle fête et quel beau jour! Le Pape se rend à l'église de la Minerve pour prier la Sainte Vierge. Tous les Romains courent sur son passage. pour voir les nobles splendeurs du train de gala, mais aussi et surtout pour revoir leur père bien-aimé. Toutes les rues du Vatican à la Minerve sont sablées, les maisons sont pavoisées. Tou­tes les cloches sonnent. Aux approches de la Minerve, la foule fait masse. La troupe se serre pour garder le passage libre. Le cortège arrive. Après le peloton de vigoureux gendarmes à cheval, c'est le battistrada, cavalier très chamarré qui précède les carrosses. Puis deux voitures d'officiers et de serviteurs ecclésiastiques et laïques. Puis le prélat sacriste portant la croix sur une mule caparaçonnée. Ce n'est pas le personnage le moins remarqué du cortège. Après cela viennent les voitures de gala des car­dinaux, puis enfin le carrosse du Pape, tout d'or et de glaces, à six che­vaux conduits par deux postillons. Le Pape est assis au fond du carrosse, comme sur un trône; en face de lui sont deux cardinaux. On s'agenouille, le Pape bénit. Les gardes nobles et un peloton de dragons terminent le cortège. Sur tout le parcours, on crie: Vive le Pape-Roi; mais devant le Séminaire Français commence un cri nouveau, qui se répète et se ré­percute jusqu'à la Minerve: Vive le Pape infaillible!44)

===XVII TRAVAUX D’AVRIL===

Les travaux continuent. On vote sur le I chapitre «de fide». Il y a cinq ou six opposants:45) Mgr Vérot de Savannah, Mgr Alemany de San Francisco (de la députation), etc.

Mgr Dubreil, d'Avignon, parle de sa place. Il est peu entendu. Il traite de la liberté de la science, de son accord avec la foi.

Mgr de Marguerye, d'Autun, même sujet.

Mgr Gandolfi, de Corneto, id.

Mgr Renaldi, de Pignerol, parle avec précision et avec méthode. Il propose des observations de détail qui paraissent justes. Il demande qu'on efface «caliginem» en parlant des mystères; «velum» suffit.

Mgr Ginoulhiac: l'Église doit affirmer la liberté de la science, sur­tout pour plusieurs sciences qui n'ont pas de rapport avec la foi; elle doit la limiter dans ce qui est de son domaine; elle doit la protéger parce que la science lui vient en aide. (Ici l'orateur laisse tomber ses feuilles qui s'envolent dé la tribune; il en demande pardon, on en rit, cela repose un peu).

Mgr Caixal, d'Urgel, dès qu'il paraît à la tribune, les deux-tiers des Pères quittent la salle.

Mgr Ferrè, de Casal;

Mgr Celesia, Pactensis;

Mgr Magnasco, de Bolina in partibus;

P. Ricca, Corrector generalis Ordinis Minimorum;

Mgr Gastaldi. Les Pères lui laissent entendre qu'il parle trop sou­vent. Il répond à Mgr Ginoulhiac: l'Église a toujours favorisé la science. Mgr Mermillod reprend la même thèse: Si non accentu recto, saltem corde catholico et romano. L'Église est la mère des sciences, de l'ensei­gnement, des universités. Elle n'a pas besoin de le rappeler, elle doit affirmer son droit de les diriger. C'est leur avantage. Sans elle, les scien­ces s'égarent… Veritas liberabit vos. Approbation générale: Bravo… Bene. (Mgr Thomas rit du latin et dit: c'est un coup de trompette, un coup de clairon).

Rapport sur le chapitre II par Mgr Gasser. Vote sur les amende­ments proposés.46) Plusieurs sont admis. Le 7ème, qui est de Mgr Maret, est repoussé. Il visait à faire valoir l'argument de Saint Anselme. La députation répond que le texte n'entend pas condamner l'argument de Saint Anselme, quoi qu'il en soit de sa valeur. Il y a une quinzaine d'opposants; Paris, Orléans, Marseille, Montpellier, Soissons, Metz, Reims, Kalocsa, Bosnie, etc.

Aux amendements relatifs au traditionalisme, la députation répond qu'elle propose un principe certain qui condamne directement le ratio­nalisme absolu (crudior), mais que le rationalisme mitigé (mitior) peut aussi en être atteint.

Pour ce qui est de l'Écriture Sainte, on rejette l'approbation directe de l'édition de Clément VIII, qui est encore imparfaite et qui laisse du doute pour quelques versets.

Pour l'inspiration, on condamne l'opinion de Louvain, d'après la­quelle l'approbation de l'Église serait suffisante pour constituer l'inspi­ration; mais on ne condamne pas l'opinion de Lessius d'après laquelle l'approbation subséquente par Dieu serait suffisante.

Sur les paragraphes quatrième et cinquième du Chapitre II.47)

Pour ce qui est du devoir d'interpréter les textes dogmatiques de l'Écriture selon le sens de l'Église et des Pères, on admet une formule à la fois positive et négative comme à Trente, afin d'exclure l'erreur qui dit qu'on peut nier l'interprétation traditionnelle de l'Église, pourvu qu'on retienne le dogme.

Rapport sur le chapitre III par Mgr Martin, évêque de Paderborn, orateur diffus et peu intelligible.48)

Plusieurs amendements sont admis. Le texte exclut à la fois le ratio­nalisme et le quiétisme.

Pour satisfaire aux objections sur le magistère ordinaire de l'Église, on met «ordinario et universali magisterio», pour marquer qu'il s'agit de l'Église dispersée et non du Pape seul.

Suite de la discussion et du vote des amendements au chapitre III du 50e amendement au 106e.49)

On traite incidemment de l'action de la grâce. «Errantes Dominus gratia sua excitat et adjuvat, ut ad cognitionem veritatis venire possint - credentes autem, ut in hoc eodem lumine perseverare possint, gratia sua confirmat, non deserens nisi deseratur ».

Le canon 3e est contre l'erreur d'Hermes qui dit que la foi est un acte nécessaire et forcé de la raison.

Le canon 6e est contre une autre erreur d'Hermes qui établit le doute positif en théologie, erreur bien dangereuse déjà condamnée par Gré­goire XVI.

Votes divers.50)

Rapport de Mgr Pie sur le IV chapitre. Discours clair, modeste et très goûté. Il excuse sa prononciation française: «multifariam multis­que modis locutus Deus a patribus…».

Il est courtois pour les opposants: «Reverendus admodum emen­dator (Ginoulhiac)». Il sait son latin classique: «effata in Tullio sonat axiomata». Il admet quelques mots de l'amendement de Mgr Ginoulhiac sur la liberté des sciences «justam hanc libertatem agnoscens…» sans vouloir déclarer ici et presque définir l'indépendance absolue de quelques sciences, que la théologie peut «ut ancillas vocare ad arcem». Saint Thomas.

Ses propositions obtiennent des votes presque unanimes.51)

Vote du III chapitre.52)

Mgr Pie avait annoncé qu'on différait à un autre schéma le dernier paragraphe du chapitre IV, c'est-à-dire l'avis relatif au devoir d'obéir aux décrets du Saint-Siège qui réprouvent des erreurs sans les taxer d'hérésie. Il revient là-dessus au nom de la commission. Le motif est que le public connaît ce projet et qu'on paraîtrait reculer. On vote en ce sens. Il y a une trentaine d'opposants, qui paraissent se soucier fort peu de l'autorité doctrinale du Saint-Siège.

Mgr Pie résume ensuite en beau latin un peu recherché les premiers travaux du Concile. Le Concile avait été préparé comme il devait, on le nierait iniquement. Les évêques ont perfectionné le travail de leurs inférieurs les théologiens. Ils vont produire en session cet «argentum purgatum septuplum».

On vote le chapitre IV en entier. Il y a peu d'opposants.

On vote ensuite l'ensemble du schéma.53) Il y a 598 votants: 141 absents dont 13 cardinaux. Il y a 515 placet, 83 placet juxta modum.54)

Parmi ces votants avec réserve, il y a 31 français: Paris, Reims, Sens, Avignon, Autun, Metz, Dijon, Albi, Orléans, Moulins, Langres, Char­tres, Grenoble, Nice, Troyes, Luçon, Montpellier, Saint-Brieuc, Sois­sons, Châlons, Perpignan, Marseille, Cahors, Bayeux, Nancy, Constan­tine, Oran, Ajaccio, La Rochelle, Viviers, Gap.

Les autres sont: le cardinal Rauscher, Mgr Simor et les évêques sui­vants: S. Ludovici, Cincinnati, Bugellensis, Ipporegiensis, Baltimorensis, Colocensis, Vhelingensis, jam Liparensis, Birmingham, Aquipendiensis, Ramathensis, Dauliensis, Moguntinus, Bosniensis, Clonfertensis, Melbur­nensis, Ferentinus, Bruklymensis, Derriensis, Guastallensis, Plymuthen­sis, Natchetensis, Cliftoniensis, S. Augustine, Northantoniensis, Apruti­nus, Samaraiensis, Würtzburg…, Belemensis, Trevirensis, Albanensis in America, Bostoniensis, Petriculanus, Galtellinensis-Norensis, Salutiarum, Varmiensis, Harrisburgensis, Rossensis, Ludovicopolitanus, Eriensis, Cassoviensis, Magnovaradinensis Latinorum, quinque ecclesíarum, magister generalis Barnabitarum, et six autres dont j'ai mal entendu les noms.

Le président clôt la séance en disant: «Horum conveniens ratio habebitur».

Rapport de Mgr Gasser sur les 148 modi proposés à la congrégation précédente.55)

Le cinquième (qui reproche de ne pas parler du Pape dans le prooe­mium) a été pénible à la députation. Si elle n'a rien dit de plus des mérites du Souverain Pontife, c'est que ce n'était pas le lieu, car il s'agissait seulement dans ce prooemium de relier le Concile aux Conciles précédents.

On admet l'amendement: «Sancta Catholica Apostolica Romana Ec­clesia», sans virgules, à cause des protestants anglais.

Beaucoup d'amendements ne regardent que le style; beaucoup sont déjà exclus pour des raisons nouvelles.

Sur le fait de la connaissance de Dieu en dehors de la révélation: 1° il ne s'agit que de la puissance de le connaître; 2° quant au fait lui-même, les païens, comme Aristote (in fine Physicae) et Eudemius son disciple, ont connu que Dieu est principium et finis omnium, et il écrit de très belles choses sur Dieu et son culte. Saint Paul reproche aux païens d'avoir connu Dieu et de ne pas l'avoir adoré comme tel, et il parle seulement de la connaissance ex creaturis.

Les monita, qui terminent le décret, sont d'autant plus nécessaires que ce serait un péril immense si on disputait librement dans les écoles tout ce qui n'est pas défini de foi.

On adopte unanimement deux amendements.56)

Le reste n'est pas soumis au vote, comme ayant été déjà jugé.

La session est fixée par le Pape au 24.

===XVIII A LA VEILLE DE LA TROISIÈME SESSION=== Nous allons donc avoir la promulgation du beau décret «Dei Filius».57)

Il rappelle comment la divine Providence a pourvu par les Conciles à la conservation de la doctrine révélée. Il nous montre dans le libre-­examen inauguré par le protestantisme la source de toutes les erreurs modernes.

Il expose la doctrine sur la création, sur la révélation, sur la foi, sur les rapports de la raison et de la foi. Il stigmatise l'athéisme. Il condamne le matérialisme, le panthéisme sous toutes ses formes.

Il combat à la fois le traditionalisme et le rationalisme.

Il nous montre la nature humaine élevée à une fin surnaturelle et la raison élevée par la grâce à la foi.

Il revendique l'authenticité des Écritures et définit les conditions de la révélation et de l'inspiration.

Il accorde à la raison une juste liberté dans le domaine des sciences, tout en revendiquant pour l'Église la souveraine autorité doctrinale.

Ce sont là les grands principes de la philosophie chrétienne. C'est le fil conducteur que Dieu nous a donné pour marcher sûrement dans le labyrinthe de cette vie.

Louis Veuillot, comparant l'autorité divine de l'Église avec l'auto­rité frelatée, que s'attribuent soit les tyrans soit le suffrage populaire, écrivait cette belle page: «L'humanité a présentement sous les yeux les deux cités, les deux sagesses, les deux forces de ce monde, agissant chacune à sa manière (on préparait le plébiscite).58) De part et d'autre, le genre humain peut voir comment on le considère, comment on pré­pare ici et là les lois entre lesquelles il devra choisir. Il connaît de part et d'autre, l'esprit, les moyens, le but. D'un côté, la révélation divine, l'Église et le Pape dans leur unanimité légèrement agitée à la surface, mais certaine et invincible; de l'autre, la cohue des prétendues révéla­tions particulières dans leur fondamentale et perpétuelle contradiction. D'un côté, l'étude pieuse de la tradition, l'amour scrupuleux de la loi et de la règle, l'horreur de toute nouveauté, de toute violence et de tout hasard, le respect de tout droit, le zèle de tout bien; de l'autre, l'audace lâche ou impie de toute aventure, la lassitude de tout devoir, le mépris de toute certitude, les convoitises débridées de l'orgueil et des sens. Enfin, d'un côté la prière qui implore une manifestation de l'esprit de Dieu pour établir l'avenir dans la paix de la règle et de la lumière; de l'autre, les empressements de la ruse, les arrogances de la force, le dé­dain de tout le reste.

Oh! que je me sens, pour mon compte, fixé à jamais! Oh! que ma raison est fière de s'incliner devant l'infaillibilité qui lui sera imposée à Rome, et de se révolter contre l'infaillibilité dont on prétend l'investir à Paris! Combien je me promets d'obéir inébranlablement à l'une, et de lui soumettre inébranlablement l'autre, quelque maître et docteur que cette autre me prétende donner! Et j'espère qu'ainsi fera prochainement le peuple entier du Christ, saturé des longues injures qu'on lui fait subir. J'espère qu'il reportera au Christ et au Vicaire du Christ toute sa mâle obéissance, depuis trop longtemps polluée par de stupides et inju­rieuses dominations: domination de doctrines, de politiques et de cou­tumes corrompues; domination qu'il faut secouer et abolir, au moins pour notre part, quoi qu'il en puisse coûter! J'espère que ce sera là le prompt résultat du Concile: dans le monde entier, il hâtera cette Pâque, ce jour du Seigneur où enfin la conscience catholique, abreuvée de tra­hisons et de hontes, refusera d'en porter davantage. Alors, obéissant à Moïse, nous sortirons. Nous commencerons de tracer le chemin royal par où la Croix et la liberté et la raison, ensemble bannies, ensemble rentreront dans le monde. Nous retrouverons notre honneur, cet honneur du baptême et de la foi qui fit ici des miracles encore subsistants. D'ici furent enfin chassés l'infaillible Brutus et l'infaillible César. Ici, le Vicaire du Christ vint à leur place, et tirant l'âme humaine de l'abjection où l'avait jetée le pouvoir de l'homme, il la mit sur un trône dans la lumière de Dieu. Nous sommes retombés à César et à Brutus, qui se disputent cette proie avilie. Il faut que Pierre recommence son travail, nous délivre encore une fois. Pasce agnos! Elève ton sceptre, pasteur du monde, et qu'on le voie de loin! C'est le moment de rassembler le troupeau pour un exode immense. Nous connaîtrons ta main, nous connaîtrons ta voix, et celui qui ne sera pas avec toi, nous ne le connaîtrons plus! ».59)

===XIX LA TROISIÈME SESSION=== Au jour de la session, Louis Veuillot écrivait: «En ce moment, Rome, c'est-à-dire un abrégé des peuples, remplit la basilique vaticane. Les portes de la salle conciliaire sont ouvertes; le Concile est assis, pré­sidé par le Pape entouré du Sacré Collège.

Dans le Sacré Collège, il y a un homme, notre cardinal de Bordeaux, qui a reçu la bénédiction de Pie VI détrôné, prisonnier et mourant, et on lui disait: «c'est le dernier Pape!». Il est là; il voit Pie IX vivant, libre, sur son trône, roi de la vie et de la mort, ouvrant et fermant le ciel, proclamant la vérité qui est la vie et qui enfante la vie, jetant l'anathème et la foudre à l'erreur qui est la mort.

Qu'en dis-tu Voltaire? Qu'en dites-vous, Frédéric le Grand, Catherine la Grande, Napoléon le Grand, et toi aussi, Havin le Grand, dernier héritier de Voltaire?

A la messe, aujourd'hui, l'Église chante la parole de Saint Jean: Et haec est victoria quae vincit mundum, fides nostra. Quis est, qui vincit mundum, nisi qui credit quoniam Jésus est Filius Dei?

Quel accent prend en cette rencontre l'Alleluia de Pâques, qui re­tentit durant tout le cours du saint sacrifice! Que ces choses sont solen­nelles et divines, mais inexprimables! Il y a une lumière d'or, un air vif, une tranquillité de joie et un rayon d'allégresse partout. Qui pour­rait peindre cette physionomie de Rome, cette douceur de la terre, du ciel et des âmes!».60)

C'étaient là nos impressions à tous. Cette session, en présence d'une foule vraiment catholique et cosmopolite qui remplissait Saint-Pierre fut vraiment d'une solennité supraterrestre et inexprimable.

Le vote des Pères fut unanime.61) A la fin de la Session le Saint-Père prononça ses paroles: «Tous les Pères du Concile, ayant sans exception aucune, répondu placet aux décrets et aux canons que l'on vient de lire, Nous-même, Nous définissons dans le même sens les vérités contenues dans ces décrets et canons, que nous confirmons de notre autorité apos­tolique».

Et il ajoutait: «Vous voyez, très chers Frères, combien il est bon et doux de marcher d'accord dans la maison du Seigneur, de marcher dans la paix. Marchez toujours ainsi. Et parce que, à pareil jour, Notre Seigneur Jésus-Christ donna la paix à ses Apôtres, moi aussi, qui suis son Vicaire indigne, en son nom, je vous donne la paix.

Cette paix, vous le savez, chasse la crainte, cette paix, vous le savez encore, fait fermer les oreilles aux discours du dehors. Oh! que cette paix vous accompagne tous les jours de votre vie! Quelle soit votre consolation! qu'elle soit votre force au moment de la mort! Qu'elle soit votre joie éternelle dans les cieux!».62)

===XX AUTOUR DU CONCILE [IN APRILE]=== Nous avons eu dans ce mois la belle fête commémorative du 21 avril et les solennités pascales.

La messe du Pape à Saint-Pierre est bien belle; mais l'heure la plus solennelle de ces beaux jours, c'est celle de la bénédiction pontificale donnée à l'Église et au monde.

«A la Pâque de l'an de salut 1870, l'admiration coulait et débor­dait sur la place de Saint-Pierre comme un fleuve du Paradis. Le monde était là substantiellement; on entendait parler toutes les langues. Il y avait là deux cent mille personnes, et un seul cœur, un seul regard, fixé sur un seul point. Cette place, où aucun espace ne restait vide, ressem­blait à une immense prairie de fleurs où le vent formait de douces ondu­lations. Les terrasses et la colonnade, peuplées de statues et de vivants aux vêtements variés, offraient le même décor joyeux, magnifique et tranquille. Au milieu, l'obélisque du jardin de Néron, relevé par la main de Sixte-Quint et portant la croix, disait la foi et l'attente de cette mul­titude: Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. C'est donc là que Néron a versé tant de sang chrétien, et de ce sang est ne cette florai­son que tant de siècles n'ont pas fauché et qui renaît toujours; et le corps de Pierre transporté là n'a cessé de renaître et de fleurir; et cet épi broyé donne toujours son froment au monde!

Un grand silence s'est fait, l'espace qui contenait deux cent mille vivants est silencieux comme le désert. Le Pape est apparu. Il s'avance du fond; porté sur la sedia sans mouvement apparent, comme un astre ,et une vision. Il se lève dans son vêtement d'or; toute tête s'incline, tout genou fléchit, sa voix se fait entendre: Benedicat vos omnipotens Deus! Il bénit le monde, et si le monde entier était là, chacun se sentirait placé dans ses bras ouverts pour embrasser le monde…

Quel est le maître de cérémonies qui a inventé cette chose si simple, la bénédiction papale du jour de Pâques, et réglé de mettre ainsi en présence, sur la place de Saint-Pierre, le souverain temporel de Rome et le peuple romain, le souverain spirituel du monde et le monde? Je dis que ce maître des cérémonies a été un poète de premier ordre, et qu'il a trouvé un tableau, un chant et une action qui l'emportent sur beaucoup d'illustres chefs-d'œuvre. On m'a rapporté que Pie IX n'est pas le moins ému de cette scène sublime. Il disait un jour: Quand je donne cette bénédiction, je me sens vraiment Pape. Je sens que le cœur et la main du Pape sont dans le cœur et la main de Dieu, bénissant le monde…

Le soir on a eu l'illumination de la coupole, autre poésie étrange et saisissante. Rome est un bel instrument, et quels artistes pour en jouer! Honorons encore la mémoire de l'inconnu de génie à qui est venue cette idée d'illuminer le dôme de Saint-Pierre et d'exécuter le changement de feu.

Vous savez que la coupole est d'abord illuminée sobrement comme par grains, de façon à la profiler dans la nuit. C'est déjà très beau et très grand. Puis tout à coup, en un clin d'oeil, toute la montagne s'allu­me et la croix se dessine flamboyante sur la montagne de feu. Un bruit d'applaudissement s'élève de la ville et des terrasses peuplées de spec­tateurs, un soude d'admiration semble venir des espaces réjouis, et les étoiles prennent plaisir à regarder la terre ».63)

«Il n'y a pas de belles fêtes sans lendemain. On entend bien cela ici. Le lundi de Pâques est un second dimanche. Toute la population en habit de fête se rend par les rues. Il n'y a point de travail… La mul­titude attend le feu d'artifice, la girandola. Ce divertissement lui est cher et elle a raison. Le feu d'artifice à Rome est une chose gracieuse, élégante et intelligente. Il dit toujours quelque chose. Il y a des caprices char­mants. Cette année, la pièce principale représentait la Jérusalem céleste. On aura beau: dire, il faut admirer un peuple à qui l'on peut donner de tels divertissements. Beatus populus, cujus Dominus Deus ejus ».64)

Au 21 avril on fêtait à Rome l'anniversaire du retour de Gaëte et de la préservation de Pie IX à l'accident de l'église Sainte-Agnès. Le peuple aimait cette fête et y manifestait le même amour filial pour son roi et pontife. Louis Veuillot avait raison de dire: «Il y a dans le monde un peuple qui est resté inviolablement fidèle à son roi vaincu et dé­pouillé, qui lui a voué plus d'amour à mesure que l'iniquité européenne lui infligeait plus de désastres, qui a connu la justice et la majesté de sa cause et ne l'a point trahie, qui, par son noble dédain, a déconcerté les séducteurs, et, par la constance de ses acclamations, a vaincu le men­songe persévérant de la presse, de la tribune et de la diplomatie. Ce souverain est Pie IX, le souverain prêtre; ce peuple, c'est le sage, pieux et véritablement auguste peuple romain, dont la foi, toujours vivifiée par celle de Pierre, ne peut défaillir… Quant au spectacle (de cette fête), il est difficile d'en donner une idée à qui ne l'a pas eu sous les yeux. Figurez-vous cette immense ville en feux de joie, en arcs de triomphe lumineux, en jardins lumineux, en pétards, en feux de bengale, en mu­sique, en inscriptions pleines de tendresse, de grâce, et la plupart du style le plus noble et le plus savant; quantité d'édifices admirablement décorés, les obélisques changés en colonnes de lumière, des rues entières transformées en palais de fées, dans les airs des fusées et des ballons chargés d'artifices; des lanternes de couleur partout, dans les rues pauvres et aux plus pauvres fenêtres; et tout cela varié, ingénieux, aimable et d'une bonne grâce exquise! Mais la foule était encore plus belle. C'était la foule qui faisait la grande surprise et le charme des étrangers. Elle formait le spectacle qu'on ne saurait trouver ailleurs et que Rome elle­-même ne reverra plus (hélas!). Non seulement les écoles, le clergé sécu­lier et régulier, mais aussi le Concile faisait partie de la foule. Les voi­tures entraient et circulaient là-dedans, sans autre force de police que quelques dragons pontificaux pour guider les files à certains affluents.

Point de police et point de heurt; pas un juron, pas une poussée. Tout le monde jouissait paisiblement de la fête dont chacun avait fait les frais, et chacun montrait à chacun de la déférence et la complaisance qui doi­vent régner entre les invités d'une fête… La plupart des motifs de déco­ration étaient religieux: ils représentaient des oratoires, des chapelles. La croix de Jésus et la croix de Pierre étaient partout; les lignes de feu figuraient des calices, des ciboires, des ostensoirs grandioses, encadraient le portrait de Pie IX ou l'image de la Madone».65)

«Le Pape s'est rendu, suivant l'usage, à Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Il y va remercier Dieu de l'avoir préservé en 1854. Il est rentré tard pour se donner aussi le plaisir de la luminara».66)


1)
Al card. Rauscher seguirono, nell’ordine, Kenrick, arciv. di St. Louis (Stati Uniti d’America), Tizzani, arciv. titolare di Nisibi, Apuzzo, arciv. di Sorrento, Spac­capietra, arciv. di Smirne, Pace-Forno, arciv. di Rodi e Malta, Connolly, arciv. di Halifax.
2)
Nella 5a congr. gen. presero la parola, nell’ordine, Vancsa, vesc. di Transil­vania, Strossmayer, vesc. di Sirmio e Bosnia, Ginoulhiac, vesc. di Grenoble, Caixal y Estrade.
3)
La congr. direttrice, preparatoria del Concilio Vaticano, dopo attento esame della cosa, nella seduta del 26 ottobre 1869, decise che la professione di fede sarebbe stata emessa dai Padri nella seconda sessione pubblica, per non prolungare maggior­mente, con questa cerimonia, la prima sessione, di per sè già abbastanza lunga. Alla seconda sessione parteciparono 707 Padri. Cf. l’elenco nella Coll. Lac., VII, 54-66.
4)
Cf. la formula intera nella Coll. Lac., VII, 51-52.
5)
Cf. Coll. Lac., VII, 52-54.
6)
Anche Fessler sottolinea lo spettacolo meraviglioso di unità offerto dall’atto della solenne professione di fede. Cf. Das Vatikanische Konzilium, dessen äussere Bedeutung und innere Verlauf, 2 ed., Wien 1871, p. 63 s. (citato in GRANDERATH, Histoire du Concile du Vatican, II-1, Bruxelles 1909, p. 142).
7)
Cf. L. VEUILLOT, Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, p. 137 ss. Il Dehon riporta qualche espressione dal Veuillot.
8)
Successivamente parlarono Spilotros, vesc. di Tricarico, Meignan, vesc. di Châlons-sur-Marne, Ramadié, vesc. di Perpignan, Del Valle, vesc. di Huanuco (Pe­rù), Khayatt, vesc. di Amadija, Papp-Szilágyi, vesc. di Oradea Mare.
9)
Lo schema de Episcopis, de Synodis, et de Vicariis Generalibus si componeva di sette capitoli (cf. Coll. Lac., VII, 641-645); quello invece de Sede Episcopali vacante ne comprendeva soltanto tre (cf. Coll. Lac., VII, 651-652).
10)
Sui due schemi presero la parola in sette congregazioni generali, 37 Padri. La diversità della situazione pastorale dei vari paesi, rappresentati nell’assemblea conciliare, spiega l’opposizione e le critiche, che subirono nella discussione gli schemi presentati dalla commissione preparatoria.
11)
Cf. Coll. Lac., VII, 659-660. Lo schema, composto di tre brevi capitoli, era stato distribuito ai Padri il 14 gennaio, nella 10a congr. gen. Nella discussione, protrattasi per otto congregazioni, si ebbero 38 interventi.
12)
Sugli schemi de Episcopis… e de Sede Episcopali vacante parlò per ultimo Audu, patriarca babilonese dei Caldei. Le sue osservazioni, scritte in lingua caldea, tradotte in latino furono lette dall’arciv. di Sens.
13)
Nel resoconto stenografico si legge: Vérot: «Devo confessare che non posso mai leggere senza distrazioni l’omelia di S. Agostino sui 38 anni del paralitico alla piscina di Betesda» (Giov. V, 5). Presidente: «Il rev.mo oratore voglia parlare con maggiore reverenza dei Santi Padri». Vérot: «Eminenza, io desidero parlare con ogni reverenza dei Santi Padri, ma talvolta “dorme anche il buon Omero”… Storie apocrife e omelie assurde, come quelle di S. Gregorio sull’allora imminente fine del mondo dovrebbero essere eliminate». Presidente: «Oggetto della discussione è la vita del Clero; l’autore ha suffi­cientemente espresso il suo voto per la riforma del Breviario».
14)
A Dinkel seguì sulla tribuna Jordà, vesc. di Vich e Solsona (Spagna).
15)
I diversi Postulata a favore e contro la definizione della infallibilità ponti­ficia si trovano raccolti nella Coll. Lac., VII, 923 ss.
16)
Cf. il testo nella Coll. Lac.; VII, 1376-1377.
17)
Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, p. 121.
18)
Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, pp. 123-124.
19)
L’osservazione è di Veuillot.
20)
Mons. Pedicini ha lasciato un diario sul Concilio Vaticano, ma nonostante le ricerche non siamo riusciti a trovarlo.
21)
L’ultimo oratore della 20a congr. gen. fu Emanuele del Valle, vesc. di Hua­nuco (Perù).
22)
Successivamente parlò Paolo Hindi, vescovo di rito caldeo di Gezir (Meso­potamia).
23)
Nella discussione dello schéma de parvo Catechismo ritornò frequente l’ac­cenno al catechismo del Bellarmino, perchè lo schema proponeva di comporre un catechismo comune, seguendo quello del grande teologo gesuita: «… Nos, sacro hoc approbante Concilio, ad exemplar proposito parvo Catechismo a Ven. Card. Bellar­mino iussu huius S. Sedis exarato omnibusque locorum Ordinariis commendato, alterum auctoritate Nostra latina lingua elucubrandum curabimus, quo omnes utan­tut, sublata in posterum parvorum Catechismorum varietate » Coll. Lac., VII, 663.
24)
A Scherr seguì Dinkel, vesc. di Augsburg, che parlò contro il progetto del­l’unico Catechismo.
25)
Cf. Decretum iussu Summi Pontificis in congregatione generali die 22 februarii 1870 promulgatum, quo rerum in Concilio agendarum pleniori expeditio­rique tractationi consulitur. Coll. Lac., VII, 67-68; CECCONI, Storia del Concilio Ecumenico Vaticano, parte I, vol. 1, doc. 54, pp. 130-132.
26)
Il card. Billiet, che contava ottantasette anni, non partecipò al Concilio.
27)
L. VEUILLOT, Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, pp. 262-263.
28)
Défense de l’Église Romaine contre les accusations du R. P. Gratry, Paris 1870.
29)
L. VEUILLOT, Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, pp. 263-264.
30)
Veuillot il 19 febbraio scriveva: « … Il m’a été dit qu’il (Papa) avait lu le matin ou la veille un article du Diritto cattolico de Modène sur cette phrase attribuée à M. de Falloux: L’Église n’a pas encore fait sa révolution de 89, et elle a besoin de la faire. A cette phrase qui l’a frappé, et qui est, en effet, le résumé de toute une doctrine religieuse et politique, le Saint-Père, profitant de la circonstance, a opposé la réponse que le monde entier entendra: C’est un blasphème ». Rome pen­dant le Concile, I, Paris 1872, p. 269. Qualche giorno dopo, il 27 dello stesso mese, Veuillot precisava: « Plusieurs personnes à Rome disent que la phrase attribuée à M. de Falloux par le Diritto cattolico, et qui a motivé la parole du Pape le jour de l’ouverture de l’exposition a été fabriquée par les ennemis de cet homme politique. On le sait positivement, ajoute-t-on, par une dénégation de M. de Falloux lui-même. Si M. de Falloux n’a pas écrit cette phrase, il lui sera facile de se justifier, et la censure de Pie IX ne tombera point sur son nom; mais elle n’en sera pas moins attachée à l’école dont cette phrase résume trop fidèlement la doctrine » ibid., p. 306.
31)
Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, p. 270.
32)
Rome pendant le Concile, II, Paris 1872, pp. 163-165.
33)
Rome pendant le Concile, II, pp. 165-166.
34)
Il nuovo testo, riveduto dalla deputazione della fede, si intitolava: Schema de fide catholica (cf. Coll. Lac., VII, 69-78). Esso fu distribuito ai Padri il 14 marzo insieme ad una relazione, che illustrava, come prescriveva il decreto del 20 febbraio, il lavoro compiuto dalla deputazione: Ratio de priore schemate dogma­tico emendando a Patribus deputatis servata (cf. Coll. Lac., VII, 78-80).
35)
Prima che avesse inizio la discussione, Simor riferì, a nome della deputa­zione, sul lavoro da essa compiuto ed illustrò brevemente lo schema (cf. Coll. Lac., VII, 80-88). Quindi il presidente, card. De Angelis, dichiarò aperta la discussione, la quale, secondo le prescrizioni del decreto del 20 febbraio, n. 7, doveva vertere prima su tutto lo schema in generale e poi sulle sue singole parti. Si iniziò dal proemio e poi si passò a ciascuno dei capitoli e dei canoni relativi. L’ordine della discussione era il seguente. I Padri, che lo volevano, si iscrivevano a parlare e per ordine esponevano, nella congregazione generale, il proprio pensiero, consegnavano quindi, per iscritto, ai presidenti gli emendamenti proposti. Questi, al termine della discussione di ogni singolo capitolo, venivano esaminati dalla deputazione rispettiva, la quale li ripresentava alla congregazione generale per la votazione. Prima però di procedere alla votazione, un membro della deputazione faceva una relazione sugli emendamenti proposti, illustrando il giudizio della deputazione. Si passava quindi alla votazione. Il sottosegretario leggeva il testo di ciascun emendamento, distribuito in precedenza ai Padri, e subito dopo si votava per alzata e seduta. Terminata la votazione sugli emendamenti, la deputazione modificava il capi­tolo secondo il voto espresso e sottometteva poi il testo del capitolo emendato ad una nuova votazione della congregazione generale per alzata e seduta. Infine, dopo le votazioni sui singoli capitoli, ritoccati secondo gli emendamenti approvati dalla maggioranza nelle congregazioni generali, veniva effettuata la votazione, per appello nominale, dell’intero schema nel suo insieme. Il voto era espresso con la formula: placet, non placet, placet iuxta modum. Avveniva poi, nella sessione solenne e pubblica, dinanzi al Papa, la votazione definitiva, per appello nominale; con la formula: placet, non placet.
36)
Nel manoscritto, a questo punto come pure più innanzi, quando si tratta dell’intervento di Meignan, chiaramente si legge: 5e. Bisogna però intendere: 3e. Infatti lo sviluppo degli errori religiosi dopo il concilio Tridentino viene esposto nei paragrafi 3°-4° del proemio dello schema de fide catholica e precisamente tali paragrafi furono attaccati dall’infelice intervento di Strossmayer.
37)
Granderath, che riferisce integralmente il resoconto stenografico della seduta, osserva che si verificò «une scène tumultueuse, unique dans l’histoire de ce Con­cile» op. cit., II-2, p. 45. L’irruente intervento di Strossmayer fece scattare la reazione della maggioranza, la quale nelle precedenti sedute aveva dovuto sopportare l’opposizione ostruzionistica della minoranza.
38)
Daru, ministro ai culti nel gabinetto E. Ollivier formato all’inizio di gen­naio del 1870, apparteneva al gruppo dei cattolici, che ispiravano Le Correspondant. Tra i suoi amici figuravano Montalembert, Gratry, Dupanloup. Egli nutriva sim­patie per la minoranza conciliare. Da un primo atteggiamento di apparente neutralità di fronte a quanto avveniva nel Concilio, passò gradatamente ad un aperto appoggio della minoranza ed arrivò ad una decisa azione di opposizione all’introduzione e discussione della infallibilità pontificia. Tale azione culminò nel Memorandum del 5 aprile. Cf. Coll. Lac., Documenta ad Galliam spectantia, VII, 1546-1569; GRAN­DERATH, Histoire du Concile du Vatican, II-2, Bruxelles 1911, p. 362 ss.
39)
Cf. Coll. Lac., VII, 958-968.
40)
Cf. Coll. Lac., VII, 1286-1295 (lettera del 30 nov. 1869 di Dechamps a Dupanloup; ibid., 1318 (risposta del 17 gen. 1870 di Dupanloup a Dechamps); ibid,. 1319 (replica del febb. 1870 di Dechamps); ibid., 1320-1339 (risposta del 1 mar. 1870 di Dupanloup); ibid., 1340-1352 (lettera del 12 mar. 1870 di Dechamps a Dupanloup ).
41)
Cf. Coll. Lac., VII, 1352-1355.
42)
Qualche altro nome è riferito da L. VEUILLOT, Rome pendant le Concile, I, Paris 1872, p. 366, che Dehon segue da vicino in questo punto.
43)
Cf. L. VEUILLOT, op. cit., I, p. 367. Egli cita un brano dal Journal de Rome del 18 marzo.
44)
Cf. L. VEUILLOT, op. cit., I, p. 391-395.
45)
I voti contrari al testo definitivo del cap. I, nuovamente emendato dalla deputazione della fede, furono esattamente otto.
46)
Terminata la relazione di Gasser, membro della deputazione, si votò fino al 35° emendamento proposto.
47)
Si continuò la votazione sui restanti emendamenti del cap. II.
48)
Dopo la relazione di Martin si votò sugli emendamenti proposti per il cap. III e si giunse al 53°.
49)
Fu eccettuato il canone quinto.
50)
Fu votato il testo integrale del cap. II, nuovamente emendato, e fu approvato all’unanimità. Successivamente, dopo la relazione di Martin, si ebbe la votazione sulla forma del canone quinto del cap. III.
51)
Dopo la relazione di Pie, si votò sugli emendamenti proposti per il cap. IV e si giunse al 47°. Alla fine della seduta fu distribuito ai Padri il testo nuovamente emendato del cap. III.
52)
Il testo emendato del cap. III fu approvato all’unanimità.
53)
Cf. il testo nella Coll. Lac., VII, 215-219.
54)
Giungeva così in porto, dopo circa quattro mesi di lavoro, la prima costi­tuzione de fide catholica: Lo schema nella sua prima stesura, con il titolo de doctrina catholica, aveva impegnato i Padri nelle sei congregazioni generali dal 28 dicembre 1869 al 10 gen­naio 1870. Esso non fu «sepolto», come qualcuno aveva chiesto durante il dibattito, ma venne affidato alla deputazione della fede per essere rielaborato. Durante i mesi di gennaio e febbraio 1870 vi lavorò una sottocommissione della deputazione della fede, composta da Dechamps, Pie, Martin, coadiuvati da Gay e Kleutgen. Lo schema prese una nuova forma e fu snellito, essendo stato ridotto a quattro capitoli, a ciascuno dei quali seguivano alcuni canoni. Anche il titolo fu così modifi­cato: de fide catholica. Dopo la discussione e l’approvazione dell’intera deputazione, il 14 marzo lo schema venne distribuito a tutti i Padri. Il 22 marzo, nella 31a congr. gen., si riprese, in seconda lettura, la discussione, chiusasi col voto favorevole del 12 aprile. Il 19 aprile furono approvati dalla congregazione generale due dei 148 emenda­menti proposti nella votazione del 12 aprile. Nella terza sessione pubblica, il 24 aprile, si ebbe la votazione definitiva e la promulgazione della costituzione dommatica de fide catholica.
55)
Cf. il testo degli emendamenti proposti nella Coll. Lac., VII, 219-232. La relazione di Gasser è riportata ibid., VII, 232-246. Cf. GRANDERATH, op. cit., II-2, pp. 129-144.
56)
Oltre l’emendamento già indicato, fu approvato quasi all’unanimità l’altro, riguardante il canone 3° del cap. II: «Si quis dixerit, hominem ad cognitionem et perfectionem, quae naturalem superet, divinitus evehi non posse, anathema sit» Cf. Coll. Lac., VII, 245.
57)
La costituzione si compone di quattro capitoli: I. Esistenza e conoscenza di un Dio personale; II. Necessità della rivelazione divina; III. Essenza della fede; IV. Rapporto tra fede e ragione; e di diciotto canoni. Cf. Coll. Lac., VII, 248-257.
58)
Le parole tra parentesi sono aggiunte dal Dehon.
59)
L. Veuillot, Rome pendant le Concile, II, Paris 1872, pp. 14-16.
60)
L. VEUILLOT, Rome pendant le Concile, II, Paris 1872, pp. 19-20.
61)
Erano presenti 667 Padri. Cf. l’elenco nella Coll. Lac., VII, 257-268.
62)
Cf. Coll. Lac., VII, 267-268.
63)
Questo lungo brano, riportato dal Dehon tra virgolette, senza l’indicazione dell’Autore, è preso da L. VEUILLOT, Rome pendant le Concile, I, Paris 1872: Mercredi de Pâques, pp. 467-470.
64)
L. VEUILLOT, op. cit., p. 471.
65)
L. VEUILLOT, op. cit., II, Paris 1872: Jeudi de Pâques, pp. 2-5.
66)
L. VEUILLOT, op. cit., II, p. 7.
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