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L'ASSOCIATION DU CAPITAL ET DU TRAVAIL

(Trois livraison)

L'association, l'union, l'entente, c'est l'esprit de l'Evangile, c'est l'esprit du Christ. La lutte, la haine, l'opposition, c'est l'esprit de Satan, le diviseur.

D'où vient donc la lutte actuelle entre le capital et le travail?

Et d'abord le capital, tel qu'on l'entend aujourd'hui, comme une épargne réalisée en terre ou en argent et productive sans travail personnel du propriétaire, est une chose relativement nouvelle. Il n'était pas connu dans les siècles chrétiens. Il n'y avait alors ni terres louées ni capitaux prêtés.

L'Eglise appliquait alors rigoureusement deux principes de l'Ecri­ture: 1° l'interdiction de tout prêt à intérêt. Mutuum date nihil inde sperantes. le droit du travailleur au fruit intégral de son travail. Dignus est operarius mercede sua. Le paysan ne payait pas au seigneur de la terre un loyer, mais seulement un impôt. L'ouvrier de métier, le maître, touchait tout le prix de son travail. Il possédait son atelier et ses outils et n'empruntait pas.

Le seigneur féodal faisait produire par ses serfs ce qui était utile pour la consommation de son monde. Les produits se vendaient peu. Les capitaux ne pouvaient pas être employés en entreprises productives. Ils allaient aux oeuvres d'intérêt public, ou ils servaient au développement du bien être et des arts.

Les membres des corps de métiers ne capitalisaient pas plus que les propriétaires fonciers. Avec leurs gains, après avoir satisfait aux besoins de leur famille, ils contribuaient à élever et à doter les églises, les hôtels de ville, les hôtels-Dieu et les monastères.

Le capitalisme est né avec l'émancipation des serfs. L'Eglise avait de grands domaines. N'ayant plus les serfs pour les cultiver sous sa maternelle direction, elle les loua moyennant une rente. Comme elle recevait aussi en don des capitaux, elle acheta des terres qu'elle donna aussi à loyer. Dès lors, il y eut une variation dans la doctrine économique reçue.

Jusque-là on avait admis que le travail seul était productif et que le travailleur avait droit à tous les fruits de son travail. Dès lors on reconnut deux sources de produits, deux producteurs qui méritaient leur part des fruits, la terre et le travail.

La rente foncière fut considérée désormais comme légitime. Le Pape Martin V, en 1525, autorisa l'achat de rentes. C'est par là que le capitalisme entra dans les mœurs. Comment refuser à l'argent ce qu'on accordait à la terre? Puisque je pouvais acheter de la terre et la louer pour une rente, pourquoi n'aurais-je pas pu louer directement mon capital argent?

Il y eut une longue lutte, mais la coutume du placement à intérêt l'emporta.

Le protestantisme en se dégageant des lois de l'Eglise contre l'usure aida au développement du capitalisme. Calvin le premier, puis les luthériens s'émancipèrent des lois sur l'usure. De là vient le progrès plus rapide du capitalisme dans les pays protestants.

Quoi qu'il en soit de l'origine du capitalisme, il est aujourd'hui un fait social et il faut compter avec lui.

Quelques esprits absolus se flattent de voir l'Eglise revenir à l'interdiction absolue de tout intérêt. Ce n'est pas la tendance des Théologiens modernes.

Le capital productif a donc pris une grande extension. Il est devenu l'associé ordinaire du travail. Il prête son concours aux travailleurs en leur fournissant les usines, les métiers, la matière première, le crédit et toute une organisation industrielle.

Mais une profonde inimitié couve depuis longtemps entre ces deux associés, le capital et le travail. La brouille éclate parfois sous forme de grève. Tout finit par une réconciliation provisoire et temporaire, qu'on pourrait plutôt appeler une trêve ou une paix mal assise.

D'où vient cet état de guerre toujours latente et parfois aiguë? De quel côté sont les torts? Y a-t-il moyen d'arriver à une entente cordiale et définitive? C'est un des plus gros problèmes de la question sociale.

Dans cette association, qui est devenue le régime ordinaire du travail, comment se comportent les associés? Partagent-ils équitable­ment les profits de l'exploitation industrielle?

Les ouvriers se plaignent beaucoup, ils s'aigrissent. Ils cherchent dans les grèves, en attendant qu'ils soient suffisamment organisés pour nous imposer le socialisme, un remède à leur situation qu'ils trouvent injuste. Ont-ils absolument tort? A priori, cela n'est pas vraisemblable. Ces plaintes générales et persistantes doivent avoir une cause. Sans doute, elles sont parfois exagérées. Elles sont poussées à l'extrême par les politiciens qui veulent les exploiter. Ils ont envenimé un mal qui existait, ils ne l'ont pas créé.

Le fait est trop manifeste. L'industrialisme du XIXe siècle a créé un prolétariat innombrable, vivant sans foyer stable, sans vie de famille, sans repos, sans joie, sans air pur, sans ressources suffisantes, et souvent aussi sans mœurs et sans religion parce que la misère est mauvaise conseillère.

La plainte du pauvre est montée jusqu'aux oreilles du père commun de la grande famille chrétienne. Et le Pape nous a dit: «Les travailleurs isolés et sans défense se sont vus avec le temps livrés à la merci de maîtres inhumains et à la cupidité d'une concurrence effrénée. ― Une usure vorace est venue ajouter encore au mal. Condamnée à plusieurs reprises par le jugement de l'Eglise, elle n'a cessé d'être pratiquée sous une autre forme par des hommes avides de gain et d'une insatiable cupidité. A tout cela, il faut ajouter le monopole du travail et des effets de commerce, devenu le partage d'un petit nombre de riches et d'opulents, qui imposent ainsi un joug presque servile à l'infinie multitude des prolétaires». Comment s'exerce cette cupidité? quelle est cette forme nouvelle de l'usure? sur qui pèse ce joug servile?

Le Pape insiste: «L'équité demande donc, dit-il, que l'Etat se préoccupe des travailleurs et fasse en sorte que de tous les biens qu'ils procurent à la société il leur en revienne une part convenable…».

Plus loin encore le Pape demande «une répartition des biens plus équitable. La violence des révolutions, dit-il, a divisé le corps social en deux classes, et a creusé entre elles un immense abîme. D'une part, la toute-puissance dans l'opulence: une faction qui, maîtresse absolue de l'industrie et du commerce, détourne le cours des richesses et en fait affluer vers elle toutes les sources… De l'autre, la faiblesse dans l'indigence: une multitude, l'âme ulcérée, toujours prête au désor­dre… ».

Et cependant, dit le Saint-Père, le capital et le travail ont besoin l'un de l'autre. Ils devraient s'unir ensemble harmonieusement sur les bases de la justice et de la charité.

N'y a-t-il pas dans ces diverses citations la clef du problème? «Le peuple des travailleurs est dans un état de misère immérité. ― Il ne reçoit pas une part convenable des biens qu'il contribue à produire.

― Le capitalisme tout puissant détourne le cours des richesses et en fait affluer vers lui toutes les sources». Et en effet comment se passent les choses dans la pratique de l'industrie? Quelle est la part des deux facteurs? L'ouvrier reçoit son salaire. C'est bien, surtout s'il est suffisant et juste. Le salaire conserve ou reconstitue la somme de force, de santé, de vie que l'ouvrier emploie dans son travail. Il doit suffire même à élever la famille qui perpétuera l'ouvrier et à doter sa vieillesse qui verra ses forces s'évanouir.

Le capital doit être conservé aussi et même consolidé par l'amortis­sement du matériel et par l'intérêt, qui pourvoit aux risques, à la dépréciation de l'argent, etc. Mais quand les deux facteurs ont été ainsi conservés et garantis, par les salaires, l'amortissement du matériel et les intérêts, il reste un bénéfice net.

Ici commence le grand problème. Dans tout ce siècle de développe­ment industriel, le capitalisme a fait valoir une doctrine économique spécieuse, avantageuse au capital, mais qui nous paraît contraire à l'équité et désastreuse pour le travailleur. Ce fut là, pensons-nous, une des causes principales du malaise social actuel. Expliquons-nous.

L'industrie a fait généralement de beaux bénéfices. Les usines, les mines et autres entreprises ont souvent donné, outre l'intérêt des actions, un dividende de cinq, dix ou vingt pour cent. A qui est allé ce dividende? Au capital seul. L'ouvrier, ordinairement, n'a rien eu au delà de son salaire. L'argument captieux était celui-ci: «Le salaire est une assurance. Il est toujours payé à l'ouvrier. Comme l'ouvrier ne participerait pas à la perte, il ne doit pas participer aux bénéfices». Avec ce bel argument, les actionnaires sont devenus millionnaires et les ouvriers sont restés d'autant plus misérables que le salaire lui-même était rogné, sinon par la cupidité des employeurs, au moins par les exigences d'une concurrence effrénée.

N'est-ce pas là l'explication du tableau tracé par le Saint-Père?

Qui a imaginé ce salaire-assurance? Le salaire n'assure pas du tout l'ouvrier contre les mauvais jours. Quand l'usine ne fait plus de bénéfices, on la ferme, on renvoie les ouvriers ou bien on diminue leurs salaires. Cette association nous paraît-être tout simplement un contrat léonin1).

Le capital prend tout le bénéfice, parce qu'il est le plus fort. N'est-ce pas là l'usure vorace qui a pris une forme nouvelle?

C'est là le fait social qui, selon nous, offusque la loyauté de l'ouvrier autant qu'il blesse ses intérêts.

Ce qu'en pensent les patrons vraiment chrétiens ou simplement amis de l'équité, et ce qu'il y aurait à faire sur ce point, fera l'objet d'un second article.

«Le capital et le travail sont faits pour s'entendre», c'est le résumé des enseignements de Léon XIII. Et cette entente aura pour base «une participation plus large des ouvriers aux biens qu'ils procurent à la Société» (Encycl.).

Comment devra se réaliser cette entente? C'est le grand problème de l'époque présente.

Cette association a eu pour formes successives, l'esclavage, le servage et le salariat.

Pourquoi n'aurions-nous pas, comme forme nouvelle du contrat de travail, la participation aux bénéfices ou à la prospérité industrielle, en attendant l'union dans les mêmes mains du capital et du travail? C'est du moins notre avis et il nous semble que cette idée fait son chemin.

Elle a éclaté comme une trouvaille à la séance mémorable du 20 novembre à la Chambre française où toutes les écoles sociales ont exposé leur programme.

«Le véritable remède à l'individualisme, a dit M. Goblet, c'est l'association. Jusqu'ici l'association profite surtout au capital, mais elle doit profiter maintenant au travail. Comment? Par la participa­tion aux bénéfices». Et toute la Chambre d'applaudir.

Après M. Goblet, M. l'abbé Lemire, en l'absence du célèbre orateur catholique, M. de Mun, prit la parole: «M. Guesde, a-t-il dit, a affirmé à la tribune que le salariat n'est pas la forme définitive de la rémunération du travail. Je crois que, sans être socialiste, on peut parfaitement reconnaître que M. Guesde a raison, dans une certaine mesure du moins.

Après l'esclavage, le servage; après le servage, le salariat; après le salariat ― M. Goblet l'a dit et vous l'avez tous applaudi la participation aux bénéfices.

Voilà la forme future de la rémunération du travail. Elle est peut-être, je l'avoue, difficile à établir, mais elle a déjà été pratiquée, sous forme de métayage dans la culture, et sous forme de distribution de dividendes ou subventions diverses, dans l'industrie…».

M. Lemire, sans doute, ne veut pas dire que le salaire sera supprimé, mais seulement que la participation aux bénéfices s'ajoute­ra au salaire. C'est ainsi que l'entendent les bons esprits.

Des esprits moins hardis que M. Lemire entrevoient la même solution.

M. le comte d'Haussonville, un conservateur très prudent, a écrit: «C'est une illusion de trop promettre aux foules et d'espérer la suppression du salariat… Ce salariat est dans la nature des choses. On doit cependant chercher des améliorations. D'ingénieuses combinai­sons pourront associer davantage les salariés aux profits éventuels du capital…».

Dans un livre excellent sur le collectivisme, un économiste chrétien des plus distingués de la Belgique, M. le comte de Bousies, exprime timidement la même prévision.

«On a souvent parlé, dit-il, de la participation des ouvriers aux bénéfices. Ce système n'est pas absolument impraticable, s'il est adjoint à celui du salaire, condition nécessaire pour l'ouvrier. Déjà il a été essayé avec certain succès. Assurément, il a une apparence juste et loyale et il est en concordance avec la situation actuelle». Et M. de Bousies répond même à une objection vulgaire: «On dit, ajoute-t-il, que ce système entraînerait à la divulgation du secret des affaires; mais les sociétés anonymes ont déjà des bilans publiés et ne s'en plaignent pas. D'ailleurs, si les affaires étaient plus connues, le public y trouverait une garantie».

Chose curieuse. Quand on parcourt les différents programmes des catholiques dans les divers pays d'Europe, on retrouve, inscrite dans plusieurs d'entre eux, la participation aux bénéfices ou à la prospérité industrielle.

Tous se rappellent le grand discours-programme prononcé à St-Etienne, par le comte Albert de Mun, en décembre 1892.

Or, dans ce discours, M. de Mun revendiquait nettement pour l'ouvrier la participation aux bénéfices. «A nos yeux, disait-il, l'ensemble de nos revendications doit tendre à assurer au peuple la jouissance de ses droits essentiels aujourd'hui méconnus, et notamment la faculté de participer aux bénéfices et même, par la coopération, à la propriété des entreprises auxquelles il concourt par son travail». Et il ajoutait: «La législation devra favoriser cette participation».

Tout le monde sait aussi que quelques jours après ce discours, le 7 janvier 1893, Léon XIII envoyait à M. de Mun, non pas une lettre banale d'encouragement, mais une approbation formelle et circons­tanciée.

«La lecture de votre discours, disait le Saint-Père, nous a été souverainement agréable. Nous nous plaisons à vous donner des éloges justement mérités. Nous vous exhortons à poursuivre votre généreuse entreprise…».

Le programme des Catholiques Italiens, acclamé dans un Congrès tenu à Rome en février 1894, sous la présidence du cardinal Parocchi, n'est pas moins explicite sur ce point. Après avoir recommandé pour l'agriculture le système du métayage, il arrive à la grande industrie.

«Il convient, dit-il, de restreindre la classe précaire et misérable des simples salariés; c'est pourquoi une fois admis en premier lieu un juste salaire, répondant au produit du travail, il convient d'accorder à l'ouvrier une partie de la rémunération sous forme de participation aux bénéfices, plutôt que sous une forme fixe; et d'élever ultérieure­ment l'ouvrier jusqu'à la co-participation au capital de l'entreprise, moyennant l'emploi de l'épargne ouvrière en actions nominatives de l'entreprise elle-même».

Le Programme de l'union démocratique belge est aussi formel sur ce point.

Cette nouvelle forme du contrat de travail n'est donc pas une utopie, mais bien une idée sérieuse, qu'on peut ne pas admettre du premier coup, mais qu'on peut et qu'on doit étudier et scruter.

Mais il y a plus encore. L'idée de la participation aux bénéfices n'est pas restée comme un désir stérile dans l'esprit de quelques penseurs chrétiens ou quelques philanthropes, elle est entrée dans de la pratique.

Elle n'est plus même à ses premiers essais. Elle a formé école, elle se propage.

Il y a à Paris, rue Bergère, 20, une Société pour l'étude pratique de la participation du personnel dans les bénéfices; et cette Société a été reconnue d'utilité publique.

Cette Société a sa bibliothèque, son bulletin trimestriel dont les débuts datent déjà de quinze années et son almanach qui lui est commun jusqu'à présent avec les coopératives de consommation.

Cette propagande n'est pas faite précisément dans un esprit chrétien. Elle n'est pas non plus impie ni socialiste. Elle a un but philanthropique. Si elle n'est pas entièrement catholique, à qui la faute? Faisons mieux que ces messieurs et les hommes de bonne volonté viendront à nous.

L'almanach de la coopération française, de 1895 (publié à l'Impri­merie nouvelle, 11 rue Cadet, à Paris), nous donne une liste de 445 établissements industriels, commerciaux, financiers, agricoles et coo­pératifs, où existe la participation du personnel aux bénéfices, en France et à l'étranger.

La France tient le premier rang, elle compte 248 de ces établisse­ments.

Loin de se ralentir, le mouvement s'accentue. La liste s'est accrue de 3 établissements en 1891, 7 en 1892, 7 en 1893 et 26 en 18942).

Il serait trop long d'énumérer ou d'étudier ces différents établisse­ments dont le personnel participe à la prospérité de l'industrie. En voici deux exemples, pris aux deux pôles opposés de l'idée religieuse. L'un est la filature de M. Harmel, où règne la vie catholique dans toute son intensité. L'autre est la fonderie de M. Godin, de Guise, où tout a été inspiré par une philanthropie teintée de socialisme.

Des deux côtés, la participation a une forme déterminée et régulière. Elle fonctionne depuis plusieurs années et elle a donné manifestement la paix sociale avec des conditions d'existence assez favorables dans ces deux petits mondes ouvriers.

Chez M. Harmel, les patrons de l'usine ont attribué, dans leur acte même de société, un quart des bénéfices aux ouvriers.

Ils sont trois associés. Par une fiction gracieuse, ils admettent, comme quatrième, la Sainte Mère de la famille ouvrière, Notre-Dame de l'Usine. Cette part des bénéfices est employée à entretenir ou à aider toutes les oeuvres de l'usine: chapelle, écoles, cercle, assurances, mutualités, caisse de famille, etc.

A Guise, la participation a un autre aspect. Elle a été organisée par M. Godin, le fondateur de l'usine, dans un but purement philanthro­pique.

M. Godin pouvait faire beaucoup pour ses ouvriers et dépasser la mesure normale. Pour des raisons d'ordre intime dans lesquelles nous n'avons pas à entrer, il ne laissait pas d'héritiers.

Il disposa les choses pour que les ouvriers fussent bientôt seuls actionnaires. Dans le contrat de société qu'il leur imposa, il leur donna la part du lion dans les bénéfices. Tout compte fait, sur un bénéfice net annuel de 300.000 francs en moyenne, il ne revient aux actions en plus de leurs intérêts qu'un dividende de 0 fr. 45 pour cent francs. Le reste est attribué aux ouvriers, mais ne leur est pas remis en argent. Il est partagé entre le fonds de réserve, les oeuvres économi­ques et philanthropiques de l'usine et une série d'actions rachetées aux anciens actionnaires et inscrites au nom des ouvriers. Ceux-ci deviennent donc peu à peu capitalistes et bientôt l'usine tout entière, qui a une valeur de six millions, leur appartiendra et les anciennes actions seront toutes évincées.

Dans la répartition, une part de faveur est faite aux directeurs, au conseil d'administration et aux ouvriers plus anciens. C'est justice.

Ce système de M. Godin est-il l'idéal à poursuivre? Evidemment non. M. Godin a agi contré tout sentiment naturel en sacrifiant outre mesure les intérêts de sa famille avec laquelle il était en procès.

Au point de vue même de l'intérêt des ouvriers, ce système aurait des conséquences désastreuses. La chose est facile à comprendre. Quel capitaliste voudrait encore risquer ses fonds dans l'industrie, si on ne lui offrait pour compenser les risques toujours grands des entreprises industrielles que l'appât d'un dividende absolument insignifiant et la perspective d'être évincé de l'affaire aussitôt qu'elle sera solide et fructueuse.

La mesure a donc été dépassée à Guise. Et si les ouvriers y gardent la paix sociale grâce aux profits qu'ils y font, ce n'est pas pour cela un établissement modèle. Il y manque la vie chrétienne. Les misères morales et je ne sais quel air de tristesse morne qu'on y respire, ne sont un secret pour personne à Guise, et si quelque période de malaise industriel venait éprouver l'usine, nous verrions sans doute la guerre civile dans cette petite république où manqueraient les remèdes chrétiens de la paix du cœur, de l'affection, du sacrifice, de la résignation et de la charité.

Nous avons dit que la participation des ouvriers à la Prospérité Industrielle entrait peu à peu dans les mœurs, qu'elle était appliquées déjà en France dans 250 établissements et qu'elle avait un centre de propagande intelligent et actif dans une société reconnue d'utilité publique.

Ajoutons qu'elle a ses documents et sa bibliothèque et que cette bibliothèque lui fait honneur.

Dès 1876, elle était présentée et défendue dans une brochure de Engel-Dollfus, industriel à Mulhouse. En lisant cette brochure, on ne se trouve en face ni d'un utopiste, qui rêve, ni d'un révolutionnaire, qui s'agite, mais d'un homme pratique, qui nous propose ce qui lui paraît équitable, ce qu'il a expérimenté chez lui et ce qui a amené chez lui l'entente et la paix sociale.

En 1881, dans une brochure qui faisait partie d'une série d'études sur la question sociale, la société bibliographique, qui est assurément fort prudente et fort conservatrice, proposait comme «un devoir d'équité» la participation aux bénéfices. La brochure a pour titre: Intérêt commun entre patrons et ouvriers. Il faudrait citer encore deux volumes de M. Alfred de Courcy et diverses brochures.

Depuis deux ans surtout, cette idée marche à grands pas.

Bien des hommes intelligents et initiés à toutes les difficultés de la question sociale regardent la participation comme une évolution nécessaire et la seule capable de prévenir une révolution sociale.

C'est le thème d'un volume de M. François Husson, sur «La SECONDE REVOLUTION FRANÇAISE, solution et dénouement pacifi­que de la question sociale ouvrière», avec préface de M. Frédéric Passy, de l'Institut.

C'est aussi la thèse de M. Bernard Lavergne, sénateur, dans son livre: «l'Evolution sociale».

C'est celle de M. Charles Robert, ancien conseiller d'Etat, dans plusieurs publications et notamment dans son introduction magistra­le au «Guide pratique de la participation aux bénéfices», publié par M. Trembert. La même conviction règne à l'étranger. Les mêmes idées sont défendues par M. Gray, de Manchester, dans sa brochure «Cooperative production», par M. Huet, ingénieur à Delft, en Hollande, dans les articles qu'il envoyait, en 1885, au Bulletin de la participation aux bénéfices, et par le Dr Bôhmert en Allemagne. Quelques-uns de nos lecteurs voudraient peut-être entendre un témoignage plus… clérical. Il n'est pas introuvable.

Son Em. le cardinal Langenieux écrivait en juillet 1892 à M. Goffinon, vice-président de la société pour l'étude de la participation aux bénéfices, les lignes suivantes, qui demandent à être méditées:

«Rien ne pouvait m'être plus agréable et plus utile, que de voir comment des patrons éclairés, des ouvriers honnêtes, unissant leurs bonnes volontés, ont su trouver et réaliser une solution pratique de cette question, si grave, si délicate, si compliquée qui s'agite aujourd'hui dans le monde du travail: la participation dans les bénéfices.

Bien comprises, équitablement formulées, loyalement pratiquées, les combinaisons que vous avez inaugurées ouvrent les voies de la pacification sociale à laquelle doivent travailler à l'envi tous les bons Français, car, de cette union entre les membres de la famille ouvrière, dépendent, avec le bien-être des travailleurs, la prospérité, la gran­deur, disons le mot, le salut de la patrie.

Puisse le succès couronner complètement vos efforts, et votre dévouement si louable, trouver des imitateurs et des émules. Ce vœu, je le confie à Dieu sous la forme d'une prière qui sera exaucée le jour où les hommes de bien, les vrais chrétiens, préoccupés de l'avenir de la France, voudront remplir loyalement tous les devoirs que nous imposent la justice et la charité» (Bulletin de la participation aux bénéfices, année 1892, page 229).

Mais si cette évolution répond à un devoir d'équité, si elle doit nous sauver d'une révolution, la loi ne pourrait-elle pas lui prêter son concours?

On a pensé d'abord que ce concours ne serait pas nécessaire. «La liberté chrétienne doit suffire», disait M. de Lafollye, en 1881, dans sa brochure éditée par la Société bibliographique.

Mais, dans ces dernières années, la thèse de la participation a gagné de nombreux amis dans les deux Chambres, et le temps n'est peut-être pas éloigné où la participation sera devenue dans une certaine mesure la règle de l'organisation légale du travail en France.

Nous avons eu déjà le projet de loi sénatorial sur «les sociétés coopératives et le contrat de participation», qui oblige les sociétés coopératives de production à réserver 50% des bénéfices nets aux travailleurs.

Nous avons eu un autre projet déposé au Sénat par M. Jules Godin en mai 1891, sur les sociétés d'ouvriers et sur les sociétés de patrons et d'ouvriers, en vue de la participation aux bénéfices.

La Chambre a reçu le dépôt d'une proposition de MM. Graux, Boudenoot, Méline et Jonnard, tendant à modifier plusieurs articles de la loi du 24 juillet 1807 sur les sociétés, et à faciliter la participation.

D'autres propositions de MM. Guillement, Laroche-Joubert, Ballu, Laisant et Jules Roche, tendent à imposer la participation dans les concessions faites par l'Etat, les départements et les communes.

Enfin une proposition de M. Alfred Naquet, déposée par lui à la Chambre le 23 juin 1892, va plus avant encore. M. Alfred Naquet demande que la participation aux bénéfices soit déclarée obligatoire dans toutes les sociétés industrielles et commerciales par actions, en se fondant sur ce que ces sociétés tenant leur vie de la loi, cette même loi peut leur donner toutes mesures jugées utiles au bien général du pays. Il propose, après prélèvement de 6% des bénéfices au profit du capital, de partager l'excédent par moitié entre le capital et le travail.

Nous pensons aussi que le vote d'une loi imposant la participation aux sociétés industrielles et commerciales sera le coup d'aviron qui fera sortir le monde du travail de l'enlisement où il gémit actuelle­ment.

Une grave difficulté, qui est l'obstacle aux promptes solutions de la question, c'est la détermination du quantum à donner aux ouvriers. Il y a trois facteurs qui concourent aux productions industrielles, l'intelligence des directeurs, l'argent des capitalistes et le travail des ouvriers. Mais donnent-ils un concours vraiment équivalent? On ne peut pas l'affirmer d'une manière absolue. Dans certaines industries, les capitaux jouent un grand rôle, il faut des métiers coûteux et une grande mise de fonds; dans d'autres, c'est le travail qui donne le concours le plus important.

Aussi la base de la participation est-elle extrêmement variable dans les divers établissements qui la pratiquent, aussi bien que dans les projets de loi et dans les livres des théoriciens.

Le projet de loi du Sénat et celui de M. Naquet attribuent 50% des bénéfices nets aux ouvriers. C'est aussi le taux de l'imprimerie Van Marken à Delft.

La papeterie Laroche-Joubert à Angoulême attribue 25% au capital et 75% au travail et à l'intelligence.

La maison de peinture de Leclaire à Paris donne 25% à la caisse de secours mutuels et de retraites, 25% à la gérance et 50% aux ouvriers. Les théoriciens ont essayé d'évaluer le capital-travail en regard du capital-argent. Le problème ne leur a pas paru facile. M. Charles Robert le compare à la quadrature du cercle et à la difficulté où s'est trouvé le juif Shylock, quand on lui permit de couper exactement, sous peine de mort, une livre de chair dans le corps de son débiteur.

En pays d'esclavage, on n'eût pas hésité. Un homme valide, eût-on dit, se vend 6000 fr. au marché, donc un ouvrier représente 6000 fr. de capital.

La loi française s'est trouvée aussi quelquefois dans la nécessité d'estimer la vie d'un homme en capital. La loi du 13 juillet 1890 sur les accidents du travail alloue à l'ouvrier qui est mis dans l'incapacité absolue et permanente de travailler, une pension viagère équivalente à la moitié de ses salaires. Cela donne pour un salaire moyen et pour un homme de 35 ans un capital d'environ 8000 francs.

Plusieurs, pour déterminer le quantum de la répartition, regardent le salaire comme un intérêt, et, pour estimer le capital-travail, ils capitalisent le salaire à 5%; de sorte que l'ouvrier qui gagne 1000 fr. par an, représenterait un capital de 20000 fr.; celui qui gagne 2000 fr. représenterait un capital de 40000 fr. C'est l'avis de M. Gray et de M. Bernard Lavergne. C'est ce qui se pratique à l'usine de M. Godin, de Guise.

D'autres font remarquer que le salaire n'est pas seulement un intérêt, qu'il y entre d'autres éléments et en particulier une part notable d'amortissement pour un machinisme qui s'use vite. Aussi ceux-là proposent-ils de capitaliser le salaire à un taux plus élevé. M. Huet, ingénieur à Delft, propose 10%; M. Charles Robert propose 25%. Selon M. Huet, l'ouvrier qui gagne 1000 francs représenterait un capital de 10.000 francs; selon M. Robert, il représenterait un capital de 4.000 francs.

Pour nous, nous pensons que la loi et la coutume trancheront ce nœud gordien sans trop de calcul et qu'on adoptera, au moins pour les sociétés industrielles, une proposition toute simple comme celle du projet de loi de M. Naquet, à moins, et ceci est une observation capitale, à moins que la représentation du travail ne s'organise assez vite pour donner des chambres industrielles qui établiraient des rapports plus exacts, plus précis et plus conformes aux différents milieux.

Un autre point de vue fort intéressant de la question, c'est l'emploi à donner à la part des travailleurs.

Tout le monde est d'accord qu'il n'est pas bon de remettre en argent aux travailleurs au bout de l'année toute leur part de bénéfices. Les meilleurs amis des ouvriers pensent qu'il faut leur épargner cette tentation de gaspiller en un jour tout ce qui doit pourvoir à leurs besoins exceptionnels.

Il est juste que ces profits servent, au moins en grande partie, aux institutions de prévoyance et d'assurance. C'est ce qui se fait généralement.

Au Val-des-Bois, la part concédée spontanément par les patrons sur les profits, sert à entretenir les diverses institutions fondées en faveur des ouvriers.

A Mulhouse, la société de patrons fondée pour l'encouragement de l'épargne, verse ses primes annuelles à la caisse de retraites.

La maison Leclaire, d'Angoulême, attribue 25% des produits nets à sa caisse de Secours mutuels et de retraites. D'autres maisons font de même.

Mais ce qui nous paraît être la solution de l'avenir, c'est l'accession progressive des ouvriers à la co-propriété de l'actif social. Il faut pour cela que les actions soient à un taux peu élevé ou qu'il en soit fait de petites coupures, et qu'une partie de ces coupures soient attribuées aux ouvriers pour leur part de bénéfice3).

C'est ce qui se fait à l'usine de Guise. C'est ce que demandent les projets de lois de M. J. Godin et de MM. Graux et Méline. C'est aussi le système de M. Gray, de Manchester.

M. de Lafollye demandait que la part des travailleurs leur fût remise en obligations. Nous préférons des actions ou coupures d'actions qui les intéresseront au succès de l'entreprise et leur feront regarder à bon droit l'usine comme leur maison et leur propriété.

A ce propos, la revue «La Réforme sociale», dans son numéro du 16 janvier, nous donne la clef d'un fait qui a été fort remarqué l'an dernier, c'est la résistance des ouvriers d'Anzin à toutes les excitations à la grève qui leur venaient de leurs collègues des mines voisines. On a dit alors dans la presse que la compagnie d'Anzin avait su gagner l'attachement de ses ouvriers, en organisant généreusement toutes les institutions de prévoyance et d'assurance. C'est vrai, mais ce n'est pas tout. La compagnie a aussi attribué sur ses réserves un capital d'actions de la valeur de 500.000 francs, aux diverses mutualités fondées par elle et administrées par les ouvriers de sorte que les ouvriers ont un intérêt direct à la prospérité de la mine.

Malgré cela nous pensons que les ouvriers d'Anzin et ceux de toutes les exploitations industrielles seraient encore plus attachés à leurs usines ou ateliers, s'ils étaient mis personnellement, par suite de leur participation aux profits, en possession d'actions ou de coupures qui les rendraient vraiment co-propriétaires de l'usine.

Pour compléter cette étude sur le remploi de la participation, on aura grand profit à lire l'acte de société de l'usine de Guise. On y verra que la participation s'accroît avec l'ancienneté dans l'usine, qu'il y a des conditions à remplir pour en devenir actionnaire, et que, pour trouver des actions à fournir aux participants, la société s'est réservé le droit de racheter celles des actionnaires qui meurent ou qui s'en vont de l'usine. Il y a là de sages mesures à imiter, et les lois qui favoriseront la participation devront engager les sociétés à suivre ces règles pratiques que l'usage a, pour ainsi dire, déjà consacrées.

Il faudrait répondre encore brièvement aux objections que l'on oppose à la participation.

Elle n'est pas réclamée, dit-on, par la justice, le salaire convention­nel est la seule règle de la rémunération du travail.

Nous répondrons que le salaire, dans notre état social actuel, répond à peine aux besoins présents de l'ouvrier, tandis qu'il devrait répondre aussi à ses besoins à venir. Les patrons qui s'imposent la fondation d'institutions de prévoyance et de secours, le savent bien; ils obéissent à un sentiment d'équité. «Le minimum moralement obliga­toire de la rémunération du travail humain, dit M. Engel-Dollfus, de Mulhouse, comprend nécessairement, à la fois, le pain quotidien, d'abord, puis la prime des assurances sociales (maladies, accidents, vieillesse)». Les patrons peuvent prélever cela sur leurs frais généraux, mais ils feront mieux de le prendre sur la participation aux bénéfices; ce mode d'action intéressera davantage les ouvriers au succès de l'entreprise. Nous avons fait valoir déjà d'autres motifs d'équité: il est juste que tous les facteurs du produit aient une part proportionnelle dans les profits.

On objecte que les ouvriers n'ont aucune part aux pertes et aux risques.

Nous avons dit déjà qu'ils auront part aux pertes, s'il y a une

réserve commune prise sur les bénéfices. Quant aux risques, nous avons lieu de nous étonner qu'on reproduise encore cette objection. Sans doute l'actionnaire risque son capital-argent, mais l'ouvrier ne risque-t-il pas son capital-humain? «Ah, vous risquez votre patrimoi­ne, peut dire l'ouvrier au capitaliste, mais comptez-vous pour rien le risque de ma propre vie, les engrenages, les éboulements, le grisou, l'insalubrité?».

M. le comte de Chambrun écrivait que, dans ses études d'économie sociale, une vision le hantait, celle d'un jeune ouvrier qu'il avait vu victime d'un accident de travail, étendu sur son lit, doux et patient et lui disant: (je n'ai plus de jambes».

Et nous qui avons exercé le saint Ministère, une autre vision nous hante: c'est celle de jeunes gens et de jeunes filles que nous avons vu s'étioler lentement dans l'inexorable phtisie qui frappe une multitude d'ouvriers de nos usines après deux ou trois générations. C'est là un risque qui en vaut bien un autre.

Les autres objections n'ont pas plus de valeur.

Ce qui est désormais hors de toute contestation, c'est que dans les nombreux établissements où elle a été essayée, la participation produit l'union et l'apaisement.

Ce ne sera pas une panacée universelle, pas plus que les coopérati­ves, dont nous attendons aussi un très grand bien. Mais ces deux institutions réunies, avec le retour à la vie coopérative et surtout avec le réveil des sentiments chrétiens, produiront cette évolution nécessai­re qui peut seule nous préserver de la révolution sociale.



La Démocratie Chrétienne, tome 1, 1894-1895; N. 9, janvier 1895, pp. 589-594; N. 10, février 1895, pp. 660-665; N. 12, avril 1895, pp. 802-810.

L'ARMEE DE L'ANTECHRIST

(Deux livraisons)

Elle a déjà ses cadres et ses bataillons, cette armée. Elle mène la campagne sourdement. Elle passera sans doute encore par bien des péripéties et des alternatives avant d'obtenir les grands succès que lui promet l'apocalypse. Elle est déjà puissante cependant. Elle a deux corps d'armée principaux reliés par des liens cachés et mystérieux. Ces deux armées sont celles de la franc-maçonnerie et du judaisme.

Léon XIII dans son encyclique de 1884 appelle ouvertement la secte maçonnique, l'armée de Satan.

Quant aux juifs, ils ont été souvent dans les conciles du moyen âge, désignés comme l'armée de l'Antéchrist. Notre titre est donc justifié. Nous étudierons successivement ces deux bataillons de l'Antéchrist. Nous verrons où ils en sont, ce qu'ils veulent, et comment ils s'entendent pour combattre l'Eglise.

Mgr Fava la fait remonter seulement à l'hérésie socinienne, au XVIe siècle. C'était un renouveau de l'hérésie arienne.

Lélius Socin et son neveu Fauste niaient le dogme de la Trinité et celui de la divinité de Jésus-Christ. La secte prit naissance à Vicence, en 1546.

Lélius Socin exilé de Vicence porta ses idées en Pologne. Il s'unit aux Unitaristes, qui avaient leur centre à Rakow. La secte devint une puissance.

Socin était en rapport avec les chefs de la Réforme et en particulier avec Mélanchton.

Persécutés plus tard en Pologne, les Sociniens, devenus les Francs­maçons, portèrent leurs doctrines en Angleterre et en Ecosse, où Cromwell les favorisa.

C'est d'Ecosse qu'ils sont venus en France, où la première loge fut fondée en 1725.

Les Sociniens avaient pris le nom et les insignes des maçons pour signifier qu'ils voulaient construire une société nouvelle.

D'autres historiens ont fait remonter la franc-maçonnerie aux confréries des Logeurs du bon Dieu, qui ont construit nos cathédrales et nos églises du moyen âge, et qui auraient dégénéré, par suite de leurs richesses et par l'adjonction de membres étrangers au monde du travail.

Mgr Meurin, dans un ouvrage magistral paru en 1893, a traité cette question historique dans toute son ampleur. Il a étudié les symboles maçonniques, les degrés du rite écossais, les emblèmes et les décors usités dans les loges, et il en a trouvé la clef.

Tous ces mystères sont calqués sur ceux de la Kabbale juive. Cette kabbale était une secte juive qui avait accepté un mélange de doctrines païennes pendant la captivité de Babylone.

L'inspirateur de la kabbale, comme des religions païennes, est Satan, et son but est de se faire adorer à la place de Dieu.

Mgr Meurin nous montre l'analogie des doctrines de la kabbale avec celles des anciennes théogonies païennes de l'Inde, de la Perse, de l'Assyrie, de l'Egypte et de la Grèce.

Il retrouve la même main et la même inspiration dans la philosophie hermétique et dans les sectes des premiers siècles chrétiens, le gnosticisme, les ophites et le manichéisme. Satan était l'inspirateur, et les juifs de la kabbale lui prêtaient leur concours. Leur doctrine était un vague panthéisme mêlé de dualisme. Ils admettaient, comme les Perses, deux principes émanés du Grand Tout. Ahriman et Ormuzd étaient devenus Jéhovah et Lucifer. Mais, pour eux, c'est Lucifer qui est le dieu bon, tandis que Jéhovah est un dieu cruel et persécuteur!

Les templiers déchus avaient adopté les mêmes doctrines. Ils se rattachaient aux sectes kabbalistiques.

Aujourd'hui, c'est la franc-maçonnerie qui est l'instrument de Satan sous la direction de la kabbale juive. Sans aucun doute, la plupart des francs-maçons ignorent les mystères intimes de leur secte et son but satanique.

Cependant, le voile se déchire, des révélations nous viennent de plusieurs côtés sur les secrets les plus intimes de la secte Judéo-maçonnique.

Au-dessus des loges ordinaires, il y a la haute maçonnerie, qui existait depuis longtemps sous des noms divers, gnostiques, martinistes, occultistes, et qui a reçu depuis quelques années une organisation puissante, sous le nom mystérieux de Palladisme.

Le Palladisme a ses trois grands centres, dogmatique, administratif et politique, à Charleston, à Berlin et à Rome. Son chef suprême actuel est Lemmi qui réside au palais Borghèse à Rome et qui s'est fait juif pour mieux partager la haine de Satan, son maître, contre le catholicisme. Les loges palladistes sont appelées des triangles. Soixante-dix-sept provinces triangulaires sont présidées chacune par un Mage élu.

Le Palladisme rend un culte à Lucifer, et il dirige l'action politique et sociale des loges dans la guerre qu'elles font au catholicisme.

Ces mystères de la franc-maçonnerie ne font plus' de doute pour personne. Ils ont été révélés à la fois par plusieurs maçons et palladistes convertis, par Paul Rosen, par Margiotta, par de docteur Bataille (pseudonyme d'un médecin de la marine) et par d'autres encore.

Les maçons italiens d'ailleurs, depuis vingt ans déjà, ne se gênent plus pour glorifier Satan, l'acclamer en public et arborer son étendard.

A Turin, en 1882, on chanta au théâtre, devant une populace digne d'un pareil spectacle, l'hymme à Satan du poète Giosué Carducci, dont nous citerons le début et la fin:

«Vers toi, principe de l'être,

S'élancent mes vers enflammés.

Je t'invoque, ô Satan, ô roi de ce banquet.

Voici qu'il passe, ô peuple, Satan le grand.

Il passe, faisant le bien, de lieu en lieu,

Sur son char de feu.

Salut, ô Satan, ô Rébellion!

Force vengeresse de la raison!

A toi le sacrifice de notre encens et de nos vœux.

Tu as vaincu le Jéhovah des prêtres».

A Palerme, on a vu le lycée, maîtres et élèves, recevoir en triomphe le poète Rapisardi, qui a chanté la victoire de Satan et blasphémé le Christ et la Vierge Marie.

L'étendard de Satan a été arboré à Gênes, aux fêtes du 20 septembre 1884, et à Rome à celles du 20 septembre 1891.

En 1884, le professeur Mannarelli, chargé de faire le discours de rentrée de l'Université de Rome, prit pour thème: «l'éloge de Satan et son influence salutaire dans l'histoire, depuis la révolte d'Adam jusqu'à l'entrée à Rome des Piémontais».

Ces apologies de Satan ont trouvé de l'écho dans toute l'Europe. Une conférence publique, donnée à Bruxelles, au 30 juin 1876, par le groupe de la Libre-pensée, avait pour but de justifier Satan de la longue calomnie des siècles.

En France, le F. Renan a donné aussi un coup d'encensoir à Satan, dans le Journal des Débats:

«Satan, écrivait-il, est sans contredit celui qui a gagné le plus au progrès des lumières et de l'universelle civilisation. Milton comprit ce pauvre calomnié. Son siècle, aussi fécond que le nôtre en réhabilitations de toutes sortes, ne pouvait manquer de raisons pour excuser un révolutionnaire malheureux, que le besoin d'action jeta dans des entrepri­ses hasardeuses».

Disons maintenant brièvement le but de la franc-maçonnerie, son organisation, ses cadres, ses forces, ses hauts faits et son action incessante et souverainement démoralisatrice.

Elle se donne comme une simple société d'assistance mutuelle. Ceci, c'est pour la galerie. En fait, elle est un groupement politique, religieux et social puissant.

La clientèle banale des Loges y voit surtout une affaire, avec le malin plaisir de faire une niche à l'Eglise. «Soutenons-nous les uns les autres dans les affaires, poussons-nous aux emplois et aux charges de l'Etat et secouons le joug des curés». Telle est la pensée intime du «Vulgare pecus» des Loges.

Les hauts-grades, les initiés, ont d'autres vues. Ceux-là sont des illuminés, des sectaires. Ils ont une thèse, une doctrine, une théologie. Ce sont les ennemis formels de notre Dieu, des révoltés contre Jéhovah qu'ils accusent de rigueur et de cruauté, des disciples, des amis, des suppôts et des défenseurs de Satan, qu'ils regardent comme un grand persécuté.

Les juifs, dans la maçonnerie comme ailleurs, ont encore un but à part.

Ils se servent de la maçonnerie, comme du reste, pour préparer leur domination universelle. Pour eux, le Temple de Salomon à bâtir, c'est leur futur empire. Ce sera la Nouvelle Jérusalem. (Voir les Archives israélites, 1861).

Les juifs ont changé le sens des prophéties messianiques. Ce n'est plus un homme, un sauveur qu'ils attendent, c'est le triomphe de la race. Ils aspirent à la république universelle, dans laquelle ils auront le pouvoir, les emplois et surtout la fortune. Et alors, comme ils le disent naïvement, les chrétiens mangeront «quand ils le voudront bien».

Il leur arrive souvent de manifester cette espérance de domination universelle qui les grise. En voici un exemple entre cent. Déjà en 1860, un israélite écrivait dans le Volksblatt (journal socialiste allemand):

«Ne comprenez-vous pas le vrai sens de la promesse du Seigneur Dieu Sabaoth à notre père Abraham, qu'un jour toutes les nations de la terre seront assujetties à Israël? Croyez-vous que Dieu entendait par là une monarchie universelle avec des rois juifs? Oh! non! Dieu a dispersé les juifs sur toute la surface du globe, afin qu'ils devinssent un levain au milieu de toutes les races, et qu'enfin ils étendissent, par l'élection, leur domination sur elles».

Il y a en France plusieurs rites de francs-maçons. Le rite de Misraïm compte 500 membres; le rite écossais dissident, 2.000; le rite écossais ancien, 6.000; le rite français du Grand-Orient de Paris, 18.000. C'est ce dernier qui possède de fait l'influence principale et la direction décisive dans la franc-maçonnerie de France.

Le Grand-Orient compte actuellement 302 loges. Presque toutes les villes de France en ont une ou plusieurs. Paris en a 54 du seul rite français (90 en tout); Bordeaux en a 13, Lyon, 8; Marseille, 5; Rouen, 5; Toulouse, 5; Saint-Etienne, 2; Lille, 2; etc.

Le pouvoir central est exercé par le Conseil de l'Ordre. Il a son organe officiel: le Bulletin du Grand-Orient. C'est véritablement un Etat dans l'Etat.

Léon XIII, dans son encyclique de 1884, a constaté la puissance effrayante de la franc-maçonnerie. Elle a envahi, dit-il, tous les rangs de la hiérarchie sociale, et elle commence à prendre dans les états modernes une puissance qui équivaut à la souveraineté.

En fait, elle détient les ministères de toutes les nations de l'Europe, sauf de la Belgique.

Au Convent de 1886, au Grand-Orient de Paris, les francs-maçons ont proclamé eux-mêmes leur puissance en ces termes:

«Depuis un siècle, rien ne s'est fait dans le monde que par la franc-maçonnerie».

Elle mène l'Europe et particulièrement la France depuis un siècle. 153

Elle y règne surtout depuis bientôt vingt ans en souveraine maîtresse. Le gouvernement n'est ni à l'Elysée, ni au Palais-Bourbon, il est à la rue Cadet.

Le fait est manifeste, et les francs-maçons eux-mêmes, aussi bien que les autorités catholiques, le proclament. Leurs journaux et leurs revues s'en vantent et s'en réjouissent.

«La franc-maçonnerie, disait la République maçonnique au 30 avril 1882, doit être la maîtresse et non la servante des partis politiques». «Nous avons organisé dans le sein du Parlement un véritable syndicat de francs-maçons, disait le journal officiel de la franc­-maçonnerie en 1888, en vue d'obtenir des interventions extrêmement efficaces auprès des pouvoirs publics».

«La franc-maçonnerie, disait le président du grand Convent de 1891, est digne d'être à l'avant-garde du progrès. Elle est digne de diriger la république. On le dit et c'est vrai» (Bulletin du Grand-Orient, p. 281).

«Il ne devrait rien se produire en France sans qu'on y trouve l'action cachée de la Maçonnerie, disait le président du Convent de 189Ó». Il ajoutait: «Si nous voulons nous organiser, dans dix ans d'ici, la Maçonnerie aura emporté le morceau, et personne ne bougera plus en France en dehors de nous».

Mgr Freppel avait donc raison de dire: «La lutte actuelle est entre le christianisme et la franc-maçonnerie, qui règne et qui gouverne et dont le programme a été appliqué point par point depuis quinze ans». (Allocution à son clergé, au 1er janvier 1891).

Mgr l'archevêque d'Aix a pu écrire à M. le Ministre des cultes: «La franc-maçonnerie, cette fille aînée de Satan, gouverne et commande; mille fois aveugle volontairement qui ne le voit» (8 octobre 1891).

Son Eminence le cardinal archevêque de Paris n'était pas moins explicite dans sa lettre à laquelle adhéra tout l'épiscopat français. «La lutte actuelle, a-t-il dit, n'est pas entre partis politiques, mais entre la France chrétienne qui revendique la liberté de sa foi, et les sectes maçonniques».

Les diverses révolutions qui ont agité l'Europe depuis un siècle ont été l'œuvre de la franc-maçonnerie.

Les francs-maçons avaient préparé la révolution de 1789, et quand elle eut lieu, on les retrouva sur les bancs de la Constituante, de la Législative et de la Convention.

«Les trois quarts de l'Assemblée nationale, disent les Révélations d'un Rose-croix, appartenaient à la franc-maçonnerie, et l'on ne peut pas citer un seul conventionnel qui ne dût son mandat à sa qualité d'adepte».

«C'est la Maçonnerie qui a fait la révolution de 1789», disait également le président du Grand Convent de 1891.

Nous retrouvons la même main dans les révolutions de 1830, de 1848 et de 1870. Sur onze membres du gouvernement provisoire du 4 septembre, dix appartenaient à la secte.

Les élections de 1871 les mirent de côté. Ils travaillèrent à reconquérir le pouvoir. Ils y arrivèrent par l'élection du F. Grévy. Depuis lors, tous les ministères, sous M. Grévy et sous M. Carnot, étaient composés presque uniquement de francs-maçons.

A l'Instruction publique, les ministres qui se sont succédé, MM. Ferry, Paul Bert, Bourgeois et Dupuy étaient francs-maçons. Tous les ministres des finances depuis 1880 étaient francs-maçons.

Ils avouent dans leur journal officiel qu'ils détiennent toutes nos institutions publiques (Année 1886, p. 545).

Par les élections, ils sont les maîtres du pays. Chaque loge est un Comité électoral permanent. On y choisit les candidats. On les impose par la presse et par les réunions publiques.

Nous leur devons toutes les lois antisociales votées depuis vingt ans. Ils ont imposé au gouvernement l'expulsion des religieux, la loi scolaire, la loi militaire, le droit d'accroissement et toutes les mesures de persécution.

Ils s'en vantent d'ailleurs: «C'est dans le sein de la Franc­-Maçonnerie, disait le F. Lepelletier, que s'élaborent la plupart des grandes réformes sociales; l'instruction laïque et obligatoire a été étudiée, préparée, et pour ainsi dire décrétée dans les loges» (Dans le Mot d'ordre, mai 1885).

Toutes les lois de ce genre se préparent dans les loges. Un ministre ou un député reçoit la mission de les présenter. Les journaux de la secte préparent l'opinion. Dès lors, la discussion des Chambres n'est que pour la galerie, la majorité maçonnique vote toujours suivant le mot d'ordre reçu du Grand-Orient.

Les membres du Parlement qui appartiennent à l'Ordre maçonni­que sont convoqués, quand il y a lieu, au Grand-Orient, et là on leur indique ce qu'ils doivent exiger du gouvernement.

Actuellement le Parlement compte environ deux cents francs­-maçons, et cent autres membres sont plus ou moins soumis à l'influence de la secte. Et combien nous sommes faibles et divisés dans la lutte contre eux!

Leur oeuvre sociale est d'ailleurs purement destructive. Ils ne sont d'accord que pour la persécution religieuse, pour l'accaparement des places et pour le pillage des finances.

Ils n'ont rien su faire pour l'organisation économique de la société et pour le relèvement du peuple.

L'action de la secte est incessante. Elle détient presque toute la presse et l'administration. Elle envahit les tribunaux. Elle règne dans l'Université. Au Convent de 1894, sur 330 membres élus, il y avait 117 employés de l'Etat: professeurs des facultés et des lycées, instituteurs, employés des ministères et des Postes, des chemins de fer et de l'assistance publique.

Il y a d'abord les remèdes spirituels, la prière et l'apostolat. Il faut ensuite une action constante et organisée. Il faut une campagne incessante de presse.

Léon XIII nous l'a dit: pour vaincre la franc-maçonnerie, il faut la démasquer. Il faudrait aussi une entente et une campagne d'influence pour débusquer les francs-maçons de tous les postes où ils s'installent pour nous opprimer. Toutes les associations catholiques devraient ajouter ce point à leur programme: «Connaître les francs-maçons, se procurer leurs listes et employer tous les moyens pour leur ôter le pouvoir de nuire».

Mgr FAVA, Le secret de la franc-maçonnerie, chez Oudin, rue Bonaparte, Paris.

Le P. DESCHAMPS, Les sociétés secrètes.

Mgr MEURIN, La franc-maçonnerie, synagogue de Satan, chez Retaux, rue Bonaparte.

L. TAXIL, Les frères Trois points.

Id. Les mystères de la franc-maçonnerie.

MARGIOTTA, Adriano Lemmi, chez Delhomme et Briguet. A. RICAUD, Les Loges de femmes.

ANDRIEUX, Mémoires d'un préfet de police.

La franc-maçonnerie et le Panama, 8, rue François Ier, Paris. Le Dr. BATAILLE, Le Diable au XIXe siècle.

A. DE SAINT-ALBIN, Les francs-maçons.

Voir aussi CLAUDIO JANET et les ouvrages allemands de PACHTLER, La Guerre sourde, et ECKERT, Le Temple de Salomon.

Les juifs sont en train d'accomplir la conquête de l'Europe. Ils y visent, et ils comptent bien y arriver bientôt.

Ils attendent maintenant la réalisation des promesses de l'Ancien Testament par leur domination universelle dans des Etats républi­cains dont ils occuperaient les plus hautes magistratures.

Ils n'oseraient pas encore dévoiler ouvertement leur plan dans la presse européenne. Ce serait téméraire. Cependant leur vraie pensée ne laisse plus de doutes, elle se manifeste chaque jour par leurs actes et quelquefois même par un programme défini. Rien de plus clair et de plus suggestif que le discours-programme d'un grand rabbin, publié par le journal Le Citoyen, de Marseille, dans son numéro du 6 novembre 1884. Citons-en quelques extraits:

«Le Sanhédrin a souvent proclamé et prêché la lutte sans merci contre nos ennemis les chrétiens. Mais dans nul des précédents siècles nos ancêtres n'étaient parvenus à concentrer entre nos mains autant d'or et conséquemment de puissance, que le XIXe siècle nous en a légué. Nous pouvons donc nous flatter, sans téméraire illusion, d'atteindre bientôt notre but. Nous sommes en grande partie maîtres de la Bourse sur toutes les places. C'est donc à faciliter encore de plus en plus les emprunts qu'il faut nous étudier, afin de prendre, en nantissement des capitaux que nous fournissons aux divers pays, l'exploitation de leurs lignes de fer, de leurs mines, de leurs forêts, de leurs grandes forges et fabriques, ainsi que d'autres immeubles, voire même de leurs impôts4).

Chaque guerre, chaque révolution rapproche le moment où nous atteindrons le but suprême vers lequel nous tendons.

Le commerce et la spéculation ne doivent jamais sortir des mains israélites… Nous serons les dispensateurs des grains à tous5).

Les israélites doivent aussi aspirer au rang de législateurs, en vue de travailler à l'abrogation des lois faites par les goïms (les chrétiens). Quant aux sciences, médecine et philosophie, elles doivent faire également partie de notre domaine.

Un médecin est initié aux secrets de la famille, il a entre les mains la santé et la vie de nos mortels ennemis.

Nous dicterons au monde ce qu'il doit croire, ce qu'il doit honorer, ce qu'il doit maudire. L'aveuglement des masses, leur propension à se livrer à l'éloquence aussi vide que sonore, en font une proie facile et un instrument de popularité et de crédit.

L'Eglise chrétienne étant un de nos plus dangereux ennemis, nous devons travailler avec persévérance à amoindrir son influence. Nous devons donc propager chez les chrétiens les idées de libre-pensée et de scepticisme et favoriser les divisions. Logiquement, il faut commencer par déprécier les ministres de cette religion; provoquons les soupçons sur leur conduite privée, et par le ridicule et le persiflage nous aurons raison de la considération attachée à l'état et à l'habit.

L'idée du progrès a pour conséquence l'égalité de toutes les religions, laquelle conduit à la suppression, dans les programmes d'études, des leçons de religion chrétienne. Les israélites, par leur adresse et leur science obtiendront facilement des chaires de professeurs. L'éducation religieuse sera reléguée dans les familles où elle s'amoindrira et disparaîtra.

Si l'or est la première puissance du monde, la seconde est, sans contredit, la presse. Comme nous ne pouvons réaliser nos projets sans le secours de la presse, il faut que les nôtres président à la direction de tous les journaux quotidiens dans chaque pays…

Il faut, autant que possible, entretenir le prolétariat. Par ce moyen, nous soulèverons les masses quand nous voudrons; nous les pousserons aux bouleversements, aux révolutions; et chacune de ces catastrophes avancera d'un pas nos intérêts intimes et nous rapprochera rapide­ment de notre but: celui de régner sur la terre comme cela a été promis à notre père Abraham».

Ces pages méritent d'être longuement méditées, elles sont la clé de toute l'histoire contemporaine.

Que d'instruments inconscients de la fortune juive! Que de dupes dont les juifs se rient, dans les foules qui croient aux journaux et aux discours des clubs!

En Algérie, où ils se sentent déjà les maîtres, les juifs, dans leurs journaux, laissent facilement passer le bout de l'oreille et se flattent d'un triomphe prochain. Un de leurs organes, qui porte le nom harmonieux d'Haschophet (le juge) était dernièrement dans un de ses jours d'expansion. Il publia un article sur l'Agonie de l'univers romain. Sur un verset d'Isaïe (chap. 1, vers. 26) qu'il regarde comme une prophétie de la nouvelle domination d'Israël, il modula les variations suivantes:

«Après bientôt dix-neuf siècles d'existence aventurière, le christia­nisme est enfin sur le point de toucher à son terme, et bientôt, on ne s'en souviendra plus que pour peindre à la postérité l'horrible état dans lequel les nations se trouvaient depuis deux mille ans sous le joug de la papauté.

En vain, la tiare se débat contre le spectre de la révolution juive de 1793; en vain elle veut se dégager des bras de fer du colosse sémitique qui l'étreint; tous ses efforts sont inutiles! Le catholicisme papal se meurt à mesure que le judaïsme pénètre dans toutes les couches de la société et anime les peuples d'un souffle de vie».

Mais ces menaces ne sont-elles pas invraisemblables? Le judaïsme est-il vraiment puissant?

Oui, les juifs sont puissants, et si Dieu ne nous vient en aide, ils occuperont bientôt les premières magistratures de tous les Etats de l'Europe. Ils règneront et nous les servirons.

Ils remplissent les banques et le haut commerce. Ils sont à l'assaut de l'administration. Ils visent haut et juste.

Ils détiennent la presse. Tous nos journaux sont entre leurs mains, sauf les trois ou quatre journaux catholiques. Citons, pour appuyer cette assertion, quelques-uns de leurs rédacteurs:

République Française: Reinach. - Lanterne: Mayer. - Gaulois: Arthur Meyer, Ferdinand Bloch. - Nation: Camille Dreyfus, Paul Dreyfus, Bernheim. - Echo de Paris: Valentin Simond, Henri Baüer. - Paris: Strauss, Klotz. - Figaro: Wolff, Millaud, Emile Berr, Rosenthal (Jacques Saint-Cère). - Gil Blas: Abraham Dreyfus. - journal: Bernheim. - Evénement: Schwob, Lazare Cerfbeer. - XIXe Siècle: Strauss. - Petite Presse: Crémieux. - Rappel: Hément. - Radical: Victor Simond, Hirsch. - Temps: Hément. - Voltaire: Klotz. - Vraie parole: Singer, etc., etc. - L'Autorité, Les Débats, La Revue des deux-mondes n'en sont pas exempts.

Par la presse, ils ont l'influence; par l'administration, le barreau et la magistrature, ils auront le pouvoir; par la banque et le commerce, ils auront la fortune.

Si vous voulez juger de leurs progrès à Paris, comparez les Bottin de 1869 et de 1893. Ils ont maintenant la majorité au tribunal de commerce de la Seine.

Parmi les abonnés au téléphone à Paris, un tiers sont juifs. Il y a 102 banquiers juifs à Paris: 55 Lévy, 20 Bloch, 26 Dreyfus, une foule de Cahen, de Kahn, de Weil, Deutsch, Isaac, Israël, Nahmias, Nathan, etc.

Dans toutes nos grandes villes, l'invasion progresse rapidement. Nantes, Bordeaux, Toulouse, Nancy, Verdun, Reims, Lille, Valen­ciennes, Saint-Quentin sont véritablement infestées de juifs.

En Algérie, ils sont bien plus avancés, ils détiennent un grand nombre de municipalités. A Oran, d'après le journal l'Etoile Africaine, l'industrie et le commerce sont presque entièrement aux mains des juifs. Dans le commerce de nouveautés, on compte 41 juifs et 7 chrétiens; dans le commerce de grains, 27 juifs et 13 chrétiens, etc. Le reste est à l'avenant.

Leur tactique est la même dans toute l'Europe. C'est d'ailleurs le mot d'ordre de leur Sanhédrin secret. Ils marchent à la conquête de la fortune, de l'influence et du pouvoir.

Ils ont accaparé la haute franc-maçonnerie et même le socialisme. Les docteurs les plus en vogue du socialisme sont juifs. Des juifs millionnaires, Singer, Aron et Friedlaender, sont à la tête du socialisme allemand.

En Autriche, les juifs dirigent tous les grands journaux, sauf deux. Ils détiennent les banques. Ils accaparent toutes les grandes pro­priétés. Ils ont même des patronats ecclésiastiques et nomment à 60 cures.

A Vienne, sur 6.400 étudiants de l'Université, on compte 2.500 juifs.

A la Faculté de médecine, ils sont plus de 50%. La proportion est la même à l'Université de Buda-Pesth.

En Hongrie, il n'y a que 30 ans que les juifs peuvent acquérir des propriétés, et déjà ils possèdent 30% du sol hongrois. Sur 3.000 grands propriétaires fonciers, il y a plus de 1.000 juifs. Ils ne sont pas plus de 3% dans le pays, ils sont 30% à l'Université.

A Berlin, le barreau de la cour d'appel compte 36 juifs sur 54 avocats. Le tribunal de première instance compte 200 avocats juifs contre 150 chrétiens. Sur les 150 notaires de Berlin il y a 54 juifs. Sur 87.000 négociants, il y a 41.000 juifs.

La population générale de Berlin n'a que 8% de juifs; mais ils sont 70% dans le barreau, 60% dans la médecine, 48% dans le commerce et 36% dans la magistrature… en attendant mieux.

En revanche, sur 108.000 personnes de service, domestiques, portiers, commis, etc., il n'y a à Berlin que 319 juifs: c'est 3%. La conclusion saute aux yeux: Israël commande et ne sert pas les autres.

La proportion des juifs dans les emplois qui donnent l'influence est la même au duché de Bade et au Wurtemberg; elle est plus grande encore au Portugal et dans les principautés danubiennes.

Ils sont aussi à la tête du commerce d'exportation et d'importation à Hambourg, à Anvers et au Havre. Ils sont les maîtres du marché des céréales.

Qui ne voit quelle influence ils peuvent avoir par là sur les destinées des nations, particulièrement en cas de guerre?

Mais quels sont donc les principes et les doctrines qui favorisent ainsi le développement de leur puissance? Les voici. Ils ont d'abord une confiance inébranlable dans le succès final. Comme ils n'ont compris ni la rédemption par le Christ, ni le règne spirituel du Messie, ils attendent toujours le triomphe temporel de leur race. Ils l'attendent avec toute la force de leur foi et toute la ténacité de leur caractère, et ils y travaillent avec une constance que deux mille ans de lutte n'ont fait qu'affermir.

Leur ardeur et leur persévérance sont d'autant plus grandes qu'ils ont au cœur la haine la plus profonde du Christ et des chrétiens. Pour eux, le Christ et ses disciples sont des usurpateurs, qui ont retardé depuis bientôt deux mille ans le triomphe du juif. C'est l'obstacle principal au règne d'Israël, aussi c'est avec acharnement qu'ils s'attachent à le ruiner et à le perdre.

Mais ce qui multiplie leurs forces, c'est que, pour eux, tous les moyens sont bons quand il s'agit de nuire aux chrétiens.

Presque tous les juifs, et notamment tous ceux d'Europe, ont adopté depuis le second siècle de l'ère chrétienne, un recueil de prétendues traditions, le Talmud, qui fait loi parmi eux presque à l'égal de la Sainte-Ecriture. Et ce Talmud leur enseigne qu'il n'y a pas d'autres devoirs vis-à-vis des chrétiens que de les tromper, de les ruiner et de les détruire. Voici quelques-unes de ses maximes et de ses prescriptions.

1° Dieu a donné toute puissance aux juifs sur les biens et le sang de tous les peuples.

2° Il est permis de mentir aux non-juifs, si on y a intérêt.

3° Le non juif qui vole un israélite, mérite la mort, mais il est permis à un juif de faire du tort aux chrétiens.

4° Le bien des chrétiens est pour le juif comme un bien abandonné, le juif a le droit de s'en emparer.

5° On peut tromper un étranger et exercer l'usure envers lui.

6° Si les juifs gouvernent dans un pays, ils doivent faire gagner aux juifs tous leurs procès contre les étrangers. Si les juifs ne sont pas les maîtres du pays, ils doivent circonvenir les étrangers pour que le juif gagne sa cause.

7° Le juif n'est pas tenu de respecter les femmes chrétiennes.

8° C'est toujours une bonne oeuvre de procurer la mort d'un Nazaréen.

Tel est l'esprit du judaïsme, telles sont les véritables tendances des juifs. Tous les juifs d'Europe sont talmudistes. Ils lisent le Talmud à la synagogue. L'Orient seul a encore un certain nombre de juifs qui s'en tiennent au seul texte de la Bible et qui s'appellent des Caraïtes.

L'Europe chrétienne est punie pour s'être soustraite à la direction de la papauté. L'Eglise n'a jamais varié sur la question juive. Elle a toujours voulu que les juifs fussent respectés dans leurs personnes et que leur culte fût toléré; mais toujours aussi elle a voulu qu'ils fussent tenus dans la soumission et l'isolement, pour les empêcher de nuire aux chrétiens. Tant que l'Eglise a été écoutée, ils sont demeurés impuissants. Tous les peuples qui ont méconnu ses sages prescriptions n'ont pas tardé à s'en ressentir.

Le prince-archevêque d'Olmutz, de famille juive convertie, consul­té récemment sur la question, a répondu avec connaissance de cause que pour conjurer le péril juif, il eût souvent suffi de s'en tenir aux règles du droit canon.

Les Conciles de Tolède et de Paris, aux Ve et vie siècles, insistaient sur la défense de confier aux juifs aucune charge publique, civile ou militaire. Ils défendaient aux juifs d'employer des serviteurs chrétiens.

Le Concile de Mâcon (581) interdisait aux juifs toutes les fonctions judiciaires.

D'autres Conciles ont défendu aux chrétiens d'avoir recours aux services des juifs comme médecins ou comme serviteurs.

Le IVe Concile de Latran interdit aux juifs d'exiger des intérêts exagérés, à peine de se voir privés de tous rapports avec les chrétiens. Il demanda aussi qu'on leur imposât partout de porter un signe distinctif sur leurs habits. C'était devenu nécessaire pour prémunir les chrétiens contre leurs fraudes et leurs exactions.

Quand les populations oubliaient ces prescriptions, elles tombaient sous le joug des juifs, et recouraient, pour s'en délivrer, à des violences déplorables que l'Eglise condamnait.

Le pape Clément VIII déplorait que tout le monde eût à souffrir de leurs usures, de leurs monopoles, de leurs fraudes.

«Ils ont réduit à la mendicité, disait-il, une foule de malheureux, principalement les paysans, les simples et les pauvres». Tant il est vrai que l'histoire recommence toujours!

Aujourd'hui, l'usure a changé de nom. Elle s'appelle la haute banque, la spéculation, la Société véreuse, le coup de bourse, l'accaparement, le chantage, le monopole. Le résultat est toujours le même.

Quand les papes ont été compatissants pour les juifs, comme a fait Pie IX en ouvrant le Ghetto, ils ont été payés d'ingratitude. Le Ghetto accueillit les Piémontais en triomphe en 1870. Les juifs se livrèrent à mille excès contre la Rome catholique. Ils sont aujourd'hui les maîtres de Rome et de l'Italie. Ils détiennent toute la presse, les banques et le haut commerce.

Les lois canoniques, c'étaient les digues opposées au flot montant des juifs. Les digues ayant été rompues, le flot monte et les sociétés chrétiennes sont envahies et submergées.

Les principes du droit canon sont de tous les temps. Leur application sera nécessaire tant que les juifs seront juifs. Il faut y revenir au moins quant à l'esprit qui les inspirait. Il faut, par des lois nouvelles, arrêter le flot qui monte. Les juifs cherchent toujours à se rendre maîtres des mêmes forteresses pour dominer la société: la banque, le commerce, la magistrature, le barreau, la médecine. Ils y ont ajouté une force nouvelle, la presse, et un instrument complaisant, la Franc-Maçonnerie.

Quelles digues nouvelles opposer à leur envahissement? La Russie a limité le nombre de leurs étudiants dans les universités de l'Etat. C'est très légitime, parce que leur patriotisme est toujours au moins douteux. Il est donc juste qu'on ne leur ouvre pas l'accès aux fonctions sociales.

La Prusse ne les admet pas au nombre des officiers de l'armée. Ce n'est pas une loi, mais c'est une coutume cent fois justifiée.

En France un projet de loi propose de ne pas admettre aux charges publiques les citoyens qui ne seraient pas naturalisés depuis au moins trois générations.

Cela passera difficilement à cause de l'influence des juifs à la chambre et dans la presse, cependant cela aurait au moins l'avantage d'exclure des emplois publics quelques juifs cosmopolites, qui n'ont guère pour objectif que de faire leur fortune par tous les moyens possibles, voire même par la trahison, le chantage et la concussion.

D'autres mesures s'imposeront, si nous ne voulons pas demeurer leurs esclaves.

Que Dieu nous éclaire et nous aide!



Le règne du Coeur de Jésus dans les âmes et dans les sociétés, mars 1895, pp. 105-115; avril 1895, pp. 157-166.

Cet article, sauf quelques retouches, corre­spond au chapitre IV du Manuel social chrétien, cf. Oeuvres sociales, vol. II, pp. 71-86.


1)
Le R. P. Lehmkuhl, S.J., n’est-il pas du même avis, quand il dit, sans sa brochure: Le mal social et l’influence de l’Eglise, page 36: «Qu’on attribue une part des bénéfices au capital, au travail intellectuel, aux risques et périls de l’entreprise, rien n’est plus juste. Mais, quand on adjuge au capital, inerte d’ailleurs, le plus souvent fictif, la part du lion, et cela, au détriment du travail on commet une injustice manifeste».
2)
Nous ne parlons pas ici des associations ouvrières de production. Ces associations ont aussi leur chambre consultative, leur bulletin périodique et leur banque de crédit (80, rue de Bondy, à Paris). C’est une organisation du travail qui, quand elle est bien conduite, a de nombreux avantages. Elle suppose que les ouvriers ont de petits capitaux à mettre en commun. Elle ne se prête pas aux grandes entreprises, pour le moment du moins.
3)
On lira avec intérêt sur ce sujet dans la livraison du 16 janvier 1894, de La République sociale, une importante communication de M. Emile Delecroix, sur les Mines et la Petite Epargne, qui préconise cette solution.
4)
Nos ouvriers socialistes ne se doutent guère, quand ils réclament la socialisation des instruments de travail, mines, chemins de fer, usines, que cette idée leur est soufflée par les juifs pour hâter leur domination financière.
5)
Voilà pourquoi ils ont accaparé à Marseille, au Havre et à Anvers tout le commerce des grains.
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