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Neuvième conférence

Mission actuelle du Tiers-Ordre

Cette dernière Conférence reprise dans La Rénovation sociale chrétienne est aussi la plus courte. Il s'agit en réalité d'un discours, que le Père Dehon dit «préparer vite» pour le prononcer lors du congrès du Tiers-Ordre franciscain qui se tient à Rome du 23 au 27 septembre 1900 (cf. NQT XVI/1900, 36).1) Dans le même passage de son Journal, il fait allusion à un incident qui aura également sa répercussion dans le dossier auprès du Saint-Office: on aurait voulu lui imposer de modifier le texte de son intervention, en raison de divergences relevées avec la pensée du Vatican. Le discours est publié dans Le Règne de 1901, ainsi que l'éloge chaleu­reux d'un évêque du Canada.

Le jeune Léon Dehon était entré au Tiers-Ordre de saint François dès sa première année de vie étudiante à Paris, en 1859. Un bref essai, interrompu pendant sept ans puis repris à Rome en 1866, jusqu'au jour où sa profession religieuse vient y mettre fin en 1878. «Je veux aussi remercier Notre­-Seigneur des grâces sans nombre que je dois au Tiers-Ordre de saint François», écrira-t-il plus tard (NHV V, 69-70). En 1882 il se réjouit de l'Encyclique de Léon XIII sur ce Tiers-­Ordre. Là aussi le Pape indique déjà la direction pour l'ave­nir: inciter le Tiers-Ordre à s'engager beaucoup plus éner­giquement dans l'action sociale et y puiser une nouvelle jeu­nesse, en profonde fidélité à l'intuition originelle de son fon­dateur, saint François d'Assise.

Car le Tiers-Ordre s'était peu à peu limité à être «une pieuse confrérie propre à aider ses membres pour leur sancti­fication personnelle, mais absolument inefficace pour le règne social de Jésus-Christ».2)I Maintes fois le Père Dehon fait sienne et prêche l'insistance de Léon XIII, en particulier lors de nombreux congrès dont celui très mouvementé de Nîmes en 1897.

Dans son discours - c'est la Conférence dont il est ques­tion ici -, il commence par s'interroger: «Ne sommes-nous pas téméraires en parlant d'une mission actuelle du Tiers­-Ordre?» (p. 356). C'est qu'en effet le thème qui pourrait sem­bler de tout repos est bien loin d'être paisible, l'incident re­porté plus haut le montre. Dans son Journal, relatant le congrès de Rome lors duquel il prononce son discours, le Père Dehon note: «Les capucins surtout sont réfractaires. Je passai aux yeux de quelques-uns pour un révolutionnaire, pour avoir donne à mon discours une tournure démocra­tique» (NQT XVI/1900, 36).

Les fraternités da Tiers-Ordre sont des oeuvres réunies pour vivre la prière, la pénitence, la sanctification, cela n'est absolument pas discutable, précisément ce n'est pas ce qui fait question. Mais de fagon tout aussi claire, ces fraternités ne peuvent pas n'être que cela: ce serait fausser gravement l'intention de saint François. Car «le Tiers-Ordre franciscain est éminemment social parmi tous les ordres religieux» (p. 357). «Saint François voulait que ses Tertiaires fussent des ci­toyens chrétiens, capables de faire régner le Christ dans la commune et dans l'Etat» (p. 357-358). Comme toute l'Eglise pendant des siècles le Tiers-Ordre a été marginalisé, can­tonné à un but de sanctification personnelle coupée de la vie sociale: «Le véritable esprit de saint François sommeillait, aussi bien que le véritable esprit du Christ» (p. 358). «Le Tiers-Ordre, sans l'action sociale, n'est plus le Tiers-Ordre de saint François,c'est une confrérie sans force et sans vita­lité», affirme le Père Dehon au Congrès de Reims en août 1896.3)II

C'est en particulier ce à quoi ne peut se résoudre Léon XIII, ce nouveau François des temps modernes. Pour servir l'oeuvre principale de son pontificat, «la rénovation sociale», et devant une société aussi malade et, paganisée que celle que le Saint d'Assise entend ramener à la justice et à la charité de l'Evangile, le Pape en appelle énergiquement à l'authentique intention franciscaine. Et il supplie qu'on la fasse rayonner largement au-delà des enceintes des monastères, qu'on la tra­duise en engagement effectif dans le monde au servite du peuple qui souffre, pour le bien des foules de travailleurs, pour la défense des pauvres. Pour Léon XIII, et déjà quand il était évêque à Pérouse, c'est là une conviction constante et ferme: «Le Tiers-Ordre est sa réforme sociale» (p. 359).

Dès lors la «mission actuelle» du Tiers-Ordre est claire: en même temps que nourrir la vie de prière et de pénitence, être «un ferment de vie chrétienne dans toutes les relations sociales» (p. 360). Et pour cela, deux orientations principales sont à suivre: Compléter son recrutement, élargir son esprit. Compléter le recrutement, lui donner un caractère nou­veau: que le Tiers-Ordre rassemble non pas seulement des personnes pieuses qui Gomme Morse prient sur la montagne, mais aussi des hommes vaillants qui combattent dans la plaine Gomme Josué. «Il faut aller au peuple, à la multitude, mais il faut tout tenter pour enrôler les hommes d'action, les hommes d'influente, les jeunes gens des collèges, les membres des sociétés diverses, les chefs de maisons de commerce et d'industrie» (p. 361).

Et infuser au Tiers-Ordre un esprit qui lui aussi soit nou­veau: qu'il sorte du cénacle de la fraternité pour le bien de la société. Qu'il se fasse l'auxiliaire du clergé dans son action sociale demandée avec si forte insistance par Léon XIII. «La fraternité (du Tiers-Ordre) sera le conseil et le bras du prêtre pour toutes ses œuvres» (p. 362). Alors ce Tiers-Ordre sera «comme l'instrument du salut pour la société contempo­raine» (ibid.). Le Père Dehon ne précise pas davantage, d'autres intervenants le feront lors du congrès. Il renvoie seu­lement aux résolutions prises par le congrès de Paray-le­-Monial en 1894, résolutions trop peu suivies et Léon XIII s'en plaint:: «On n'a pas assez tenu compte de ses ordres et de ses exhortations» (p. 363). Et il rejoint l'intuition de Léon Harmel, pour qui le Tiers-Ordre est une des formes d'avenir de «l'apostolat du semblable sur le semblable».

«Unissons saint François et Léon XIII dans un même amour, et travaillons sous leur lumineuse direction à la réno­vation de la société chrétienne» (ibid.).

EMINENTISSIMES SEIGNEURS,

MESSEIGNEURS,

VÉNÉRÉS FRÈRES ET SŒURS,

I. Ne sommes-nous pas téméraires4) en parlant d'une mission actuelle du Tiers-Ordre? La grande oeuvre séraphique devrait-elle donc changer son caractère séculaire ! Ne serait-elle plus simplement une oeuvre de prière, de pénitence, de sanctification personnelle

Ces objections nous ont été faites un jour que nous parlions de la mission nouvelle du Tiers­-Ordre. Elles subsistent peut-être dans certains esprits, nous y voulons répondre.

II. Eh! sans doute, nos chères fraternités sont toujours des oeuvres de prière, de pénitence et de sanctification; mais elles n'étaient pas que cela dans le commencement, et elles ne doivent pas non plus se borner à cela aujourd'hui. Saint François n'a pas voulu seulement orner les âmes de vertus privées pour les offrir à Jésus-Christ, il a voulu aussi travailler au règne social du Rédempteur.

Notre bien-aimé Pontife, Léon XIII, nous l'a rappelé toutes les fois qu'il nous a parlé du Tiers-­Ordre. Saint François avait en vue le bien des sociétés; en même temps' que la sanctification des âmes.

III. Il serait même facile de démontrer que le Tiers-Ordre franciscain est éminemment social parmi tous les ordres religieux.

Tous les fondateurs qui ont eu en vue la vie con­templative ou la vie apostolique, ont séparé leurs disciples des agitations humaines. Saint François l'a fait aussi pour ses deux premiers ordres, mais quand il s'est agi du Tiers-Ordre, il a laissé ses religieux tertiaires à leur vie de famille, à la vie corporative, communale et sociale, non seulement pour qu'ils se sanctifient dans cette vie commune, mais pour qu'ils en sanctifient toutes les relations et tout l'organisme.

Saint François d'Assise a vécu à l'époque de la grande vie sociale chrétienne; à l'époque où tout palais communal avait sa chapelle, toute corpora­tion de métier son autel ou son oratoire.

Nous imaginer que saint François ait voulu faire de ses Tertiaires des cénobites, c'est fausser l'his­toire, c'est diminuer le grand Saint, c'est lui prêter nos courtes vues. Saint François voulait5) que ses Tertiaires fussent des citoyens chrétiens, capables de faire régner le Christ dans la commune et dans l'Etat. Ce sont ses fils spirituels, qui conduisirent les communes et les corporations aux pieds du Christ et de la Madone. Ce sont eux qui faisaient représenter par les coryphées de l'art chrétien les symboles du bon gouvernement au palais commu­nal de Sienne et les vertus chrétiennes à la Bourse de Pérouse.

IV. Après cela nos nations chrétiennes ont senti passer le souffle desséchant du gallicanisme et du régalisme. La religion a été d'abord domestiquée par les rois, puis exclue par la Révolution. Le sens chrétien était atrophié. Le clergé s'habituait à vivre en dehors de la vie sociale. Les fraternités du Tiers­-Ordre devenaient de pieuses confréries, sans autre but que la sanctification personnelle de leurs membres. Le véritable esprit' de saint François sommeillait, aussi bien que le véritable esprit du Christ.

V. Mais voici que le Christ a suscité un nouveau François d'Assise. Il ne le prend pas dans le cloître, parce qu'il veut lui donner une mission plus large et plus complète. Il le place sur le trône pontifical.

Je ne vois pas dans l'histoire, depuis le XIIIe siècle, un homme qui ait revêtu l'esprit de saint François plus pleinement que Léon XIII.

Leurs méditations intimes ont été identiques. Tous deux ont longuement contemplé leur siècle devant Dieu. Ils ont reconnu que le naturalisme et le sensualisme éloignaient les populations de l'Evan­gile et du Christ. Ils ont vu les petits et les faibles opprimés par la féodalité politique du XIIIe siècle et par la féodalité financière du XIXe. Tous deux ont conçu le même remède, le Tiers-Ordre. Saint François l'a fondé; Léon XIII l'a renouvelé, recom­mandé et propagé avec une insistance infatigable, avec un saint acharnement.

Evêque à Pérouse, Léon XIII organise le Tiers-Ordre dans son diocèse. Pontife suprême, il le recom­mande dans ses Encycliques,6) dans ses lettres, dans ses conversations privées. Il compare justement l'état social de notre temps à celui du XIIe siècle. Il déclare que le Tiers-Ordre est sa réforme sociale.

Il a vu que l'esprit franciscain de prière et de pénitence est le remède à l'indifférence et à la sen­sualité de notre temps. Il a reconnu aussi que l'esprit d'association guérira l'individualisme de notre siècle. Il donne le Tiers-Ordre aux prêtres pour les aider dans la rénovation sociale.

VI. La rénovation sociale est l'œuvre principale du pontificat de Léon XIII. Il trouve une société désemparée, une société devenue païenne, une société où ne règnent plus la justice et la charité. Et dans ce désarroi général, qui souffre le plus? la classe populaire. C'est vers elle que Léon XIII a tourné surtout ses regards compatissants.

Ecoutez Léon XIII revêtir l'esprit de saint Fran­çois :

Dans ses lettres,7) il rappelle aux Frères Mineurs que «leur vertu doit franchir les bornes des monas­tères et se répandre en dehors pour le bien public». - «Le bienheureux François; leur dit-il, et ses disciples les plus éminents se sont consacrés tout entiers au peuple». - C'est ce qu'ont fait les Antoine de Padoue, les Jean de Capistran, les Ber­nardin de Sienne, les Bernardin de Feltre, en apai­sant les divisions sociales, en prêchant contre l'usure, en instituant les établissements de prêts populaires.

«Le temps est venu, ajoute Léon XIII, de re­prendre cette ligne de conduite et d'aller au peuple.

Il faut étudier les besoins des multitudes. Il faut avec amour les aider, les instruire, les consoler. Le Tiers-Ordre y doit contribuer». - «Nous-même, dit encore Léon XIII, n'avons-nous pas écrit dans ce même but un bon nombre de nos Encycliques celles sur la Maçonnerie, sur la condition des ou­vriers, sur les principaux devoirs des citoyens chrétiens?» (Lettre au Ministre général8) des Frères Mineurs).

VII. Telle est bien la grande conception de Léon XIII. Il a écrit un bon nombre de ses Ency­cliques dans l'intérêt dit peuple. - Aider les tra­vailleurs avec amour, les instruire, les consoler, c'est le devoir des clercs de tout ordre. - Le Pape désire vivement que la vertu des Pères du premier ordre franchisse les bornes des monastères et se répande au dehors pour le bien public. - Il adjure les frères du Tiers-Ordre de rendre des services signalés à la société.

VIII. C'est cela que nous appelons la mission actuelle du Tiers-Ordre. Les Tertiaires doivent être comme toujours des hommes de prière, des hommes de pénitence. Ils doivent être en outre un ferment de vie chrétienne dans toutes les relations sociales.

C'est là qu'est le nouvel esprit du Tiers-Ordre, ou plutôt le renouvellement de son esprit initial. Et pour cela, qu'y a-t-il à faire? Nous le dirons brièvement en deux mots, sans timidité et sans respect humain: il faut compléter le recrutement du Tiers-Ordre - il faut élargir son esprit.

IX. Il faut compléter son recrutement. Nous avons eu surtout depuis un siècle des personnes pieuses qui priaient comme Moïse sur la montagne; il faut y ajouter des hommes vaillants, qui combattent dans la plaine comme Josué.

Ecoutez ce que le Pape faisait dire à son peuple de Rome, par son Cardinal Vicaire, en 1882:

«Chaque curé, disait-il, doit répandre l'Ency­clique sur le Tiers-Ordre parmi ses paroissiens, mais il doit la mettre surtout entre les mains des directeurs de collèges, des présidents de sociétés, des chefs de maisons de commerce. - Les pasteurs d'âmes, tant du clergé séculier que de tout ordre religieux, doivent tout tenter pour exciter les fidèles et surtout les hommes et les jeunes gens à entrer dans le Tiers-Ordre».

C'est donc bien entendu, il faut aller au peuple,. à la multitude; mais il faut tout tenter pour enrôler les hommes d'action, les hommes d'influence, les jeunes gens des collèges, les membres des sociétés diverses, les chefs de maisons de commerce et d'in­dustrie. Il faut donner au recrutement du Tiers­Ordre un caractère nouveau.

X. Ce n'edt pas tout, il faut lui infuser. un esprit nouveau. De même que la vertu des Pères du pre­mier ordre doit sortir des bornes du monastère pour le bien public; de même la vertu des Tertiaires doit sortir du cénacle de la fraternité pour le bien de la société.

XI. Que doivent donc faire les Tertiaires? Ils doivent être, comme le dit plusieurs fois le Saint­Père, les auxiliaires du clergé.

Mais sur quel terrain doivent-ils suivre le prêtre? Ecoutons le Saint-Père dans sa lettre au clergé de France:9) «Pas une bonne oeuvre, dit-il, dont vous ne soyez les inspirateurs ou les apôtres. Dociles aux conseils que nous avons donnés dans Notre Encyclique Rerum novarum, vous allez au peu­ple, aux ouvriers, aux pauvres. Vous cherchez par tous les moyens à leur venir en aide, à les moraliser, à rendre leur sort moins dur. Dans ce but, vous provoquez des réunions et des congrès; vous fondez des patronages, des cercles, des caisses rurales, des bureaux d'assistance et de placement pour les travailleurs. Vous vous ingéniez à intro­duire des réformes dans l'ordre économique et social. Vous n'hésitez pas à faire dans ce but des sacrifices de temps et d'argent. Vous écrivez des livres, des articles de journaux et de revues. Vous donnez en tout cela des preuves manifestes d'intel­ligent et généreux dévouement aux besoins les plus pressants de la société contemporaine et des âmes…».

Voilà certes un beau programme d'action sociale études préparatoires, réunions, œuvres d'assistance et de crédit, oeuvres de presse, propagande des réformes sociales, tout y est.

C'est là le champ d'action sociale ouvert de nou­veau devant le prêtre après le long sommeil du gallicanisme.

XII. Mais pour cette campagne délicate et virile, le prêtre aura des auxiliaires de choix et comme une garde d'honneur: ce sera sa fraternité du Tiers­-Ordre. C'est là qu'il trouvera, pour toutes les oeuvres, des hommes de sacrifice, d'initiative et d'action.

Quel honneur c'est pour nos fraternités! Les autres associations ont un but spécial et défini. La fraternité sera le conseil et le bras du prêtre pour toutes ses oeuvres.

Je ne développerai pas davantage cette esquisse. D'autres dans ce congrès vous parleront plus au long des oeuvres sociales auxquelles vous devez collaborer. Je vous demande seulement une résolu­tion généreuse et efficace de vous mettre à ces oeuvres sous la conduite de vos pasteurs.

XIII. C'est cette vaste action sociale du Tiers-Ordre que Léon XIII a considérée, quand il nous a présenté le Tiers-Ordre comme l'instrument du salut pour la société contemporaine.

Oh 1 combien Léon XIII doit-il être aimé de saint François 1 Personne depuis six siècles n'avait com­pris aussi largement la pensée de François d'Assise. L'histoire dira que le second père du Tiers-Ordre est Léon XIII.

Je vous propose en terminant d'acclamer à la fois le fondateur et le restaurateur du Tiers-Ordre, saint François et Léon XIII. Unissons-les dans un même amour et travaillons sous leur lumineuse direction à la rénovation de la société chrétienne.

XIV. Nos congrès précédents ont déjà signalé cette orientation nouvelle du Tiers-Ordre dans son recrutement et dans son action. Aucun cependant ne l'a mieux fait que le congrès de Paray-le-Monial10) en 1894. La grâce du Sacré-Cœur a puissamment aidé ce congrès. En quelques vœux bien clairs, il traçait ce recrutement viril et cette action sociale du Tiers-Ordre. Aussi a-t-il reçu du Saint-Père une approbation toute particulière.

Six années se sont écoulées depuis lors et le Pape pourrait renouveler encore une plainte qu'il a déjà formulée: «On n'a, pas assez tenu compte de ses ordres et de ses exhortations».

Humilions-nous. Renouvelons les vœux de Paray­le-Monial. Remettons-nous à la propagande du Tiers-Ordre, à son recrutement viril, à son action sociale.

XV. Offrons ces vœux au Sacré-Cœur de Jésus, offrons-les à saint François, offrons-les à Léon XIII. Le Cœur du divin Maître, celui de notre saint Fondateur et celui de notre grand Pontife battent à l'unisson. Leurs vues sur la société contemporaine sont les mêmes. Leur joie sera la même si nous répondons enfin à leur attente.

Vive le Sacré-Cœur de Jésus! Vive saint François!

Vive Léon XIII!


1)
Le Père Dehon prononça ce discours le 2,4 septembre 1900, le deuxième jour du congrès. Ce congrès aurait du assurer une rénovation profonde do Tiers-Ordre, mais surtout les conférenciers du premier jour avaient déçu les attentes. Le Père Dehon au contraire, écrit M. Burnod, prononça «le discours le plus retentissant et le plus engagé de tout le congrès» (article cité par J. M. Durand, Le mouvement social franciscain en France, Les Editions Franciscaines, Paris 1991, p. 125).
2)
I Cf. la lettre du Père Dehon au Commissaire général du Tiers-­Ordre, août 1897, OSC IV, p. 641.
3)
II Cf. OSC IV, p. 636.
4)
Parler d’une «mission nouvelle» du Tiers-Ordre n’était pas «téméraire» pour le Pare Dehon. II était lui-même tertiaire depuis ses premières années de séminaire. Il en connaissait les origines et l’histoire. Tout son discours n’est qu’un commentaire aux interventions à ce sujet de Léon XIII, le Pontife de la rénovation sociale de toute la société dans la justice et la charité. Il ne fait donc autre chose qu’appliquer au Tiers-Ordre les mêmes principes qui inspiraient tout son apostolat social. Et c’est à cause de sa compétence qu’il est membre de la commission mixte (franciscains, prêtres diocésains et laïcs) qui depuis juillet 1893 se réunit de temps en temps à Val-des-Bois et ailleurs pour suivre et animer le renouveau du Tiers-Ordre et lui, le Pare Dehon, sera «l’une des figures les plus mar­quantes des congrès franciscains en France» (cf. J. M. Durand, o.c., p. 47).
5)
Le «Tiers-Ordre», dont St Frangois obtint l’approbation de Gré­goire IX en 1221, était destiné non à des cénobites quittant le monde, mais aux laïcs, hommes et femmes, qui restaient dans le monde, mêlés à tous les problèmes de leur famille et de la société. C’était l’esprit qui devait les ca­ractériser. Ils devaient donc éviter tout luxe dans leurs habits, payer tou­jours les dîmes, ne pas porter d’armes, visiter leurs frères malades, etc. Ce Tiers-Ordre, très tót imité par les servites, les carmes, les prémontrés, etc, exerça une grande influente, même sur le pian social et politique.
6)
Deux sont les Encycliques dans lesquelles Léon XIII sollicite le re­nouveau du Tiers-Ordre: Auspicato (17 septembre 1882), publiée à l’occa­sion du septième centenaire de la naissance de St François (cf. Enchiridion delle Encicliche, III, 292-322) et Humanum genus (20 avril 1884) sur la Franc-Maçonnerie (ibid., III, 427sq). Dans l’Encyclique Auspicato, Léon XIII dit que «les caractères de notre siècle se rattachent aux caractères des temps de St François». En conséquence, comme le mouvement franciscain contribua de son temps à la rénovation de la société, de même doit-il en être aujourd’hui: «Le remède. des maux de la société actuelle c’est le Tiers­-Ordre». De quelle façon? Par le fait «qu’il sera bien établi que la pauvreté ne manque pas de dignité et que le riche doit être miséricordieux… et l’un doit aller au ciel par la patience, l’autre par la libéralité» (ibid., III, 319). Conclusion étonnante, surtout dans la bouche du Pontife de la Rerum novarum. Dans l’Encyclique Humanum geme, Léon XIII propose le Tiers­-Ordre Franciscain aussi comme remède a la Franc-Maçonnerie, parce qu’il voit dans la tradition franciscaine «une véritable école de liberté, d’égalité et de fraternité» (ibid., III, 427).
7)
Très importante, parmi les interventions de Léon XIII en faveur du renouveau du Tiers-Ordre, est certainement sa lettre, datée du 22 sep­tembre 1894, par laquelle il donnait son approbation aux «voeux» du congrès de Paray-le-Monial (cf. J.-M. Durand, o.p., p. 78).
8)
Ici nous avons la citation d’une autre lettre de Léon XIII en faveur du Tiers-Ordre. Datée du 25 novembre 1898, elle était adressée au Mi­nistre général des Frères Mineurs (cf. o. c., pp. 116-117).
9)
Nous avons ici la citation d’une troisi8me lettre de Léon XIII en fa­veur du renouveau du Tiers-Ordre. Datée du mois de décembre 1893, elle était adressée à Mgr Germain, évêque de Coutance, et donc (en conclut le Père Dehon) à tout le clergé de France (o.c., p. 126).
10)
La première décision de la «commission mixte» qui s’était réunie à Val-des-Bois du 18 au 20 juillet 1893 fut la convocation d’un congrès à Pa­ray-le-Monial pour les jours 11-13 septembre de la même année. II fut un congrès très important d’abord à cause des «voeux» qu’il adopta (la décla­ration du Tiers-Ordre de «vouloir faire, de la lutte contre le capitalisme, et de l’émancipation des travailleurs, le programme de son action sociale»: cf. L -M. Durand, ac, p. 57). Deuxièmement, un congrès important parce quo ses «voeux» furent approuvés par Léon XIII (cf. ci-dessus, note 4). Et de fait, historiquement, ce congrès de Paray-le-Monial a été le vrai point de départ du mouvement social du Tiers-Ordre Franciscain en France.
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