oscmnd-0006-0011

Manuscrits sur la question sociale
- 11 -

AD 47.12; 45.04: B 8/3; 8/4. B.17

Coupures de journaux recueillies
par le p. Dehon

Coupure n. 1: (probablement du «Bien public», sans date), avec l'arti­cle du card. Gibbons: «Le Prédicateur et sa fonction». Le P. Dehon a marqué au crayon bleu la dernière partie de l'article, consacrée aux que­stions sociales - «… Le ministre du Christ est éminemment l'ami et le père du peuple, il ne peut donc être indifférent à aucune des questions sociales, politiques ou économiques intéressant le bien-être et le bonheur de son pays. Les rapports de l'Eglise et de l'Etat, les devoirs et les préro­gatives des citoyens, les maux engendrés par la corruption et l'usurpa­tion en politique, l'intégrité du suffrage, les privilèges et les obligations du travail et du capital et leurs relations, les théories d'échange et de commerce, la «déconsécration» publique du jour du Seigneur, les amu­sements populaires, la tempérance, le problème des races de couleurs et de la race indienne, le vote des femmes, le divorce, le socialisme, l'anar­chie, voilà des questions vitales, souvent brûlantes, de la solution desquelles dépendent la paix et la sécurité de la société.

La politique a un aspect moral ainsi que civil.

L'homme d'église veut la réforme des abus sociaux comme celle des mœurs; il est citoyen autant que prédicateur, et il sait que la stabilité de nos institutions politiques dépend de l'intelligence et de la vertu du peu­ple.

La prospérité temporelle de ceux qui lui sont confiés lui tient à cœur en même temps que leur bien spirituel, on le regarde partout comme un guide et comme un maître; son éducation, son expérience et son caractè­re sacré donnent de l'autorité à sa parole et à son exemple…».

Coupure n. 2: 4 p. de «La vie catholique», du 3 octobre 1899. A la p. 1, le P. Dehon signale un article de la p. 4: Les formes nouvelles d'usu­re, de Savatier Henri (Les formes nouvelles de l'usure - suite: 4. Spé­culations de Bourse; 5. Rentes sur l'Etat).

Coupure n. 3: sans aucune indication, contenant l'article «Les pirates de la finance». L'article commence: «Nous reproduisons, d'après les Annales parlementaires, d'excellentes considérations développées par M. le baron de Broqueville, dans la discussion du budget de la justice, dans le but de protéger les petits rentiers contre ceux qu'il appelle à bon droit «les corsaires de l'épargne». Le Baron de Broqueville s'insurge contre l'agiotage.

Coupure n. 4: (probablement de l'Univers), du 21 nov. 1896, publiant l'article de Goyau Georges, l'orientation sociale des catholiques italiens. L'article est introduit de la façons suivante: «Dans la Quinzaine. M. Georges Goyau expose un certain nombre de faits très significatifs et qui peuvent ère proposés en exemple aux catholiques français. Il rappelle d'abord les décisions si importantes prises par le congrès de Fiesole, dé­cisions transmises, on le sait, au gouvernement italien, qui a laissé voir l'embarras que lui causait une telle communication tout à fait imprévue de lui. Ensuite l'élégant écrivain appuie l'observation que M. Pierre Veuillot formulait récemment sur l'habitude, chez nous, de parler de 36 millions de catholiques français. En Italie les habitudes sont plus sérieu­ses».

Coupure n. 5, de «La justice sociale», de (février?) 1897, publiant l'ar­ticle «L'usure», ainsi que le débat des lecteurs au sujet de la discussion sur le capitalisme, par M. Y. Le Querdec et M. Tartelin. Il s'agit princi­palement du prêt à intérêt.

Coupures n. 6 et 7, de «La justice sociale», (la première, du 6 février 1897 et la deuxième sans date), publiant les articles de M. Y. Le Quer­dec. «A propos du «Capitalisme», au sujet des opinions de M. Tarte­lin, publiées par le même journal. Il s'agit de la valeur de l'argent et du prêt à intérêt.

Coupure n. 8, de «La justice sociale», sans date, reproduisant une let­tre de J. R., intitulée: «L'intérêt de l'argent», en réponse à M. l'abbé Calippe. «…tojours hypnotisé par la faveur due au travail d'aujourd'hui, on aboutit à cette injustice de méconnaître les droits du travail d'hier, in­carné dans le capital qu'il a massé peu à peu».

Coupure n. 9, d'un journal belge, de juillet 1898, reproduisant l'infor­mation concernant «une proposition de loi, déposée à la Chambre, ayant pour but de réprimer les marchés fictifs et agiotage sur denrées agricoles, particulièrement sur le blé».

AD 47.12: B 8/2; B 12

27 feuilles: SYNTHESE DE LA QUESTION SOCIALE (texte intégral)

I. L'idée de Dieu, son plan, c'est la communication faite à ses créatu­res intelligentes de sa vie et de sa béatitude afin de constituer leur éternelle société avec Lui ou le Royaume de Dieu.

II. Un instant arrêté par la révolte de la créature, ce plan est repris et restauré par J. C. Dès lors, J. C. est le centre du monde restauré; instaurare omnia in Christo (Enc. Immortale Dei, II, 23 - épîtres…).

III. L'homme est un être esentiellement social et il ne peut atteindre sa fin que par la société. La société est un moyen et un moyen néces­saire. Si elle n'est qu'un moyen, elle doit être ordonnée en fonction de la fin éternelle de l'homme. C'est le christianisme social qui transforme et adapte la société à la fin éternelle de l'homme… (Im­mortale Dei, II, 19…).

(f. 2)

IV. Cinq sociétés doivent aider l'homme à atteindre sa fin.

1. La société domestique, qui donne à l'homme la vie naturelle et morale…

2. La société professionnelle. L'homme est fait pour le travail. La société professionnelle vient régler cette activité, c'est-à-dire le tra­vail et la prospérité qui en est le fruit.

3. La société civile…

4. La société internationale des peuples. Car les peuples comme les individus ont des relations nécessaires. Ils doivent s'aider à at­teindre leur fin particulière et en outre à poursuivre ensemble un but commun: le règne de Dieu.

5. La soc. religieuse.

VI. Or ces cinq sociétés nécessaires sont elles organisées aujourd'hui selon le droit naturel et selon le droit chrétien? Non, de là la question sociale, qu'il ne faut pas confondre avec la question ou­vrière, ou la question économique ou la question politique.

(f. 3)

1° La soc. domestique ou la famille est minée et dissoute: par le divor­ce, par l'immoralité, par les lâches défaillances de l'autorité pater­nelle, par la grande industrie inorganisée (travail de nuit, travail des femmes et des enfants, excès de travail), par la misère imméri­tée du grand nombre, par les écoles sans Dieu, par le travail du di­manche, par les logements insalubres ou insuffisants, par les caba­rets, les théâtres, les mauvais journaux, etc., enfin par nos lois suc­cesorales obligeant à la vente forcée des biens et au partage égal. Ainsi dissoute ou affaiblie, elle ne donne plus avec la même abon­dance et la même pureté, la vie surnaturelle et morale; et ainsi se trouvent minées toutes les autres sociétés.

(f. 4)

2° La société professionnelle dissoute depuis cent ans, a à peine enfin conquis le droit de se constituer, mais elle n'a pas encore le droit de posséder, c'est à dire de vivre véritablement. Encore moins a-t-elle le droit de représentation dans les conseils de la nation.

D'ailleurs, l'esprit d'association est comme éteint et c'est cet esprit qu'il faut commencer par faire rentrer dans les mœurs. A la faveur de cet état individualiste et anarchique, s'est élevé le capitalisme, qui détourne le cours des richesses et en fait affluer vers lui toutes les sources par l'usure vorace…

Enc. Quanta cura: Et quis non videt planeque sentit hominum so­cietatem religionis ac verae justitiae solutam vinculis, nullum aliud profecto propositum habere posse nisi scopum comparandi, comu­landique opes. Rerum novarum. III, 57.

(f. 5)

3° La soc. civile est tout à la fois

a) irréligion systématique; b) tyrannie imbécile; c) centralisation étouffante; d) burocratie inerte et paperassière, parce qu'on a con­fondu la société civile et l'Etat.

4° la soc. internationale ou accord des nations pour poursuivre un but commun est dissoute. L'individualisme a détruit les relations exté­rieures comme les relations intérieures. Conséquences: guerres, massacres, militarisme, faux patriotisme farouche. Le droit des gens est devenu l'intérêt, armé par la force… C'est l'état sauvage perfectionné puisqu'au service de ses instincts on a les canons et la mélinite. A l'idée chrétienne de l'unité organique des peuples a succédé l'idée individualiste et antisociale de la nationalité ombra­geuse et sauvage.

Pour remédier aux conséquences, on a eu recours aux moyens mécani­ques: l'Equilibre Européen et le Concert Européen. On peut en admi­rer les effets en Crète, en Arménie et dans la question d'Orient.

(f. 6)

5° La soc. religieuse ou l'Eglise est entravée, persécutée de mille ma­nières et ne peut plus que difficilement donner la vie surnaturelle à une grande partie de l'humanité rachetée.

(f. 7)

I. Réorganisation de la Soc. domestique.

  1. La famille est la soc. primordiale.
  2. Elle a sa source dans le mariage, institution religieuse, «bien formé de la main de Dieu» et depuis le Christ, sacrement produisant la grâce (Domat, traité des lois, C. 1-2-31).
  3. Elle n'existe ni par l'Etat ni pour l'Etat, c'est le contraire qui est vrai.
  4. Sa fin est de donner la vie aux enfants des hommes dont l'Eg. fera des chrétiens et Dieu des élus. Ses qualités essentielles sont l'unité et l'indissolubilité.
  5. L'autorité réside dans le père et la mère et elle est tempérée par les plus graves devoirs…
  6. Le père et la mère ont seuls le droit et le devoir de l'éducation des enfants.
  7. Toute parfaite que soit la famille, elle est insuffisante… La soc. prof. et la soc. civ. ont pour but de donner à la famille la suffisance parfaite de la vie.
  8. Les parents deviennent les coopérateurs de l'Eg. pour la formation surnaturelle et morale des enfants.

(f. 7 verso)

Enc. Quod apostolici, 1,35; Quod multum, II, 91: Sap. Christia­nae II, 295; Rerum nov. III, 27; 29; 47; Arcanum I, 89; 91.

(f. 8)

  1. Abolition de la loi du divorce.Modification de notre régime légal des successions. Liberté testa­mentaire.
  2. Repression de l'alcoolisme et limitations des cabarets. Lutte contre l' immoralié.
  3. Suppression du travail de nuit et du travail du dimanche.
  4. Réglementation du travail des enfants à l'usine.
  5. Maintien de la femme mariée au foyer.
  6. Abolition de la loi scélérate des écoles sans Dieu.
  7. Développement de la petite propriété.
  8. Suppression des logements insalubres.
  9. Œuvres favorisant le foyer familial. «La propriété du foyer a été un des traits généraux du moyen-âge. L'invasion trop subite du ré­gime manufacturier a détruit a détruit (écrit deux fois) dans une partie de l'occident cette organisation tutélaire…», Le Play, Ré­forme sociale, t. 1, livre 3.

(f. 9)

Réorganisation de la soc. prof.

- Le travail. Les uns n'y voient qu'un moyen d'acquérir la richesse, les autres qu'un moyen de gagner sa vie matérielle. - Il a pour but véri­table l'entretien, le perfectionnement et la diffusion de la vie humaine intégrale, matérielle, raisonnable et surnaturelle et secondairement, l'acquisition des choses nécessaires à la vie matérielle, sans lesquelles l'homme avec les exigences de sa nature ne saurait tendre à sa fin éter­nelle.

L'homme doit travailler pour développer la vie du corps, la vie de la raison, la vie divine. De là un triple travail: travail du corps, travail de l'esprit humain, travail de l'Esprit divin.

C'est un devoir strict et universel, et depuis le péché un moyen de pu­rification, de réhabilitation et d'expiation morales.

- Le P. Gratry décrit ces trois vies et leur union dans la Connaissan­ce de l'âme. S. Jean les indique: «Qui non ex voluntate carnis, neque ex voluntate viri sed ex Deo nati surit».

(f. 9, verso)

S. Augustin les nomme: «la vie de l'âme dans le corps, la vie de l'âme dans l'âme, la vie de l'âme en Dieu».

Maine de Biron les appelle: la vie physiologique, la vie propre de l'homme, la vie divine dans l'homme.

Mgr Borderie, évêque de Versailles, au commencement de ce siècle, répondit un jour à un père fort riche qui le consultait sur la carrière de son fils: Monsieur, faites-le beaucoup travailler; quand les riches ne tra­vaillent pas, ils volent, car ils sont payés d'avance.

(f. 10)

- Le salaire - Le salaire étant le prix du travail s'ennoblit par l'idée du travail

Comme la vie, comme le travail, le salaire est triple: surnaturel et di­vin, s'il correspond au travail divin qui développe la vie divine en nous; intellectuel et moral, s'il correspond au travail de l'esprit; matériel, s'il correspond au travail du corps.

Le salaire surnaturel et divin est donné par Dieu lui-même. Il consiste ici-bas en un accroissement de vie divine porportionné aux efforts com­binés de la volonté et de la grâce et là-haut en la vision du Dieu Vivant lui-même.

Ego ero merces tua magna nimis.

Le salaire intellectuel et moral consiste en en accroissement de vérité et de vertu.

Le salaire matériel consiste en un accroissement de bien-être. Essen­tiellement,. il doit lui aussi être proportionné à la valeur du travail (f. 10, verso) produit.

Cependant, comme il est nécessaire à la vie, il y a un minimum au­dessous duquel il ne peut descendre. «Au-dessus de la libre volonté des contractants, il y une loi de justice naturelle plus élevée et (et plus an­cienne, que le salaire - mots barrés) antérieure, à savoir que le salaire ne doit pas être insuffisant à faire subsister l'ouvrier sobre et honnête», Rerum Nov. III, 57.

Et par ouvrier sobre et honnête, nous entendons ici, avec presque tous les bons esprits, l'ouvrier dans des conditions normales de santé et de famille.

(f. 11)

- La propriété et la richesse.

(Voir dans le Lévitique les trois admirables institutions sociales juives, le sabbat, le septennat et le jubilé, qui réglaient l'usage de la propriété. Cf. S. Th., la 2a q. 105 a. 2.

Bossuet: Traité de l'Usure, IV prop. «L'esprit de la loi nouvelle est de perfectionner toutes les lois de l'Ancienne qui regardent les bonnes mœurs».

Dieu est le seul propriétaire suprême. Les autres sont des usufruitiers. Dans ce droit d'usufruit dévolu à l'homme, S. Thomas distingue le droit d'entretien et de gestion, et le droit de jouissance. Le droit d'entretien et de gestion est privé. Le droit de jouir des fruits doit être considéré com­me commun. - Rerum Nov. II, 37.

(f. 12)

- Les assoc. professionnelles.

  1. Elles sont fondées sur le droit naturel.
  2. Elles sont comme le prolongement de la famille laborieuse.
  3. Elles sont indépendantes de l'Etat qui est fait pour elles et non elles pour lui.
  4. Elles ont pour but l'organisation la meilleure possible du travail afin de procurer à l'homme l'accroissement le plus grand possible des biens du corps, de l'esprit et de la fortune.
  5. Dans leurs relations avec l'Eglise elles doivent 1° se laisser informer par les principes sociaux chrétiens qui sont justice et amour; 2° ne pas perdre de vue la fin surnaturelle et voir dans les biens qu'elles procurent des moyens utiles ou nécessaires pour l'atteindre. - Re­rum Nov., III, p. 59-61; 65 (leur autonomie) (leur but).

(f. 13)

Cette soc. prof. ayant été complétement détruite il y a un siècle, il ne s'agit pas ici d'une réforme mais d'une reconstruction totale. - Outre les organismes à créer, il faut aussi 1° restaurer l'esprit d'association, l'esprit corporatif. Sans lui on aurait un corps sans âme. Or l'esprit d'as­soc., au fond, c'est l'esprit chrétien qui est essentiellement oubli de soi et dévouement à autrui; 2° rétablir dans les esprits les vrais principes con­cernant le travail et la richesse.

1. Création de syndicats… de propriétaires d'une part, de locataires ou d'ouvriers agricoles de l'autre, réunis par un Conseil mixte.

2. Objet de ces syndicats: Fixation du taux et des conditions du fer­mage ou salaire. Progrès dans les méthodes. Production en com­mun (coopératives beurres, etc.). Achat et usage en commun de machines agricoles, semences, engrais, nourritures de bestiaux, etc.

(f. 13 verso) Assurance du bétail ou contre l'incendie ou contre les accidents ou le chômage. Crédit mutuel, Caisses Raiffeisen. Mé­tayage, fermage à long terme afin de faire participer le travailleur à la productivité progressive du sol, développement de la petite pro­priété.

3: Fédération de ces syndicats et leur représentation dans des cham­bres d'agriculture régionales et dans un sénat professionnel.

(f. 14)

1. Création de syndicats… de patrons d'une part, d'ouvriers de l'au­tre, réunis par un conseil permanent ou syndicats mixtes.

2. Objet de ces syndicats.

Fixation du taux des salaires; Heures de travail; Hygiène physique et morale; Réglements d'ateliers; Assurances contre la maladie, les accidents, le chômage, la vieillesse; Réglementation de la produc­tion; Apprentissage.

3. Fédération de ces syndicats et leur représentation dans des cham­bres de travail régionales et dans un sénat professionnel.

4. Le salariat n'est peut-être pas le mode de rétribution du travail de l'avenir. La solution transitoire serait peut-être la participation aux bénéfices de l'entreprise et plus tard la coparticipation au capi­tal…?

(f. 15)

  1. Création de chambres syndicales des patrons du métier et de cham­bres syndicales d'ouvriers du métier, unies par un conseil mixte?
  2. Objet des ch. syndicales de patrons: Achat en commun des matiè­res premières et des instruments de travail. Réclame et vente en commun. Organisation du crédit.
  3. Objet des ch. syndicales d'ouvriers; Salaire; Contrat d. travail: Repos dominical; Apprentissage; Caisses d'assurance.

(f. 16)

=====Réorganisation de la Soc. Civile et de l’Etat Principes – Enc. Diuturnum; Immort. Dei

  1. La soc. civile n'est pas un pouvoir central monstrueux, mais un corps: Unum corpus multa membra complectens alia aliis nobiliora sed cuncta sibi invicem necessana et de communi bono sollicita - Quod Apost., 1, 34.
  2. Les différents membres de ce corps sont les familles, les commu­nes, les provinces, les groupements professionnels.
  3. Son but est de supplier à l'insuffisance de la soc. domestique et de la soc. professionnelle et de les aider à fournir à l'homme «la suffi­sance parfaite de la vie» (Suppeditare vitae sufficientiam perfec­tam sola potest) (Immort. Dei). Ainsi l'Etat doit réaliser le bon­heur temporel sans toutefois perdre de vue qu'il est subordonné aux biens éternels et tout en respectant l'action de la famille et des assoc. profess.

(f. 16 verso)

4. Cette suffisance parfaite comprend' un bien intellectuel, un bien moral et une certaine somme de biens matériels dont l'usage est re­quis pour la pratique même de la vertu.

5. L'autorité sociale a sa source en Dieu. Elle a pour fin le bien des sujets.

6. La justice et la religion sont les bases des Etats et les deux biens so­ciaux par excellence. «Remota justitia quid surit imperia nisi ma­gna latrocinia. Vera justitia non est nisi in ea republica cujus con­ditor rectorque est Christus» - S. Aug., Cité de Dieu.

7. L'Etat doit être religieux, puisque la religion est la base des

Etats et cath. puisque la religion cath. est la seule vraie et qu'il est facile de s'en convaincre.

8. Dans ses rapports avec l'Eg. il faut de l'ordre et de l'union.

(f. 17)

Hume (Hist, nat. de la religion, p. 138: «Cherchez un peuple sans re­ligion; si vous le trouvez, soyez sûrs qu'il ne diffère pas beaucoup des bê­tes brutes».

Voltaire (sur la tolérance): «Les hommes ont toujours eu besoin d'un frein et dans tous les lieux où il existe une société, une religion est néces­saire: les lois sont un frein pour les crimes publics et la religion en est un pour les crimes secrets».

Rousseau (Contrat social, IV, 8): «Jamais Etat ne fut fondé que la reli­gion ne lui servit de base».

Montesquieu (Esprit des lois, 24,3): «Chose admirable! la religion chré­tienne qui ne semble avoir (d'effet - mot barré) d'objet que la félicité de l'autre vie, fait encore notre honheur dans celle-ci».

(f. 18)

A. D'ordre moral et religieux:

Repression des mauvaises mœurs et de la pornographie; Repos dominical obligatoire; Entente avec l'Eg. pour que l'homme puisse facilement en recevoir la vie surnaturelle et atteindre sa fin éternelle.

B. D'ordre intellectuel:

Liberté complète de l'enseignement; Egalité des écoles libres et des écoles officielles et répartition des subsides proportionnelle­ment au nombre des élèves.

C. D'ordre économique:

Si quid inordinatum corrigere; si quid deest supplere;

Partie négative ou réforme des abus

1. Suppression progressive de l'impôt foncier? (220 millions 100 pour le principal, 120 pour les centimes additionnels)??

2. Diminution des impôts sur les ventes des terres et des immeu­bles; Insaisissabilité des petites propriétés.

3. Abolition des tarifs de pénétration.

(f. 18 verso)

4. Réglementation de la question monétaire.

5. Journée maxima de travail: 10 heures à l'usine, 8 heures dans les mines.

6. Suppression du travail de nuit?

7. Suppression du travail des femmes mariées et limitation du travail des enfants et des i. filles dans les usines.

8. Réglementation des opérations de Bourse. Répression de l'agiota­ge, des accaparements.

(f. 19)

1. Loi sur le contrat de travail.

a) Le principe fondamental de l'économie soc. chrétienne, à sa­voir que l'ouvrier sobre et honnête a droit, en retour de son travail, à recevoir un salaire qui lui permette de vivre lui et une famille moyenne. - Détermination de ce salaire par les assoc. prof. et par les chambres régionales de travail.

b) L'assurance obligatoire (par les assoc. ou par des sociétés libres) contre les accidents, le chômage, la vieillesse.

c) Des réglements d'ateliers approuvés par les chambres de tra­vail.

d) Des garanties pour l'ouvrier contre le renvoi arbitraire.

2. Constitution obligatoire des chambres de travail et d'agriculture. 3. Réorganisation de l'infrastructure, avec participation des ouvriers. 4. Personnification civile des syndicats, avec droit de posséder meu­bles et immeubles.

(f. 19 verso)

5. Représentation nationale et proportionnelle des intérêts profes­sionnels par une chambre…

«Sans vouloir exagérer les attributions économiques des pouvoirs pu­blics dans les conditions normales de la société, les catholiques deman­dent que l'action des lois civiles intervienne d'une façon exceptionnelle et transitoire avec une intensité proportionnée aux besoins d'un organisme social en décomposition et au péril d'une immense conflagration». Prog. des cath. italiens, approuvé par le Pape, fév. 1894.

(f. 20)

D. D'ordre politique.

Nous sommes en démocratie. «On ne peut nier, dit Mgr de Liège, l'existence d'un mouvement démocratique universel; le Saint-Père, au mois de mai dernier, nous l'affirmait dans les termes mêmes que nous venons d'exprimer. «Lettre pastorale», p. 21.

Il faut tenir compte de ce fait social.

  1. Réforme du suffrage universel par l'adjonction du vote familial…
  2. Décentralisation. Libertés communales et provinciales. «Sans elles on n'est pas dans une démocratie mais dans une bureaucratie» (Abbé Lemire à Lyon).
  3. Abolition progressive du militarisme moderne, la honte du XIXe siècle. Encycl. Praeclara, IV, p. 101-103.
  4. Remèdes à la juiverie et à la maçonnerie…

(f. 21)

«Chaque Etat n'est qu'une partie de la société humaine» (P. Weiss). Il y a droit international, c'est l'ensemble des règles qui gouvernent la vie des peuples dans leur cœxistence nationale.

Chaque peuple à droit à son existence indépendante, d'où l'obligation pour les autres d'intervenir en faveur des opprimés.

Chaque nation doit positivement aimer les autres et leur rendre servi­ce. Elles doivent travailler à un but commun, la diffusion de la vraie civi­lisation, c'est-à-dire du règne de Dieu.

«L'esprit d'amour ne s'arrête pas à la frontière comme l'exclusif et dur patriotisme des anciens… La doctrine chrétienne tend à former une seule société de tous les peuples» (Lamennais: Essai, 1. p. 331).

Unam omnium rempublicam agnoscimus mundum (Tertullien, Apol. ch. 38).

(f. 21 verso).

Encycl. Praeclara, IV, p. 105.

Il faut pour cela une institution centrale et comme un parlement des peuples. Son chef est tout indiqué, le Pape. Seul, il peut avoir assez d'autorité et d'indépendance, pourvu qu'on lui rende ses Etats.

J. C. a rendu possible cette société internationale en fondant l'Eglise, l'universelle société des âmes dans la foi et l'amour.

Conf. Lettre du Pape à Decurtins, 6 août (18)93.

(f. 22)

Principes

1. L'Eg. est une soc. spirituelle, instituée par J. C.

2. Son but est de conduire l'humanité à sa fin dernière, la vie éternel­le, par la vérité révélée et par la grâce divine.

3. La supériorité éminente et absolue de cette fin entraîne forcément la supériorité éminente et absolue de la soc. qui la doit procurer. L'Eg. est donc au-dessus de l'Etat, tout en lui laissant sa pleine li­berté dans tout ce qui est de l'ordre temporel.

Immort. Dei, 11, 24.25.
Sap. Christ. 11, 267, 281, 283. 
Immort. Dei, 11, 17.
Rerum Nov., III, 41.

(f. 23)

  1. Cessation de la guerre faite à l'Eg. catholique.
  2. Retrait des entraves apportées à son action: lois scolaire, militaire, d'accr. etc.
  3. Reconnaissance en principe de sa divinité.
  4. En pratique, au moins la liberté et le droit commun pour son ac­tion individuelle et sociale. Encycl. Rerum Nov.

(f. 24)

Naturalisme - Rationalisme - Libéralisme.

Encycl. Libertas, 11, 187.

Syllabus, 3e prop.

Immort. Dei, 11, 35.

Quod Apost., 1, 29.

La famille individualiste.

Humanum genus, I, 261.

Arcum, I, 89.

Le travail est une marchandise: «C'est une vieille conception qui dé­rive de l'ancien esclavage, que le travail est un lien entre deux personna­lités, entre l'ouvrier et le patron. Je n'aime pas ce dernier mot, j'aime mieux celui d'employeur, comme disent les Anglais, ou le mot de sala­riant… Le travail n'est pas rémunéré en lui-même. Quand vous payez quelqu'un, ce n'est pas parce qu'il travaille; vous voudriez supprimer son travail et vous vous efforcez d'y substituer la machine;

(f. 24 verso)

c'est parce qu'il vous rend un service, c'est parce qu'il vous donne un produit (Yves Guyot, Conférence à Liège, 19 mai (18)95. Brochure, p. 14, Liège Boul. de la Souvenière, 105).

(La richesse est le but de la vie… La science économique et la - mots barrés).

(f. 25)

La richesse est le but de la vie… La science économique est la science des richesses…

«L'homme s'est fait le dieu de sa propriété…» (Ketteler, ler discours). «Une population qui s'accroît lentement et même une population qui re­ste stationnaire, ou même qui diminue, n'est pas dans tous les cas un phé­nomène à déplorer. Il peut arriver au contraire que ce soit un symptôme heureux quand il coïncide avec une augmentation de production et de bien­être» (Léonce de Lavergne, Revue des deux-mondes, avril 1897).

«Il est à désirer que les familles aristocratiques ne soient jamais com­posées que d'un petit nombre d'individus; et elles n'excéderont jamais ce petit nombre, si les pères ont toujours devant les yeux l'idée que leur patrimoine sera également partagé entre tous leurs enfants…» (Sismon­di, III, 12).

«Si l'Angleterre réussissait à faire accomplir tout l'ouvrage de ses champs (f. 25 verso) et celui de ses villes par des machines à vapeur et à ne compter pas plus d'habitants que la République de Genève, tout en con­servant le même produit et le même revenu qu'elle a aujourd'hui, devrait-on la regarder comme plus riche et plus prospère? Oui». (Ricardo, 1. VII, ch. 7).

«L'aristocratie anglaise qui compte des familles de 12, 13, ou 15 en­fants manque gravement à ses devoirs et corrompt le peuple en lui met­tant sous les yeux le spectacle de familles si nombreuses» (Stuart Mill).

(f. 26)

L'Etat est la concentration, incarnation de toutes les volontés indivi­duelles. Puisqu'il il concentre en lui des millions de petits dieux, c'est l'Etat-Dieu. Il crée les lois, il décide du juste et de l'injuste.

«L'Etat est l'idée morale réalisée, l'essence de la moralité parvenue à avoir confiance d'elle-même, le tout moral, la volonté divine présente, incarnée, universelle, l'infinie et l'absolument raisonnable, l'Esprit de­venu réel, vivant, agissant et se développant, le Tout-Esprit. Il est la puissance absolue sur terre, le Dieu terrestre, le Dieu réel» (Hegel).

Quod apostolici, I, 29.

Diuturnum, I, 143-147.

Humanum genus, I, 261.

Immortale Dei, II, 35.

Libertas praestantissimum, II, 187-191.

(f. 27)

La soc. internationale n'a pour base que des intérêts…

L'Eg. peut tout au plus s'occuper des consciences individuelles…

S'il y a des richesses colossales, il faut dire aussi que le bien-être s'est généralisé.

L'énergie et le travail peuvent tout. Il n'y a pas de question sociale. C'est le progrès indéfini.

Marx procède de Hegel.

Le socialisme n'est pas fils du libéralisme par réaction, il ne comprend pas l'association. Il est le fils logique du libéralisme. Il ne voit que le Dieu-Etat, qui dirige tout dans nos sociétés anarchiques, religion, politi­que, etc. Puisqu'il dirige tout, dit le socialisme, donnons-lui aussi à diri­ger le monde économique, la production des richesses et leur répartition. Alors vraiment il sera Dieu et Dieu bienfaisant.

AD 45.04: B 8/3

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