ospasc-0004-0010

Mois d'Octobre

Mois du saint rosaire et de Marguerite-Marie

Deux méditations pour la retraite du mois

I. La vie d’oraison

Factum est autem in illis diebus, exiit in montem orare, et erat pernoctans in oratione Dei. - Et cum dies factus esset, vocavit discipulos suos (S. Luc., 6,12).

Dans ces jours-là, Jésus se retira sur une montagne pour prier Dieu et il passa la nuit en oraison. - Et quand le jour fut venu, il appela ses apôtres (S. Luc, 6,12).

1er Prélude. Je considère Jésus méditant longuement dans la solitude.

2e Prélude. Bon Maître, enseignez-moi à prier et à méditer.

Ier POINT: Nécessité et facilité de l'oraison. - Comme Jésus nous donne l'exemple! Il passe de longues nuits en oraison, il prie pendant quarante jours au Jourdain. L'oraison est sa vie, sa force et sa consolation. Il faut toujours prier, sans défaillance, nous dit-il (S. Luc, 18).

Saint Bernard, sainte Thérèse, saint Liguori disent que l'oraison est nécessaire pour le salut. Elle est surtout nécessaire pour arriver à un vé­ritable amour pour le Cœur de Jésus.

«Les trois plus importants exercices, dit la Bienheureuse Marguerite-Marie sont l'oraison, la sainte messe et la sainte communion. Nous ne devons donc rien perdre de nos oraisons. Je vous prie de vous y rendre fidèles, pour ne pas dérober de temps à Dieu» (Lettre 73).

La science en est facile, disait-elle, il suffit de se tourner vers le taber­nacle, de s'unir au Cœur de Jésus, qui est là vivant et priant, et de lui dire qu'on l'aime et qu'on désire faire quelque chose pour son amour.

Cette simple contemplation produisait en elle les sentiments les plus variés, tels que la compassion sur les travaux et les souffrances de Notre­Seigneur, une douleur et une contrition amoureuse sur ses fautes et cel­les de son prochain.

IIe POINT: Manière de faire l'oraison mentale. - La méthode chère à Marguerite-Marie, c'est de faire l'oraison en union avec le Cœur de Jé­sus au Saint-Sacrement.

Elle veut qu'on s'y prépare, soit de loin, soit de près.

Le premier moyen, dit-elle, c'est de ne faire jamais de fautes volontai­res. «Si vous saviez, dit-elle, quel tourment mon âme souffre de se voir si impure devant la sainteté d'un Dieu, qui ne peut souffrir la moindre ta­che dans une âme qui conserve avec lui» (Avis 17).

Le second moyen, c'est d'être bien fidèles à vous mortifier. «On ne peut; dit la Bienheureuse, acquérir le don d'oraison sans une vraie mor­tification des sens».

Il faut enfin être recueilli. «Tenez votre esprit pendant le jour dans un grand recueillement et tout ira bien».

La préparation immédiate commence au réveil. Il faut renouveler son union au Cœur de Jésus vivant dans l'Hostie, se remettre en mémoire le sujet d'oraison et désirer de converser avec Notre-Seigneur.

La méthode ordinaire comprend l'entrée en oraison, le corps de l'oraison et la conclusion.

Pour l'entrée de l'oraison: se mettre en la présence de Dieu, se reconnaître indigne de paraître devant lui, invoquer le Saint-Esprit, en­trer dans le Cœur de Jésus et unir notre oraison à celle qu'il fait au Saint Sacrement.

«Nous entrerons dans le Sacré-Cœur comme dans un oratoire, où nous trouverons de quoi rendre à Dieu ce que nous lui devons». Dans le corps de l'oraison, considérons-nous comme des disciples du Sacré-Cœur, étudions dans le Cœur de Jésus les vertus ou les mystères à méditer; voyons ses sentiments à ce sujet et comparons-y les nôtres pour nous déterminer à les réformer.

Reconnaissons notre faiblesse et notre impuissance et demandons à Notre-Seigneur la grâce de conformer nos sentiments aux siens. Prenons quelques résolutions généreuses, toujours dans le sens de l'union avec le Sacré-Cœur, de l'abandon à sa Providence, d'un grand amour de l'humilité et de la simplicité.

Comme conclusion, nous offrirons à Dieu l'oraison du Cœur de Jésus pour suppléer aux défauts de la nôtre.

IIIe POINT: Quelques avis. - Il faut, pour bien faire oraison, plus écouter que parler. C'est dans le silence et dans l'attention que nous re­cevrons la lumière divine.

Il faut laisser notre esprit libre de s'unir au Cœur de Jésus même sur un autre sujet que celui qu'on avait préparé.

Dans les épreuves de sécheresse et de dégoût, ne nous décourageons pas. Attendons humblement en ramenant doucement notre esprit, qui veut toujours s'agiter.

«Vous resterez ainsi, dit la Bienheureuse, en la douce présence de Notre-Seigneur, comme des serviteurs inutiles, sans vouloir vous violen­ter à faire des actes, sinon de temps en temps et lorsque ce divin Maître vous le suggérera, suppléant à ces divers actes par le seul acte d'abandon à la volonté de Dieu».

Pour finir, nous pourrons dire avec Marguerite-Marie: «Mon Dieu, je vous offre votre Fils bien-aimé, pour mon action de grâces de tout le bien que vous me faites, pour ma demande, mon offrande, mon adoration, toutes mes résolutions; et enfin, je vous l'offre pour mon amour et pour mon tout».

Résolutions. -J'ai donc tout à refaire, ô mon Dieu. Je vais commencer par me mettre à la vie de recueillement, de calme, de mortification, pour arriver à la vie d'union avec vous.

Colloque avec Jésus priant sur la montagne.

II. La justice divine

Filius hominis venturus est in gloria Patris sui cum angelis suis, et reddet uni­cuique secundum opera ejus (S. Mat., XVI,28).

Le Fils de l'homme viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges, et il rendra à chacun selon ses œuvres (S. Mat., XVI,28).

1er Prélude. Voir Jésus descendre sur les nuées à la fin du monde pour nous juger tous.

2e Prélude. O Marie, ô ma Mère, prenez ma défense au jugement de Dieu, pour que je ne sois pas jeté dans les flammes éternelles.

Ier POINT: Notre-Seigneur nous a solennellement avertis. - Notre-Seigneur veut notre salut. Son Cœur en est tout préoccupé. Aussi a-t-il voulu dans ses dernières prédications nous mettre en garde contre le péché en nous laissant la description la plus imposante du jugement dernier. Les apôtres en ont été fortement saisis, aussi les Evangiles ont-ils reproduit ces tableaux si impressionnants. L'annonce de la ruine de Jérusalem se mêle à la prédication du jugement final.

«Le fils de l'homme viendra dans sa gloire avec ses anges, dit Notre-Seigneur dans saint Mathieu au chapitre seizième. - Il viendra dans toute sa majesté et tous ses anges avec lui, reprend-il au chapitre vingt­ cinquième, et il s'assiéra sur son trône de juge suprême, et toutes les na­tions seront réunies devant lui et il séparera les bons des méchants». Dans saint Marc, Notre-Seigneur décrit plus complètement les prélu­des du jugement: la guerre, les scandales, la persécution, les faux Christs et les faux prophètes, le désordre universel dans la nature; puis le Christ viendra sur les nuées avec une grande puissance et une grande gloire, et les anges réuniront la foule immense des morts pour qu'ils soient jugés. Peut-on se représenter rien de plus saisissant?

IIe POINT: Notre-Seigneur rendra à chacun selon ses œuvres. - C'est ce qu'il nous a dit lui-même. Sa justice sera rigoureuse et sans acception de personnes.

L'examen portera d'abord sur la foi, celui qui aura cru sera sauvé; puis sur la charité et les œuvres de miséricorde. Gare à celui qui n'aura pas pratiqué la charité selon son pouvoir.

L'examen portera aussi sur les devoirs personnels, sur les devoirs d'état. A celui qui a reçu beaucoup, on demandera beaucoup. Ceux qui ont exercé une autorité répondront pour eux et pour les autres.

Que d'illusions tomberont ce jour-là! L'examen sera si rigoureux! Le regard de Dieu est si pénétrant!

Nous nous cachons nos fautes à nous-mêmes. Nous ne voulons pas voir. Nous ne voulons pas nous humilier devant les représentants de Dieu.

Ayons une fois le courage d'aller jusqu'au fond de notre conscience. Ne faisons pas comme les mauvais comptables, qui attendent le jour de la faillite pour voir clair à leurs affaires.

Quand l'heure viendra, peut-être prochaine et toujours imprévue, nous entendrons cette interpellation: «Rends compte de ton administra­tion: Redde rationem villicationis tuae».

Sommes-nous prêts? Le connaissons-nous ce compte à rendre? N'avons-nous pas toujours détourné nos yeux pour ne pas le voir? Hâtons-nous d'y réfléchir.

IIIe POINT: Le jugement sera définitif. - Les justes entendront cette sentence triomphale: «Venez, les bénis de mon Père, posséder le royau­me qui vous a été préparé dès le commencement du monde». Et les pé­cheurs recevront ce jugement écrasant: «Retirez-vous de moi maudits, allez au feu éternel qui a été préparé pour Satan et pour ses anges». Et les uns s'en iront au supplice qui ne finit pas et les autres à la vie éternelle. C'est par bonté et pour nous prémunir que Notre-Seigneur a voulu nous donner toute cette description. Elle est restée gravée dans l'esprit des apôtres et elle s'est transmise à toute l'Eglise en gardant toujours la même vivacité d'expression.

La liturgie l'a mise à sa première et à sa dernière page, aux évangiles du premier et du dernier dimanche de l'année.

L'art chrétien l'a sculptée au portail de nos églises, pour que nous en­trions sous l'impression de cette prédication.

Le Credo nous la rappelle tous le jours.

La conclusion est donnée par saint Luc: «Vigilate ergo omni tempore. - Veillez donc en tout temps». Veillez tous les jours, pensez toujours au jugement.

Résolutions. - Je vous remercie, ô mon bon Maître, de m'avoir si bien averti. Vous voulez m'avoir pour compagnon au ciel, gravez votre crainte dans ma chair et dans mes os.

Colloque avec Jésus prêchant le jugement à ses disciples.

1er Octobre

Le mois du saint rosaire

Joacim autem, summus pontifex, de Jerusalem venit in Bethuliam cum uni­versis presbyteris suis ut videret Judith. Quae cum exiisset ad illum, benedixerunt eam omnes una voce, dicentes: Tu gloria Jerusalem, tu laetitia Israel, tu honorifi­centia populi nostri (Judith, 15,9).

Joacim, le grand prêtre, vint de Jérusa­lem a Béthulie avec tous ses prêtres, pour voir Judith. Comme elle allait vers lui, tous la bénirent ensemble en disant: Tu es la gloire de Jérusalem, tu es la joie d'Israël et l'honneur de notre peuple (Ju­dith, 15,9).

1er Prélude. Comme le Pontife, les prêtres et le peuple de l'ancienne loi honorèrent Judith ainsi nous honorons Marie qui a sauvé le peuple de la loi nouvelle en nous don­nant le Rédempteur.

2e Prélude. O Marie, obtenez-nous la grâce de la conversion et l'esprit de prière.

Ier POINT: Le Rosaire instruit. - Le Rosaire est un abrégé de l'évangi­le. Il nous rappelle tous les mystères de la vie, de la passion et de la résur­rection de Notre-Seigneur. Le Rosaire est à la portée de toutes les intelli­gences. Aux personnes simples, il rappelle sommairement l'évangile et cela leur suffit. Il a conservé et affermi la foi du peuple au temps des Al­bigeois. Il est le livre de ceux qui ne savent pas lire.

Mais pour les personnes éclairées, il est comme la manne, qui avait toujours une saveur nouvelle et délectable. Les mystères du Rosaire ont tant d'aspects variés! Ils rappellent de tant de manières les bontés de Notre-Seigneur, ses vertus, ses exemples, ses bienfaits! On peut le médi­ter un jour à un point de vue et un jour à un autre. Les amis du Sacre­Cœur peuvent y contempler tous les sentiments du Cœur de Marie et du Cœur de Jésus.

Marie, en assistant aux mystères de la vie de son divin Fils, conservait ces mystères dans son cœur pour les méditer, dit l'évangile. Cherchons dans chaque mystère quels devaient être les sentiments du Cœur de Ma­rie et du Cœur de Jésus. C'est le conseil de saint Paul: «Formez dans vos cœurs, disait-il, les sentiments du Christ Jésus: Hoc sentite in vobis quod et in Christo Jesu.

IIe POINT: Le Rosaire sanctifie. - Quelle merveilleuse école de sancti­fication! Le Rosaire nous remet tous les jours sous les yeux l'abîme des vertus de Notre-Seigneur.

A la première couronne, c'est surtout l'humilité, la douceur, l'obéis­sance. Notre-Seigneur nous redit comme à ses apôtres: «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur».

Quelle humilité dans l'Incarnation, où le Fils de Dieu se fait esclave, pour nous délivrer de la servitude du péché! Il faut pénétrer jusqu'au Cœur de Jésus pour comprendre cet abîme d'humilité.

Il en est de même dans le mystère de Bethléem, où tout est pauvre et vil: l'étable, la crèche, les langes.

A Nazareth, c'est un abîme de douceur et d'obéissance: Erat subditus illis, Jésus était soumis à Marie et a Joseph, et il charmait par sa douceur et sa sagesse tous ceux qui le voyaient, même les rabbins du Temple. Il croissait en grâce et en sagesse devant Dieu et devant les hommes.

Dans les mystères de sa Passion, depuis l'agonie jusqu'au Calvaire, Notre-Seigneur nous enseigne la patience, l'abandon à Dieu, la répara­tion, le sacrifice. «Il nous a aimés et il s'est livré pour nous. - Il a pris sur lui nos iniquités. - Par amour pour nous et pour notre salut, il est devenu obéissant jusqu'à la mort de la croix. C'est un abîme d'amour, de dévouement, de sacrifice.

Dans les mystères de sa résurrection, il confirme notre foi et notre confiance. Il verse en nos cœurs l'esprit d'amour. Il nous donne Marie comme avocate et comme patronne pour notre persévérance.

Le Rosaire résume toute la prédication de l'Evangile. Il nous sanctifie par ses enseignements comme par les grâces qu'il nous obtient.

IIIe POINT: Le Rosaire, source de grâces. - Cette prière est souveraine­ment puissante sur le Cœur de Jésus. Comment en serait-il autrement? En semant ces roses sous les pas de Jésus et de Marie, en récitant ces Ave Maria apportés du ciel par les anges, nous disons à Marie: «Intercédez pour nous. Rappelez à Jésus qu'il a voulu naître, souffrir et mourir pour nous sauver. Il a accumulé des mérites infinis dans son incarnation, dans sa vie cachée, dans ses fatigues apostoliques, dans sa passion et dans sa mort sur la croix. Présentez-lui ces mérites et vous aurez droit à toutes les grâces. Nous prions pour l'Eglise, nous prions pour la patrie, pour la famille, pour nos amis vi­vants et pour les morts. Votre bonté est sans limite. Puisez au Cœur de Jésus toutes les grâces qui nous sont nécessaires».

Comment Jésus et Marie résisteraient-ils à cette supplication, qui s'appuie sur tous les mérites de la Rédemption? Le Rosaire a une puis­sance sans bornes sur les Cœurs de Jésus et de Marie.

Récitons le Rosaire, particulièrement dans ce beau mois d'octobre.

Toute l'Eglise le récite avec nous. Notre-Seigneur nous exaucera. N'a-t­il pas dit: «Là où deux ou trois seront unis en mon nom, je serai avec eux» (S. Mat., 18,29).

Au Cénacle, les apôtres et les disciples priaient avec Marie, et ils ont obtenu le miracle de la Pentecôte. Prions avec Marie, et nous obtien­drons de grandes grâces.

Résolutions. - C'est un mois de grâces qui s'offre à nous, si nous som­mes fidèles à la prière du Rosaire. Il faudra le dire et le bien dire. La prière précipitée, distraite, négligente, est plutôt blessante et fastidieuse pour Notre-Seigneur. Les prophètes ont souvent dit aux Israélites que leurs prières et leurs sacrifices ne seraient pas exaucés, parce que leur cœur n'était pas bien disposé.

Colloque avec Notre-Dame du Rosaire.

1er Octobre

La fête du saint rosaire

Surge, propera, amica mea, columba mea, formosa mea et veni. Jam enim hiems transiit; imber abiit et recessit. Flo­res apparuerunt in terra nostra (Gant., 2,10).

Levez-vous, hâtez-vous, mon amie, ma colombe, belle vierge, venez. L'hiver est fini, la pluie a cessé. Les fleurs s'épa­nouissent sur notre terre (Cant., des cant., 2,10).

1er Prélude. Venez, Marie, les roses de nos prières se multiplient et sollicitent votre complaisance.

2e Prélude. Je sèmerai les roses de nos Ave Maria, sous les pas de Marie, et elle vien­dra me secourir.

Ier POINT: Le Rosaire, c'est l'appel au Cœur de Jésus par le Cœur de Marie. - Les époux de Cana avaient invité Marie et Jésus, avec la pensée sans doute que la présence d'hôtes si saints serait pour eux un honneur et une bénédiction. Ils ne se sont pas trompés. Pendant le repas, Marie s'aperçoit de leur embarras. Mais son cœur est si bon, si compatissant! Il ne faut pas, pense-t-elle, que l'aimable invitation de cette famille reste sans récompense. Elle fait appel au Cœur de Jésus. Elle ne dit que ces mots: «Ils n'ont plus de vin». Mais cela veut dire: «Cette famille nous a invités, elle est dans l'embarras et votre cœur est infiniment bon, aidez­la». Et le Cœur de Jésus se laissa gagner par le Cœur de Marie.

Toute la dévotion du Rosaire est là. Nous allons à Jésus par Marie. Nous invoquons Marie pour qu'elle intercède auprès de Jésus. Nous passons en revue tous les mystères de la vie de Jésus. Nous trouvons tou­jours Marie auprès de Jésus. Nous avons appris de l'ange à la saluer: Ave Maria, gratia plena. Nous rappelons à Marie les trésors de grâces qu'elle a puisés dans chaque mystère. Comment son cœur maternel ne serait-il pas incliné à nous faire participer à ses grâces?

IIe POINT: Le passé. - Quand le Rosaire est récité par tout un peuple ou par la chrétienté, son efficacité s'élargit. Il procure de grands fruits de sanctification et de grandes grâces.

Au XIIIe siècle, tout le midi de la France se laisse gagner par l'hérésie des Albigeois, semblable à celle des Ariens. La foi se perd, les moeurs deviennent barbares, la persécution sévit. Saint Dominique propage le Rosaire. Le souvenir des mystères de Notre-Seigneur ranime la foi. Les fidèles s'organisent et l'hérésie est vaincue. Le Rosaire avait sauvé tout un peuple.

Au XVIe siècle, les musulmans progressaient. Ils allaient être les maîtres de la mer et ils auraient dominé sur toute la Méditerranée. S. Pie V organise la croisade, mais il a surtout foi dans la prière. Il recommande la récitation du Rosaire, et le 7 octobre 1571, au jour où partout les confréries du Rosaire priaient avec ferveur, la flotte des chrétiens anéantit à Lépante celle des musulmans. Le sultan Sélim II y perdit 200 galères et 30.000 hommes. Pie V institua à cette occasion la fête du Rosaire.

Au XVIIIe siècle, c'est à Belgrade. Les musulmans s'avancent vers l'Europe centrale. Deux cent mille Turcs assiègent Belgrade et 40.000 entourent Corfou. Clément XI fait prier le Rosaire. Belgrade et Corfou sont délivrées, quoique l'armée chrétienne, conduite par le prince Eugè­ne, soit bien inférieure en nombre. Clément XI fit déposer à l'église du Rosaire à Rome les drapeaux pris sur les Turcs et il étendit la fête du Rosaire à toute l'Eglise.

Le passé est un gage de l'avenir. Pour les besoins de l'Eglise et des peuples chrétiens prions le Rosaire avec persévérance et le salut viendra.

IIIe POINT: Le présent. - Personne n'a plus fait pour le Rosaire que le Pape Léon XIII. Il l'a fait réciter plus que saint Dominique, plus que Pie V et Clément XI. Il a fait appel sur appel à tout le peuple chrétien pour la prière du Rosaire. Chaque année, il nous donnait une lettre en­cyclique sur le Rosaire et son efficacité. Il a institué le mois du Rosaire et maintenant Marie est honorée et invoquée tous les jours du mois d'octo­bre, comme elle l'était déjà au mois de mai. Il a ajouté aux litanies de Lorette l'invocation à la Reine du Rosaire. Il a élevé la fête du Saint Ro­saire au rite double de seconde classe. Que pouvait-il faire de plus?

L'habitude de la récitation du Rosaire s'est réveillée partout. Tous les chrétiens portent maintenant le Rosaire sans respect humain.

Des monastères se sont fondés pour la récitation perpétuelle du Ro­saire.

Confiance! La Sainte Vierge nous fait attendre les éclatants succès que nous désirons, elle se plaît à nous voir prier. Mais, comme le dit saint Bernard, on n'a jamais entendu dire que quelqu'un ait eu recours à sa protection et n'ait pas été secouru. Persévérons dans nos prières avec confiance et avec humilité et il est impossible que la Sainte Vierge ne nous obtienne pas de grandes grâces.

Résolutions. - J'aimerai toujours plus mon Rosaire, mon chapelet. Non seulement je le dirai, mais je le dirai bien, avec le souvenir et l'of­frande des mystères de Notre-Seigneur. Marie, toujours honorée et tou­jours consolée par ma prière ne sera pas insensible. Elle s'adressera au Cœur de Jésus pour obtenir pour moi son pardon et sa bénédiction.

Colloque avec la Reine du Rosaire.

2 Octobre

Les anges

Videte ne contemnatis unum ex his pu­sillis; dico enim vobis quia angeli eorum in coelis semper vident faciem Patris mei qui in coelis est (S. Mat., 18,10).

Prenez garde de mépriser aucun de ces petits ou de leur être une occasion de pé­ché, car leurs anges voient sans cesse au ciel la face de mon père (S. Mat., 18,10).

1er Prélude. Les anges louent Dieu, ils protègent les hommes et les peuples.

2e Prélude. Saints anges de Dieu sauvez-nous, afin que nous allions chanter éternel­lement avec vous les louanges de Dieu.

Ier POINT: Les fonctions des anges. - Ils louent Dieu et le servent.

«Ils sont des millions et des milliards, dit Daniel, autour du trône de Dieu, occupés à le servir» (Dan., 7,10).

«Anges du ciel, dit le psaume, bénissez le Seigneur, vous qui exécutez ses ordres à la parole (Ps. 102).

Dieu les envoie auprès des créatures. Leur nom signifie «messagers». «Ce sont les envoyés de Dieu, dit saint Paul, ils viennent aider les hommes à faire leur salut» (Aux Heb., 1,14).

Il y a les anges des nations et les anges de chacun de nous.

Dieu disait à son peuple par Moïse: «J'enverrai mon ange devant vous. Il vous conduira, vous gardera et vous dirigera vers la terre que je vous ai promise» (Exode, 23).

Dieu ajoutait: «Honorez-le, écoutez sa voix quand il vous parle par Moïse. Si vous lui obéissez, vous serez bénis et vous triompherez de vos ennemis. Si vous le méprisez, vous serez châtiés» (Ibid).

«Dieu a ordonné à ses anges, dit le psaume, de vous garder tous dans vos voies. Ils vous porteront comme dans les mains pour vous faire éviter les pierres du chemin» (Ps. 90). Il s'agit là des anges de chacun de nous.

«Respectez les enfants, dit Notre-Seigneur, leurs anges voient cons­tamment la face de mon père» (S. Mat., 18,10). Les anges veillent parti­culièrement sur les enfants.

IIe POINT: Exemples tirés de l'Ecriture. - Comme Sennacherib assié­geait Jérusalem, l'ange de Dieu frappa de mort un grand nombre d'As­syriens. C'est l'ange protecteur du peuple de Dieu (4e liv. des Rois, 19,35).

Mais quand David avait offensé Dieu, le même ange fit périr de la peste bon nombre d'Israélites (2e liv. des Rois, 24,16).

Les anges protecteurs conduisent Loth et les siens hors de Sodome (Gen., 19).

L'ange gardien d'Agar la console au désert (Gen., 21).

L'ange d'Elfe l'éveille et lui montre le pain et l'eau qui le fortifieront (3e liv. des Rois, 19,5). Il lui transmet souvent les ordres de Dieu. Comme la vie de Tobie et le voyage de Tobie le fils sont remplis de mystères et de figures, Dieu donne à cette famille un puissant protec­teur, l'archange Raphaël. Il guide Tobie, le sauve des étreintes du pois­son, rend la vue à son père, et offre les prières et les œuvres de la famille au Seigneur.

L'ange descend avec Daniel et ses compagnons dans la fosse et dans la fournaise, il les préserve du feu et des lions.

Un ange éveille saint Pierre, brise ses chaînes et le délivre de la prison. C'est saint Michel, sans doute, l'ange de l'Eglise.

Comme nous devrions être plus confiants envers les anges!

IIIe POINT: Les anges dans l'histoire des Saints. - Sainte Cécile promet à son époux Valérien la vue de son ange s'il se convertit. Valérien va de­mander le baptême au Pape Urbain. A son retour, l'ange couronne les deux époux. Valérien demande et obtient la conversion de son frère Ti­burce.

Sainte Françoise Romaine, outre son ange gardien, était encore assis­tée d'un archange. Elle le voyait jour et nuit sous la forme d'un enfant de 10 ans, vêtu d'une tunique blanche. Son visage était resplendissant comme le soleil et illuminait toute la salle Les supérieurs ont donc deux anges gardiens, le leur et celui de leur maison, de leur communauté. Ils doivent les honorer et les invoquer tous les deux.

Sainte Rose de Lima était souvent favorisée de la visite de son ange gardien et il s'abaissait jusqu'à lui rendre mille petits services.

Sainte Marguerite de Cortone eut la vision de son ange gardien, et comme elle n'éprouvait pas des sentiments aussi ardents qu'à la vue de Notre-Seigneur, elle craignit d'être dans l'illusion, mais l'ange la rassu­ra: «Je ne suis que le serviteur, lui dit-il, et le Seigneur est le maître». Il ajouta que la divine clémence voulait venir résider dans son âme et qu'elle avait à lui préparer un logement digne d'elle. Alors il sembla à sainte Marguerite qu'il effaçait tous ses défauts et qu'il écrivait en elle toutes les vertus qu'elle devait pratiquer. La première était l'humilité, fondement de toutes les autres.

Saint Joseph de Cupertino vivait dans la société des anges, il les vit un jour monter et descendre au-dessus de la sainte maison de Lorette. Combien nous perdons de grâces en négligeant le culte des saints an­ges, surtout celui de notre ange gardien! Que de secours nous obtien­drions de lui si nous étions attentifs à le prier, à le consulter, à recourir à lui en toutes circonstances!

Résolutions. - O mon bon ange, pardonnez-moi mon indifférence pas­sée. Pardon pour toutes les tristesses que je vous ai causées. Reconciliez-­moi avec Notre-Seigneur. je serai plus assidu auprès de vous. Aidez-­moi, guidez-moi. Gravez dans mon âme les vertus que je dois pratiquer. Recommandez-moi à la miséricorde du Sacré-Cœur.

Colloque avec notre ange gardien.

3 Octobre

La mission de Marguerite-Marie

Volavit ad me unus de seraphim, et in manu ejus calculus quem forcipe tulerat de altari; et tetigit os meum et dixit: Ecce tetigit hoc labia tua, et auferetur unuqui­tas tua, et peccatum tuum mundabitur. Et audivi vocem Domini dicentis. Quem mittam et quis ibit nobis? Et dixi: Ecce ego, mitte me (Isaias, 6,6).

Un séraphin vola vers moi tenant un charbon qu'il avait pris de l'autel, et il toucha ma bouche en disant: Ceci a tou­ché tes lèvres et tes péchés seront remis et purifiés. Et j'entendis la voix du Seigneur qui disait: Qui enverrai-je et qui ira pour moi? Et je dis: Me voici, envoyez-moi (Isaïe, 6,6).

1er Prélude. Marguerite-Marie aussi a été purifiée par le feu du Cœur de Jésus, et el­le a reçu une grande mission.

2e Prélude. Puissé-je, ô mon Jésus, être reconnaissant pour le bienfait de cette dévo­tion et répondre aussi à la mission que je puis avoir.

Ier POINT: Le choix de la sainte visitandine. - Les circonstances étaient graves pour l'Eglise. Le jansénisme gagnait les âmes les meilleures et les éloignait de l'Eucharistie par une vaine frayeur.

Notre-Seigneur avait soif d'être aimé. Il avait préparé déjà la manifes­tation de son Cœur. Depuis saint Bernard jusqu'à sainte Thérèse, bien des saints avaient contemplé le cœur de Jésus en esprit à travers la plaie de son côté. Il y avait eu même quelques représentations du Sacré-Cœur soit dans la dévotion aux Cinq plaies, soit dans le culte des Cœurs unis de Jésus et Marie propagé par le père Eudes. Mais Notre-Seigneur vou­lait un culte direct et formel de réparation et d'amour envers son Sacré­-Cœur. Il fallait un évangéliste de cette dévotion. Il lui plut de donner cette mission à une humble sœur de la Visitation-Saint-Marie.

C'est Notre-Seigneur qui a tout fait.

Marguerite-Marie a attesté elle-même «que jamais son regard ne s'était porté de ce côté, avant le jour où Notre-Seigneur tirant le voile, lui présenta son Cœur adorable et lui donna l'ordre de le manifester au monde».

IIe POINT: L'objet matériel de cette dévotion. - Tout allait s'éclaircir dans cette dévotion. Notre-Seigneur lui donnait un double objet, l'objet matériel et l'objet spirituel. L'objet matériel ou sensible, c'est le Cœur même de Notre-Seigneur. «Mon divin Sauveur m'a assuré, dit Marguerite-Marie, qu'il prend un plaisir singulier à être honoré sous la figure de son cœur de chair, afin de toucher, par cet objet, le cœur in­sensible des hommes». Notre-Seigneur indique par là que le culte rendu à son Cœur remonte jusqu'à lui-même.

La Sainte Vierge dira elle-même à Marguerite-Marie: «Voici ce pré­cieux trésor qui vous est plus particulièrement manifesté. Le divin soleil de justice l'a formé dans la terre vierge de mon cœur». Il s'agit donc bien du Cœur matériel de Jésus.

C'est la source généreuse d'où le sang a jailli jusqu'à la dernière gout­te pour notre salut. C'est aussi le Cœur ressuscité, qui donne au corps glorieux de Jésus le mouvement, la vie, la beauté et la grandeur de son état glorieux.

C'est l'organe de la vie et comme le régulateur des impressions et des affections de Jésus dans tous les mystères de son incarnation, de sa vie cachée, de sa vie publique, de sa Passion, de sa vie eucharistique et de sa vie céleste.

Les saints y ont pensé dans tous les temps. Ils allaient au Cœur de Jésus par la plaie de son côté, par la fente du rocher; mais Notre-Seigneur a voulu en nous présentant son Cœur hors de sa poitrine nous inviter à penser plus souvent et plus facilement à ses intentions, à ses affections, à ses sentiments pour nous, en contemplant et en vénérant l'organe que les hommes ont coutume de regarder comme la représentation et l'orga­ne conjoint des affections.

IIIe POINT: L'objet spirituel de cette dévotion. - «C'est l'amour immense que Jésus-Christ nous porte, symbolisé par le cœur, amour qui l'a porté à se livrer pour nous à la mort, à se donner tout à tous dans le Très Saint Sacrement de l'autel, sans que toutes les ingratitudes, tous les mépris, toutes les injures et les outrages qu'il devait recevoir en cet état de victi­me immolée, aient pu l'empêcher de s'exposer aux insultes et mépris des hommes». Ainsi s'exprime le Père de Gallifet.

Le principe de cette dévotion n'est autre que l'amour débordant de Dieu, l'amour essayant même un nouvel effort pour vaincre le mal. Son but est d'offrir à Notre-Seigneur un culte de réparation, de conso­lation, d'amende honorable, et un exercice continuel de tendre amour et de dévouement généreux.

«Qu'aimer soit ta devise; un seul cœur, un seul amour, un seul Dieu», dit Notre-Seigneur à la Bienheureuse.

Consécration totale de notre être à l'amour et au service de Notre-Seigneur, soif d'immolation et de sacrifice, voilà ce que cette dévotion doit provoquer.

Le caractère nouveau de cette dévotion est d'être un culte public,

après avoir été longtemps une dévotion intime et restreinte.

Ses effets seront une nouvelle effusion de l'amour divin sur le monde, et particulièrement sur les âmes qui s'en feront les apôtres.

Tel est le résumé de la dévotion dont la Bienheureuse est le héraut.

Résolutions. - Je ne veux pas être seulement, ô mon bon maître, un ami, un dévot de votre Sacré-Cœur, j'en veux être l'apôtre. Je veux tra­vailler de tout mon cœur à faire connaître et honorer votre Sacré-Cœur. Images, écrits, tous les moyens de propagande, je les emploierai. Il faut que je vous amène des cœurs confiants et aimants.

Colloque avec Marguerite-Marie.

4 Octobre

Saint François d'Assise
1182-1226

Non pro eis rogo tantum sed et pro eis qui credituri sunt per verbum eorum in me, ut omnes unum sint, sicut tu, Pater, in me, et ego in te, ut et ipsi in nobis unum sint, ut credat mundus quia tu me misisti (S. Joan., 17,20).

Je ne prie pas seulement pour mes apô­tres, mais aussi pour ceux qui croiront à leur parole, pour que tous soient un, com­me vous, mon Père êtes en moi et moi en vous, pour qu'ils soient un et que le mon­de croie que vous m'avez envoyé (S. Jean, 17,20).

1er Prélude. Saint François est un des saints qui ont le plus manifesté l'efficacité de cette prière du Sauveur. Il était un avec Jésus, il n'avait qu'un cœur avec lui.

2' Prélude. Grand saint, obtenez du Sauveur que je lui sois très uni à votre exemple et que je n'aie qu'un cœur avec lui.

Ier POINT: Jésus et François eurent un seul cœur. - Jésus est venu et il a tout sacrifié pour l'amour de Dieu et des âmes. Ainsi saint François a tout quitté: parents, patrie, richesses, afin de pouvoir dire à Dieu: «Vous êtes mon Père et mon tout». Il se donna entièrement à son Seigneur et à son Dieu, en disant comme Saul sur le chemin de Damas: «Seigneur, que voulez-vous que je fasse?». Jésus répondit: «Quitte tout et tu auras tout». Par cette donation, François était préparé à la mission que Dieu voulait lui confier. Un jour à genoux devant un crucifix, il entendit une voix qui lui disait: «Répare les ruines de mon Eglise». Il se mit aussitôt à l'œuvre et il travailla jusqu'au dernier soupir. Prenant, sous tous rap­ports, le contre-pied du monde, il suivit en tous points, la devise du Cœur de Jésus: «Je ne cherche pas ma gloire, mais j'honore mon Père. J'ai soif de le glorifier: Sitio!». Saint François fut vraiment altéré, comme Notre-Seigneur de la gloire de Dieu et du salut des âmes. Il devint si semblable à Notre-Seigneur qu'il était marqué des stigmates de la Pas­sion à ses membres et à son cœur. - Vrai saint du Sacré-Cœur, il fut donné par Notre-Seigneur à Marguerite-Marie comme un protecteur pour sa mission.

IIe POINT: Le premier trait de ressemblance de ces deux cœurs, c'est l'amour pour Dieu. - Certes, de tous les traits de ressemblance qui existent entre le Cœur de Jésus et le cœur de François, le principal, c'est l'amour pour Dieu. Il suffisait de prononcer devant François le nom d'amour, pour le faire tomber en extase. On le voyait parcourir les campagnes en s'écriant: «O amour! ô amour! vous n'êtes pas aimé!».

Il exprimait souvent les affections brûlantes de son cœur: «Faites, ô mon Dieu, s'écriait-il, que la douce violence de votre amour me détache de toutes les choses sensibles et me consume entièrement, afin que je puisse mourir pour votre amour infini. Je vous le demande par vous­même, ô Fils de Dieu, qui êtes mort pour l'amour de moi. Mon Dieu et mon tout! qui êtes-vous et qui suis-je, sinon un ver de terre? Je désire vous aimer, Seigneur adorable. Je vous ai consacré mon âme et mon corps avec tout ce que je suis. Je me porterai avec ardeur à faire ce qui contribuera le plus à vous glorifier. Oui, mon Dieu, c'est là l'unique ob­jet de tous mes désirs».

Sa vie fut une vie de prière et de contemplation, il ne se lassait pas de converser avec celui qui était l'objet de toutes ses affections. Il aimait surtout à méditer les mystères de l'Incarnation et de la Passion, qui sont les manifestations les plus sensibles du grand amour de Notre-Seigneur pour nous.

Il eût voulu donner sa vie pour Jésus, comme Jésus donna la sienne pour nous. C'est pour cela qu'en 1219 il s'embarqua à Ancône avec des croisés et qu'il alla prêcher les Sarrasins; mais ceux-ci le reçurent avec honneur au lieu de le persécuter et il revint en Italie.

Ses longues retraites à l'Alverne étaient une série d'extases d'amour. Il mourut dans une extase d'amour près du sanctuaire de Notre­-Dame des Anges.

IIIe POINT: Le second trait de ressemblance de ces deux cœurs, c'est l'amour des hommes. - Le Cœur de Jésus et le cœur de François eurent les mê­mes sentiments à l'égard des hommes: ceux d'une mère et de la plus ten­dre des mères.

Le Cœur de François fut, comme celui de Jésus, un port de refuge dans lequel tous les pauvres cœurs humains, ballottés par la tempête, pouvaient trouver un asile.

Le cœur de François, fut un cœur d'apôtre, un cœur de feu. Sembla­ble à un char embrasé, il parcourait le monde, brûlant d'entraîner à sa suite tous les hommes pour les conduire au ciel.

Son cœur enflammé d'amour enfanta les trois ordres qui ont donné et donnent tant de saints au ciel.

Après le chapitre général de son ordre en 1219, il envoya des religieux en Grèce, en Afrique, en France, en Espagne, en Angleterre, pour y étendre le royaume de Dieu. Il s'était réservé la mission de Syrie et d'Egypte où il espérait trouver le martyre!

Le cœur de François n'était pas seulement ouvert aux misères mora­les, mais aussi aux misères physiques. Oh! combien il aimait les pauvres et la pauvreté! Comme il était tendre envers les malades et les affligés!

Saint François nous dit à tous comme saint Paul: «Soyez mes imita­teurs». A son exemple, entrons dans le Cœur de Jésus par l'amour et l'imitation.

Résolutions. - Notre-Seigneur a donné saint François à la terre au XIIIe, pour raviver son Eglise et réveiller le saint amour dans les cœurs. A moi de profiter de ces grâces. Je dois vivre de l'esprit de saint François dans la pauvreté, le détachement, l'humilité, pour aller sans obstacle puiser l'amour au Cœur de Jésus.

Colloque avec saint François.

5 Octobre

La première grande révélation
de Marguerite-Marie:
le Sacré-Cœur, nouveau moyen de salut

Oculi quoque mei erunt aperti, et aures meae erectae ad orationem ejus qui in lo­co isto oraverit; elegi eum et sanctificavi locum istum, ut sit nomen meum ibi in sempiternum, et permaneant oculi mei, et cor meum ibi cunctis diebus (2 Paral., 7,l5).

Mes yeux seront ouverts et mes oreilles tendues vers la prière de ceux qui prieront en ce lieu. J'ai choisi et sanctifié ce lieu, pour que mon nom y demeure toujours et mes yeux s'y fixeront et mon cœur sera là toujours (2e livr. des Paralyp. 7,15).

1er Prélude. Dieu avait promis des grâces pour son temple, il en a promis maintenant pour l'image et le culte du Sacré-Cœur.

2e Prélude. Cœur sacré de Jésus, gagnez-moi pleinement aujourd'hui à votre amour.

Ier POINT: La révélation de l'image du Sacré-Cœur. - La première des grandes révélations de Marguerite-Marie eut lieu le jour de saint Jean l'évangéliste, le 27 décembre 1673. A la même fête, trois siècles et demi auparavant, sainte Gertrude avait appris de l'apôtre saint Jean, dans une vision, que si le disciple bien-aimé n'avait rien dit des mouvements du Sacré-Cœur, c'est que Dieu se réservait d'en parler plus tard, à une époque où le monde commencerait à se refroidir.

«Le divin Cœur me fut représenté, dit Marguerite-Marie, comme sur un trône tout de feu et de flammes, rayonnant de tous côtés, plus brillant que le soleil, et transparent comme le cristal. La plaie qu'il avait reçue sur la croix y paraissait visiblement. Il y avait une couronne d'épines au­tour de ce Sacré-Cœur, et une croix au-dessus. Le divin Sauveur me fit connaître que ces instruments de la Passion signifiaient que l'amour im­mense qu'il a pour les hommes avait été la source de toutes les souffran­ces et humiliations qu'il a voulu souffrir pour nous; que dès le premier instant de son Incarnation, tous ces tourments et ces mépris lui avaient été préparés, que la croix fut, pour ainsi dire, plantée dans son Cœur, et que ce fut dès ce premier instant qu'il accepta, pour nous témoigner tout son amour, toutes les humiliations, la pauvreté, les douleurs que son hu­manité sacrée devait souffrir pendant tout le cours de sa vie mortelle, et les outrages auxquels l'amour devait l'exposer jusqu'à la fin des siècles, sur nos autels, dans le très saint et très auguste Sacrement».

Telle fut la révélation fondamentale de la nouvelle dévotion au Sacré-Cœur.

IIe POINT: Promesses de grâces. - Notre-Seigneur promettait d'atta­cher à cette dévotion de très grandes grâces. Il la donna comme un nou­vel effort de son amour, comme un nouveau moyen de salut.

«Il me fit connaître, dit Marguerite-Marie, que le grand désir qu'il avait d'être aimé parfaitement des hommes lui avait fait former le des sein de leur manifester son cœur leur ouvrant tous les trésors d'amour, de miséricorde, de grâce, de satisfaction et de salut qu'il contient, afin que tous ceux qui voudraient lui rendre et lui procurer tout l'amour et tout l'hon­neur qui leur serait possible, fussent enrichis avec profusion de ces divins tré­sors dont ce Sacré-Cœur est la source».

«Il m'assura, dit-elle encore, qu'il prenait un singulier plaisir à être honoré sous la figure d'un cœur de chair, dont il voulait que l'image fût exposée en public afin de toucher par cet objet le cœur insensible des hommes, me promettant qu'il répandrait avec abondance, dans le cœur de tous ceux qui l'honoreraient, tous les dons dont il est rempli, et que partout où cette image serait exposée pour y être honorée, elle attirerait toutes sortes de bénédictions».

Il ajouta que cette dévotion était un dernier effort de son amour, qui vou­lait favoriser les chrétiens en ces derniers siècles, leur proposant un objet et en même temps un moyen si propres pour les engager à l'aimer solide­ment». Voilà certes des promesses merveilleuses!

IIIe POINT: Faveurs spéciales à la Bienheureuse. - «Notre-Seigneur, dit-­elle, me fit reposer très longtemps sur sa divine poitrine, où il me décou­vrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son Cœur qu'il m'ouvrait pour la première fois».

Avec Marguerite-Marie, avec saint Jean, reposons en esprit sur la poitrine de Jésus après la sainte communion et il nous révélera les secrets de son Cœur.

«Il me demanda mon cœur, dit aussi Marguerite-Marie, lequel je le suppliai de prendre; ce qu'il fit et le mit dans le sien adorable dans lequel il me le fit voir comme un petit atome qui se consumait dans cette arden­te fournaise. Il l'en retira comme une flamme ardente et le remit en ma poitrine en me disant: Pour marquer que la grâce que je t'ai faite n'est pas une imagination, je te laisserai une douleur au côté».

Plongeons notre cœur dans le Cœur de Jésus, dans la contemplation de ses mystères, et nous l'en retirerons brûlant d'amour et blessé de compassion.

Tous les premiers vendredis du mois. Notre-Seigneur renouvelait ses grâces. Il ravivait la plaie de la Bienheureuse et lui manifestait son Cœur comme un soleil lumineux et ardent qui éclairait son esprit et échauffait son cœur. Le Sacré-Cœur renouvellera en nous ses grâces si nous célébrons pieusement le premier vendredi.

Résolutions. - Voilà donc un nouveau moyen de salut, une nouvelle source de grâces pour moi et pour le monde. Comment en ai-je profité jusqu'ici? Comment en ai-je fait profiter les âmes auprès desquelles je pouvais exercer quelque apostolat?

Quelles ne sont pas mon ingratitude, mon indifférence, ma folie? Que ferai-je pour le Sacré-Cœur?

Colloque avec le Sacré-Cœur.

6 Octobre

Deuxième grande révélation faite à Marguerite-Marie

le Sacré-Cœur demande réparation

Tu scis improperium meum et confu­sionem meam, et reverentiam meam. In conspectu tuo sunt omnes qui tribulant me; improperium expectavit cor meum et miseriam. Et sustinui qui simul contrista­teur et non fuit; et qui consolaretur et non inveni (Ps, 68,23).

Vous connaissez les opprobres, la con­fusion et la honte dont je suis couvert. Ceux qui me persécutent sont sous vos yeux; je me suis préparé à souffrir les op­probres et la misère. J'ai attendu que quelqu'un s'attristât avec moi, mais nul ne l'a fait; que quelqu'un me consolât, mais je n'ai trouvé personne (Ps. 68,23).

1er Prélude. Comme David, Notre-Seigneur demande des cœurs compatissants et des consolateurs.

2e Prélude. Seigneur blessez mon cœur de votre amour pour qu'il se réveille de son indifférence.

Ier POINT: Plaintes de Notre-Seigneur. - Dans la première révélation, comme le dit Mgr Bougaud, c'était l'ami, le père faisant un effort de tendresse pour sauver ses enfants, dans celle-ci, c'est le roi méconnu, ou­tragé, qui demande réparation.

C'était en 1674, au premier vendredi du mois de juin, après l'octave de la Fête-Dieu.

«Le Saint-Sacrement était exposé, dit Marguerite-Marie. Je me sentis toute retirée au-dedans de moi-même par un recueillement extraordinai­re de tous mes sens et de toutes mes puissances. Alors, Jésus-Christ, mon doux Maître se présenta à moi, tout éclatant de gloire, avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils, d'où sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine, qui ressemblait à une four­naise. Sa poitrine s'étant ouverte, il me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur qui était la vive source de toutes ces flammes.

«Ce fut alors qu'il me découvrit les merveilles inexplicables de son amour, et jusqu'à quel excès il l'avait porté à aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et des méconnaissances. Il me dit: Ceci m'est beaucoup plus sensible que tout ce que j'ai souffert en ma passion, d'autant plus que s'ils me rendaient quelque retour d'amour, j'estime­rais peu tout ce que j'ai fait pour eux, et voudrais, s'il se pouvait, en fai­re davantage; mais ils n'ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Toi, du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leur ingratitude autant que tu pourras en être capable».

IIe POINT: Où sera notre force? - La première impression de Marguerite-Marie fut de penser à son impuissance, pour donner à Notre-Seigneur la réparation et la consolation qu'il demande. Il la forti­fia miraculeusement.

Pour nous, il ne fera pas ce miracle de la même manière, mais il nous aidera spirituellement, si nous le lui demandons avec humilité.

Elle raconte ainsi la grâce qu'elle a obtenue: «Lui remontrant mon impuissance, il me dit: Tiens, voilà de quoi suppléer à tout ce qui te manque. Et en même temps ce divin Cœur s'étant ouvert, il en sortit une flamme si ardente, que je pensai en être consumée; car j'en fus toute pénétrée et ne pouvais plus la soutenir,, lorque je lui demandai d'avoir pitié de ma faiblesse. - je serai ta force, me répondit-il, ne crains rien; mais sois attentive à ma voix et à ce que je te demande pour l'accomplis­sement de mes desseins…».

Et nous ferons-nous pour réparer, nous qui offensons si souvent Notre-Seigneur? Que ferons-nous pour le consoler, nous qui l'attristons tous les jours?

Nous irons à son Cœur et nous y prendrons ses propres mérites, ses propres réparations pour les lui offrir. Ses mérites sont bien à nous. C'est notre héritage, nous y avons droit. Il nous a tout donné, tout sacri­fié: tradidit semetipsum pro nobis. Nous lui offrirons ses propres réparations, comme il l'a enseigné à Marguerite-Marie et à sainte Gertrude.

IIIe POINT: Pratiques réparatrices. - Notre-Seigneur, dès cette seconde révélation, a tracé à Marguerite-Marie tout un programme de répara­tion.

C'est d'abord la communion réparatrice fréquente: «Premièrement, tu me recevras dans le Saint-Sacrament autant de fois que l'obéissance voudra te le permettre». C'est en particulier la communion du premier vendredi: «Tu communieras de plus tous les premiers vendredis de cha­que mois».

C'est ensuite l'Heure Sainte: «Toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu ressentir au jardin des Olives, laquelle tristesse te réduira, sans que tu le puisses comprendre, à une espèce d'agonie plus rude à supporter que la mort. Pour m'accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et

minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir, en quelque façon, l'amertume que je sentais de l'abandon de mes apôtres, qui m'obligea à leur reprocher qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure tu feras ce que je t'enseignerai».

Notre-Seigneur nous demande les mêmes pratiques: la communion réparatrice fréquente, la réparation du premier vendredi du mois et l'Heure Sainte. Si nous voulons être réparateurs, il en faut prendre les moyens. La grâce nous aidera.

Résolutions. - Seigneur Jésus, j'entends votre appel. C'est l'esprit ha­bituel de la réparation que vous demandez de moi, et cet esprit, je l'en­tretiendrai par les pratiques que vous avez recommandées, la commu­nion réparatrice et l'Heure Sainte. Je prendrai dans ces pratiques la for­ce d'accepter mes croix quotidiennes en esprit de réparation.

Colloque avec Marguerite-Marie.

7 Octobre

Troisième révélation

Marguerite-Marie est investie
de sa grande mission publique

Habebitis autem hanc diem in monu­mentum; et celebrabitis eam solemnem Domino in generationibus vestris cultu sempiterno (Exod. 12, 14).

Ce jour sera pour vous un mémorial, et vous le célébrerez solennellement en l'honneur du Seigneur, de génération en génération et pour toujours (Exod., 12,14).

1er Prélude. Dieu a demandé aux Hébreux de se souvenir de leur délivrance de l'Egypte. Notre-Seigneur nous demande de nous souvenir de ses bienfaits dans l'Eu­charistie et de nos ingratitudes.

2e Prélude. Seigneur, donnez-moi la grâce de répondre à tout ce que vous attendez de moi pour le culte de votre divin Cœur.

Ier POINT: Notre-Seigneur se plaint de notre ingratitude. - Cette troisième grande révélation eut lieu en juin 1675 pendant l'octave du Saint-Sacrement. Elle demande le culte public du Sacré-Cœur et en particu­lier la fête annuelle.

Marguerite-Marie était à genoux devant la grille du chœur, les yeux fixés sur le tabernacle. «Alors, je reçus de mon Dieu, dit-elle, des grâces excessives de son amour, et je me sentis touchée du désir de lui rendre quelque amour en retour. Il me parla ainsi: Tu ne m'en peux rendre un plus grand qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé. Puis me découvrant son divin Cœur: Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hom­mes, qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consumer, je ne reçois de la plupart, que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore plus sensible, c'est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi».

Notre-Seigneur exprime là toute sa tristesse: les hommes sont ingrats, tièdes, indifférents envers le Sacrement de son amour, et cela se rencon­tre même chez des âmes consacrées.

IIe POINT: Le culte et la fête du Sacré-Cœur. - Dans la première révélation, Notre-Seigneur avait montré son Cœur séparé sur un trône lumi­neux. Ici, il apparaît lui-même montrant son Cœur sur sa poitrine. C'est l'image que l'Eglise a adoptée et qui est l'objet d'un culte public. Notre-Seigneur demande pour ce culte une fête annuelle. Il dit à

Marguerite-Marie: «Je te demande que le premier vendredi après l'octa­ve du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là, et en lui faisant réparation d'honneur, par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant qu'il était exposé sur les autels».

Il ne s'agit plus ici d'hommages privés, mais d'un culte liturgique. Le caractère de cette fête diffère de celui de la fête du Saint­-Sacrement. «Celle-ci, dit le père Croiset, se célèbre par l'exposition et la procession solennelle du Très Saint-Sacrement; celle du Sacré-Cœur doit se solenniser par des marques sensibles du plus sincère et du plus ar­dent amour pour Notre-Seigneur. L'amour qu'il a pour nous triomphe dans la première; l'amour que nous avons pour lui doit triompher dans la seconde. Dans celle-là, l'Eglise nous fait voir par ses solennités jusqu'à quel point Jésus-Christ nous aime, et dans celle-ci nous devons montrer à la face du ciel et de la terre combien sincèrement nous aimons Jésus-Christ».

La fête du Sacré-Cœur est la fête de la reconnaissance et de la répara­tion.

Marguerite-Marie s'employa sans retard à répondre au désir de Notre-Seigneur, déjà en 1687 une supplique pour la messe et l'office fut présentée au Saint-Siège qui renvoya la chose à l'initiative des évêques; et en 1689, Mgr l'évêque de Langres autorisa la fête et l'office.

Travaillons sans retard et sans relâche, comme Marguerite-Marie au règne du Sacré-Cœur.

IIIe POINT: Promesse de grâces. - Notre-Seigneur appuyait sa deman­de par les plus larges promesses de grâces: «Je te promets, dit-il, que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, ou qui procure­ront qu'il lui soit rendu».

Plus tard, quand la fête commença à se célébrer, Marguerite-Marie disait avec transports à la Mère de Saumaise: «Ah! ma chère Mère! que de grâces de sanctification et de salut ce divin Cœur a répandues sur ses dévots, à ce jour de fête, et aussi avec quelle ardeur réitère-t-il toutes les promesses qu'il a faites, en leur faveur, de ne point les laisser périr!».

Maintes fois Marguerite-Marie a redit les promesses faites par Notre-Seigneur au culte du Sacré-Cœur et en particulier à sa fête. Elle les résu­me ainsi dans une lettre au Père Croiset: «Oui, ce divin Cœur est un abîme de toutes sortes de biens, où les pauvres doivent abîmer leurs né­cessites; un abîme de joie, où il faut abîmer toutes nos tristesses; un abîme d'humilité pour notre orgueil, un abîme de miséricorde pour les misérables et un abîme d'amour, où il nous faut abîmer toutes nos misè­res. Amen».

Résolutions. - Notre-Seigneur me demande beaucoup plus que la cele­bration de la fête annuelle du Sacré-Cœur, il me demande la consécra­tion à ce divin Cœur, c'est-à-dire le don de tout moi-même, le service constant, l'union, le dévouement assidu.

C'est cela que je veux lui donner avec le secours de sa grâce.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

8 Octobre

Doctrine générale de Marguerite-Marie
sur les effets de la dévotion au Sacré-Cœur

Ecce Deus salvator meus; îiducialiter agam et non timebo, quia fortitudo mea et laus mea Dominus, et factus est mihi in salutem. Haurietis acquas in gaudio de fontibus salvatoris (Is., 12,2).

Voici mon Dieu et mon Sauveur; j'irai à lui avec confiance et sans crainte, il est ma force et mon honneur, et il s'est fait mon Sauveur. Vous puiserez avec joie aux sources du Sauveur (Is., 12,2).

1er Prélude. «Ce divin Cœur, dit Marguerite-Marie, est une souce intarissable où il y a trois canaux qui coulent sans cesse: de miséricorde pour tous les pécheurs, de charité pour tous les besoins, de lumière et d'amour pour l'union avec Notre-Seigneur».

2e Prélude. «Cherchons dans ce divin Cœur tout ce dont nous aurons besoin; ayons recours à lui en tout temps, en tout lieu».

Ier POINT: Source de miséricorde pour les pécheurs. - «Les pécheurs trou­veront dans mon cœur l'Océan infini de la miséricorde», a dit Notre-Seigneur. - «Que devez-vous craindre d'y entrer, ajoute Marguerite-­Marie, puisqu'il vous invite à y aller? N'est-il pas le trône de la miséri­corde où les misérables sont les mieux reçus, pourvu que l'amour les présente dans l'abîme de leur misère? - Le Père éternel, par un excès de miséricorde, a fait de cet or précieux une monnaie inappréciable, marquée au coin de sa divinité, afin que les hommes en puissent payer leurs dettes et négocier la grande affaire de leur salut. - Vous demeure­rez dans le Sacré-Cœur comme un criminel qui, par le regret et la dou­leur de ses fautes, désire apaiser son juge en se renfermant dans cette pri­son d'amour. - Il m'a donné à connaître que son Sacré-Cœur est le saint des saints, qu'il voulait qu'il fût connu à présent pour être le médiateur entre Dieu et les hommes, car il est tout-puissant pour faire leur paix et pour obtenir miséricorde. - Il nous font entrer dans cette four­naise d'amour pour nous y purifier de toutes les taches et souillures que nous avons contractées, comme l'on se purifie dans le creuset». Nous trouvons donc là toutes les ressources pour la première étape de la per­fection, qui est la purification.

IIe POINT: Sources de vertus pour s'élever à la perfection et vaincre les obsta­cles. - C'est d'abord un lieu de refuge et de sécurité contre les ennemis du salut. «Il faut nous retirer, dit Marguerite-Marie, dans la plaie du Sacré-Cœur, comme un pauvre voyageur qui cherche un port assuré pour se mettre à l'abri des écueils et de tempêtes de la mer orageuse du monde, où on est exposé à un continuel naufrage. - Le Cœur adorable est une adorable retraite où nous vivrons à l'abri de tous les orages. - C'est comme un fort imprenable contre les assauts de l'ennemi. - C'est la source des grâces divines. La grâce du divin amour, quelle est la fon­taine d'où elle jaillit? Quel est le canal qui la fait arriver jusqu'à nous? Priez le Cœur adorable du Sauveur, qu'après avoir été un soleil divin toujours éclairant et échauffant, faisant croître toutes les vertus, et dissi­pant les ténèbres et les brouillards, il vous soit une source d'eau vive. - Considérez ce Sacré-Cœur au milieu de votre cœur, comme la source des eaux vives, pour arroser le parterre de votre âme, où les fleurs de vertus sont toutes fanées. Il leur redonnera leur beauté naturelle, afin que votre âme devienne le parterre de ses délices. - C'est une source qui prend plaisir à s'écouler avec affluence en faveur de ses amis. - Il est la source inépuisable de tout ce dont nous avons besoin; source où plus on prend, plus il y a à prendre, plus elle est abondante». Nous pui­sons à cette source des vertus par la contemplation du Cœur de Jésus dans tous les mystères de sa vie.

IIIe POINT: Source de la vie d'union. - Marguerite-Marie nous conseil­le sans cesse de faire notre demeure dans ce divin Cœur et de nous unir à lui: «Depuis le jour, dit-elle, où le divin Sauveur, m'ouvrant son cœur, me dit en m'y mettant: «Voici le lieu de ta demeure actuelle, per­pétuelle et éternelle», il ne me souvient pas d'être jamais sortie de cet ai­mable Cœur. Je m'y vois et je m'y trouve toujours, d'une manière et avec des sentiments que je ne puis exprimer. - Mon Dieu, mes chères sœurs, que de plaisir d'être tout au Sacré-Cœur de Jésus, d'y faire sa de­meure! - Tâchez de faire votre solitude dans ce divin Cœur. - Eta­blissez là votre demeure, et vous y trouverez une paix inaltérable, et la force d'effectuer tous les bons désirs qu'il vous donne et de ne point faire de fautes volontaires. Portez-y toutes vos peines et amertumes; il chan­gera tout en amour. - Choisissez le Cœur de Jésus pour votre oratoire sacré. Entrez-y pour y faire vos prières et oraisons, afin qu'elles soient agréables à Dieu. Vous y trouverez de quoi lui rendre ce que vous lui de­vez. - Vous vous trouvez languissant au service de Dieu, ne vous en troublez pas. Pour vous satisfaire sur ce sujet, vous n'avez qu'à vous unir, en tout ce que vous ferez, au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, au commencement, pour vous servir de dispositions, et à la fin, de satisfaction. - Vous ne pouvez rien faire à l'oraison? Contentez-vous d'offrir celle de Notre-Seigneur au Très Saint Sacre­ment de l'autel, offrant ses ardeurs pour réparer vos tiédeurs. - Dites dans chacune de vos actions: Mon Dieu, je veux faire ou souffrir cela dans le Cœur sacré de votre divin Fils, et selon ses saintes intentions que je vous offre pour réparer tout ce qu'il y a d'impur et d'imparfait dans les miennes. Il suppléera à tout ce qui pourra manquer de votre part; il aimera Dieu pour vous, et vous l'aimerez en lui et par lui».

C'est toute la règle de la vie d'union.

Résolutions. - O mon Sauveur, je trouve en votre divin Cœur toutes les sources de la perfection: la purification, l'avancement de la vertu et l'union. Ou plutôt, dans l'union, je trouverai tout, la purification mê­me, les lumières et l'amour. je vais diriger tous mes efforts vers cette union.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

8 Octobre

Maternité divine de Marie

Et ait angelus ei: Ne timeas, Maria, in­venisti enim gratiam apud Deum; ecce concipies in utero et paries filium, et vo­cabis nomen ejus Jesum. Hic erit magnus et Filius Altissimi vocabitur (S. Luc, 1,30).

L'ange lui dit: Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Vous concevrez un fils et lui donnerez le jour. Vous l'appellerez Jésus. Il sera grand et on l'appellera le Fils du Très­-Haut (S. Luc, 1,30).

1er Prélude. L'ange nous l'a dit, Marie est la Mère de Dieu, offrons-lui notre vénéra­tion et notre amour.

2e Prélude. O Marie, votre maternité divine donne à vos prières une efficacité sans li­mites, ayez donc pitié de moi, aidez-moi.

Ier POINT: Dieu nous montre sa bonté en élevant Marie à la dignité de Mère de Dieu. - Oui, Dieu nous montre sa bonté en élevant Marie, une simple créature prise parmi nous, à la dignité sublime de Mère de Dieu. Il op­pose à l'œuvre fatale de notre première mère, l'œuvre réparatrice de Marie. Il a permis la faiblesse d'Eve, mais il nous dédommage royale­ment en nous donnant Marie et en l'élevant à cette dignité incompara­ble.

«L'ouvrage de notre conception commence par Eve, dit Bossuet, l'ou­vrage de la réparation par Marie; la parole de mort est portée à Eve, la parole de vie à la sainte Vierge… L'ange de ténèbres veut élever Eve à une fausse grandeur, en lui faisant accepter la divinité: Vous serez comme des dieux. L'ange de lumière établit Marie dans la véritable grandeur par une société avec Dieu: Le Seigneur est avec vous… Eve, séduite par le ser­pent, est contrainte de fuir devant la face de Dieu; et Marie, instruite par l'ange, est rendue digne de porter Dieu. Eve nous ayant présenté le fruit de mort, Marie nous présente le fruit de vie».

O Marie, quand je contemple en vous cette éminente dignité de Mère de Dieu, ma vénération, ma confiance et mon amour pour vous sont sans limites et je me sens impuissant à vous les exprimer.

IIe POINT: Le Fils de Dieu nous manifeste aussi admirablement sa tendresse pour nous, en se faisant petit enfant et notre frère par le sang. - «Quoi de plus conforme à sa bonté, s'écrie le grand orateur Mac-Carthy, que de naître d'une mère mortelle et dans l'état de l'enfance? Il semblerait peut-être, à consulter les idées humaines, qu'il eût été plus digne du Verbe incarné de recevoir un corps immédiatement formé des mains de Dieu, comme celui du premier Adam, et de venir au monde comme lui dans l'état d'homme parfait. Mais si telle eût été sa naissance, il n'eût point con­tracté d'union intime et indissoluble avec notre nature; il nous aurait été semblable, il est vrai, mais il serait demeuré étranger à notre sang et à notre race, et nous n'aurions pu qu'improprement nous dire ses cohéri­tiers et ses frères; au lieu que, recevant le jour d'une fille d'Adam, il a voulu être, ô prodige d'amour, l'os de nos os et la chair de notre chair.

Il a voulu s'incorporer avec nous, appartenir véritablement à la famil­le du genre humain. Pouvait-il porter plus loin la bonté? Le ravissement du prophète redoublait en considérant cet adorable rédempteur sous les humbles et aimables traits de l'enfant de Marie; il s'écriait: Parvulus natus est nobis, un petit enfant nous est né!…».

Marie est donc la Mère de Dieu. Et c'est ce privilège incomparable de la maternité divine, qui fait de Marie la Reine de toutes les créatures, et qui est la source et la cause de toutes ses grandeurs, de toutes ses grâces, de sa puissance et de sa gloire.

IIIe POINT: La maternité divine de Marie est la raison de sa puissance d'inter­cession. - Les prières des saints sont puissantes auprès de Dieu, et ce­pendant ce ne sont que des prières de serviteurs; mais celles de Marie sont des prières de Mère. Saint Antonin disait que «la prière de Marie a sur le Cœur de Jésus la force d'un commandement». Aussi regardait-il comme une chose impossible que la divine Mère demande à son Fils une grâce et que son Fils lui réponde par un refus. «Impossible disait-il, que la mère de Dieu ne soit pas exaucée». Voilà pourquoi saint Bernard nous exhorte à demander, par l'intermédiaire de Marie, toutes les grâces que nous désirons obtenir de Dieu. «Cherchons la grâce, s'écrie-t-il, mais cherchons-la par Marie, car elle est mère; toujours elle est exaucée, et il ne se peut pas qu'elle éprouve un refus».

Aussi nous voyons l'immense famille des chrétiens recourir à Marie comme à une mère aimée et dévouée. Qui pourra compter les sanctuaires, les autels, les images, les bannières, les scapulaires, les images de Marie?

A tout instant, de tous les points du monde, s'élève cet appel filial: «Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs».

Et moi aussi je m'écrie: «Auguste Mère de Dieu, priez Jésus pour moi. Voyez les misères de mon âme, et ayez pitié de moi. Oui, priez et ne cessez jamais de prier pour moi, tant que vous ne me verrez pas au ciel, assuré de mon salut éternel. O Marie, vous êtes mon espérance, ne m'abandonnez pas».

Résolutions. - O Marie, Mère de Dieu, Reine et Mère des hommes, je vous offre tous les hommages de ma vénération et de mon amour filial. Je veux vivre comme votre enfant dévoué, vous consultant et vous obéis­sant en tout. Faites, par votre puissante protection, que toutes mes pen­sées et mes actions soient conformes à votre volonté et à celle de votre di­vin Fils.

Colloque avec Marie.

9 Octobre

Autres révélations de Marguerite-Marie:
nouvelles demandes de réparation

Si inimicus meus maledixisset mihi, su­stinuissem utique… tu vero homo unani­mis, dux meus et notus meus; qui simul mecum dulces capiebas cibos, in domo Dei ambulavimus cum consensu (Ps. 54,13).

Si un ennemi m'avait offensé, je l'au­rais supporté facilement, mais vous, un compagnon, un de mes officiers, un ami, qui partageait mes festins et marchait d'accord avec moi dans la maison de Dieu (Ps. 54,13).

1er Prélude. Les offenses qui viennent d'un ami sont bien plus pénibles que les autres.

2e Prélude. Donnez-moi, Seigneur, le repentir et la compassion que vous désirez.

Ier POINT: La réparation à l'occasion du carnaval et des fêtes mondaines. - Un des jours du carnaval de 1682, Notre-Seigneur communique ses tris­tesses à sa servante: «Après la sainte communion, dit-elle, mon divin Epoux se présenta à moi sous la figure d'un Ecce homo, chargé de sa croix, tout couvert de plaies et de meurtrissures; son sang adorable dé­coulait de toutes parts. Il me disait d'une voix triste et douloureuse: «N'y aura-t-il personne qui ait pitié de moi et qui veuille compatir et prendre part à ma douleur, dans le pitoyable état où les pécheurs me mettent surtout à présent».

«Me prosternant à ses pieds sacrés avec larmes et gémissements, je me présentai à lui. Aussitôt je me trouverai chargée d'une lourde croix toute hérissée de pointes aiguës. Me sentant accablée sous ce poids, je commençai à mieux comprendre la malice du péché dont j'eus une hor­reur extrême. Il me fit voir que ce n'était pas assez de porter cette croix, mais qu'il fallait m'y attacher avec lui, afin de lui tenir fidèle compagnie en participant à ses douleurs, mépris, opprobres et autres indignités. je m'abandonnai à tout ce qu'il voudrait faire de moi et en moi, m'y lais­sant attacher à son gré, ce qu'il fit».

Aujourd'hui les fêtes mondaines et dans nos villes surtout. Les théâtres

sensuelles sont de tous les jours, et les concerts offensent Notre-­Seigneur plus que le carnaval du XVIIe siècle. Et que dire de la presse?

IIe POINT: Réparation pour le trop grand attachement à la terre chez le peuple choisi. - «Dans la première solitude qui suivit ma profession, dit Marguerite-Marie, il me sembla entendre une voix qui disait: «Le Sei­gneur se lasse d'attendre. Il veut entrer dans ses greniers pour cribler son froment et séparer le bon grain d'avec le chétif». La sainteté de Dieu s'appesantit alors sur moi comme si c'eût été pour m'anéantir. Me dé­couvrant son Cœur tout déchiré et transpercé de coups: «Voilà, me dit-­il, les blessures que je reçois de mon peuple choisi. Les autres se conten­tent de frapper sur mon corps; ceux-ci attaquent mon Cœur qui n'a ja­mais cessé de les aimer. Mais mon amour cédera enfin à ma juste colère pour châtier ces orgueilleux attachés à la terre, qui me méprisent et n'af­fectionnent que ce qui m'est contraire».

«Pendant ce temps, je ne cessais de demander miséricorde pour ces âmes, offrant les mérites, la vie, la mort du Sauveur, m'offrant moi­même pour souffrir toutes les peines qui plairaient à sa divine bonté, mê­me d'être anéantie et abîmée, plutôt que de voir périr des âmes qui lui ont coûté si cher».

Combien Notre-Seigneur est attristé de voir ces âmes qui ont reçu de lui de si grands dons, le traiter avec une indifférence et une légèreté qui tiennent du mépris! Elles sont occupées surtout de leurs propres intérêts, de leurs profits, de leurs aises et attachent peu d'importance aux intérêts du Cœur de Jésus.

IIIe POINT: Nouvelles plaintes au sujet de la tiédeur et de la lâcheté du peuple choisi. - C'était à l'ouverture du jubilé en mai 1682. Notre-Seigneur se manifesta encore à Marguerite-Marie: «Il me fit voir, dit-elle, dans une sévérité de juge que ce n'était pas tant à cause des infidèles que sa justice était irritée, mais que c'était son peuple choisi qui s'était révolté contre lui. S'ils ne s'amendent tous, ajouta-t-il, je leur ferai sentir le poids de ma justice vengeresse. Une âme juste peut obtenir le pardon de mille cri­minels».

Peu après, il me disait: «Pleure et soupire continuellement sur mon sang inutilement répandu sur tant d'âmes qui en font un si grand abus…». Ensuite je m'adressai à son divin Cœur et je lui dis: «Mon Sei­gneur et mon Dieu, il faut que votre miséricorde loge ici toutes les âmes infidèles, afin qu'elles s'y justifient, pour vous glorifier éternellement». Et il me dit intérieurement: «Oui, je le ferai, si tu m'en veux promettre un parfait amendement». - «Mais vous savez bien, mon Dieu, que cela n'est pas en mon pouvoir, si vous-même ne le faites en rendant efficaces les mérites de votre Passion». Il me fit connaître que ce que je pouvais faire de mieux, c'était d'offrir au Père éternel les amples satisfactions qu'il a faites à sa justice pour les pécheurs sur l'arbre de la croix, en le priant de rendre efficace le mérite de son sang précieux à toutes les âmes criminelles à qui le péché a donné la mort; et que, les ressuscitant à la grâce, elles le glorifient éternellement. Puis, de lui offrir les ardeurs de son divin Cœur pour satisfaire à la tiédeur et à la lâcheté de son peuple choisi en lui demandant, que par l'amour ardent qui lui a fait souffrir la mort, il lui plaise réchauffer les cœurs tièdes à son service, et les embra­ser de son amour, afin qu'il en soit aimé éternellement».

Qu'ai-je à faire d'autre que d'offrir à Dieu, comme Marguerite-­Marie, toute la Passion du Cœur de Jésus pour apaiser sa justice?

Résolutions. - Seigneur, je suis hélas! du nombre de ces âmes tièdes et lâches qui vous font souffrir et qui excitent votre juste colère. je tremble à la pensée de vos jugements. Convertissez-moi et acceptez en répara­tion les souffrances et les mérites de votre propre cœur, qui sont mon hé­ritage, puisque vous les avez offerts pour moi.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

10 Octobre

Nouvelles promesses
pour les âmes consacrées au Sacré-Cœur

Deus patris tui erit adjutor tuus, et omnipotens benedicet tibi benedictioni­bus coeli desuper, benedictionibus abyssi jacentis deorsum, benedictionibus ube­rum et vulvae. Benedictiones patris tui confortatae sunt benedictionibus patrum ejus, donec veniat desiderium collium ae­ternorum (Gen., 49,25).

Le Dieu de votre père sera votre aide, et le tout-puissant vous bénira par les bé­nédictions du ciel, les bénédictions de l'abîme qui verse ses eaux, bénédictions de la fécondité. Les bénédictions de votre père seront accrues de celles de ses pères, jusqu'à ce que vienne le désiré des collines éternelles (Gen., 49,25).

1er Prélude. Les bénédictions que le patriarche Jacob promettait à son fils Joseph de­vaient aboutir a la venue du Messie. - Celles du Sacré-Cœur nous conduiront au ciel.

2e Prélude. Pardonnez-moi mon indignité, Seigneur. Ne me refusez pas vos bénédic­tions, je veux me dévouer au culte de votre Sacré-Cœur.

Ier POINT: Trésor inépuisable pour enrichir le monde. - La sainte disciple du Cœur de Jésus eut une belle vision en 1688. «Ayant eu le bonheur, dit-elle, de passer tout le jour de la Visitation devant le Très Saint Sacre­ment, mon Souverain daigna me gratifier de plusieurs grâces particuliè­res. Il me fut représenté un lieu éminent, spacieux et beau; au centre, il y avait un trône de flammes dans lequel était l'aimable Cœur de Jésus avec sa plaie, laquelle jetait des rayons si ardents et si lumineux, que tout ce lieu était éclairé et échauffé. La Très Sainte Vierge était d'un côté, notre père saint François de Sales de l'autre, avec le saint Père de la Co­lombière; et les filles de la Visitation paraissaient dans ce lieu, leurs bons anges à leurs côtés, qui tenaient chacun un cœur à la main. La Sainte Vierge, parlant aux Filles de la Visitation, leur dit, en leur montrant le divin Cœur: «Il faut que les Filles de l'Institut non seulement s'enrichis­sent de ce trésor inépuisable, mais encore qu'elles distribuent cette pré­cieuse monnaie de tout leur pouvoir, avec abondance, en tâchant d'en enrichir le monde…». Ensuite, continue-t-elle, les bons anges s'appro­chèrent pour présenter au divin Cœur les cœurs qu'ils tenaient à la main, et dont les uns, ayant touché cette plaie sacrée, devenaient beaux, aimables, luisants comme des étoiles. Il y en eut plusieurs dont les noms demeurèrent écrits en lettres d'or dans le Sacré-Cœur, dans lequel quelques-uns s'écoulèrent et s'abîmèrent avec avidité et plaisir de part et d'autre, en disant: «C'est dans cet abîme d'amour où est notre demeure et notre repos pour toujours. Et c'étaient les cœurs de ceux qui ont le plus travaillé à faire connaître et aimer celui de notre divin Maître». - Que le leçons à méditer pour nous dans cette belle vision!

IIe POINT: Promesse de salut. - L'année suivante, Notre-Seigneur montra de nouveau à sa servante les puissants efforts de l'aimable dévo­tion à son Sacré-Cœur. «Il prétend, dit-elle, comme il l'a fait entendre à son indigne servante, de redonner, par ce moyen, la vie à plusieurs, en les retirant du chemin de la perdition, en ruinant l'empire de Satan dans les âmes pour y établir celui de son amour, qui n'en laissera périr aucu­ne de celles qui lui seront consacrées pour lui rendre tous les hommages et amour d'une sincère et franche volonté, et lui en procurer selon toute l'étendue de leur pouvoir…».

Désormais le culte du Sacré-Cœur est donc un titre d'assurance pour le ciel. Notre-Seigneur veut des hommages pour son Cœur, surtout des actes d'amour et de réparation. Il veut aussi que nous soyons des zéla­teurs de cette dévotion.

Qu'avons-nous fait jusqu'à présent pour le Sacré-Cœur? Avons-nous visité et enrichi ses autels, propagé ses images et les livres écrits en son honneur? L'aimons-nous vraiment et sincèrement?

IIIe POINT: Source de toutes sortes de bénédictions. - Marguerite-Marie revient plusieurs fois sur ces promesses du Sauveur: «Il a promis, dit­-elle, à tous ceux qui se consacreront et se dévoueront à lui pour lui ren­dre et procurer tout l'honneur, l'amour et la gloire qui est en leur pou­voir, qu'il leur serait un asile contre les embûches de l'ennemi, surtout à l'heure de la mort; qu'il les recevrait amoureusement dans ce divin Cœur, mettant leur salut en assurance, prenant soin de les sanctifier et glorifier devant son Père autant que l'on prendrait de peine d'agrandir le règne de son amour dans les cœurs, et que comme il est la source de toutes sortes de bénédictions, il les répandrait abondamment dans tous les lieux où serait honorée l'image de son Cœur sacré, parce que son amour le presse de départir le trésor inépuisable de ses grâces dans les âmes de bonne volonté, cherchant les cœurs vides pour les remplir de la suave onction de sa charité, pour les consumer et transformer en lui».

Ces promesses sont donc sans limites. Le Cœur de Jésus est la source de toutes sortes de bénédictions, bénédictions spirituelles et temporelles, bénédictions personnelles et sociales.

Nous n'avons pas encore une juste idée des fruits de cette dévotion, parce qu'on ne s'y est pas encore adonné avec assez de confiance et de simplicité. Nous pensons que les bénédictions de Lourdes ne sont qu'un présage et une préparation de celles que donnera le Sacré-Cœur.

Résolutions. - Vous demandez, Seigneur, des âmes qui vous soient entièrement consacrées, pour vous rendre tous les hommages possibles d'amour et de réparation. Me voici, je me donne et consacre tout entier à votre amour, à votre culte. Je renouvellerai maintes fois par jour cett consécration. Acceptez mon pauvre cœur.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

11 Octobre

Promesses très spéciales
et demande d'un culte national

Reges Tharsis et insulae munera offe­rent; reges Arabum et Saba dona addu­cent; et adorabunt eum omnes reges ter­rae, omnes gentes servient ei, quia libera­bit pauperem a potente, et pauperem cui non erat adjutor. Parcet pauperi et inopi, et animas pauperem salvas faciet (Ps. 71,10).

Les rois de l'Orient et de l'Occident lui offriront des présents; les rois d'Arabie et de Saba apporteront leurs offrandes. Tous les rois de la terre l'adoreront, tous les peuples le serviront; il délivrera de la ty­rannie les pauvres sans appui. Il aura pi­tié des pauvres et les sauvera (Ps. 71,10).

1er Prélude. N.-S. fait des promesses spéciales à ses prêtres, à ceux qui communient neuf premiers vendredis, et il demande le culte national du Sacré-Cœur.

2e Prélude. Seigneur, donnez-moi la grâce de répondre à tous vos désirs.

Ier POINT: Promesses pour tous ceux qui se font apôtres du Sacré-Cœur. - «Mon divin Sauveur m'a fait entendre, dit Marguerite-Marie, que ceux qui travaillent au salut des âmes, c'est-à-dire les prêtres, les prédica­teurs, les missionnaires, auront l'art de toucher les cœurs les plus endur­cis, et travailleront avec un succès merveilleux s'il sont pénétrés eux­mêmes d'une tendre dévotion à son divin Cœur.

Pour les personnes séculières, vouées à la dévotion et à l'apostolat du Sacré-Cœur, elles trouveront, par ce moyen, tous les secours nécessaires à leur état, c'est-à-dire la paix dans leur famille, le soulagement dans leurs travaux et les bénédictions du Ciel dans toutes leurs entreprises. C'est proprement dans ce Cœur adorable qu'elles trouveront un lieu de refuge pendant leur vie, mais principalement à l'heure de leur mort. Ah! qu'il est doux de mourir après avoir eu une constante dévotion au Cœur sacré de celui qui doit nous juger!».

Mais ces promesses ne s'appliquent qu'à la dévotion véritable et inté­rieure au Sacré-Cœur.

IIe POINT: Promesse pour les neuf premiers vendredis. - Notre-Seigneur attache une grande importance à la sanctification du premier vendredi du mois. C'est un jour de retraite, d'amende honorable, de communion. C'est une fête mensuelle du Sacré-Cœur.

Notre-Seigneur veut nous faire prendre l'habitude de cette pratique. Il nous recommande une neuvaine de premiers vendredis. Celui qui au­ra neuf mois de suite sanctifié le premier vendredi, aura pris l'habitude de cette retraite mensuelle, de ces communions réparatrices. Ce sera pour lui un gage de salut.

Dans le courant de l'année 1689, Marguerite-Marie écrivait: Il me semble qu'il me fut dit après la sainte communion: «Je te promets, dans l'excès de la miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant ac­cordera à ceux qui communieront les premiers vendredis, neuf mois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir les sacrements, et qu'il sera leur asile assuré à cette heure dernière».

Il ne faut pas prendre cette promesse dans un sens superstitieux. La pratique de neuf communions ne suffira sans doute pas pour assurer le salut, si elle ne tend pas à affermir l'habitude des retraites mensuelles, des communions réparatrices et de la dévotion sincère au Sacré-Cœur.

C'est surtout par ses conséquences, qui sont un affermissement décisif de la dévotion au Sacré-Cœur, que cette pratique des neuf vendredis de­vient un moyen de salut.

Sanctifions le premier vendredi par une bonne retraite, non pas seule­ment neuf fois, mais tous les mois.

IIIe POINT: La demande d'un culte national. - C'est là une chose diffici­le. Marguerite-Marie l'a compris, et elle a prévu que sa réalisation se fe­rait attendre et rencontrerait bien des obstacles.

C'est en cette même année 1689 que Notre-Seigneur demanda à la France une consécration nationale à son Sacré-Cœur, un temple national élevé à ce divin cœur et le symbole de ce Cœur béni sur un étendard national. A cette condition, il rendra le roi, c'est-a-dire la France, victorieuse de ses ennemis, et il lui donnera un règne éternel d'honneur et de gloire.

«Tout cela est bien difficile, dit Marguerite-Marie, tant pour les grands obstacles que Satan se propose d'y mettre, que pour toutes les autres difficultés que Dieu permet afin de faire voir sa puissance, qui peut tout ce qui lui plaît, quoi qu'il ne le fasse pas toujours, ne voulant pas violenter le cœur de l'homme. - Il faut beaucoup prier et faire prier pour cela», ajoutait Marguerite-Marie.

Quelque chose a été fait en France. Le temple s'élève, des consécra­tions ont eu lieu. Cependant le but paraît encore éloigné.

Les autres nations doivent arriver aussi à ce culte social du Sacre­Cœur. La république de l'Equateur a fait et défait une consécration. La Colombie en a fait une.

Il faut que les esprits se préparent à cette idée. Ce sera encore long.

Notre-Seigneur est le maître, il choisira son heure.

Répétons avec Marguerite-Marie: «Il faut beaucoup prier et faire prier pour cela».

Résolutions. - Quels encouragements pour le prêtre et pour le citoyen. Donnons-nous au Sacré-Cœur. Servons-le doucement et fortement. Soyons tout à lui et disons avant chaque action importante: Cœur de Jésus, que voulez-vous que je fasse?

Colloque avec le Sacré-Cœur.

12 Octobre

Moyens de sanctification indiqués
par Notre-Seigneur à Marguerite-Marie

Christo confixus sum cruci. Vivo au­tem, jam non ego; vivit vero in me Chri­stus, quod autem nunc vivo in carne, in fide vivo Filii Dei, qui dilexit me et tradi­dit semetipsum pro me (S. Pauli, ad Gal., 2,19).

Je suis cloué à la croix avec le Christ. Cependant je vis, mais non pas moi, c'est le Christ qui vit en moi. En tant que je vis encore en ma chair, je vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé et s'est livré pour moi (S. Paul aux Galates, 2,19).

1er Prélude. Vivre en Jésus, se perdre en Jésus, c'était la vie de Marguerite-Marie, comme celle de saint Paul.

2e Prélude. Seigneur, prenez possession de tout mon être, de ma pensée, de ma vo­lonté, de mon cœur. Vivez en moi, comme en vos saints.

Ier POINT: S'unir au cœur de Jésus. - Notre-Seigneur parla à Marguerite-Marie un très grand nombre de fois. Elle a noté environ 70 révélations. Quelques-unes marquent plus directement les moyens de sanctification personnelle.

Etant encore au noviciat, elle avait peine à faire un certain sacrifice. Notre-Seigneur lui montra son Cœur couvert de plaies souffertes pour notre amour, lui reprochant sa lâcheté à se vaincre pour l'amour de lui. Elle déclare succomber sous le poids de sa faiblesse, Notre-Seigneur lui dit que si elle mettait sa volonté dans la plaie de son sacré côté, elle n'au­rait plus de peine à se surmonter. «O mon Sauveur, s'écrie-t-elle, mettez-l'y si avant et l'y fermez si bien que jamais elle n'en sorte». Dès ce moment, tout lui parut facile.

Pendant la retraite qu'elle fit pour sa profession, elle écrivit: «Voici les résolutions que me dicte mon bien-aimé: Voici la plaie de mon côté pour y faire ta demeure, actuelle et perpétuelle. C'est là que tu pourras vivre de la vie d'un Homme-Dieu, vivre comme ne vivant plus, afin que je vi­ve parfaitement en toi, ne cherchant rien hors de moi… Je t'environne­rai de ma puissance… Qu'aimer et souffrir à l'aveugle soit ta devise: un seul cœur, un seul amour, un seul Dieu!». Et elle signe de son sang: Tout de Dieu et rien de moi; tout à Dieu et rien à moi; tout pour Dieu et rien pour moi!».

Méditons ces conseils d'union.

IIe POINT: Se perdre dans le Cœur de Jésus. - Notre-Seigneur a une ex­pression qui accentue encore l'union avec lui; il demande à Marguerite-Marie de s'abîmer ou de se perdre en son divin Cœur.

«Une veille de communion, dit-elle, je demandais à mon Jésus d'unir mon cœur au sien, puisque c'était là toutes mes prétentions. Alors il me fit voir, par la suprême pointe de l'entendement, son beau Cœur plus éclatant que le soleil, et d'une infinie grandeur. Un petit point, qui ne me semblait qu'un atome tout noir et défiguré, faisait ses efforts pour s'approcher de cette belle lumière; mais c'était en vain si cet amoureux Cœur ne l'eût attiré lui-même en disant: «Abîme-toi dans ma grandeur et prends garde de n'en jamais sortir».

Une autre fois, il lui semblait sans cesse qu'elle était sur le bord d'un précipice. Elle s'adressa à Notre-Seigneur: «Unique amour de mon âme, faites-moi connaître ce qui m'inquiète». Notre-Seigneur daigna se pré­senter à son âme, lui disant de regarder l'ouverture de son sacré côté qui était un abîme sans fond, creusé par une flèche sans mesure, celle de l'amour; que si elle voulait éviter l'abîme qu'elle se plaignait ne pouvoir connaître, il fallait se perdre dans celui-ci, par lequel on évite tous les au­tres; que c'était la demeure de ceux qui l'aiment; qu'ils y rencontraient deux vies, l'une pour l'âme, l'autre pour le cœur. L'âme y rencontre la source des eaux vives pour se purifier et recevoir en même temps la vie de la grâce. Le cœur y trouve une fournaise d'amour qui ne laisse plus vivre que d'une vie d'amour.

Ainsi, se perdre, s'abîmer dans le Cœur de Jésus et y vivre, c'est se tenir à la source de la purification et de la grâce et au foyer de l'amour. Tous les besoins de la vie spirituelle y trouvent satisfaction.

IIIe POINT: Lire au livre d'amour. - Comme elle faisait une lecture spirituelle, Notre-Seigneur lui dit: «Je te veux faire lire dans le livre de vie où est contenue la science d'amour». Et lui découvrant son Cœur, il lui fait lire ces paroles: «Mon Cœur règne dans la souffrance, il triom­phe dans l'humilité et il jouit dans l'unité».

Quand nous souffrons patiemment pour l'amour du Sacré-Cœur, il règne vraiment en nous. Quand nous sommes humbles il triomphe; quand nous sommes unis à lui, il y trouve son plaisir.

Un autre jour, qu'elle avait longuement adoré le Saint-Sacrement, Notre-Seigneur lui dit: «Tout ce que tu pourras faire et souffrir avec ma grâce, tu dois le mettre dans mon Cœur pour être converti en un baume précieux qui sera l'huile de cette lampe, afin que tout soit consumé par le feu de mon divin amour».

Un jour, qu'elle désirait ardemment recevoir Notre-Seigneur, elle lui dit: «Mon Seigneur, apprenez-moi ce que vous voulez que je vous dise. - Rien, répondit-il, sinon ces paroles: Mon Dieu, mon unique et mon tout, vous êtes tout pour moi et je suis toute pour vous. Ces paroles sup­pléeront à tous les actes que tu voudras faire et te serviront de prépara­tions dans tes actions». C'est toujours la leçon d'amour qui se lit dans le Sacré-Cœur.

Résolutions. - Je veux, Seigneur, m'unir à vous et me perdre en vous. Votre Cœur est un temple où les âmes peuvent se mouvoir dans la paix et la lumière. J'y veux demeurer pour y lire et y entendre les leçons d'amour que vous voulez me donner.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

13 Octobre

Zèle de Marguerite-Marie
pour répandre la dévotion au Sacré-Cœur

Omni cui multum datum est, multum quaeretur ab eo; et cui commendaverunt multum, plus petent ab eo. Ignem veni mittere in terram, et quid volo nisi ut ac­cendatur? (S. Luc., 12,48).

A celui qui a reçu beaucoup, on de­mandera beaucoup; de celui qui a une grande mission, on attendra beaucoup. je suis venu allumer le feu et que désiré je, sinon qu'il s'étende? (S. Luc., 12,48).

1er Prélude. Marguerite-Marie toute pénétrée de l'importance et du prix de la dévo­tion au Sacré-Cœur, s'est donnée toute entière à sa propagande.

2e Prélude. Seigneur, allumez en mon cœur le feu qui consumait celui de Marguerite-Marie.

Ier POINT: Encouragements au Père de la Colombière, son principal auxiliaire. - Supérieur pendant quelques années de la maison des Jésuites de Pa­ray, le Père de la Colombière partagea l'héritage du Sacré-Cœur avec Marguerite-Marie. Il lui fut donné comme directeur par Notre-Seigneur lui-même, et les pieux entretiens qu'ils avaient ensemble enflammaient son cœur d'une ardeur extraordinaire. Il constata le caractère divin des révélations faites à la vierge visitandine et il se consacra tout entier à la propagande du Sacré-Cœur: «Je me suis fait une loi, dit-il, de procurer par toutes les voies possibles l'exécution de tout ce qui me fut prescrit de la part de mon adorable Maître, en procurant l'accomplissement de ses désirs touchant la dévotion qu'il a suggérée à une personne à laquelle il se communique fort confidemment».

Marguerite-Marie lui écrivait: «Que ne puis-je raconter tout ce que je sais de cette admirable dévotion, et découvrir à toute la terre les trésors de grâces que Jésus-Christ renferme dans ce Cœur adorable, et qu'il a dessein de répandre à profusion sur tous ceux qui la pratiqueront. Je vous en conjure, n'oubliez rien pour l'inspirer à tout le monde».

IIe POINT: Au Père Croiset, au sujet de la propagande de ses livres. - «Votre lettre, lui écrit-elle, avec les livres envoyés, m'a fait sentir un si grand transport de joie, que je n'en pus contenir mes larmes… Que de grâces Notre-Seigneur a faites à ces chères âmes de leur faire goûter si prompte­ment une dévotion si propre à leur sanctification! (Il s'agit des personnes qui se sont dévouées à la propagande des livres). Je les regarde comme autant d'âmes que Notre-Seigneur s'est choisies et prédestinées à son amour éternel; mais surtout ce bon libraire qui s'y est porté d'une si bonne volonté, et qui, par cette dépense, s'est acquis une place dans ce Cœur adorable qui se rendra son asile assuré à l'heure de la mort». La chère disciple du Sacré-Cœur propageait aussi le Livre de la retraite du Père de la Colombière et diverses images et consécrations: «Pour le Livre de la retraite, elle écrivait à une sœur: Lisez surtout ce qui traite de l'aimable Cœur de Jésus-Christ, lequel seul doit être votre occupa­tion, votre médiation, votre entretien, votre livre, toute votre direction, celui qui doit remplir votre mémoire, éclairer votre entendement, en­flammer votre volonté, afin que vous ne vous souveniez plus que de lui. Le Seigneur vous récompensera, de la dévotion que vous avez à son Sacré-Cœur auquel je vous invite de vous toute consacrer et sacrifier après la sainte communion que vous ferez à cette intention. Je vous en­voie à cet effet une petite consécration, pour porter sur votre cœur avec une image. Ayez-y votre recours en toute occasion».

En nous, que faisons-nous pour propager les livres, les images et les prières propres à faire connaître et aimer le Sacré-Cœur?

IIIe POINT: À sa famille. - Marguerite-Marie engageait tout son monde dans la belle dévotion du Sacré-Cœur.

A son frère prêtre, qui venait d'organiser dans sa paroisse le culte per­pétuel du Cœur de Jésus, elle écrivait: «Vous ne pouviez me donner une plus sensible joie. Que de consolation pour moi de vous voir si libéral en­vers cet aimable Cœur! Il me semble de voir là une forte preuve qu'il veut vous sanctifier».

Propageons donc les associations paroissiales et toutes les formes de la dévotion au Sacré-Cœur.

A son frère laïc, qui érigeait chez lui une chapelle au Sacré-Cœur, elle écrivait: «Vous me donnez une des plus grandes consolations que je puisse recevoir en cette vie mortelle. Que vous serez heureux, ô mon cher frère, si Dieu vous fait une si grande grâce de venir à bout de votre entreprise! ».

Quelles promesses encourageantes pour les personnes du monde com­me pour les prêtres!

Tout ce qui a été fait pour Montmartre par tant de familles chrétien­nes est donc un gage d'infinies bénédictions.

Aidons au culte du Sacré-Cœur sous toutes ses formes: culte privé et public, publications et associations.

Qu'avons-nous fait jusqu'à présent? Que nous proposons-nous de faire?

Tout cela est cher à Notre-Seigneur, moins cependant que la consé­cration intime, que l'oblation de nous-même, avec ses conséquences, qui sont l'union habituelle à Jésus et l'offrande de nos actions au Sacré-Cœur en esprit d'amour et de réparation.

Résolutions. - je renouvelle, Seigneur, ma consécration au Sacré-­Cœur. je ferai aujourd'hui quelques actes de propagande de cette dévo­tion qui vous est chère. Les moyens sont nombreux: conversation, corre­spondance, ect. je prierai pour la diffusion de cette belle dévotion.

Colloque avec Marguerite-Marie et résolution de propager selon les in­tentions du pape la consécration des familles au Sacré-Cœur.

14 Octobre

Encore le zèle de Marguerite-Marie

Bonus homo de bono thesauro cordis sui profert bonum, et malus homo de ma­lo thesauro profert malum. Ex abundan­tia enim cordis os loquitur (S. Luc., 6,45).

Tout homme parle selon les affections de son cœur, les uns pour le bien, les au­tres pour le mal. La bouche parle de l'abondance du cœur (S. Luc., 6.45).

1er Prélude. Marguerite-Marie a le cœur rempli de l'amour du Sacré-Cœur, de quoi parlerait-elle, sinon de l'objet de son amour?

2e Prélude. Fidèle épouse du Christ, par votre intercession, faites-moi participer à votre zèle.

Ier POINT: A la mère Greyfié pour la gloire du Sacré-Cœur. - «Mon désir, écrit-elle, n'est plus que de procurer de la gloire au Sacré-Cœur. Que je m'estimerais heureuse si, avant de mourir, je pouvais lui faire quelque plaisir! Il me semble qu'il m'a fait voir que plusieurs noms y étaient in­scrits à cause du désir qu'ils ont de le faire honorer, et que pour cela, il ne permettra jamais qu'ils en soient effacés. Je ne puis vous dire la con­solation que vous me donnez en voulant bien nous aider à l'honorer. Ce­la me cause des transports de joie indicibles.

«Notre-Seigneur veut que je vous dise que votre communauté a telle­ment gagné son amitié en rendant à son Sacré-Cœur ses premiers de­voirs, qu'elle s'est rendue par là l'objet de ses complaisances, et il ne veut plus qu'en priant pour elle je la nomme autrement que la commu­nauté bien-aimée de son Cœur. Il m'a montré encore un trésor de grâce et de salut pour elle, à cause du grand plaisir qu'il prend à l'honneur rendu chez vous à son divin Cœur».

Marguerite-Marie a une sainte passion pour l'honneur et la gloire du Sacré-Cœur.

IIe POINT: A la Mère de Saumaise, pour le règne du Sacré-Cœur. - «La vie m'est une croix si pesante, écrit-elle, qu'il n'y a aucune consolation pour moi que de voir régner le Cœur adorable de mon Sauveur, lequel me gratifie de quelque souffrance extraordinaire chaque fois que cette dévo­tion prend quelque accroissement.

«Il ne faut vivre que pour lui et dans lui… Si vous saviez combien il y a de mérite et de gloire à honorer cet aimable Cœur, et quelle récom­pense il donnera à ceux qui, après s'y être consacrés, ne chercheront qu'à l'honorer. Cette seule intention donnera plus de mérite et d'agré­ment à leurs actions devant Dieu, que tout ce qu'ils pourraient faire en tout le reste sans cette application.

Je me sens pressée de vous dire de sa part qu'il désire que vous fassiez faire une planche de l'image de ce Sacré-Cœur, afin que tous ceux qui voudraient lui rendre quelque hommage particulier, en puissent avoir des images dans leurs maisons et de petites pour porter sur eux. Il me semble que vous en seriez plus récompensée que d'aucune chose que vous ayez faite en votre vie. Votre nom serait inscrit dans ce Cœur sacré en caractères ineffaçables. Et pour que vous le fassiez purement pour l'amour de lui, il ne me permet pas de vous exprimer le reste de ce qu'il vous réserve, si vous lui donnez ce contentement. Pour moi, je mourrai contente, pourvu que le Sacré-Cœur soit connu, aimé, glorifié.

Cette dévotion au Sacré-Cœur, il me semble qu'il veut que vous en fassiez votre unique affaire. C'est principalement cela qui composera vo­tre couronne.

Il me semble que je mourrais contente si vous pouviez obtenir la mes­se en faveur du Sacré-Cœur. Le divin Cœur établira son empire malgré ses ennemis. C'est là ce qui seul est capable de me donner plaisir en cette vie où, hors de cela, tout me tourmente et m'afflige».

IIIe POINT: A la Mère de la Barge: sur l'immolation de soi-même au Sacré­-Cœur. - «Vous ne pouviez, écrit-elle, m'engager à une union plus étroi­te avec vous, qu'en aimant le Sacré-Cœur de Notre-Seigneur, lequel je ne doute pas qu'il ait pour bien agréable le sacrifice que vous voulez lui faire de vous-même… Il prendra soin de vous perfectionner autant que vous en aurez à lui témoigner votre amour, par conformité à ses vertus… Il faut être une hostie vivante, toute immolée et sacrifiée à ses adorables desseins… Faites-lui une entière donation de tout votre être corporel et spirituel, et de tout ce que vous pouvez faire et avez fait, afin qu'après avoir purifié et consumé tout ce qui est scorie, il en dispose se­lon son bon plaisir; c'est alors qu'il enrichit de pareils amis de ses pré­cieux trésors».

C'est cet entier sacrifice, cette immolation de soi-même, que recom­mande toujours Marguerite-Marie. Elle avait dit aussi à la Mère de Sau­maise: «Il ne faut vivre que pour lui et dans lui. C'est pour cela que vous feriez chose très agréable à ce divin Cœur en lui faisant un entier sacrifi­ce du vôtre, un vendredi après la sainte communion, pour ne vouloir plus vous servir de votre cœur qu'à l'usage de son pur amour, en lui procurant tout l'honneur et la gloire qui sont en votre pouvoir».

Cette immolation se consomme par l'union habituelle avec ce divin Cœur.

Résolutions. - Seigneur Jésus, à vous l'honneur et la royauté, à moi l'immolation et le sacrifice.

Je m'immolerai et me sacrifierai à votre divin Cœur en faisant toutes mes actions dans sa dépendance et dans l'esprit d'amour et d'immola­tion qu'il attend de moi.

Colloque avec Marguerite-Marie.

15 Octobre

Sainte Thérèse
1515-1582

Mihi autem absit gloriari nisi in cruce Domini nostri Jesu Christi, per quem, mihi mundus crucifixus est et ego mundo… De cetero nèmo mihi molestus sit; ego enim, stigmata Domini Jesu in corpore meo porto (Ep. ad Gal., 6,14).

Je me garderai bien de me glorifier au­trement que dans la croix de Notre­-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde m'est crucifié et moi au monde… Que personne d'ailleurs ne me condamne, je porte en effet sur mon corps les stigmates de Notre-Seigneur (Ep. aux Gal., 6,14).

1er Prélude. Sainte Thérèse a été bien chère à Notre-Seigneur, il a blessé son cœur de la blessure d'amour.

2e Prélude. Grande sainte, obtenez-moi la grâce d'aimer ardemment Notre-Seigneur comme vous et d'imiter votre zèle pour l'apostolat de la prière et de la réparation.

Ier POINT: Sa sainte vie. - Dès l'âge le plus tendre, le caractère de sa vie se détermine. Elle lit avec son jeune frère la Vie des saints, surtout celle des martyrs. Cette lecture les remplit tellement du désir de mourir pour Jésus-Christ, qu'un jour ils quittèrent secrètement la maison pater­nelle, pour aller en Afrique souffrir la mort glorieuse du martyre. Rame­nés chez eux, ils restèrent fidèles à l'esprit de prière.

A douze ans, Thérèse ayant perdu sa mère se consacra à Marie. Entrée au carmel d'Avila, elle eut des moments de relâchement, mais Notre-Seigneur voulait son cœur. Il lui montra l'enfer auquel elle s'ex­posait. Il la purifia par vingt ans d'épreuves, de maladies, d'aridité. «Je ne veux plus que tu converses avec les hommes, lui dit-il un jour. Pen­dant trois ans, il demeura près d'elle, il l'instruisait, il la consolait. Elle brûlait de souffrir pour Jésus-Christ et pour les âmes. «Ou souffrir ou mourir», disait-elle. N'est-ce pas là le plus pur esprit du Sacré-Cœur? Elle accomplit la grande œuvre de la réforme du carmel.

Elle écrivit ses livres d'une doctrine toute céleste.

Un trait exprime bien son union à Notre-Seigneur. Un jour elle ren­contra dans le cloître un enfant d'une beauté merveilleuse, elle lui de­manda son nom. «Dites-moi d'abord le vôtre, dit l'enfant. - Je m'ap­pelle, dit la sainte, Thérèse de Jésus. - Et moi, dit l'enfant, je suis le Jé­sus de Thérèse». Elle mourut dans une extase d'amour.

IIe POINT: L'apostolat de la prière et de la réparation. - La réparation des crimes du monde, l'apostolat du salut des âmes par la prière et la souf­france, est un des côtés les plus saillants et les plus pratiques de la dévotion au Sacré-Cœur, comme il a été révelé à Paray.

Or, c'était la note dominante de la vie de sainte Thérèse. A la pensée des iniquités des hommes, son âme défaillait de douleur; elle versait d'abondantes larmes. Ses angoisses étaient pour elle une agonie conti­nuelle. elle offrait sans relâche en réparation tout son être, qui se consu­mait comme une sanglante victime dans les austérités et les pénitences les plus terrifiantes.

Son cœur était toujours en prières et en soupirs pour donner des âmes à son Jésus. «Je donnerais mille vies, disait-elle, pour bannir le péché du monde et gagner les cœurs au service de Notre-Seigneur». On lui con­seillait un jour de prendre un peu de repos: «Je n'en ai pas besoin, disait­-elle, je ne veux que souffrir». Elle est appelée par l'Eglise «Victime de la charité».

On a su par révélation que, par ses prières et par ses pénitences, elle avait converti plus d'âmes que saint François Xavier lui-même dans ses missions.

Elle s'imposait d'effrayantes pénitences pour réparer toutes les fautes qui se commettaient. Elle portait un dur cilice. Elle passait des nuits à prier et pleurer pour la conversion des hérétiques, des infidèles et pour toutes les nécessités de l'Eglise.

IIIe POINT: Sa dévotion au Sacré-Cœur. - Sainte Thérèse tient sa place parmi les âmes qui, avant les révélations du XVIIe siècle, fixèrent leurs regards sur le Cœur de Jésus.

Elle écrivait à l'évêque d'Osma, qui lui demandait une méthode d'oraison: «Vous mettrez devant vos yeux ceux du corps ou de l'âme, l'image de Jésus crucifié que vous considérerez attentivement et en détail, avec tout le recueillement et l'amour dont vous serez capable… La plaie de son côté, par laquelle il vous laissera voir son Cœur à décou­vert, vous révélera l'indicible amour qu'il nous a marqué, lorsqu'il a voulu que cette plaie sacrée fût notre nid et notre asile, et qu'elle nous servît de porte pour entrer dans l'arche au temps des tentations». Elle avait emprunté cette direction aux Pères de l'Eglise et aux saints du XIIe et du XIIIe siècles.

Une de ses pratiques les plus chères était de se transporter en esprit, le soir, en prenant son repos, au jardin de l'agonie. Elle méditait sur les an­goisses du Sauveur, compatissait, s'unissait à lui. N'était-ce pas l'Heure sainte?

Et son propre cœur transpercé par le dard enflammé du Séraphin, qui lui causait un si suave martyre, ne la faisait-il pas songer sans cesse à la plaie d'amour de son Jésus crucifié?

Résolutions. - Sainte épouse du Sauveur, enseignez-nous à contem­pler avec vous le côté blessé du Sauveur, qui nous laisse voir son Cœur à découvert et qui nous révèle son amour. Avec vous, je trouverai dans cette plaie sacrée un nid et un asile, et une porte pour entrer dans l'arche au temps des tentations et surtout à l'heure de ma mort.

Colloque avec sainte Thérèse.

15 Octobre

La pureté de Marie

Ingressus angelus ad eam dixit: Ave gratia plena, Dominus tecum: benedicta tu in mulieribus Quae cum audisset, tur­bata est in sermone ejus, et cogitabat qua­lis esset ista salutatio. Et ait angelus ei: Ne timeas. Maria, invenisti enim gratiam apud Deum: Ecce concipies in utero et paries filium et vocabis nomen ejus Jesum (S. Luc., 1,28).

L'ange en entrant lui dit: Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie parmi les femmes. Marie, entendant cela, fut troublée par ces paroles, elle se de­mandait ce qu'était cette salutation. Et l'an­ge lui dit: Ne craignez pas, Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu. Vous con­cevrez et enfanterez un fils et vous l'appelle­rez Jésus (S. Luc, 1,28).

1er Prélude. La première vertu que Marie fit paraître au jour de l'Annonciation, fut une pureté qui n'a point de pareille parmi les créatures.

2e Prélude. O Marie, je veux vivre auprès de vous, parce que votre présence répare l'impureté et propage la virginité.

Ier POINT: Virginité féconde et réparatrice. - La virginité, avec l'absolue chasteté, est une vertu angélique. Elle appartient plus particulière­ment aux anges qu'aux hommes. Toutefois, comme le remarque saint François de Sales, celle de Marie surpasse celle des anges, en ce qu'elle a été féconde, choisie et éprouvée. - Elle a été féconde, non seulement en ce qu'elle nous a produit le doux fruit de vie, Notre-Seigneur, mais aussi en ce qu'elle a engendré plusieurs vierges. C'est à son imitation que tant de vierges ont fait vœu de chasteté. Mais elle a aussi la propriété de ré­parer et de rétablir celle même qui aurait été souillée. L'Evangile nous montre que du temps même où elle vivait, elle attirait à elle les vierges, comme sainte Marthe, les Marie et d'autres et surtout l'apôtre saint Jean; mais aussi elle enrôla sous l'étendard de sa pureté Madeleine la convertie, qui avait auparavant l'âme toute remplie d'immondicités, comme un vase souillé, et qui devint comme un vase de cristal propre à recevoir les plus riches parfums, semblable au vase d'albâtre qui est de­venu sa caractéristique.

IIe POINT: Virginité voulue et choisie. - Marie n'est pas vierge par na­ture comme les anges, mais elle l'est par sa volonté aidée de la grâce. Or, dit saint François de Sales, on n'a pas coutume de louer une personne de ce qu'elle a naturellement, d'autant que cela étant sans élection ne méri­te pas de louanges. On ne loue pas le soleil de ce qu'il est lumineux, car cette propriété lui est naturelle. Les anges étant par nature vierges et chastes, ne méritent pas pour cela de louanges spéciales. Mais la très sainte Vierge a une virginité digne d'être exaltée, parce qu'elle est vou­lue et choisie. Marie n'a-t-elle pas dès sa plus tendre enfance voué sa vir­ginité au Seigneur, avec la volonté de la garder toujours? - Elle a ac­cepté le mariage, sans préjudice de sa virginité, parce que son époux était vierge et avait comme elle voué de l'être toujours.

Elle a marqué son amour pour la virginité en s'accompagnant tou­jours d'âmes vierges comme saint Jean, sainte Marthe et d'autres sain­tes âmes. Mais où elle a le mieux montré sa volonté absolue d'être fidèle à sa virginité, c'est dans son colloque avec l'ange. L'ange lui dit: Vous concevrez et vous enfanterez un fils qui sera le Sauveur Jésus. - Com­ment cela se fera-t-il, dit-elle, car je n'ai pas de rapports avec les hom­mes? - Elle eût renoncé à la gloire d'être la Mère du Sauveur, s'il y avait eu péril pour sa virginité. Et l'ange pour la rassurer doit lui rappe­ler la prophétie d'Isaïe: C'est une Vierge qui doit enfanter le Sauveur, par l'opération du Saint-Esprit. C'est alors seulement qu'elle prononce son Fiat. Pouvait-elle montrer une volonté plus héroïque et plus abso­lue?

Apprenons à son exemple à aimer et à vouloir la pureté.

IIIe POINT: Virginité éprouvée. - La virginité de Marie surpassa enco­re celle des anges en ce qu'elle fut combattue et éprouvée, ce qui n'a pas lieu pour les esprits célestes. Ce n'est pas que l'épreuve de Marie ait res­semblé aux nôtres qui troublent nos sens, affaiblis par le péché originel. L'intégrité de Marie n'était pas accessible à ces mouvements sensuels.

Mais nous voyons que son esprit fut troublé par la visite inattendue de l'ange. Elle commença à s'effrayer, et l'ange Gabriel dut la rassurer en lui disant: Marie, ne craignez pas, je ne suis ni un homme, ni le messa­ger des hommes, je suis le messager de Dieu. J'apporte à la terre et à vo­tre âme les bénédictions divines. Ne craignez point, ce qui s'opère en vous est l'œuvre du Saint-Esprit.

La pudeur des vierges est sans cesse aux aguets pour voir si rien ne viendra attaquer leur virginité ou mettre en péril leur chasteté dont elles sont très jalouses. C'est ce qu'exprime Notre-Seigneur en nous disant que les vierges sages sont toujours vigilantes et tiennent toujours leur lampe allumée pour être toujours prêtes à recevoir la visite de l'Epoux divin.

Nous ne garderons la pureté qu'avec une vigilance constante et avec la sainte crainte d'être surpris par les tentations.

Résolutions. - Je me tiendrai uni à Marie, je vivrai auprès d'elle, parce que sa présence engendre et conserve la chasteté. Je veux et je choisis cette belle vertu qui est la condition pour être aimé de Notre­-Seigneur. C'est la vertu chère au Cœur de Jésus. Je me tiendrai en gar­de contre les tentations. J'aurai deux armes invincibles, l'union à Notre­-Seigneur, à son divin Cœur, et la modestie des yeux.

Colloque avec la très sainte Vierge.

16 Octobre

La dévotion de Marguerite-Marie
au saint-sacrement

Caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Qui manducat meam carnem et bibit meum sanguinem, in me manet et ego in illo. Sicut misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem; et ipse vivet propter me (S. Joan., 6,56).

Ma chair est vraiment un aliment et mon sang un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui. Comme mon Père qui vit au ciel m'a envoyé, je vis pour mon Père; et celui qui me mange, vivra pour moi (S. Jean, 6,56).

1er Prélude. Marguerite-Marie, qui avait goûté les charmes de l'Eucharistie, ne vivait plus que pour l'Eucharistie.

2e Prélude. Sainte disciple du Sacré-Cœur obtenez-moi la grâce d'aimer sans mesure l'Eucharistie.

­

Ier POINT: Les visites au Saint-Sacrement. - La dévotion au Sacré­-Cœur entraîne avec elle la dévotion au Saint-Sacrement. On peut dire que Marguerite-Marie vivait du Saint-Sacrement.

Dès sa plus tendre enfance, un attrait extraordinaire la portait vers l'autel.

Lorsqu'elle n'était pas à la maison de ses parents, on était sûr de la trouver devant le saint Tabernacle, qu'elle regardait avec amour, se te­nant là sans rien dire, contente de penser que Notre-Seigneur y était.

Loin de diminuer avec les années, cet attrait grandissait de plus en plus. Elle disait: «J'y aurais passé des jours et des nuits sans boire ni manger, et sans savoir ce que je faisais, sinon de me consumer comme un cierge ardent en sa présence, pour lui rendre amour pour amour, j'aurais cru être la plus heureuse du monde, si j'avais pu passer les nuits, seule, devant lui».

Après son entrée en religion, Marguerite-Marie donna libre cours à son amour pour l'hôte du Tabernacle. On la trouvait toujours occupée de ce divin objet, avec une passion telle, qu'on craignait que cette appli­cation n'altérât sa santé. elle ménageait son temps autant qu'elle pou­vait, afin d'avoir plus de moments libres à rester à la chapelle, où on la voyait dans une adoration profonde, les mains jointes, sans faire un mouvement.

Et nous, faisons-nous au moins ce que prescrit notre règlement?

IIe POINT: L'adoration du Saint-Sacrement exposé. - Les jours de fête où le Saint-Sacrement était exposé, Marguerite-Marie était toute la journée à la chapelle en oraison.

«Le désir de mourir, écrivait-elle, me presse plus que jamais; je ne saurais me résoudre à demander à Dieu les années que vous m'avez dit, à moins que ce ne soit à cette condition, qu'elles seront toutes employées à aimer le Sacré-Cœur de mon Jésus dans le silence et la pénitence sans plus l'offenser, demeurant jour et nuit devant le Saint-Sacrement où ce divin Cœur fait ma consolation ici-bas. - C'est là qu'est le centre de mon cœur».

Elle chante même son amour pour le tabernacle.

«Je suis un cierge ardent Pour le Saint-Sacrement; C'est ma plus grande envie De consumer ma vie Comme un cierge allumé Devant mon Bien-aimé».

Là elle adorait, écoutait, se livrait à l'expression du plus brûlant amour, faisait réparation, adressait les prières les plus ardentes pour el­le, pour le monde, pour la gloire de son Dieu après laquelle elle soupirait avec la dernière véhémence.

De son cœur sortaient ces accents:

«Sacré-Cœur, donnez-moi l'amour Dont tant d'autres âmes se privent, Ne vous donnant point de retour, Crainte de se rendre captives.

Je la veux être pour toujours Dans la prison du pur amour.»

La sainte épouse du Sauveur avait choisi comme sainte Madeleine la meilleure part, elle se plaisait aux pieds de son divin Epoux.

IIIe POINT: Sainte Communion. - Si la présence de Notre-Seigneur au tabernacle ou sur l'autel, enflammait à ce point cette sainte âme, on peut penser ce qu'il en était de la sainte communion. Deux grandes soifs la dévoraient, disait-elle, celle du mépris, de l'anéantissement, de la souf­france, et celle de la sainte communion, où elle recevait «le Dieu de son cœur et le Cœur de son Dieu».

J'ai un si grand désir de la sainte communion, disait-elle, que quand il me faudrait marcher par un chemin de flammes les pieds nus, il me sem­ble que cette peine ne m'aurait rien coûté. Rien n'est capable de me donner une joie sensible que ce pain d'amour».

Quel charme avait pour elle, notamment, la communion du premier vendredi du mois! Quel cœur elle mettait également dans toutes les au­tres communions réparatrices que lui demandait encore Notre-Seigneur! Il lui avait dit: Lorsque je te ferai connaître que la divine justice est irri­tée contre eux, tu viendras me recevoir par la sainte communion, et m'ayant mis sur le trône de ton cœur, tu m'adoreras en te pros­ternant sous mes pieds. Tu m'offriras à mon Père éternel, comme je te l'enseignerai, pour apaiser sa juste colère et fléchir sa miséricorde à leur pardonner».

Pour exprimer son désir ardent de la sainte communion, elle chantait:

S'il ne fallait rien que ma vie Pour recevoir ce Dieu d'amour, Hélas! que je serais ravie

De la donner cent fois le jour!

Résolutions. Si je n'aime pas l'Eucharistie, comment pourrai-je dire que j'aime le Sacré-Cœur, puisque l'Eucharistie c'est le Sacré-Cœur vi­vant parmi nous. Je serai donc assidu auprès de l'Eucharistie. J'aimerai à la visiter, à l'adorer, à la recevoir. J'adorerai, je remercierai, je ferai amende honorable, j'adresserai de ferventes prières pour moi, pour le monde, pour la gloire et le règne du Sacré-Cœur.

Colloque avec Jésus-Eucharistie.

17 Octobre

Fête de la bienheureuse Marguerite-Marie

Marguerite-Marie est toute au Sacré-Cœur
dans sa vie et dans sa mort

Adjuro vos, filiae Jérusalem, si invene­ritis dilectum meum, ut nuntietis ei quia amore langueo. - Qualis est dilectus tuus ex dilecto? - Dilectus meus candidus et rubicundus, electus ex millibus… Species ejus ut Libani, electus ut cedri, guttur il­lius suavissimum, et totus desiderabilis (Cant., 5).

Je vous adjure, ô filles de Jérusalem, de me dire si vous trouvez mon Bien-Aimé, car je languis d'amour. - Quel est ce Bien-Aimé? - Mon Bien-Aimé est blanc et rouge, et choisi entre mille. Il est beau comme le Liban, comme les cèdres, sa voix est douce, il est tout désirable (Gant., 5).

1er Prélude. Marguerite-Marie ne voulait vivre que pour le Sacré-Cœur, sa pensée le cherchait toujours.

2e Prélude. Sainte disciple du Cœur de Jésus, enseignez-moi cette union qui faisait tout votre bonheur.

Ier POINT: Union continue. - Dans le cahier d'une de ses retraites, on lit: «En tout ce que je ferai, j'entrerai dans le Sacré-Cœur pour y pren­dre ses intentions, m'unir à lui et demander son concours. Après chaque action, je l'offrirai à ce divin Cœur pour réparer tout ce qu'il y trouvera de défectueux, surtout mes oraisons. Lorsque je commettrai des fautes, après les avoirs punies sur moi par pénitence j'offrirai au Père Eternel une des vertus de ce divin Cœur pour payer l'outrage que je lui aurai fait. Le soir, je mettrai dans ce Cœur adorable tout ce que j'aurai fait pendant le jour, afin qu'il purifie ce qu'il y aura d'impur et d'imparfait dans mes actions, pour les rendre dignes de lui être appropriées et les mettre dans son divin Cœur, lui laissant le soin de disposer de tout selon son désir, ne me réservant que celui de l'aimer et contenter».

Voilà le programme d'une union complète et de toute la journée. Les actions sont offertes au Cœur de Jésus comme autant d'actes d'amour et de réparation. Elles lui sont encore présentées après leur accomplisse­ment pour qu'il les purifie.

IIe POINT: Donation et abandon de soi-même au Sacré-Cœur. - Dans une autre retraite, elle écrivait cette résolution: «Je tâcherai, Seigneur, de vous assujettir tout ce qui est en moi, et de faire ce que je croirai le plus parfait, le plus glorieux à votre Sacré-Cœur auquel je promets de ne rien épargner de tout ce qui est en mon pouvoir, et de ne rien refuser de faire ou souffrir pour le faire connaître, aimer et glorifier».

D'ailleurs, sur le désir exprimé par Notre-Seigneur lui-même, elle avait déjà fait, en faveur du Sacré-Cœur, un testament ou donation en­tière, sans réserve, et cela par écrit, signé de son sang, de tout ce qu'elle pourrait faire ou souffrir, donation à laquelle Notre-Seigneur répondit par le don de son propre Cœur, exprimé par ces paroles: «Je te constitue héritière de mon Cœur et de tous ses trésors, pour le temps et pour l'éternité, te permettant d'en user selon tes désirs». Quelle donation étonnante? Comme Notre-Seigneur répond généreusement à ce qu'on fait pour lui! C'est bien ce qu'il a promis dans saint Jean (14,23): «Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera et je l'aimerai aussi et je me ma­nifesterai à lui».

Les paroles de Notre-Seigneur à Marguerite-Marie nous montrent aussi combien l'intercession de cette fidèle disciple du Sacré-Cœur est puissante pour le temps et pour l'éternité. Recourons donc à elle pour obtenir la grâce d'une grande dévotion au Sacré-Cœur ce qui est le meilleur don que nous puissions avoir.

IIIe POINT: Sa mort fut, comme sa vie, toute dans le Sacré-Cœur. - Elle mourut prématurément victime du Sacré-Cœur. Il fallait en effet qu'elle ait quitté la terre pour qu'on pût parler de ses révélations. Rien n'annonçait sa mort prochaine. Cependant au commencement de l'an­née 1690, elle disait: «Je mourrai assurément cette année pour ne pas empêcher les grands fruits que mon divin Sauveur prétend tirer du livre de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus». Le Père Croiset était occupé en effet à composer ce livre, dont il n'avait parlé à personne.

Trois mois avant sa mort, qu'elle prévoyait, elle demanda à faire une retraite de 40 jours pour s'y préparer. Dans cette retraite, devant ce qu'elle appelait l'immensité de sa malice, elle se jeta dans le Sacré­-Cœur. «Je suis insolvable, Seigneur, dit-elle dans ses notes, vous le voyez bien, mettez-moi en prison, j'y consens pourvu que ce soit dans votre Sacré-Cœur; et quand j'y serai, tenez-moi là bien captive, liée des chaînes de votre amour jusqu'à ce que je vous aie payé tout ce que je vous dois; et comme je ne le pourrai jamais, ainsi souhaiterais-je de ne jamais sortir de cette prison».

Elle tomba malade, comme elle l'avait prédit. Elle répétait que sa mort était nécessaire à la gloire du Sacré-Cœur, et elle déclarait, à l'étonnement de tous, qu'elle était à la porte du tombeau. Le Cœur de Jésus était comme toujours l'objet de ses pensées. Aux soins qui lui sont proposés, elle préfère, dit-elle, s'abîmer dans le Cœur de Jésus. Après trois jours d'une maladie que personne ne pouvait expliquer, elle rendit son âme à son Dieu en mourant d'amour, selon l'expression du médecin du monastère.

Résolutions. - Vivre et mourir dans le Cœur de Jésus, c'est tout mon désir. N'est-ce pas là le paradis de toute beauté, de toute vertu, de toute bonté? Contempler les sentiments du Cœur de Jésus, les admirer et s'y unir, c'est l'occupation des élus. Je veux que ce soit la mienne dès main­tenant.

Colloque avec Marguerite-Marie. Se fixer des moments dans la journée pour se remettre en union avec le Sacré-Cœur.

18 Octobre

Saint Luc, évangéliste

Primum quidem sermonem feci de omni­bus, o Theophile, quae coepit Jésus facere et docere, usque in diem qua praecipiens apostolis per Spiritum Sanctum, quos ele­git, assumptus est; quibus et praebuit seip­sum vivum post passionem suam.in multis argumentis, per dies quadraginta apparens eis et loquens de regno Dei (Act. Ap., 1,1).

J'ai écrit d'abord, ô Théphile, sur tout ce que Jésus a fait et enseigné, jusqu'au jour où laissant ses ordres à ses apôtres pour la réception du Saint-Esprit, il s'éle­va au ciel. Il s'était aussi montré à eux après sa passion en beaucoup de circons­tances, pendant quarante jours, leur par­lant du royaume de Dieu (Actes, 1,1).

1er Prélude. Saint Luc a écrit l'Evangile et les Actes des apôtres, c'est un des meil­leurs prédicateurs de l'Evangile.

2e Prélude. Saint disciple du Sauveur, aidez-moi à comprendre ce que vous avez écrit de si touchant sur Jésus et Marie.

Ier POINT: L'apôtre zélé. - Saint Luc est né à Antioche. C'est un esprit cultivé. Il a étudié les belles lettres et la médecine à Athènes et à Alexandrie. Tout fait croire qu'il a été un des disciples qui ont suivi Jé­sus pendant sa vie publique. Il sait tant de choses que les autres évangéli­stes n'ont pas retenues et n'ont pas rapportées! Il a sûrement accompa­gné Jésus dans ses courses apostoliques; il a été témoin de sa Passion, de sa Résurrection, de son Ascension; il a reçu le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte.

Il était particulièrement dévoué à Marie. C'est d'elle seule qu'il a pu apprendre tous les détails qu'il rapporte sur l'enfance de Jésus. Lui seul nomme les pieuses femmes qui formaient avec Madeleine le cortège de Marie: Jeanne, épouse de Chusa, et Suzanne, qui avec d'autres encore, aidaient de leurs ressources le collège apostolique.

Saint Luc s'unit à saint Paul à Antioche et ne le quitta plus. Il passa avec lui à Troade, à Philippes, en Grèce, à Rome. Il lui tint compagnie en prison, et d'accord avec lui écrivit l'Evangile. Après la mort de saint Paul, il prêcha dans l'Italie, la Gaule, la Macédoine, et mourut en Achaïe après avoir beaucoup souffert pour la foi, admirable modèle de dévouement à Jésus et à Marie et de zèle apostolique.

IIe POINT: L'Evangéliste de la sainte Enfance de Jésus. - Combien les amis du Sacré-Cœur lui doivent de reconnaissance. C'est lui qui nous a fait connaître tant de détails délicieux sur la naissance et l'enfance de Jésus. Nous lui devons la salutation angélique, l'Ave Maria, l'Ecce ancilla Domini, le Magnificat, le Benedictus, le Nunc dimitis, autant de trésors pour les amis du Sacré-Cœur.

Il nous décrit la visite des bergers. Nous lui devons aussi le chant des anges «Gloria in excelsis Deo». Aucun évangéliste n'a donné de pareils trésors à la liturgie. Il décrit le séjour de Jésus au Temple à 12 ans, le commentaire d'Isaïe par Jésus à la synagogue de Nazareth. Il rapporte la belle parabole de Lazare et du mauvais riche, la guérison des dix lé­preux, dont un seul est reconnaissant, la scène délicieuse où Marthe montre trop d'empressement et où Madeleine choisit le meilleure part, le unum necessarium.

La grande parabole de l'Enfant prodigue est une de ses plus belles pa­ges. Il fallait un homme de grand cœur pour comprendre et relater ces scènes touchantes et ces discours du Sauveur.

Il rapporte mieux que les autres la justification de Madeleine par Jésus chez Simon le Pharisien, et l'appel de saint Pierre avec la première pêche miraculeuse.

C'est à lui que nous devons de connaître cette parole tombée du Sacré-Cœur: Ignem veni mittere in terram: je suis venu allumer le feu (de l'amour) sur la terre, et que désiré je, sinon qu'il se propage.

Il nous a révélé le saint Cœur de Marie. C'est lui qui nous dit par deux fois que Marie conservait dans son cœur les mystères de Jésus et les méditait (S. Luc, 2,19 et 51).

IIIe POINT: Le peintre de Marie. - La tradition a fait de saint Luc non seulement un médecin mais un artiste. On lui attribue une douzaine de Madones. Il doit y avoir quelque chose de vrai dans cette tradition. Saint Luc a peint Marie avec un soin si délicat dans son Evangile! Il a dû aussi s'appliquer à conserver par lui-même ou par un artiste à son service les traits de celle qu'il a tant vénérée.

Le type de la Madone de saint Luc est celui de saint Marie-Majeure et des images byzantines. C'est la Vierge Mère, assise avec un port de rei­ne, gracieusement voilée et présentant son divin Fils à nos adorations. C'est d'elle que s'est inspiré Raphaël dans son chef-d'œuvre, la Mado­ne dite du grand-duc.

Avec saint Luc, contemplons Marie, qui nous présente son Fils Jésus. Tous deux se regardent, ils échangent les sentiments de leurs cœurs et se disent par leurs regards combien ils aiment Dieu le Père et combien ils nous aiment.

Saint Luc prêche l'amour de Jésus par ses Madones, comme par son délicieux évangile. Il prêche aussi le sacrifice dont le bœuf est l'emblème en nous présentant dans son Evangile le sacrifice de l'ancienne loi avec Zacharie au Temple, et le sacrifice du Calvaire, minutieusement décrit.

Résolutions. -je veux croître dans l'amour de Jésus enfant et de Ma­rie qui me sont présentés par saint Luc. Je me reporterai souvent, sur­tout le matin, au souvenir de Nazareth. Je réciterai l'Angelus avec une piété toute filiale.

Colloque avec saint Luc.

19 Octobre

Marguerite-Marie victime pour le Sacré-Cœur

acceptation de la croix

Ideoque et nos tantum habentes impo­sitam nubem testium, deponentes omne pondus et circumstans nos peccatum, per patientiam curramus ad propositum nobis certamen; aspicientes in auctorem fidei et consummatorem Jésus, qui proposito sibi gaudio sustinuit crucem confusione con­tempta… (Ad Heb_ 10,1).

Et nous, encouragés par tant de mar­tyrs, en nous dégageant de tout péché, al­lons avec patience au combat qui nous est proposé, les yeux tournés vers l'auteur et le consommateur de notre foi, Jésus, qui a pris la croix avec joie sans s'inquiéter des mépris à subir… (Aux Héb., 10,1).

1er Prélude. Plusieurs fois, Notre-Seigneur donna le choix à Marguerite-Marie entre la voie des consolations et celle de la croix, elle choisit la croix pour être plus semblable à son époux céleste.

2e Prélude. Sainte disciple du Sacré-Cœur, obtenez-moi la grâce de goûter le prix du sacrifice et de l'immolation par amour pour le Sauveur.

Ier POINT: La croix pour les pécheurs. - De bonne heure, Marguerite-Marie avait dit: «O mon cher Sauveur, que je serais heureuse si vous im­primiez en moi votre image souffrante!». Notre-Seigneur accepta son of­frande, se servit d'elle sans cesse comme d'une victime pour les intérêts de son Cœur, et elle se livra sans réserve à cette immolation avec un saint enthousiasme.

Quelques mois après son entrée au couvent, pendant son action de grâces après la communion, Notre-Seigneur lui demanda intérieure­ment si elle accepterait de souffrir toutes les peines méritées par les pé­cheurs, pour qu'il fût glorifié par toutes ces âmes. «Je m'offris aussitôt, dit-elle; quand même mes peines devraient durer jusqu'au jour du juge­ment, pourvu qu'il en fût glorifié, je serais contente».

Comme les épreuves ne venaient pas assez vite au gré de ses désirs, el­le s'écria bientôt: «Hé quoi, mon Dieu, me laisserez-vous toujours vivre sans souffrir?». Le divin Maître lui montra une grande croix dont elle ne pouvait voir le bout et couverte de fleurs, et lui dit: «Là je te ferai con­sommer les délices du pur amour. Peu à peu, ces fleurs tomberont, il ne te restera que les épines que ces fleurs cachent maintenant à cause de ta faiblesse; tu en sentiras vivement la piqûre, mais la force de mon amour t'aidera à la supporter». Admirable providence du Sacré-Cœur, qui ne laisse sentir les épines de la réparation qu'aux âmes préparées par son amour!

IIe POINT: Vie de consolation ou vie crucifiée. - Une autre fois Notre-Seigneur se présenta à Marguerite-Marie, portant d'une main le tableau d'une vie pleine de paix et de consolation intérieure et extérieure, avec l'estime d'autrui; de l'autre main, le tableau d'une vie abjecte, crucifiée. méprisée, contredite, et toujours souffrante quant au corps et à l'esprit, et lui dit de choisir celui qui lui agréerait le plus, qu'il lui ferait les mê­mes grâces au choix de l'un comme de l'autre. Se prosternant à ses pieds, elle répondit: «O mon Seigneur, je ne veux que vous et le choix que vous ferez pour moi».

Pressée de choisir: «Vous m'êtes suffisant, ô mon Dieu, faites pour moi ce qui vous glorifiera le plus, sans avoir égard à ses intérêts et conso­lations. Contentez-vous et cela me suffit. «Alors le Sauveur lui présenta le tableau de crucifixion en lui disant: «Voilà ce qui m'agrée le plus, tant pour l'accomplissement de mes desseins que pour te rendre conforme à moi». - «J'acceptai ce tableau, dit Marguerite-Marie, baisant la main qui me le présentait quoique la nature en frémit; je l'embrassai de toute l'affection de mon âme, et le serrant sur ma poitrine, je le sentis si forte­ment imprimé en moi, qu'il me semblait n'être plus qu'un composé de tout ce que j'y avais vu représenté».

Pour nous, Notre-Seigneur nous demande surtout de porter la croix de la règle, de la vigilance, de la fidélité à toutes nos résolutions.

IIIe POINT: La croix pour le règne du Sacré-Cœur. - Dans une autre cir­constance, Notre-Seigneur mit encore la générosité de sa pieuse servante à l'épreuve et elle montra le même dévouement. Notre-Seigneur lui pré­senta plusieurs cœurs infidèles et lui dit: «Charge-toi de ce fardeau et participe aux amertumes de mon Cœur; verse des larmes de douleur sur l'insensibilité de ces cœurs que j'avais choisis pour les consacrer à mon amour, ou bien laisse-les s'abîmer dans leur perte, et viens jouir de mes délices». - «Laissant toutes les douceurs, dit-elle, je lâchai le cours à mes larmes, me sentant chargée de ces cœurs qui allaient être privés d'amour. Entendant continuellement que l'on m'invitait à aller jouir du saint amour, je me prosternai devant la divine bonté en lui présentant ces cœurs pour les pénétrer de son divin amour; mais il fallut bien souf­frir avant que cela fût».

Pressée de souffrir pour faire régner le Sacré-Cœur, écrit-elle encore, il me fut montré le bonheur des Séraphins et il me fut dit: «N'aimerais-­tu pas mieux jouir avec eux, que souffrir tortures, humiliations, mépris, pour contribuer à l'établissement de mon règne dans les âmes?». - «J'embrassai avidement la croix hérissée d'épines qui m'était présentée, et j'en fis mon heureux choix».

Pour nous, ce sont des immolations plus modestes que Notre-Seigneur nous demande: de petits sacrifices, une vie de règle, de recueillement, de travail, et l'acceptation des petites peines qui se présentent chaque jour.

Résolutions. - Oui, Seigneur, je m'offre de nouveau à vous en hostie d'amour et de réparation. Mon immolation se fera dans l'exacte obser­vation de vos commandements et de toutes mes règles, dans la patience, la modestie, la douceur et le recueillement. Agréez mon sacrifice.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

20 Octobre

Encore la victime:
l'immolation

Estote ergo imitatores Dei, sicut filii ca­rissimi et ambulate in dilectione, sicut et Christus dilexit nos, et tradidit semet­ipsum pro nobis oblationem et hostiam Deo in odorem suavitatis (Ad Eph., 5,1).

Imitez Dieu, comme ses fils bien­aimés, et marchez dans l'amour comme le Christ vous a aimés et il s'est livré pour vous en victime et hostie à Dieu en odeur de suavité (Aux Eph., 5,1).

1er Prélude. A l'exemple du Christ, dit saint Paul, marchez dans l'amour et l'immo­lation. C'est toute la vie de Marguerite-Marie.

2e Prélude. Sainte disciple du Sacré-Cœur, entraînez-moi à votre suite dans la vie d'amour et d'immolation.

Ier POINT: La couronne d'épines. - Un jour, Marguerite-Marie allait à la Table sainte, Notre-Seigneur apparut au milieu de l'hostie resplendis­sante comme un soleil dont elle ne pouvait soutenir l'éclat. Il tenait à la main une couronne d'épines. Après que Marguerite-Marie eut commu­nié, Notre-Seigneur lui mit cette couronne sur la tête en disant: «Reçois, ma fille, cette couronne en signe de celle qui te sera bientôt donnée». Et en effet, elle reçut bientôt dans une chute trois blessures graves à la tête, et depuis lors, il lui semblait effectivement que sa tête était entourée d'épines, par les violentes douleurs qu'elle y ressentait et qui n'ont fini qu'avec sa vie. Elle s'estimait plus redevable à son Jésus de cette couron­ne que s'il lui avait fait présent des plus beaux diadèmes du monde.

C'était d'ailleurs au même prix qu'elle estimait cette plaie invisible du côté qu'elle avait reçu dès les premières révélations, et qui lui faisait di­re: «Cette plaie, dont la douleur m'est si précieuse, me cause de si vives souffrances, qu'elles me consument et me font brûler toute vive».

Je dois porter au moins la couronne d'épines du recueillement, de la modestie des yeux, de la mortification de mon imagination et de mes pensées.

IIe POINT: Nouvelles croix. - Dans une visite particulière, Notre-Seigneur lui promit encore, pour le reste de sa vie, de nouvelles croix et des souffrances même plus grandes que celles qu'elle avait endurées jusque-là. «Le souverain de mon âme, dit-elle, qui se plaît à faire éclater les trésors de ses miséricordes sur les sujets les plus faibles et les plus indi­gnes, m'ayant honorée de sa visite, me dit qu'il venait m'apprendre combien j'avais à souffrir le reste de ma vie pour l'exécution de ses des­ seins. Il me découvrit tout ce qui devait m'arriver d'humiliant et d'affli­geant jusqu'à la mort. Ce qui me consola le plus, fut qu'il me découvrit cela avec des impressions si fortes, que ces souffrances s'imprimèrent en moi d'une manière aussi sensible que si je les eusse déjà effectivement souffertes».

Nous ne pouvons pas redire ici toutes les croix diverses qui torturèrent son cœur et qui parfois la réduisaient à l'extrémité et lui faisaient dire: «Dans ces peines, je succomberais mille fois si sa bonté ne me soutenait extraordinairement. - Il me semble que je souffre d'une facon si étran­ge, que si sa miséricorde infinie ne me fortifiait à mesure que sa justice me fait sentir le poids de sa rigueur il me serait impossible de le soutenir un moment».

C'était là pour Marguerite-Marie une providence spéciale. Notre-Seigneur la conduisait par la voie des souffrances et il lui donnait les for­ces nécessaires. Pour nous, il nous demande de bien utiliser les croix quotidiennes de la vie chrétienne et religieuse: la régularité, l'obéissan­ce, le recueillement, la modestie, les mortifications d'usage.

Soyons victimes d'amour et de réparation en offrant fidèlement dans cet esprit nos travaux, nos efforts et nos croix de chaque jour.

IIIe POINT: La soif de l'immolation. - Notre-Seigneur était libéral en­vers sa fidèle disciple, avide de souffrances pour les intérêts du cœur de son bon Maître. Elle en était cependant toujours affamée. Elle ne se trouvait jamais assez humiliée, assez brisée. La soif de l'immolation la tourmentait sans cesse; plus elle souffrait, plus elle était transportée d'amour pour les souffrances. «L'ardente soif que j'en ai, disait-elle, est un tourment que je ne puis exprimer… Quel bonheur de pouvoir tou­jours souffrir en silence et mourir sur la croix, accablée de toutes sortes de misères au corps et en l'esprit… Rien n'est capable de me plaire en ce monde que la croix de mon divin maître, mais une croix pesante, igno­minieuse, sans douceur, sans consolation, sans soulagement… Deman­dez, je vous en conjure, au Sacré-Cœur, qu'il m'accorde la grâce de mourir avec lui sur la croix pauvre, inconnue, méprisée, oubliée de tou­tes les créatures, accablée de toutes sortes de souffrances… Je ne souhai­te plus de vivre que pour le bonheur de souffrir». Elle aime à chanter cet­te soif du sacrifice:

«Souffrir, aimer, c'est mon délice; je ne veux plus d'autre plaisir, Tout le reste m'est un supplice, Aimer, souffrir, c'est mon désir».

Notre-Seigneur ne nous demandera sans doute pas les dispositions héroïques de Marguerite-Marie, mais il nous demande l'esprit habituel de réparation avec la patience dans les épreuves et quelques sacrifices volontaires offerts par amour.

Résolutions. - Oui, Seigneur, je veux vous offrir cela journellement: la fidélité à ma règle, la patience, quelque mortification volontaire et la lutte courageuse contre mon défaut dominant. Aidez-moi.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

21 Octobre

Dévotion de Marguerite-Marie
à la sainte Vierge

Et postquam impleti sunt dies purgatio­nis ejus secundum legem Moysi, tulerunt illum in Jerusalem ut sfsterent eum Do­mino, sicut scriptum est in lege Domini: quia omne masculinum adaperiens vul­vam, sanctum Domino vocabitur (S. Luc., 2,22).

Et le temps de la purification de Marie étant accompli selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur selon qu'il est écrit dans la loi du Seigneur: tout mâle qui naîtra le pre­mier sera consacré au Seigneur (S. Luc., 2,22).

1er Prélude. Le Verbe divin, disait Marguerite-Marie, a choisi le Cœur de Marie pour l'autel de ses sacrifices. Marie le portait sur son sein pour l'offrir au temple.

2e Prélude. En vous présentant, ô mon Dieu, la divine victime sur le cœur de Marie, j'ai la confiance que vous l'agréerez pour mon salut.

Ier POINT: La dévotion à Marie est la voie qui conduit au Cœur de Jésus. - C'est par Marie qu'on arrive à Jésus. C'est aussi par Marie que Marguerite-Marie est arrivée au Sacré-Cœur, et la servante de Dieu nous invite à suivre la même voie pour arriver à lui. «La très sainte Vier­ge a toujours eu un très grand soin de moi, raconte-t-elle; j'avais en elle mon recours dans tous mes besoins et elle m'a retirée de très grands pé­rils» (Sa vie, p. 280). Devenue malade au pensionnat des Clarisses, elle était en danger de mort. Elle obtint sa guérison en promettant à Marie de devenir un jour une de ses filles, c'est-à-dire d'entrer dans une com­munauté qui lui serait dédiée.

La sainte Vierge lui annonça sa grande mission. Elle lui apparut après l'avoir guérie encore une autre fois et lui dit: «Prends courage dans la santé que je te donne, car tu as encore un long et pénible chemin à par­courir» (Sa vie, p. 330). Un jour de fête du Sacré-Cœur de Marie, elle vit les deux Cœurs sacrés de Jésus et de Marie et entre les deux le sien tout petit, et elle comprit qu'elle ne devait pas séparer la dévotion au Cœur de Marie de celle au Cœur de Jésus.

A son exemple, si nous voulons obtenir le don si précieux d'une vraie dévotion au Sacré-Cœur et la grâce plus grande encore d'être les apôtres de ce divin Cœur, commençons par recourir avec confiance au Cœur immaculé de Marie.

IIe POINT: C'est avec le concours de Marie que la servante de Dieu travaille à établir le règne du Sacré-Cœur. - Elle recommande toujours, en ses lettres et en ses avis, la prière à Marie comme le moyen de faire avancer ce rè­gne béni. «Nous ne saurions faire un acte plus agréable à Dieu, écrivait­ elle, que d'honorer sa mère; Marie nous rendra des disciples parfaits du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur. Ce divin Cœur veut qu'on demande à la Sainte Vierge d'employer son crédit, afin qu'il fasse sentir les effets de son pouvoir à tous ceux qui s'adresseront à elle» (Lettre 44).

«Pour vous rendre de véritables disciples du Cœur de Jésus, disait-elle à ses novices, je vous recommande d'être en tout de vraies filles de Sainte-Marie, dans l'intention d'obtenir de bien rentrer dans l'amitié du divin Cœur et de pouvoir établir sa dévotion dans la communauté».

Elle écrivait à la mère de Saumaise, au mois de mars 1687: «Je ne manque pas d'intéresser cette Vierge très sacrée pour obtenir l'entérine­ment de la requête que vous avez adressée à Rome au sujet de la fête, de l'office et de la messe du Sacré-Cœur» (56e lettre).

Vivat Cor Jesu per Cor Mariae: Vive le Cœur de Jésus par le Cœur de Marie! C'est le sens de la belle vision des Sacrés-Cœurs. La servante de Dieu comprit qu'il ne fallait plus séparer dans son cœur ces deux dévo­tions, et que pour obtenir le règne du Cœur de Jésus en nos cœurs et dans la société, il fallait s'adresser au Cœur immaculé de Marie, dont l'intercession est toute puissante sur le Cœur de Jésus.

IIIe POINT: La grande vision du 7 juillet 1688. - La servante de Dieu rapporte cette belle vision dans une lettre à la mère de Saumaise (lettre 85). Il lui fut donné de voir devant le trône du Sacré-Cœur la très sainte Vierge, entourée des filles de la Visitation. La sainte Mère de Dieu disait à ces pieuses filles: «Je veux vous rendre dépositaires de ces précieux tré­sors que le divin soleil de justice a formé dans la terre vierge de mon cœur, où il a été caché neuf mois, après lesquels il s'est manifesté aux hommes».

La sainte Vierge est donc la dispensatrice de ce divin trésor. Elle a voulu en faire part aux Soeurs de la Visitation. C'est à elle aussi que nous devons nous adresser, soit pour entrer nous-mêmes bien avant dans cette belle dévotion, soit pour avoir la grâce d'en devenir les apô­tres.

Au ciel même, pour nous obtenir cette faveur, les Saints s'adressent à Marie. C'est par l'entremise de Marie, raconte la servante de Dieu, que saint François de Sales a obtenu à son institut le Sacré-Cœur de Jésus comme puissant protecteur.

Allons à Marie avec le concours de nos saints patrons pour obtenir ce trésor, le plus précieux de tous, le Cœur de Jésus comme protecteur et comme vie de nos âmes.

Résolutions. - Tout à Jésus par Marie. Tout au Cœur de Jésus par le Cœur de Marie. Je veux aller au Cœur de Jésus en chacune de mes ac­tions et m'unir à lui constamment dans l'esprit d'amour et de répara­tion, mais j'irai sous les auspices de Marie, avec sa protection, en faisant valoir les trésors de son Cœur sacré.

Colloque avec le saint Cœur de Marie.

22 Octobre

Les saintes Marie

Erant autem ibi mulieres multae a lon­ge, quae secutae erant Jesum a Galilaea ministrantes ei: inter quas erat Maria Magdalene, et Maria Jacobi et Joseph mater, et mater filiorum Zebedaei (S. Mat., 27,55).

Il y avait là, à distance, plusieurs pieu­ses femmes, qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée en le servant, parmi lesquelles Marie-Madeleine, Marie Jacobé, mère de Jacques et de Joseph et Marie Salomé, mère des fils de Zébédée (S. Mat., 27,55).

1er Prélude. Marie Jacobé et Marie Salomé, parentes de Marie et de Jésus ont suivi Jésus avec dévouement de Nazareth au Calvaire. Imitons leur dévouement.

2e Prélude. Seigneur donnez-moi par l'intercession de ces saintes âmes dont on célè­bre aujourd'hui la fête, la grâce de vous être dévoué à la vie et à la mort.

Ier POINT: Dévouement de ces pieuses femmes à Notre-Seigneur. - Marie Jacobé avait épousé Cléophas ou Alphée, frère de saint Joseph. Elle en eut quatre fils: saint Jacques le Mineur et saint Jude, apôtres; Joseph di­sciple de Jésus et Simon, qui fût évêque de Jérusalem après saint Jac­ques. Elle habitait Bethsaïde.

Marie Salomé était petite nièce de sainte Anne et cousine de Jésus. Ayant épousé Zébédée, elle fut la mère de saint Jean l'évangéliste et de Saint Jacques le Majeur. Elle vivait à Nazareth.

Quand Notre-Seigneur commença à prêcher l'évangile, ces pieuses femmes le suivent dans ses courses apostoliques, elles mirent leurs biens à sa disposition pour subvenir à ses besoins temporels et elles lui donnè­rent leurs fils pour disciples.

Les amis du Sacré-Cœur vénèrent ces saintes femmes, si dévouées et si fidèles.

La tradition les fait vivre et mourir en Provence, où elles seraient ve­nues miraculeusement avec saint Lazare et sainte Madeleine. On les fête le 23 octobre.

Elles doivent être bien unies au ciel au Sacré-Cœur et à saint Jean.

IIe POINT: Leçon d'humilité et de sacrifice. - Marie Salomé et ses deux fils aimaient beaucoup Notre-Seigneur et en étaient aimés. Un jour, ils eurent la tentation de profiter de cette amitié et de leur parenté pour ob­tenir un rang élevé dans le royaume de Dieu. Notre-Seigneur condamna du même coup l'ambition et le népotisme.

«Maître, dit Salomé, promettez-nous que mes deux fils, Jacques et Jean seront placés dans le ciel, l'un à votre droite et l'autre à votre gau­che». Notre-Seigneur dit aux deux jeunes apôtres: «Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je boirai moi­même?». Ces mots sont profonds. Ils écartent l'ambition. Ils donnent comme idéal le sacrifice. - Les deux disciples ont un cœur généreux, ils promettent de boire le calice. - «Eh bien! oui, dit Notre-Seigneur, vous le boirez, et cela ne vous assure pas encore les premières places, qui de­pendent des desseins gratuits de la Providence».

Ils sont venus avec un peu d'ambition et de vues naturelles, mais les paroles tombées du Cœur de Jésus les ramènent à l'humilité et à l'esprit de sacrifice.

C'est auprès du Cœur de Jésus que nous réformerons nos sentiments, toujours inclinés à l'amour propre et aux satisfactions terrestres.

IIIe POINT: Fidélité jusqu'au Calvaire. - Ces saintes femmes ont suivi Jésus pendant trois ans avec un dévouement admirable. Elles ont quitté leurs maisons, elles dépensent leur avoir pour l'entretien du Sauveur et de ses disciples. Elles sont auprès de lui à Capharnaüm. Elles le suivent en Judée. Elles sont au Cénacle. Elles se tiennent au courant des premières scènes de la Passion. Elles vont à la rencontre de Jésus sur le chemin du Calvaire. Elles sont là avec Marie, avec Véronique, avec les filles de Jérusalem.

Elles sont au Calvaire, comme Marie et Jean. Elles regardent d'un peu loin, elles voient tout, elles entendent tout. Que de grâces elles ont accumulées, et comme leur place doit être belle au ciel!

Elles apportent des parfums pour la sépulture de Jésus. Elles vont au tombeau le matin de la résurrection, elles ont la faveur d'être visitées par Jésus ressuscité. L'ange les avertit d'aller prévenir les apôtres. Ce sont de vraies amies du Sacré-Cœur.

Après l'Ascension elles se rendirent au Cénacle où elles reçurent le Saint-Esprit avec les apôtres et les disciples.

La tradition dit qu'elles furent bientôt persécutées, c'est bien vraisem­blable. Elles devaient travailler avec tant de zèle pour gagner des disci­ples à Jésus, et puis elles étaient gênantes, comme ayant été les témoins de la résurrection.

On dit que la Providence les a conduites en Provence avec saint Laza­re, sainte Madeleine et sainte Marthe.

Il n'y a guère dans l'évangile de figures plus sympathiques. Elles sont toujours auprès de Jésus, elles se dépouillent pour lui. Ce sont des modè­les pour les amis du Sacré-Cœur et de la réparation. Recourons à leur intercession pour obtenir la vraie dévotion au Sacré-Cœur.

Résolutions. - La vie de ces saintes femmes se résume dans l'union à Jésus. Elles le suivent, elles vivent auprès de lui, toujours dévouées et compatissantes. Aucune épreuve ne les rebute. Quel bel exemple de fi­délité!

Colloque avec les saintes femmes.

22 Octobre

Le patronage de la sainte Vierge

Respexit humilitatem ancillae suae: Ec­ce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes, quia fecit mihi magna qui potens est et sanctum nomen ejus, et mi­sericordia ejus a progenie in progenies ti­mentibus eum (S. Luc., 1,48).

Dieu a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante, et voici que toutes les généra­tions me proclameront bienheureuse, par­ce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint et sa miséricorde s'étend à toutes les généra­tions de ceux qui le craignent (S. Luc., 1,48).

1er Prélude. Oui, toutes les générations, ô Marie, vous proclameront bienheureuse et elles verront en vous l'intermédiaire de la miséricorde divine.

2e Prélude. Prenez-moi sous votre protection, ô Marie. Sans vous je périrais.

Ier POINT: Deux luminaires au firmament de l'église. - Dieu mit au ciel deux luminaires au commencement, l'un desquels fût appelé par excellen­ce le grand luminaire, et l'autre fut nommé le moindre; le grand pour éclai­rer et présider au jour et le moindre pour éclairer et présider à la nuit (Gen. 1,16); car bien que le créateur voulût qu'il y eût vicissitude de jour et de nuit, et que les ténèbres succédassent à la lumière, il ne voulut pas que les ténèbres et la nuit demeurassent complètement privées de lu­mière.

Ce même Dieu, avec sa sainte providence, remarque saint François de Sales, voulant créer le monde spirituel de son église, y a mis comme en un divin firmament deux grands luminaires, mais l'un plus grand, l'autre moindre. Le plus grand, c'est Jésus-Christ notre Sauveur et Maître, abîme de lumière, source de splendeur, vrai soleil de justice; le moindre, c'est la très sainte Mère de ce grand Fils, Mère toute glorieuse, toute resplendissante et vraiment plus belle que la lune. Dans les ténèbres de la vie, elle est notre protectrice, notre consolatrice, notre guide provi­dentielle.

IIe POINT: Marie avocate de grâces. - Notre-Seigneur Jésus-Christ est notre avocat (1 ep. S. Jean, 2). La très sainte Vierge est notre avocate, mais bien diversement. Le Sauveur est avocat de justice, car il plaide pour nous, alléguant le droit et la raison de notre cause: il produit nos pièces justificatives, qui ne sont autres que sa rédemption, son sang, sa croix; il confesse à son Père que nous sommes débiteurs, mais il fait voir qu'il a payé pour nous.

Mais la sainte Vierge et les Saints sont avocats de grâce; ils supplient pour nous qu'on nous pardonne et le tout par la passion du Sauveur. Ils n'ont pas en eux-mêmes de quoi nous justifier, mais ils s'appuient sur les mérites du Sauveur. Ils joignent leurs prières aux nôtres pendant que le Sauveur plaide pour nous en vertu de ses propres mérites et réparations.

La sainte Vierge prie avec nous et comme nous, mais avec plus de cré­dit et de faveur, et tout revient à l'honneur de son divin Fils.

Jésus est un avocat tout-puissant parce qu'il paie nos dettes. Marie est une protectrice toute-puissante parce qu'elle est aimée de Dieu. Comme Esther obtenait d'Assuérus le salut de son peuple, parce qu'elle était ai­mé du puissant roi, ainsi Marie obtient le salut du peuple chrétien et des âmes qui recourent à elle, parce qu'elle est aimée de Dieu qui ne veut rien lui refuser. Que pourrait-il refuser, à celle à qui il a tout donné en toute-puissante par grâce, comme Jésus est un protecteur tout-puissant par droit absolu. Ayons en Marie une confiance sans limites.

IIIe POINT: Nous avons tout en Marie. - Sainte Chantal disait: «Voyez comment nous avons tout en Marie, et avec quel soin et quelle confiance nous devons recourir à elle: Si nous sommes enfants, elle est mère; si nous sommes faibles, elle est forte et puissante; si nous avons besoin de grâces, elle est le siège de la sagesse; si nous sommes tristes, elle est la cause de notre joie et de celle de toute la terre» (Ste Chantal, citée par la mère de Changy).

Voilà bien les titres de la sainte Vierge à notre confiance. «Si nous sommes enfants, elle est mère». Que de développements comporte cette simple pensée! Nous sommes enfants, c'est-à-dire petits, faibles, incon­scients, exposés à mille périls. Combien nous avons besoin d'une mère, qui veille sur nous, qui nous protège, qui nous guide, qui nous conseille! Oh! oui, Marie, soyez ma mère, protégez-moi, dirigez-moi.

Nous sommes faibles, nous avons besoin de grâces, oh! combien! Ma­rie est le canal des grâces. Allons à elle pour recevoir des grâces de force, de consolation, de progrès.

Nous sommes ignorants, plus même que nous ne le comprenons, al­lons à celle qui est l'épouse du Saint-Esprit et le siège de la sagesse. Nous sommes tristes, allons à celle qui est la consolatrice des affligés.

Résolutions. - O Marie, vous êtes la protectrice de l'Eglise, des socié­tés chrétiennes et des âmes chrétiennes. Ayez pitié de nous, donnez à l'Eglise la liberté, aux sociétés chrétiennes le sens de la foi, à mon âme la piété, l'union constante avec le Cœur de Jésus.

Colloque avec la très sainte Vierge.

23 Octobre

Le saint Rédempteur

Et cum aperuisset librum, quatuor ani­malia et viginti quatuor seniores cecide­runt coram agno, habentes singuli citha­ras, et phialas aureas plenas odoramento­rum, quae sunt orationes sanctorum; et cantabant canticum novum dicentes: Di­gnus es, Domine, accipere librum et ape­rire signacula ejus, quoniam occisus es et redemisti nos Deo in sanguine (Apoc., 5,9).

Quand il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'agneau, ayant cha­cun leurs cithares et leurs coupes pleines de parfums qui sont les prières des saints, et ils chantaient le cantique nouveau en disant: Vous êtes digne, Seigneur, de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été immolé et vous nous avez rachetés dans votre sang (Apoc., 5,9).

1er Prélude. Oui le Rédempteur est digne de tout honneur et de toutes louanges, par­ce qu'il nous a rachetés dans son sang.

2e Prélude. Vous êtes digne surtout, Seigneur, du plus tendre amour, parce que c'est par amour pour nous que vous avez donné votre vie pour nous racheter.

Ier POINT: Ecce homo. - Voilà l'homme! voilà le Rédempteur! «Les soldats du gouverneur, emmenant Jésus dans le prétoire, le dépouillè­rent de ses habits et le couvrirent d'un manteau de pourpre; puis ils pla­cèrent une couronne d'épines sur sa tête et mirent un roseau dans sa main droite; et fléchissant le genou, il le raillaient en disant: Salut roi des juifs! Et crachant sur lui, ils prirent le roseau et lui en donnaient des coups sur la tête… Et Pilate le présenta au peuple en disant: Ecce homo!

O bon Maître, c'est ainsi que vous m'avez racheté. Votre humiliation a expié mon orgueil et mon amour-propre. Les crachats ont expié mes impatiences et mon hypocrisie. En abaissant votre royauté, vous avez préparé la mienne. Faut-il que vous m'ayez aimé! Et comme mon ingra­titude est profonde!

IIe POINT: Jésus en croix. - Voici encore le Rédempteur, le Sauveur! «Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils y crucifièrent Jésus avec les deux voleurs, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. Le peuple regardait, et avec les princes il se moquait de lui en disant: Il a sauvé les autres, qu'il se sauve maintenant lui-même, s'il est le Christ, l'élu de Dieu, comme il l'a dit. Les soldats même l'insultaient et lui présentaient du vinaigre en lui disant: Si tu es le roi des juifs, sauve-toi-même!». - Non, Seigneur, vous ne voulez pas sauver votre vie, mais vous voulez au contraire la sacrifier pour sauver mon âme.

Votre croix est mon salut. Vos mains et vos pieds percés expient tou­tes mes actions coupables. Votre Cœur ouvert et déchiré paie la rançon de toutes mes affections déréglées. Vous buvez le fiel et le vinaigre pour réparer ma sensualité. Vous souffrez les humiliations les plus cruelles pour effacer mon orgueil. Vos douleurs surpassent toutes celles que la terre a jamais vues. On peut vous appliquer à la lettre la plainte de Jéru­salem, formulée par Jérémie: «O vous tous qui passez, considérez et voyez s'il y a douleur semblable à la mienne, car le Seigneur, au jour de sa colère, m'a traitée comme un vigne que l'on a vendangée et où l'on n'a rien laissé…» (Jérém. Lament., 1,12). Oui, Seigneur, vous avez été foulé comme le raisin de la vigne et le sang de vos veines a coulé sur le sol. Votre douleur n'a d'égal que votre amour.

Voilà donc comment vous avez envisagé le péché et ce que vous avez voulu faire pour l'expier! O Seigneur, que je suis coupable de pécher si facilement et d'expier si peu mes fautes! Prenez donc tout mon cœur et ne le laissez plus s'éloigner de vous!

IIIe POINT: La royauté victorieuse. - Seigneur, votre royauté humiliée par la couronne d'épines, par le sceptre dérisoire, par les génuflexions insolentes, est sortie victorieuse de la lutte. Ces humiliations vous sont maintenant des titres de gloire.

Les plaies de vos membres et de votre Cœur sont vos trophées. Au ciel, les anges et les saints, debout devant le trône de l'Agneau, chantent à l'envi: «Vous êtes digne, Seigneur, de tout honneur, de toute puissan­ce, de tout amour, parce que vous avez été immolé et que vous avez ra­cheté les hommes par votre sang».

Votre mort est devenue votre titre de gloire, vous triomphez parce que vous avez été immolé. C'est votre bonté, c'est votre miséricorde, c'est votre amour, que chantent les anges et les saints.

«Je regardai autour du trône, dit saint Jean, et j'entendis la voix de milliers d'anges et des saints, qui disaient: L'agneau qui a été mis à mort est digne de recevoir puissance, divinité, force, sagesse, honneur, gloire et bénédiction. Et j'entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, dans la mer et dans les abîmes qui disaient: A celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles» (Apoc., 5,11). Serai-je seul, Sei­gneur à ne pas vous louer?

Résolutions. - Gloire et reconnaissance au Rédempteur! Pardon, Sei­gneur, pour toute la froideur et toute l'ingratitude qui ont régné jusqu'ici dans mon cœur. Vous méritez tout amour, tout dévouement, toute assiduité. Prenez mon pauvre cœur et fixez-le dans votre amour. Que je sois enfin fidèle à mes pratiques d'union avec vous!

Colloque avec le saint Rédempteur.

24 Octobre

Saint Raphaël, archange

Respondens angelus dixit ei: Cordis ejus particulam si super carbones ponas, fumus ejus extricat omne genus daemo­niorum, sive a viro sive a muliere, ita ut non accedat ad eos; et fel valet ad ungen­dos oculos, in quibus fuerit albugo et sa­nabuntur (Tobias, 6,8).

L'ange Raphaël répondit à Tobie: si vous mettez un morceau du cœur sur les charbons, la fumée qui en sort chasse tou­te sorte de démons, soit d'un homme soit d'une femme, en sorte qu'ils ne s'en ap­prochent plus; le fiel est bon pour oindre les yeux où il y a quelque taie et il les gué­rit (Tobie, 6,8).

1er Prélude. Le cœur du poisson est le symbole du Cœur de Jésus, consumé dans sa Passion pour chasser le démon.

2° Prélude. Saint Archange, présentez à Dieu le sacrifice du Cœur de Jésus pour sau­ver mon âme.

Ier POINT: Le guide. - Saint Raphaël est le modèle des anges gar­diens. Il vient à Tobie le fils pour le garder, pour le conduire, pour lui procurer des remèdes salutaires.

Tobie le père est captif à Ninive. Fidèle à Dieu, il assiste ses frères malheureux, il secourt les pauvres, il visite les malades, il ensevelit les morts. De dures épreuves viennent l'assaillir. Un jour qu'il s'est endor­mi de fatigue au pied d'un mur, après ses courses de charité, des ordures tombées d'un nid le rendent aveugle. Ses parents insultaient à son mal­heur comme ceux de job. Il n'avait plus la consolation d'aller assister ses frères malheureux. La gêne se faisait sentir au foyer. Il voulait envoyer son fils recouvrer un emprunt chez un parent au pays des Mèdes, mais il fallait un compagnon pour aller si loin. Tobie le fils, sort pour chercher un guide, il rencontre un beau jeune homme qui s'offre à lui, c'est le grand archange voilé sous l'apparence d'un homme.

Ne sommes-nous pas trop négligents vis-à-vis de notre ange gardien? Pensons-nous à lui, l'invoquons-nous dans toutes nos difficultés?

IIe POINT: Le symbole du Sacré-Cœur. - On sait le récit des livres saints. Tobie le fils, se baignant au bord du Tigre est assailli par un poisson. «Tirez-le par les ouïes, lui dit l'ange, déchirez-le, prenez son cœur et son foie avec le fiel, vous en tirerez des remèdes. - Mais quels remèdes? dit Tobie. - Si l'on met une partie du cœur sur le feu, dit l'ange, la fumée qui en sort chasse les démons, et le fiel est bon pour guérir les yeux».

Ce sont là des remèdes symboliques. Tout était figure dans l'ancien testament, dit saint Paul. Le poisson, c'est le Christ, dont les entrailles sont la source de toute guérison. Son cœur doit être offert en sacrifice et consumé pour chasser le démon. C'est la destruction du Cœur de Jésus sur la croix qui achève la rédemption. Le récit de Tobie ne peut pas avoir un autre sens. Qu'importe le sacrifice du cœur d'un poisson pour chasser le démons? C'est donc par le Cœur de Jésus, représenté symbo­liquement que Tobie et Raphaël ont chassé les démons de la maison de Gabélus.

Le Cœur de Jésus s'est monté là le vainqueur du démon, le consolateur des familles éprouvées, le médiateur des unions saintes et selon Dieu. Si nous offrions à Dieu avec foi le sacrifice du Cœur de Jésus, nous se­rions tout-puissants contre le démon.

Le fiel du poisson a aussi son symbolisme. Il a guéri les yeux de Tobie le père. C'est le symbole des douleurs et de la Passion du Christ qui nous ont guéris de l'aveuglement du péché et qui nous ont ouvert les yeux à la vérité évangélique.

Ah! si nous savions user de ce remède de la Passion Sauveur!

IIIe POINT: La reconnaissance. - Dieu a comblé la famille de ses bien­faits. Tobie le fils revient avec son épouse et sa fortune. Il guérit son pe­re. Alors tous, avec l'ange Raphaël, remercièrent le Seigneur. Tobie voulait récompenser le charitable guide qui leur avait été si utile, mais l'ange Raphaël s'y refusa. Il leur révéla son nom et sa dignité: «Quand tu priais en versant des larmes, dit-il au père, quand tu laissais ton repas pour ensevelir les morts, quand tu priais la nuit, c'est moi qui ai présen­té ta prière au Seigneur… C'est lui qui m'a envoyé pour te guérir et déli­vrer du démon Sara, la femme de ton fils. Je suis l'ange Raphaël, l'un des sept qui se tiennent devant le Seigneur. Il est temps que je retourne vers Dieu. Pour vous, bénissez-le et publiez ses merveilles». Après ces paroles, il disparut. Tobie, son épouse et son fils se prosternèrent pen­dant trois heures, le visage contre terre, et bénirent Dieu.

L'ange Raphaël leur avait laissé cette grâce d'être reconnaissants en­vers Dieu de tous ses bienfaits. L'ange puisait dans le cœur symbolique du poisson les dons les meilleurs.

D'où vient mon ingratitude?

C'est que je ne vis pas assez de la vie céleste, je ne suis pas assez uni aux anges, je ne puise pas au Cœur de Jésus les sentiments qui devraient animer le mien.

Résolutions. - Union aux saints anges, particulièrement à mon ange gardien. Pratique des œuvres de miséricorde pour mériter les faveurs di­vines. Offrande fréquente du Cœur de Jésus et de ses mérites pour chas­ser le démon. Reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits.

Colloque avec mon ange gardien.

25 Octobre

Avantages de la dévotion a Marie,
pour les communautés,
les familles et les fidèles

Adducentur Regi virgines post eam, proximae ejus afferentur tibi. Afferentur in laetitia et exultatione adducentur in templum Regis. Pro patribus tuis nati sunt tibi filii, constitues eos super omnem terram (Ps. 44,15).

Des vierges seront amenées au Roi après elle, et l'on vous présentera, Sei­gneur, celles qui sont ses plus proches. El­les vous seront présentées avec des trans­ports de joie, on les conduira jusque dans le temple du Roi. Vous aurez plusieurs enfants pour succéder à vos pères. Vous les établirez princes sur toute la terre (Ps. 44,15).

1er Prélude. La Vierge des vierges protège ses filles et ses fils et les présente au Cœur du divin Roi.

2e Prélude. Prenez-vous sous votre tutelle, ô Marie, et conduisez-nous au Cœur de Jésus.

Ier POINT: Le don le plus précieux que la très sainte Vierge réserve aux familles et aux communautés qui l'honorent d'une façon spéciale, c'est le don du Cœur de Jé­sus. - Il n'est pas de communauté ni de famille chrétienne qui n'ambi­tionne ce doux éloge que Marguerite-Marie adressait à une supérieure: «Votre maison est chère au Cœur de Jésus». Mais comment obtenir cet­te bienveillance du Sacré-Cœur? Par l'intercession de Marie.

La servante de Dieu avait vu Notre-Seigneur irrité contre la Visita­tion, parce qu'on y négligeait les vertus qu'il aime tant, l'humilité et la simplicité. Mais la sainte Vierge lui demanda un délai en s'interposant entre la justice divine et la communauté négligente, et elle fit tant par ses prières qu'elle resta victorieuse du démon. Celui-ci s'en alla au jour de la Présentation en ébranlant la maison et en déchirant le voile du choeur, et il déclara à la servante de Dieu qu'il aurait renversé l'ordre de la Visitation, s'il n'était soutenu par cette colonne contre laquelle il n'a pas de pouvoir. Puisse cet exemple frappant porter toutes les commu­nautés religieuses et toutes les familles chrétiennes à se vouer à Marie avec une dévotion nouvelle. Elles obtiendront par là le Cœur de Jésus comme protecteur spécial et se maintiendront dans la ferveur de la chari­té envers Dieu et envers le prochain.

IIe POINT: Avantages pour chaque fidèle: Marie détourne d'eux les châtiments qu'ils ont mérités et elle les protège à la mort. - Marie détourne les châtiments. Notre-Seigneur dit un jour à sa servante au sujet de quelques âmes fort imparfaites: «Ce sont des branches presque mortes, elles au­raient déjà été coupées, sans la dévotion qu'elles ont à ma sainte Mère, qui apaise ma justice irritée».

Marie protège ses serviteurs à la mort. En 1685, la servante de Dieu écrivait à la mère de Saumaise: «Notre pauvre sœur J. E., récentement décédée, s'est adressée à moi; elle m'a dit plusieurs particularités, tant à son égard qu'à celui de quelques personnes que je ne peux nommer; elle m'a dit que, pour elle, il s'en est bien peu manqué qu'elle n'eût été dam­née, et qu'elle ne tenait son salut que de la sainte Vierge: que dans le temps de son agonie, Satan lui avait livré par trois fois de si furieux as­sauts, qu'elle avait été quelque temps sans savoir si elle était perdue ou sauvée, jusqu'à ce que la très sainte Vierge vînt l'arracher d'entre les griffes du démon». La communauté avait été témoin de ces assauts terri­bles. Trois fois la pauvre soeur, cruellement agitée, s'était jetée à terre de son lit. Une fois on entendit qu'elle disait: «Je suis perdue». Mais la sainte Vierge veillait et la sauva.

Nous ne saurions trop prier Marie tous les jours pour qu'elle vienne à notre secours à l'heure de notre mort.

IIIe POINT: Les âmes dévotes à Marie formeront sa couronne dans le ciel. - Les âmes pures la suivront auprès du trône du Roi, dit le psaume Marguerite-Marie écrit à ce sujet: «J'ai reçu de grandes grâces de la sainte Vierge. Le jour de sa triomphante Assomption, elle me fit voir une couronne qu'elle s'était faite de toutes les saintes âmes qui s'étaient mises à sa suite, et me fit comprendre qu'elle voulait paraître avec cet or­nement devant la sainte Trinité. Mais elle me dit qu'elle avait eu une grande tristesse de ce que au moment où elle voulait s'élever au ciel avec cette couronne (formée sans doute par la communauté), plusieurs de ces fleurs s'étaient trouvées attachées à la terre; il ne lui en resta que quinze qui s'élevèrent et cinq seulement furent reçues pour épouses de son Fils. - Elle me fit voir par là, ajoute Marguerite-Marie, combien il est im­portant qu'une âme chrétienne, surtout une âme religieuse, soit déta­chée de tout et d'elle-même pour faire que sa conversation soit au ciel» (Sa vie par les contemporaines, p. 105).

Il faut être détaché de la terre pour s'élever par l'oraison jusqu'à Notre-Seigneur; combien ne faudra-t-il pas aussi au dernier jour avoir son âme bien détachée et purifiée pour qu'elle puisse suivre Marie au ciel?

Résolutions. - O Marie, ô ma Mère et ma souveraine protectrice, combien j'ai été froid jusqu'à présent à votre égard! Je n'ai pas été un enfant aimant et dévoué. Je vous ai adressé des prières et des louanges, mais avec combien d'indifférence, de distraction et de tiédeur! Je n'ose­rais plus m'approcher de vous si je ne vous savais si patiente, si compa­tissante, si miséricordieuse! O Marie, prenez mon cœur et changez-le.

Colloque avec Marie.

26 Octobre

Hommages à rendre à Marie

Audi filia et vide, et inclina aurem tuam, et obliviscere populum tuum et do­mum patris tui. Et concupiscet Rex deco­rem tuum, quoniam ipse est Dominus Deus tuus et adorabunt eum. Et filiae Ty­ri in muneribus vultum tuum depreca­buntur, omnes divites plebis (Ps. 44,l2).

Ecoutez, ma fille, et voyez, ayez l'oreil­le attentive et oubliez votre peuple et la maison de votre père. Et le Roi convoitera votre beauté, parce qu'il est le Seigneur votre Dieu, et les peuples l'adoreront, et les filles de Sion viendront à vous avec des présents, et tous les riches du peuple vous offriront leurs prières (Ps. 44,12).

1er Prélude. Oui, ô Marie, tous viendront à vous avec des présents et des prières.

2e Prélude. Me voici, ô Marie, agréez l'offrande de mon cœur, écoutez ma prière, enseignez-moi à vous aimer.

Ier POINT: Pratiques de chaque jour. - Marguerite-Marie recommande particulièrement trois choses: l'offrande de nous-mêmes à Marie, l'union à la sainte Vierge dans nos exercices de piété et la récitation du chapelet.

«Le matin, dit-elle, après nous être mis sous la protection de la sainte Vierge, nous la prierons de nous offrir à Notre-Seigneur Jésus-Christ au Très Saint Sacrement. Nous ferons de même le soir». La sainte visitan­dine s'était composé une salutation à Marie pour le matin: «Je vous sa­lue, ô mon aimable Maîtresse, très digne Mère de Dieu! Je vous honore et révère de tout mon cœur. Je vous consacre ma liberté, vous suppliant d'être la conductrice de mes pas, la gouvernante de ma vie, la règle de tous mes desseins, actions et désirs… Je vous demande, ô doux refuge des pécheurs, votre protection et votre bénédiction…».

Pour les exercices de la journée, Marguerite-Marie recommande sur­tout d'offrir à Marie au moins les principaux, qui sont l'oraison, la sain­te messe et la communion sacramentelle, ou spirituelle. «Une fois, dit­elle, Notre-Seigneur m'enseigna comment, pour les bien faire, il faut y apporter les dispositions de la Sainte Vierge». Commençons tous nos exercices en les offrant au Cœur sacré de Jésus par le Cœur immaculé de Marie dans l'esprit d'amour et d'immolation.

IIe POINT: Le rosaire. - Marguerite-Marie aimait beaucoup la récita­tion du chapelet, elle l'a souvent recommandée. C'est un hommage que les dévots serviteurs du Sacré-Cœur doivent être heureux d'offrir cha­que jour à Marie.

«Il faut être bien fidèle, a-t-elle dit, à faire la petite couronne de la sainte Vierge tous les jours, - c'est ainsi qu'elle appelle le chapelet, - car nous ne saurions faire un acte plus agréable à Dieu que d'honorer sa sainte Mère».

Mais elle voulait que cette prière fût récitée avec dévotion. Elle racon­tait ainsi un avertissement qui lui avait été donné par la sainte Vierge à cet effet: «Une fois, étant encore dans ma famille, il m'arriva que, m'étant assise, en disant notre rosaire, la très sainte Vierge se présenta devant moi et me dit cette réprimande, qui ne s'est jamais effacée de mon esprit, quoique je fusse encore bein jeune: «Je m'étonne, ma fille, que tu me serves si négligemment!». Ces paroles laissèrent une telle im­pression dans mon âme qu'elles m'ont servi toute ma vie».

Dans ce beau mois du rosaire, disons quotidiennement notre chapelet, mais surtout affermissons-nous dans l'habitude de le bien dire, avec foi, avec piété, en réfléchissant un peu aux mystères du rosaire, pour rece­voir les grâces propres à chacun de ces mystères.

IIIe POINT: Dévotion à l'Immaculée-Conception et au Cœur immaculé de Marie. - Deux siècles avant la définition du dogme de l'Immaculée­Conception, Marguerite-Marie honorait et priait la très sainte Vierge sous le glorieux et doux nom de Marie conçue sans péché. Elle terminait sou­vent ses lettres par cette invocation.

La dévotion à Notre-Dame de Lourdes doit donc être chère au Cœur de Jésus.

La servante de Dieu aimait spécialement aussi à honorer le Cœur im­maculé de Marie. Ecrivant au P. Croiset, elle lui disait: «Vous ne serez pas fâché que je vous envoie un des premiers livres imprimés en l'hon­neur du divin Cœur de Jésus, afin que, si vous le jugez à propos, vous y preniez les litanies du saint Cœur de Marie, pour les ajouter à votre li­vre.

Craignant que le P. Croiset n'eût pas suffisamment compris sa pen­sée, elle lui fit la même recommandation dans deux autres lettres: «Si ce­la ne vous desagréait pas, lui disait-elle, je vous prierais de ne pas oublier de faire mettre en votre livre les litanies du Cœur de la très sainte Vier­ge, notre bonne Mère».

Nous contenterons le Cœur de Jésus, si nous avons une tendre dévo­tion à l'Immaculée Conception et au Cœur immaculé de Marie.

Résolutions. - Notre-Seigneur attend de nous une dévotion assidue, ten­dre et filiale à sa sainte Mère. Offrons-lui la salutation du matin et la consé­cration de toutes nos actions que nous la prierons d'offrir au Sacré-Cœur.

Allons au Cœur de Jésus par le Cœur de Marie, c'est le chemin le plus sûr. Nous sommes tout-puissants sur le Cœur de Jésus quand nous lui offrons le Cœur de sa sainte Mère.

Colloque avec le saint Cœur de Marie.

27 Octobre

Marie et les mystères de N.-S.

Venerunt festinantes et invenerunt Mariam et Joseph et infantem positum in praesepio. Videntes autem cognoverunt de verbo quod dictum erat illis de puero hoc. Et omnes qui audierunt mirati sunt… Maria autem conservabat omnia verba haec conferens in corde suo (S. Luc., 2,16).

Les bergers vinrent en hâte et trouvè­rent Marie et Joseph et l'enfant déposé dans la crèche. Voyant cela, ils reconnu­rent la vérité de ce qui leur avait été dit. Ceux qui apprirent ces faits étaient dans l'admiration… Et Marie conservait le souvenir de toutes ces choses en s'en en­tretenant dans son cœur (S. Luc., 2,14).

1er Prélude. Marie conservait en son Cœur comme en un trésor tous les mystères du Cœur de Jésus. Comme ils sont doux à étudier là tous ces mystères d'amour!

2e Prélude. Aidez-moi chaque jour, ô ma bonne Mère, à goûter les mystères du Cœur de Jésus.

Ier POINT: Pour le mystère de l'Annonciation. - Marguerite-Marie, con­seille de se rappeler souvent, autant que possible à chaque heure, ou au moins à l'occasion des sonneries de l'Angelus, le moment fortuné au­quel, l'adorable Cœur de Jésus, par l'opération du Saint-Esprit commença son premier battement d'amour dans le sein très pur de la sainte Vierge; elle recommande d'offrir de nombreux actes d'actions de grâces à cet aimable Cœur pour sa charité infinie envers tous les hom­mes.

«Un jour de l'Annonciation, raconte-t-elle, Notre-Seigneur me fit connaître que je devais honorer ses abaissements par vingt-quatre Ve­rbum caro factum est, pour honorer les heures qu'il a demeuré dans le sein virginal de sa sainte Mère, me promettant que ceux qui s'y rendraient fi­dèles ne mourraient point sans recevoir les fruits de son Incarnation par les Saints Sacrements».

C'est une belle promesse pour le jour de l'Annonciation, mais Notre-Seigneur ne sera sûrement pas moins généreux pour ceux qui honorent tous les jours en récitant pieusement l'Angelus les abaissements de son Incarnation.

IIe POINT: Le Cœur de Jésus vivant dans le Cœur de Marie. - Rien n'était plus cher à Marguerite-Marie que le titre de Marie, Mère de Dieu. Combien son cœur aimait à le donner à la très sainte Vierge! Elle recommande d'honorer chaque jour le glorieux privilège de la Maternité divine de Marie. Nous en avons l'occasion à l'Angelus et à notre offran­de du matin.

Voici comment Marguerite-Marie concevait cette pratique. «Nous nous unirons d'esprit et de cœur, disait-elle, à la Vierge-Mère pour ren­dre hommage au Verbe Incarné.

Nous adorerons et aimerons en silence, avec sa sainte Mère, ce Dieu fait enfant.

Nous unirons notre esprit à celui de Jésus que l'amour de son divin Cœur tenait immolé sur l'autel du Cœur de sa Mère.

Nous honorerons la vie de sacrifice et d'abandon du Verbe divin, anéanti dans le sein de la sainte Vierge, dont il a choisi le cœur pour au­tel de ses sacrifices, et où il s'est immolé continuellement comme victime de la divine justice, pour nous mériter d'être celle de son amour.

Nous honorerons la vie d'amour de cet adorable Cœur de Jésus. Pour l'honorer, nou ferons cette aspiration autant de fois que nous pourrons: «O divin Cœur de Jésus, vivant dans le Cœur de Marie, je vous conju­re de vivre et régner dans tous les cœurs, et de les consumer dans votre pur amour»».

Vie de sacrifice, vie d'abandon, vie d'amour, voilà bien toutes les dis­positions du Cœur de Jésus dans le sein de sa Mère, et ma méditation les développera facilement: sacrifice de toute vie extérieure, de toute gloire, de toute relation; abandon à la volonté de son Père, à celle même de Marie; amour dévoué pour son Père, pour toutes les âmes.

IIIe POINT: Marie et les mystères douloureux. - Marguerite-Marie re­commande aussi une dévotion spéciale aux douleurs de Marie, surtout à celles qu'elle endura pendant la Passion.

«Vous me demandez lequel des mystères de la sainte Passion j'affec­tionne le plus, répondait-elle à la sœur de la Barge, c'est de me tenir avec la très sainte Vierge au pied de la croix» (Lettre 100).

«Faisons donc, tous les jours, une visite intérieure à la sainte Vierge sur le mont du Calvaire, pour lui demander sa protection pour bien por­ter la croix et mourir à nous-mêmes» (48e avis). Notre-Seigneur lui-même demanda à sa servante de s'unir chaque vendredi à la sainte Vier­ge debout au pied de la croix, et de faire, en union avec la Mère des dou­leurs, trente-trois adorations en l'honneur de Jésus crucifié (Sa vie par les contemp. p. 68).

Nous avons chaque jour une occasion favorable pour nous unir à Ma­rie au pied de la croix, c'est à l'heure de trois heures dans notre memen­to de la Passion. Le vendredi faisons trente-trois courtes adorations en union avec les trente-trois années pendant lesquelles la très sainte Vierge a compati aux humiliations du Cœur de Jésus! Il est facile de dire trente-trois fois: Loué, aimé, et adoré soit à jamais le Cœur souffrant et humilié de Jésus!

Résolutions. - Nous unir avec Marie aux mystères de Jésus est facile. Le matin reportons-nous quelques instants aux mystères de Nazareth. A midi et à trois heures, c'est le mystère de la croix; le soir, c'est l'agonie. En nous unissant à ces mystères avec Marie, nous honorerons mieux Notre-Seigneur et nous recevrons plus de grâces.

Colloque avec la très sainte Vierge.

28 Octobre

Saint Simon et saint Jude, apôtres

Vos autem, charissimi, super aedifcan­tes vos metipsos sanctissimae vestrae fi­dei, in Spiritu Sancto orantes, vosmetip­sos in dilectione Dei servate, expectantes misericordiam Domini nostri Jesu Christi in vitam aeternam (Ep. S. Judae, 20).

Mais vous, mes bien-aimés, vous éle­vant vous-mêmes comme un édifice spiri­tuel sur le fondement de votre très sainte foi, en priant par le Saint-Esprit, conservez-vous en l'amour de Dieu, en attendant la miséricorde de Notre­-Seigneur Jésus-Christ pour obtenir la vie éternelle (Ep. S. Jude, 20).

1er Prélude. Ces deux apôtres, deux amis de Notre-Seigneur, nous ont prêché la foi et la charité.

2e Prélude. Saint Jude, on dit que vous êtes l'apôtre des causes désespérées, obtenez­-moi ma conversion et ma sanctification.

Ier POINT: Saint Simon le zélé. - Saint Simon est appelé par saint Luc le zélé. Il a eu le zèle de la loi de Dieu avant sa vocation. Il a eu ensuite le zèle de l'Evangile. On dit qu'il était de Cana en Galilée et peut-être l'époux des noces auxquelles assista Jésus. Etant de Cana, près de Naza­reth, il a connu Jésus adolescent, il l'a aimé, il a été l'ami de ses cousins, Jacques, Thadée, Siméon, Joseph, il a rencontré Marie et saint Joseph chez Marie et Cléophas leurs parents.

Comme son sort est enviable! Mais si nous voulons, Jésus nous sera familier dans l'oraison et dans l'Eucharistie.

Son zèle l'a conduit en diverses régions, en Egypte, en Mauritanie, en Lybie, en Arménie, en Perse. Il a fondé là des églises et ordonné des prê­tres. Pourrait-on m'appeler aussi le zélé? Quel est mon zèle pour la loi de Dieu, pour ma sainte règle, pour ma sanctification? Quel est mon zè­le pour le salut des âmes? Le zèle vient de la charité. J'ai peu de zèle par­ce que j'ai peu d'amour pour Jésus.

IIe POINT: Saint Jude, apôtre de la charité. - S. Jude Thadée était le pa­rent de Notre-Seigneur, un de ceux qu'on appelait ses frères, qui le sui­vaient et le cherchaient toujours. Il était frère de saint Jacques le Mi­neur, de saint Simon évêque de Jérusalem et de saint Joseph le juste qui fut proposé avec saint Mathias pour remplacer Judas, c'étaient les fils de Cléophas et de Marie, sœur de la sainte Vierge. Il a reçu de sa mère l'amour de Jésus et de Marie et l'esprit de réparation. Il était au nombre des disciples les plus aimés de Jésus. Quand Jésus dit à ses apôtres: «Ce­lui qui m'aime et garde mes commandements sera aimé de mon Père; je l'aimerai aussi et je me découvrirai à lui», c'est saint Jude qui prend la parole et il fait répéter à Notre-Seigneur sa douce promesse! «Seigneur, dit-il, d'où vient que vous vous découvrirez à nous et pas au monde?». Jésus lui répondit: «C'est parce que vous m'aimez et que vous gardez ma parole, mon Père vous aimera, et nous viendrons à vous et nous fe­rons en vous notre demeure» (S. Jean, 14,21). O bienheureux apôtre, que j'envie votre sort! Mais ne puis-je pas, si je le veux, me faire aimer aussi de Dieu et de Notre-Seigneur en observant les commandements?

Saint Jude, dans son épître, enseigne l'amour de Dieu et du prochain: «Mes bien-aimés, dit-il, j'avais hâte de vous écrire. Je vous souhaite la miséricorde, la paix et la charité divine… Tenez-vous fortement attachés à Jésus-Christ, et vous élevant vous-même comme un édifice spirituel sur le fondement de votre très sainte foi, priez par le Saint-Esprit et conservez-vous dans l'amour de Dieu, en attendant la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour obtenir la vie éternelle».

IIIe POINT: Les deux martyrs. - Les deux apôtres, qui avaient dû se connaître dans leur jeunesse à Cana ont terminé ensemble leur apostolat dans la Perse. Là on voulut les obliger à offrir des sacrifices au soleil, ils préférèrent donner leur vie pour Jésus-Christ. Leur mort fut encore à tous deux un acte de charité, dans son but et dans ses circonstances. Saint Simon était dans un temple où on voulait le faire sacrifier aux ido­les. Un ange lui dit: «Je vous ferai sortir du temple et je ferai crouler sur eux tout l'édifice». - «Non, répondit Simon, laissez-les vivre. Peut-être que quelques-uns d'entre eux se convertiront».

Enfin, un ange leur dit à tous deux: «Que choisissez-vous? ou la mort pour vous ou l'extermination de ce peuple impie?». Les deux apôtres s'écrièrent: «Miséricorde pour ce peuple! Que le martyre soit notre par­tage?». Leur mort fut une semence de conversions.

Unis dans leur vie, ils l'ont été dans leur mort, ils le sont aussi dans le culte qui leur est rendu. L'Eglise les honore le même jour. Leurs corps sont réunis à Saint-Pierre de Rome.

Je dois les imiter dans leur amour pour Jésus, dans leur fidélité et dans leur zèle pour le salut du prochain.

Résolutions. - Comme ces saints apôtres, je puis devenir le familier et l'ami de Notre-Seigneur, si j'observe bien ses commandements. Il vien­dra avec son Père et avec l'Esprit-Saint et ils établiront en moi leur de­meure. Mais pour cela il faut que je sois tout à Notre-Seigneur, à son amour et à la vie de réparation.

Colloque avec Notre-Seigneur.

29 Octobre

Quelques pratiques de dévotion a Marie

Ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes, quia fecit mihi ma­gna qui potens est et sanctum nomen ejus, et misericordia ejus a progenie in proge­nies timentibus eum (S. Luc., 1,48).

Désormais toutes les nations me procla­meront bienheureuse parce que le Tout­Puissant a fait en moi de grandes choses, lui dont le nom est saint, et sa miséricorde se répand d'âge en âge sur ceux qui le craignent (S. Luc, 1,48).

1er Prélude. Oui, la miséricorde de Notre-Seigneur se répand d'âge en âge sur ceux qui le craignent, et sur ceux qui honorent Marie sa très sainte Mère.

2e Prélude. A mon tour, 8 Marie, je vous proclame bienheureuse, je vous loue et je sollicite votre maternelle protection.

Ier POINT: Les neuvaines en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus et de la sainte Vierge. - C'est Notre-Seigneur lui-même qui nous a appris à faire des neuvaines, quand il a dit à ses apôtres et à ses disciples de se préparer pendant neuf jours à la descente du Saint-Esprit. La très sainte Vierge priait avec eux et sa prière fécondait la leur.

Marguerite-Marie nous invite à unir aussi la sainte Vierge aux neu­vaines que nous adressons au Sacré-Cœur.

Ayant appris que son frère le curé était atteint d'une maladie mortelle, elle lui écrivit: «Nous avons promis que vous diriez ou feriez dire neuf messes, durant neuf samedis, à l'honneur de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, et que vous prendriez pendant neuf jours des billets portant ces invocations: Le Sacré-Cœur de Jésus vous guérisse, et louée soit à jamais la très pure et Immaculée Conception de Marie, Mère de Dieu». C'était une pratique de ce temps-là de prendre de pieux billets comme remèdes, contentons-nous de réciter les invocations, mais faisons-le avec la foi simple et la confiance surnaturelle de Marguerite­-Marie.

Plusieurs fois elle recommanda cette double neuvaine au Sacré-Cœur et à Marie immaculée.

IIe POINT: Le samedi ou le jour de Marie. - C'est une pratique générale parmi les personnes pieuses de consacrer le samedi de chaque semaine à honorer la sainte Vierge, Marguerite-Marie y était très fidèle. Elle atta­chait surtout le plus grand prix aux messes dites et aux communions fai­tes ce jour-là en l'honneur de Marie. Aussi demandait-elle aussi souvent que possible la faveur de communier le samedi, surtout lorsqu'elle dési­rait obtenir quelque grâce importante.

Répondant à l'une de ces demandes, la mère Greyfié, qui touchait à la fin de son triennat, comme supérieure du couvent de Paray, lui écri­vit: «Je vous donne jusqu'à ma déposition, la communion tous les der­niers samedis de chaque mois, à l'honneur de la très sainte Vierge, afin qu'elle vous obtienne du Cœur de son divin Fils une supérieure qui lui soit conforme à son gré, et à moi la grâce d'une véritable et profonde hu­milité, par le moyen de laquelle je puisse plaire au Cœur adorable de ce­lui qui résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles».

Nous aussi nous consacrerons le samedi à Marie, surtout le premier samedi du mois. Mais pour cela il faut faire quelques pratiques ce jour-là en l'honneur de Marie, quelques sacrifices et prières. Quand Margueri­te Marie conseillait une dévotion à ses novices, elle allait droit à la prati­que. Elle demandait un certain nombre d'actes conformes à cette dévo­tion. Que ferai-je le samedi en l'honneur de Marie? quelle privation? quel petit sacrifice? quelles invocations? combien d'actes d'union au Cœur de Jésus par le Cœur de Marie?

IIIe POINT: La consécration au Sacré-Cœur de Jésus et de Marie. - De tous les actes de dévotion que Marguerite-Marie conseille de faire en l'hon­neur de la très sainte Vierge, le principal est la cosécration, mais elle en­tend par là que nous nous consacrions au Cœur immaculé de Marie, pour que Marie nous donne au Cœur de son Fils. Elle a formulé ainsi sa consécration:

«O très sainte, très aimable et très glorieuse Vierge, Mère de Dieu et notre Mère… nous nous jetons à vos pieds, pour renouveler les voeux de notre fidélité et servitude envers vous, et pour vous prier qu'en qualité de choses vôtres, vous nous offriez, consacriez et immoliez au Sacre­Cœur de l'adorable Jésus, nous et tout ce que nous sommes, tout ce que nous ferons et souffrirons…».

Mais une consécration doit avoir des conséquences. Si nous nous don­nons à Marie, il faut vivre désormais comme ses serviteurs et comme ses enfants. Il faut être tout à elle. Il faut que nos prières et nos actions com­mencent et finissent par elle. Il faut vivre dans sa sainte obéissance et lui demander constamment sa volonté. «Mère, que voulez-vous que je fas­se?» telle doit être notre règle de vie. Au commencement de chaque ac­tion importante, il faut nous recueillir et nous demander ce que Marie, notre Mère, attend de nous, et comment elle veut que nous faissions cet­te action pour qu'elle puisse l'offrir au Sacré-Cœur en sacrifice d'amour et de réparation.

Résolutions. - Je ferai, à l'occasion, des neuvaines et je sanctifierai le samedi en l'honneur de Marie, mais ma principale résolution aujourd'hui c'est ma consécration à Marie, consécration pratique réali­sée par l'offrande de chaque action à Marie pour qu'elle puisse à son tour la donner au Sacré-Cœur de son divin Fils.

Colloque avec la très sainte Vierge.

30 Octobre

Marguerite-Marie et les âmes du purgatoire

Cum autem vidisset Abigail David, fe­stinavit et procidit coram David super fa­ciem suam et adoravit super terram, et ce­cidit ad pedes ejus et dixit: in me sit, Do­mine mi, haec iniquitas… Loquatur obse­cro, ancilla tua in auribus tuis et audi ver­ba famulae tuae. Ne ponat, oro, Dominus meus rex cor suum super virum istum ini­quum Nabal (1 Reg., 25,23).

Abigaïl ayant aperçu David s'approcha et lui fit une profonde révérence en se prosternant à terre. Elle se jeta à ses pieds et lui dit: que cette faute retombe sur moi. Permettez, je vous prie, à votre servante, de vous parler et ne refuser pas de l'enten­dre. Que le Cœur de mon Seigneur et de mon roi ne soit pas sensible à l'injustice de Nabal (1 liv. des rois, 25,23).

1er Prélude. Abigaïl intervient auprès de David pour sauver Nabal dont elle prend sur elle la faute. Ainsi Marguerite-Marie s'offrait à souffrir pour les âmes du purgatoi­re.

2e Prélude. Elle apaisait le Cœur du souverain juge comme Abigaïl apaisait le cœur de David.

Ier POINT: Lumières surnaturelles de Marguerite-Marie sur le purgatoire. - La dévotion envers les âmes du purgatoire est intimement unie à la dé­votion au Sacré-Cœur de Jésus, à cause du tendre et compatissant amour que Notre-Seigneur a pour elles.

Marguerite-Marie eut de fréquentes relations avec le purgatoire. Sou­vent par une permission divine, les âmes souffrantes venaient la visiter pour lui exposer leurs besoins. Elle voyait aussi les causes de leurs souf­frances.

Une vie immortifiée est la cause la plus ordinaire d'un long séjour dans le purgatoire. «Ah! que je souffre de rigoureux tourments, lui dit une soeur, et c'est surtout pour avoir donné à mon corps des soulange­ments superflus». - Les manquements à la charité sont aussi une cause ordinaire de souffrances. «Je souffre, lui dit une soeur, pour mes man­quements à la charité et pour avoir causé la désunion et en avoir eu avec les autres». Une sœur lui dit qu'elle avait cinq années de souffrances à subir pour expier ses manquements à l'obéissance et à la pauvreté.

IIe POINT: Merveilleuse efficacité de la dévotion au Sacré-Cœur pour soulager les âmes du purgatoire. - «Oh! si l'on savait, disait Marguerite-Marie, avec combien d'ardeur les pauvres âmes demandent ce remède nou­veau, si souverain à leurs souffrances!». - Il n'est pas de moyen plus ef­ficace pour soulager les âmes du purgatoire que d'offrir à cette intention quelques-unes des pratiques de cette dévotion, et d'accomplir en union avec le Sacré-Cœur les diverses œuvres satisfactoires recommandées par l'Eglise. Cette union transforme ces œuvres en une monnaie d'or marquée au coin de l'amour divin.

Marguerite-Marie recommande surtout les messes et les neuvaines en l'honneur du Sacré-Cœur et la pratique des jours d'expiation. «Les âmes du purgatoire demandent particulièrement les messes en l'honneur du Cœur de Jésus», dit-elle (lettre 85). Plusieurs fois elle demanda des pratiques d'humilité et de charité pendant neuf jours. «Une âme me dit de-m'adresser à vous, écrivait-elle à la mère de Saumaise, pour vous prier de lui faire dire trois messes, votre chapelet et toutes les pratiques d'observance pendant neuf jours, et une communion générale, disant que cela adoucirait beaucoup ses peines et qu'elle ne serait pas ingrate».

Elle conseilla aussi beaucoup d'offrir pour ces âmes quelques jours d'expiation, particulièrement le lundi de chaque semaine. «Le lundi, disait-elle, par le mérite de la captivité de Notre-Seigneur au Saint­-Sacrement, nous demanderons à son Cœur Sacré la liberté pour ses pauvres prisonnières du purgatoire; pour cela, nous ferons toutes nos ac­tions en esprit de pénitence». Elle s'imposait pour cela quelques actes de mortification, des pratiques de charité, de modestie, d'union à Dieu, et le soir elle offrait tout cela en union avec les mérites infinis du Cœur de Jésus.

IIIe POINT: Avantages de cette dévotion. - Les âmes du purgatoire sont reconnaissantes. L'ingratitude n'entre pas au ciel, dit l'une d'elles à Marguerite-Marie.

Ces âmes, dont le salut est assuré, sont chères au Cœur de Jésus et au Cœur de Marie. Leurs prières sont efficaces. Marguerite-Marie recou­rait souvent à leur intercession pour l'extension du règne du Sacré­-Cœur. «Vous demanderez à ces saintes âmes, disait-elle à ses novices, d'employer leur pouvoir pour nous obtenir la grâce de vivre et de mourir dans l'amour et la fidélité au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus­Christ, en répondant à ses désirs sur nous sans résistance». - «Vous di­rez l'office des morts pour les âmes du purgatoire, disait-elle encore, afin qu'elles nous obtiennent la grâce de bien rentrer dans l'amitié du Sacre­-Cœur et de pouvoir établir sa dévotion dans cette communauté.

La servante de Dieu avait l'habitude de prier la sainte Vierge par les âmes du purgatoire. Un jour, il lui sembla que c'était manquer de con­fiance en Marie que de ne pas aller à elle directement. La mère Greyfie la rassura: «Nous les prions, dit-elle de joindre leurs supplications aux nôtres envers cette Mère de bonté, pour qu'elles nous obtiennent la con­tinuation de ses soins maternels; nous avouons par là que c'est d'elle seule, après Dieu, que tout bien nous arrive».

Résolutions. - Les saintes âmes du purgatoire ont soif de nos prières, de nos sacrifices, de nos réparations. Aidons-les, c'est pratiquer la chari­té, c'est contenter le Sacré-Cœur et la sainte Vierge qui les attendent par tous les actes que nous pouvons lui offrir.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

31 Octobre

Saint Quentin, martyr

Scribo vobis juvenes quoniam fortes estis et verbum Dei manet in vobfs et vici­stis malignum. Nolite diligere mundum neque ea quae in mundo sunt. Si quis dili­git mundum, non est charitas Dei in eo… Et mundus transit et concupfscentia ejus,qui autem facit voluntatem Dei, ma­net inaeternum (1 ep… S. Joan., 2,14).

Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu de­meure en vous et que vous avez vaincu le malin esprit. N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un ai­me le monde, l'amour du Père céleste n'est point en lui… Or le monde passe et le concupiscence du monde passe avec lui, mais celui qui fait la volonté de Dieu de­meure éternellement (1 ep., S. Jean, 2,14).

1er Prélude. Saint Quentin mit au service du Christ sa jeunesse et sa magnanimité.

2e Prélude. Saint martyr, obtenez pour moi le feu sacré de la charité, qui vous a ren­du si cher au Cœur de Jésus.

Ier POINT: Le jeune apôtre. - Saint Quentin était jeune, et simple clerc ou diacre, mais il était de la race des nobles romains, comme les Cécile et les Agnès. Il voulut se dévouer pour étendre l'empire spirituel de Rome chrétienne, comme ses aïeux s'étaient dévoués à la gloire de Rome païenne. Il a l'âme d'un chef d'armée. Le souverain Pontife lui confie un groupe de missionnaires, évêques et prêtres pour aller conquérir à l'Eglise les provinces de la Gaule.

Il est de la race des forts, auxquels s'adresse saint Jean: «Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le démon». Il est fort parce qu'il aime. «L'amour est fort comme la mort». L'amour de Jésus donne l'éloquence à l'apôtre et le courage au martyr. Rien n'arrêtera Quentin, ni les pro­messes ni les menaces, il aime Jésus et il le fera aimer.

IIe POINT: La vraie noblesse. - Les idolâtres le dénoncèrent à Rinctio­vare, préfet des Gaules, qui le fit arrêter et comparaître à son tribunal. «Comment t'appelles-tu?» lui domanda le tyran. - Quentin répond: Je m'appelle Chrétien. Mon père est Zénon, sénateur de Rome. - Quoi! dit le préfet, avec tant de noblesse, tu t'abaisses à de misérables supersti­tions! - La vraie noblesse, dit Quentin, c'est de servir Dieu. La religion chrétienne n'est pas une superstition; elle nous élève au bonheur parfait par la connaissance de Dieu le Père tout-puissant et de son Fils engendré avant tous les siècles. - Quitte ces folies et sacrifie aux dieux. - Ja­mais, répond Quentin, tes dieux sont des démons. Les adorer, c'est une folie. - Si tu ne sacrifies pas, dit le préfet, je te tourmenterai jusqu'à la mort. - Je ne crains pas tes menaces, dit Quentin, tu as pouvoir sur mon corps, mais le Christ sauvera mon âme».

Le préfet, irrité de ces réponses, le fait flageller cruellement. Pendant ce supplice, une voix d'en haut dit au martyr: «Courage, Quentin, per­sévère jusqu'à la fin, je serai toujours avec toi». C'est le Christ qui aime son athlète et qui l'anime au combat. En même temps les bourreaux tombèrent à la renverse.

Quentin est remis au cachot, un ange vient le visiter, brise ses liens et le transporte sur une place de la ville où le Saint prêche la foule accourue pour le voir. Six cents païens demandent le baptême. Le geôlier lui-même et les gardes, à la vue de ce miracle, se convertissent.

Le Christ et Quentin s'aimaient ardemment et Quentin estimait avec raison que c'était là sa vraie noblesse.

Cette noblesse, ne puis-je pas l'avoir aussi? Que faut-il pour cela? Il faut que j'aime ardemment le Sauveur et que je le lui prouve par l'union constante à son divin Cœur.

IIIe POINT: Le beau martyre. - Bien peu de saints ont prouvé plus gé­néreusement leur amour au Sauveur. Quentin a subi un des martyres les plus raffinés et les plus cruels.

Le préfet cherche d'abord à le séduire par de brillantes promesses. «Que ferai-je de tous ces riens? dit Quentin, Jésus seul me suffit». Alors c'est une série de supplices qui effraient l'imagination. C'est d'abord le tourment des roues qui disloque tous les membres du Saint. Puis les bourreaux le frappent avec des verges de fer, ils répandent de l'huile bouillante et du bitume brûlant sur ses plaies, ils appliquent des torches ardentes à ses côtés.

Pendant ce temps, le martyr remerciait Dieu et criait à Rictiovare: «Juge inhumain, tes tourments me sont comme des rafraîchissements». Sur les ordres du préfet, on lui verse de la chaux dans la bouche. En­suite on le conduit d'Amiens à Augusta Veromanduorum, aujourd'hui Saint-Quentin, pour montrer là aussi la rigueur de la justice romaine. Là ce sont de nouveaux supplices: les broches qui percent tout son corps, les clous enforcés sous ses ongles. Enfin, on lui tranche la tête. Son âme monte au ciel, appelée par la voix du Christ.

Voilà bien le jeune homme fort, ardent et fidèle au Christ, son bien-aimé.

Résolutions. - O divin Sauveur, quel admirable modèle vous me pré­sentez aujourd'hui! Comme Quentin vous a aimé et comme vous avez aimé Quentin! Donnez-moi votre amour, et dans cet amour je puiserai le zèle, la force et la persévérance.

Colloque avec saint Quentin.

  • ospasc-0004-0010.txt
  • ostatnio zmienione: 2022/06/23 21:40
  • przez 127.0.0.1