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Préparation pour la veille

I. Lecture du saint Evangile (S. Jean, Chap. XIII. Vers. 4-10).

4. Surgit Jésus a coena et ponit vestimenta sua: et cum accepisset linteum, prae­cinxit se.

5. Deinde, mittit aquam in pelvim et coepit lavare pedes discipulorum et extergere linteo quo erat praecinctus.

6. Venit ergo ad Simonem Petrum, et dicit et Petrus: Domine, tu mihi lavas pedes?

7. Respondit Jésus et dixit ei: quod ego facio, tu nescis modo, scies autem postea.

8. Dicit ei Petrus: Non lavabis mihi pieds in aeternum. Respondit ei Jésus: Si non lavero te, non habebis partem mecum.

9. Dicit ei Simon Petrus: Domine, non tantum pedes meos, sed et manus et caput.

10. Dicit ei Jésus: qui lotus est, non indiget nisi ut pieds lavet, sed est mundus totus…

4. Jésus se leva de table, ôta son manteau, prit une serviette et s'en ceignit.

5. Il mit de l'eau dans un bassin et commença à laver les pieds de ses disciples et à les essuyer avec la serviette dont il s'était ceint.

6. Il vint à Simon Pierre. Pierre lui dit: Seigneur, vous, me laver les pieds!

7. Jésus lui répondit: Ce que je fais, tu ne le comprends pas mainte­nant, tu le comprendras plus tard…

8. Pierre dit: Vous ne me laverez jamais les pieds. Jésus reprit: Si je ne te les lave pas, tu n'auras pas de part avec moi.

9. Pierre lui dit: Maître, non seulement les pieds, mais les mains et la tête.

10. Jésus reprit: Celui qui est déja purifié n'a plus que les pieds à la­ver, il est déjà pur…

II. Sommaire. - Le péché véniel est un mal moral et un désordre. Si nous jugions les choses sainement, nous accepterions plutôt toutes les souffrances que de le commettre.

D'ailleurs, y a-t-il quelque chose de petit et de léger, quand il s'agit de l'honneur de Dieu? Dans les âmes consacrées, c'est un désordre plus grand encore.

Ses effets sont lamentables. Il affaiblit en nous la charité, il nous prive de nombreuses grâces. Il conduit au péché mortel.

Il est puni dans cette vie, et aussi dans l'autre, en purgatoire et en en­fer. Il a reçu souvent sur la terre des châtiments immédiats et terribles. Notre-Seigneur s'en est plaint souvent et amèrement à sa servante Marguerite-Marie.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Méditation.

Le disciple. - Seigneur, je ne puis pas regarder comme léger un mal qui vous offense, un mal qui vous a coûté des larmes et du sang. Eclairez mon esprit, fortifiez ma volonté, afin que je marche désormais plus fer­mement dans le chemin de la perfection.

Le Sauveur. - C'est vraiment un grand mal, un mal qui l'emporte de beaucoup sur tout ce que vous appelez de ce nom.

Dans chaque péché véniel, on trouve tout ce qui constitue le désordre moral: la désobéissance à Dieu, le mépris de son être divin, la violation de l'ordre établi par sa sagesse infinie et sa volonté toute-puissante, l'abus des dons naturels et surnaturels que sa bonté vous prodigue, l'in­gratitude d'un fils égaré. Si vous jugiez les choses selon la vérité, vous accepteriez volontiers toutes les privations et toutes les souffrances, vous seriez prêts à tous les sacrifices, à la mort même plutôt que de commettre d'une manière délibérée un seul de ces péchés auxquels vous prenez à peine garde, comme la dissipation, la légèreté, la sensualité, l'amour­-propre, les distractions volontaires dans la prière, les défauts contre la charité, les attaches désordonnées, les pertes de temps, auxquelles le ca­price, l'immortification, la paresse vous entraînent si souvent.

D'ailleurs y a-t-il quelque chose de petit et de léger quand il s'agit de l'honneur de Dieu? Les saints ne le pensaient pas. Saint Bernard, ami de mon cœur, disait avec raison: «Ce n'est jamais léger de mépriser Dieu, même en de petites choses». Il ajoutait encore: «Appeler cela léger, c'est presque un blasphème contre le Saint-Esprit».

Ces fautes que vous appelez légères, elles ne pouvaient être effacées que par mes larmes et mon sang.1)

Dans les âmes consacrées, c'est un désordre plus grand encore. A cau­se de leurs fonctions et de leurs rapports constants et intimes avec moi, leur cœur devrait être pur comme celui des anges. Vous voyez, au livre de Daniel, que les rois de la terre eux-mêmes, veulent des serviteurs irré­prochables. - Rex elegit ministros, in quibus nulla est macula (Daniel 1-4).

Et, pour ces âmes, les fautes sont plus lourdes, car ces âmes ont plus de lumières, plus de responabilité. Ce qui est véniel chez les autres, est souvent mortel chez elles, dit avec raison un grand pape. «Multa sunt lai­cis venialia, quae sunt clericis mortalia» (Innoc. III Serm. I).

N'ai-je pas montré, au repas de la Cène, combien je tenais à ce que mes apôtres fussent exempts des péchés véniels eux mêmes? C'est le sens de la cérémonie du lavement des pieds. - Qui lotus est, non indiget nisi ut pedes lacet (Jean XIII, 10). J'ajoutais que c'était une condition pour avoir part à mes grâces. - Si non lacero te, non habebis partem mecum.

Mais il est temps que vous méditiez les effets lamentables de ces pé­chés véniels. Ils affaiblissent en vous la charité, et cela seul n'est-il-pas un mal immense? Ils vous privent de nombreuses grâces: votre âme n'est plus ouverte aux bons mouvements, aux saintes inspirations.

Ils sont un obstacle à l'oraison, à la prière fervente, à l'union avec moi; ils entraînent vos pensées vers la terre.

Ils empêchent la paix de l'âme, la joie du Saint-Esprit. Chez le prêtre, ils affaiblissent le zèle, l'amour des âmes.

Ils provoquent évidemment la colère de mon Père, qui vous aide moins alors pour votre sanctification. Ecoutez-le:

Propter iniquitatem avaritiae ejus, iratus sum et percussi eum: abscondi a te fa­ciem meam et indignatus sum (Is. 57-17).

Ces péchés ôtent à votre âme toute sa beauté. J'ai une fois montré à une personne pieuse son âme rendue semblable, par le péché véniel, à un corps d'enfant couvert de pustules (Th. a Kempis L. I. Ch. 21).

Ces péchés conduisent au péché mortel.

Eve va de la curiosité à la désobéissance grave. David va de la légèreté des regards à l'adultère. Salomon, de l'amour ides femmes à l'idolâtrie. Jéroboam, de la politique à l'infidélité. Judas, de l'amour de l'argent au déicide.

«Concupiscentia, cum conceperit, pari t peccatum» (Jac. 1. 15).

Le passage de l'un à l'autre est insensible: la conscience est émoussée, la volonté affaiblie, et la concupiscence est fortifiée.

De là vient aussi l'illusion déplorable de tant d'âmes qui vivent tran­quilles et sans remords dans le malheureux état du péché.

Les châtiments du péché véniel demandent aussi à être médités. Nulle âme n'entre au ciel sans avoir tout réparé. Et vous savez la redoutable intensité des flammes du purgatoire, qui ne le cèdent à celles de l'enfer que par la durée.2)

En enfer, les péchés véniels des damnés sont punis éternellement.3) L'histoire sacrée donne des exemples de terribles châtiments tempo­rels infligés par mon Père au péché véniel.

Moïse est privé de la terre promise pour un léger doute. La femme de Loth est frappée de mort pour une curiosité. 70.000 hommes meurent de la peste parce que David a fait faire un recensement par vanité (II Reg.). Nadab et Abiu sont consumés par le feu parce qu'ils ont offert un encens profane (Levit. 10). Oza est frappé de mort pour avoir touché l'arche.

La vie des saints a des traits non moins instructifs. J'ai permis que saint Hilarion fût frappé par le démon en punition de distractions dans l'oraison. Saint Gérard a été aveuglé pour un regard imprudent. Et il y a mille traits semblables.

Rappelez-vous surtout mes plaintes amères à Marguerite-Marie à l'occasion des fautes vénielles d'âmes chères à mon cœur, pour lesquel­les je lui demandais réparation et consolation. «Je n'ai trouvé personne, lui disais-je, qui ait voulu me donner asile dans cet état souffrant et dou­loureux». Je lui montrais comment cinq âmes consacrées à mon service m'avaient traité: j'étais tout couvert de plaies, comme si j'avais été tiré à force de cordes dans des lieux étroits garnis de pointes, de clous et d'épi­nes. Je la priais de se charger du fardeau de cette dette et de participer aux amertumes de mon Cœur. Je l'invitais à verser des larmes sur l'in­sensibilité de ces cœurs que j'avais choisis pour les consacrer à mon amour.

«Je viens, lui disais-je, dans le cœur que je t'ai donné afin que, par son ardeur, tu répares les injures que j'ai reçues de ces cœurs tièdes et lâches qui me déshonorent…».

Ayez donc pitié de ma tristesse, ayez pitié de vos âmes qui se perdent. Et vous aussi, comme Marguerite-Marie, consolez-moi au lieu de m'of­fenser.

AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS

O Marie, toute pure, aidez-nous dans ce travail, dans cette lutte. Vous avez gagné le cœur de Dieu en évitant toutes les fautes. - Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te (Gant. IV 7). Obtenez-moi le pardon du passé, afin que désormais je vous suive dans l'humilité et la reconnaissance pour servir mon Sauveur sans l'offenser.

BOUQUET SPIRITUEL

- Qui spernit modica, paulatim decidet, (Eccli 19).

- Leve nunquam est Deum etiam in modico contemnere (Saint Bernard). - Multa sunt laicis venialia, quae sunt clericis mortalia (Innoc. III Serm. 1). - Nolite contristare Spiritum Sanctum Dei (Eph. V, 30).

- Celui qui méprise les petites choses tombera peu à peu (L'Ecclésia­stique, chap. 19).

- Offenser Dieu, même en de petites choses, est-ce une chose légère? (Saint Bernard).

- Bien des fautes, vénielles pour les laïcs, sont mortelles pour les clercs (Inno. III).

- N'attristez pas l'Esprit-Saint (Ep. aux Ephésiens).


1)
Impossibile est ea deleri, nisi per Christum et a Christo (S. Bernard).
2)
Eodem igne cruciator damnatus et purgatur electus (S.Augustin).
3)
In inferno nulla est redemptio (S. Thom. 2, 2, q. 87).
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