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Préparation pour la veille

I. Lecture du saint Evangile (S. Matthieu, ch. VIII, 10-12).

10. Audiens autem Jésus (centurionem) miratus est et sequentibus se dixit. Amen dico vobis, non inveni tantam fidem in Israël.

11. Dico autem vobis, quod multi ab oriente et occidente venient et recumbent cum Abraham et Isaac et Jacob in regno coelorum.

12. Filii auteur regni ejicientur in tenebras exteriores: ibi erit fletus et stridor den­tium.

10. Jésus entendant le centurion s'étonna et dit à ceux qui le sui­vaient: En vérité, je vous le dis, je n'ai pas trouvé une foi semblable chez les Israélites.

11. Je vous dis donc que beaucoup viendront de l'Orient et de l'Occi­dent se reposer Avec Abraham, Isaac et Jacob au royaume des cieux. 12. Et les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures où règnent les pleurs et les grincements de dents.

II. Sommaire. A peine aurons-nous rendu le dernier soupir que nous serons comme investis de la majesté divine. Le jugement commencera et nos œuvres seront notre seul appui.

L'examen sera le plus général, le plus prompt, le plus convaincant. Il sera plus rigoureux pour ceux qui auront reçu plus de grâces. Préparons-nous des défenseurs, des avocats, particulièrement le Cœur de Jésus lui-même.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Méditation.

Le disciple. - O mon bon Maître, donnez-moi la crainte salutaire de votre jugement. Je n'ai qu'un désir, c'est d'être lié par tous les liens pos­sibles à votre amour. La crainte elle-même m'obligera à vous aimer. Ce sera son meilleur fruit.

Le Sauveur. - Mon but suprême est toujours de gagner vos cœurs. C'est pour qu'ils n'aillent pas se prostituer à l'amour désordonné des créatures que je veux imprimer dans ces cœurs la crainte du jugement qui les attend.

A peine aurez-vous rendu le dernier soupir que votre âme sera présen­te devant son juge. Elle sera comme investie de la majesté divine. Job se voyait devant son juge divin comme un homme tombé à la mer et en­glouti sous les flots: Quasi tumentes super me fluctus Deum timui et pondus ejus ferre non potui (XXI). En un clin d'oeil, en un instant, vous serez devant votre juge, avec vos œuvres, bonnes ou mauvaises: Unusquisque enim onus suum portabit (Gal. VI). Vos bonnes œuvres seront votre seul appui: la prière exacte et recueillie, la régularité, le travail, la conformité à la vo­lonté de Dieu, la mortification, la soin des petites choses, la perfection chrétienne, l'obéissance, le détachement, l'amour de Dieu, la charité pour le prochain, la délicate pureté, tels peuvent être vos moyens de ju­stification.

Les âmes infidèles à leurs devoirs se présentent comme les impies tout tremblants et gémissants. Elles n'ont rien à faire valoir que leurs péchés. Venient in cogitatione peccatorum suorum timide… et erunt gementes (Sap. IV). Elles trouvent un juge sévère et irrité, elles ont abusé de tant de grâces! Ayant beaucoup reçu, elles ont un compte rigoureux à rendre. Est-il étonnant que David se soit écrié: Seigneur, n'entrez point en jugement avec votre serviteur: qui sera justifié devant vous? - Non intres in judi­cium cum servo tuo, quia non justificabitur in conspectu tuo omnis vivens (Ps. 142).

Mais le jugement est inéluctable. Où fuir? où se cacher? Il faut que tout soit manifesté, comme le dit saint Paul: Omnes nos manifestare oportet ante tribunal Christi, ut referat unusquisque propria corporis prout gessit sine bonum sine malum (II Cor. v. 10).

Et votre interrogatoire, votre examen, quel sera-t-il? Le plus général et le plus complet. Vos pensées, vos intentions, vos sentiments, vos dé­sirs seront examinés, aussi bien que vos paroles et vos actions. Vous sa­vez que Dieu scrute les cœurs et les pensées: Dominus intuetur cor (I Reg. 6). Scrutans corda et renes Deus (Ps. VII ,10). Rien ne lui échappe, tout est à découvert devant lui: Omnia nuda et aperta sunt oculis ejus (Heb. IV, 13).

Tout sera pesé: les devoirs omis, les circonstances aggravantes, les de­voirs spéciaux au prêtre, au religieux.

Qu'avez-vous fait de mon amour? vous dirai-je. Comment avez-vous répondu à mon amour de Créateur, de Père, de Rédempteur, d'Ami? Qu'aurais-je pu faire pour vous que je n'aie pas fait? Ma bonté autorisait-elle votre ingratitude, votre dureté, votre mépris?

Comment m'avez-vous aimé dans mes frères? je vivais dans votre prochain, dans ceux qui étaient pauvres et qui souffraient. Comment m'avez-vous secouru, quand vous pouviez et deviez le faire?

Au compte de vos fautes, il faut joindre celui des fautes du prochain dont vous êtes responsables. Vous deviez l'édifier, vous l'avez peut-être scandalisé: Mandavit unicuique Deus de proximo suo (Eccli. 17). Il faudra rendre compte des grâces spéciales, de la vocation et de toutes les grâces exceptionnelles.

Cet examen sera prompt comme l'éclair. L'âme dégagée des sens ver­ra tout en même temps. Il sera foudroyant de netteté, de précision et de logique. Il n'y aura pas d'oublis, pas de place pour les illusions et les ex­cuses. - Vous ne saviez pas, direz-vous? Il fallait savoir, il fallait étu­dier vos devoirs, vos obligations.

Pour le prêtre, pour le religieux, l'examen s'étendra à leurs obliga­tions spéciales. Pour celui qui a charge d'âmes, il sera plus rigoureux. je l'ai indiqué dans la parabole de l'économe infidèle (S. Luc. XVI). Le ju­ge entend le témoignage de tous les intéressés: Quid audio de te? Que de plaintes à ton sujet! Les anges gardiens des âmes se plaignent de toi; et les âmes que tu as négligées, scandalisées, perdues… Rends compte de ta mission: Redde rationem villicationis tuae.

Devant un examen si rigoureux, qui pourrait ne pas craindre? Si ini­quitates observaveris, Domine, qui s sustinebit (Ps. 129). Aussi l'Eglise met ces paroles de crainte dans la bouche du fidèle: que dirai-je alors? Quel pa­tron invoquerai-je, si les saints eux-mêmes sont à peine en sûreté? Quid sum miser tunc dicturus, quem Patronum rogaturus, cum vix justus sit securus?

Et la sentence? dans quelles conditions sera-t-elle prononcée? Vous­mêmes, éclairés par la justice divine, vous la proclamerez en même temps que votre juge. Rappelez-vous la scène de Nathan et de David. Mon Père envoya Nathan au roi coupable. Nathan enpose à David le crime du riche qui a pris méchamment la brebis unique et bien-aimée

du pauvre. Et David, le ravisseur de la femme d'Uri, est obligé de s'écrier: Celui qui a fait cela mérite la mort. - Filius mortis est qui fecit hoc. Nathan lui dit: C'est toi: Tu es ille vir.

Moi aussi, j'ai obligé les Pharisiens à se condamner eux-mêmes (Matth. 21). je leur exposai la parabole du propriétaire de la vigne, qui envoie ses serviteurs d'abord et son fils ensuite, pour recevoir ses ferma­ges, et les fermiers infidèles mettent à mort les serviteurs et le fils. Que fera, leur disais-je alors, le propriétaire irrité? - Il decidera la perte de ces fermiers, répondirent-ils: Malos male perdet. Eh bien! leur dis-je, ces serviteurs infidèles, c'est vous. Vous avez tué les prophètes, et vous vous préparez à donner la mort au Fils de Dieu. Pour votre châtiment vous perdrez le royaume de Dieu: Ideo dito vobis quia auferetur a vobis regnum Dei. Il en sera ainsi, quand vous vous présenterez au jugement, si votre âme est chargée de péchés. Quel jugement porteriez-vous, demanderai-je, contre le sacrilège, contre l'orgueilleux, contre le scandaleux, contre l'impudique? Votre sentence sera sévère. - Ils ne sont pas dignes, direz-vous, de rester en la compagnie de Dieu et des saints. - Eh bien! reprendrai-je, ce coupable c'est vous. Retirez-vous donc: Discedite a me maledicti in ignem aeternum. C'est alors que commencera cet affreux dése­spoir qui n'aura d'autre limite que l'éternité. Hic erit fletus et stridor den­tium (M. VIII). Peccator videbit et irascetur; dentibus suis fremet et tabescet (Ps. CXI,10).

Mais non, il n'en sera pas ainsi pour vous, parce que vous voudrez être des serviteurs fidèles et vigilants. L'économe infidèle de la parabole se faisait des amis par mesure de prudence en vue des temps difficiles, faites-vous des amis aussi. Ces amis seront mon Cœur lui-même que vous aurez aimé et glorifié, ma Mère que vous aurez particulièrement honorée, les anges et les saints que vous aurez sincèrement loués, les âmes que vous aurez édifiées et sauvées. Marguerite-Marie vous l'a dit: «Il est doux de mourir après avoir eu une constante dévotion au Cœur de Celui qui doit nous juger». Et moi je lui ai promis que les âmes dé­vouées à mon Cœur trouveraient dans mon Cœur lui-même un refuge au moment du jugement.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

O Jésus, ne soyez pas seulement mon juge, mais mon Sauveur. je me tiendrai habituellement dans votre Cœur miséricordieux comme dans un asile assuré, afin que vous m'y trouviez au moment de ma mort. Je veux vivre dans votre amour et travailler au règne de votre Sacré-Cœur. Je sais qu'il est doux d'être jugé par Celui qu'on a toujours aimé.

BOUQUET SPIRITUEL

- Unusquisque onus suum portabit (Gal. VI).

- Omnes nos manifestaci oportet ante tribunal Christi (II Cor. V). - Redde rationem villicationis tuae (Luc. XVI).

- Chacun se présentera avec ses œuvres (Gal. VI).

- Il faut que nous soyons tous présentés et examinés au tribunal du Christ (II Cor. V).

- Rendez compte de votre administration (Luc. XVI).

- Il est doux de mourir quand on a eu une constante dévotion au Cœur de Celui qui doit nous juger (La bienheureuse Marguerite-Marie).

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