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Préparation pour la veille

I. Lecture du texte sacré (S. Matth. XXV, 31-34).

31. Cum auteur venerit Filius hominis in majestate sua, et omnes angeli cum eo, tunc sedebit super sedem majestatis suae.

32. Et congregabuntur ante eum omnes gentes, et separabit eos ab invicem, sicut pastor segregat oves ab hoedis.

33. Et statuet oves quidem a dextris suis, hoedos autem a sinistris.

34. Tunc dicet rex his qui a dextris ejus erunt: Venite, benedicti Patris met, pos­sidete paratum vobis regnum a constitutione mundi:

35. Esurivi enim et dedistis mihi manducare, sitivi et dedistis mihi bibere: ho­spes eram et collegistis me.

31. Quand viendra le Fils de l'homme dans sa majesté, et tous les an­ges avec lui, il s'asseiera sur le trône de sa gloire.

32. Et toutes les nations seront réunies devant lui, et il les sépare com­me un pasteur sépare les brebis d'avec les boucs;

33. Il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa grauche.

34. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite: Venez les bien­-aimés de mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été prépa­ré dès le commencement.

35. J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez désaltéré; j'étais sans asile et vous m'avez recueilli.

II. Préparation. - Le ciel est le séjour de l'amour. Notre occupation au ciel sera d'aimer Dieu d'un amour pur, éternel, qui nous possédera tout entiers. La foi et l'espérance passeront, la charité seule demeurera. Le ciel est aussi la récompense de l'amour. La mesure de notre amour ici-bas sera celle de notre amour dans le ciel. N'ayons donc plus d'autre ambition que d'aimer Dieu de plus en plus ici-bas pour obtenir la faveur de l'aimer sans mesure dans le ciel.

Méditation

I. Lecture de l'Écriture sainte.

II. Méditation.

Le fidèle. - O mon Dieu, j'adore votre amabilité et votre bonté infi­nies. Vous êtes tout amour. Comment vous ai-je aimé si peu jusqu'à présent? Allumez en mon cœur le feu de votre amour, embrasez-le, consumez-le, afin que j'aille plus tard vous aimer sans mesure dans le ciel.

Le Sauveur. - Oui, mon fils, le ciel est le séjour et la récompense de l'amour. Vois comme je le dépeins dans l'Evangile. Je serai là dans mes fonctions de bon pasteur, réunissant mes brebis chéries et je leur dirai: Venez, les biens-aimés de mon Père, venez avec moi dans le sein de mon Père qui vous aime.

En quoi consistera au ciel votre félicité et votre gloire? à aimer Dieu et a être aimés de lui. Que ferez-vous pendant toute l'éternité? Ce que fait la Sainte Trinité elle-même: vous aimerez. La foi et l'espérance passe­ront, l'amour seul restera. La foi fera place à la vision, l'espérance à la possession, l'amour régnera éternellement. L'amour vous occupera et vous absorbera tout entiers. Vos autres sentiments s'y réduiront tous à celui de l'amour. Et de quel amour? d'un amour absolument pur, abso­lument désintéressé, d'un amour dégagé de réflexion et de retour sur vous-mêmes.

Vous aimerez votre Dieu, votre Père et votre Sauveur, et vous vous réjouirez de ce qu'ils soient connus, loués, aimés et glorifiés. Sans doute, il y aura au ciel d'autres joies et elles seront infinies, mais elles seront toutes coordonnées à l'amour et absorbées dans l'amour. Dans ces cieux nouveaux et cette terre nouvelle dont la beauté merveilleuse ravira votre esprit et tous vos sens, vous ne verrez que l'œuvre de la puissance, de la sagesse et de la bonté divine.

Les compagnons de votre bonheur, les anges et les saints, auront des charmes infinis qui vous raviront toute l'éternité. Les anges ont une na­ture si merveilleuse et si variée! Les saints sont si rayonnants de grâces et de vertus! Mais vous ne verrez en tous que votre Dieu, ses dons et son amour. Dieu sera tout en tous, comme vous le dit l'apôtre Paul: Ut sit Deus omnia in omnibus (I. Cor. 15-28). En Dieu vous verrez toutes choses: tout le secret des êtres créés, et toute l'histoire, et toute la beauté des êtres possibles, mais tout vous dira d'aimer.

Tous mes mystères et ceux de ma Mère, toutes les intentions de nos cœurs, tous nos désirs, tous nos sentiments vous seront découverts, et tout cela aussi vous dira d'aimer et d'aimer sans mesure. Il y aura là un aliment pour entretenir éternellement le feu de l'amour dans vos cœurs. Mais les perfections de la divinité, ses attributs, seront aussi l'objet éter­nel de vos contemplations et de votre amour.

Mon Père et moi nous régnons au ciel par l'effusion de notre amour. Nous le répandons dans tous ceux qui composent notre cour, et il nous est fidèlement renvoyé sans qu'aucun en conserve rien pour soi. C'est un flux et reflux continuel d'amour qui, partant de l'adorable Trinité, laquelle en est la source, y retourne sans cesse. C'est en cela que le ciel contraste avec l'enfer. En enfer, Dieu règne d'une manière terrible, en privant à jamais les réprouvés de son amour. Il les hait et il en est haï. Ils les maudit et il en est maudit. Ils ne l'ont pas aimé dans le temps, voilà leur crime; ils ne l'aimeront pas dans l'éternité, voilà leur châtiment. Au ciel tout est amour et récompense de l'amour. Mon Père le verse sans mesure: Torrente voluptatis tuae potabis eos (Ps. 35, 9), et les bienheureux n'en sont jamais rassasiés, comme le remarque saint Augustin: Sine fine videbitur, sine fastidio amabitur, sine fatigatione laudabitur (De Civ. Dei 22, 30).

Si vous y pensiez davantage, quel motif puissant n'y trouveriez-vous pas d'aimer mon Père et de m'aimer? Que ne feriez-vous pas, que ne souffririez-vous pas pour vous assurer le bonheur de nous aimer tou­jours, et pour ne pas tomber dans le malheur épouvantable de ne nous aimer jamais?

La mesure de votre amour ici-bas sera celle de votre amour dans le ciel. L'amour seul y marque les rangs et les degrés de béatitude. Nulle autre distinction entre les élus que celle qu'y mettra la charité. Ne l'ai-je pas dit manifestement dans l'Evangile? Je dirai aux élus: Venez mes brebis aimées, venez les amis de mon Père; j'ai eu faim et vous m'avez rassasié, j'ai eu soif et vous m'avez désaltéré, j'étais sans asile et vous m'avez abrité, etc.

Ce sont là les œuvres de l'amour et ses manifestations. Et si j'ai cité surtout les actes de miséricorde corporelle, il faut y joindre d'abord les actes de miséricorde spirituelle, mais il faut évidemment mettre avant tout les actes d'amour direct envers moi et envers mon Père.

J'ai cité les œuvres extérieures en supposant le principe qui les ani­mait. En sorte que cela revient à dire: Venez, vous qui m'avez aimé, soit en moi-même soit dans le prochain. Venez et recevez la récompense de votre amour. Elle sera proportionnée à cet amour même. Elle sera elle-même un nouvel amour plus élevé et plus pur et toujours réciproque en­tre votre Dieu et vous. Venez, vous qui m'avez aimé. Venez, brebis fi­dèles, recevoir les caresses de votre Pasteur. Venez, les amis de mon Pè­re. Il vous a aimés de toute éternité. Venez dans son sein recevoir la ré­compense de votre amour et l'aimer éternellement. Venez vous unir à l' Eglise du ciel, à Marie, ma Mère, aux chœurs des anges, à toute l'as­semblée des saints qui disent sans cesse leur amour. Venez vous unir aux adorations aimantes, aux bénédictions et aux louanges qu'ils rendent à mon Père en moi et avec moi, en disant avec eux: Sedenti in throno et Agno benedictio et honor et gloria et potestas, in saecula saeculorum (Apoc. 5, 13). N'ai-je pas demandé à mon Père, par affection pour vous, que vous fuis­siez où je serai moi-même: Pater, quos dedisti mihi, volo ut ubi sum ego et illi sint mecum. Et moi où serai-je, sinon dans le sein de mon Père et plongé dans son amour, comme vous le dit sait Jean: In sinu Patris.

C'est cet amour qui sera le repos et la joie parfaite de votre cœur. Vo­tre Dieu qui vous a faits pour lui est aussi le seul bien qui puisse vous rendre heureux. Saint Augustin l'avait compris quand il disait: «Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cœur est inquiet et troublé tant qu'il ne se repose pas en vous». L'amour est notre vie: Deus charitas est, et nous épancherons cette vie dans tout votre être pour vous faire partager notre propre béatitude, qui est tout amour. Et cet amour sera éternel et ne sera jamais rassasié. L'objet n'en est-il pas infini? Et com­ment en seriez-vous fatigué? La contemplation des amabilités, des beau­tés et des bontés de votre Dieu en sera l'aliment éternel. Plus votre âme sondera les profondeurs des perfections divines, plus elle y découvrira de nouveaux aspects qui la raviront de joie et l'inonderont d'amour.

Et cet amour sera sans inquiétude et sans trouble. Vous n'aurez pas à craindre que l'objet de votre amour vous soit ravi: Gaudium vestrum nemo tollet a vobis (Joan. 16-22). Que votre ambition soit donc désormais d'aspirer aux premières places du ciel par l'amour, afin d'y aimer Dieu davantage, et cette ambition me sera souverainement agréable. C'etait le sentiment des saints et le désir du Psalmiste: Heu mihi quia incolatus meus prolongatus est, habitavi cum habitantibus Cedar; multum incola fuit anima mea (Ps. 119-5). Soyez animés des mêmes sentiments. Appelez de tous vos vœux le moment béni ou vous m'aimerez sans obstacles, sans crain­te et sans mesure et méritez de m'aimer davantage au ciel par la ferveur de votre amour sur la terre.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

O mon Dieu! faites que je n'aie plus d'autre ambition que celle d'aspi­rer par l'amour au premières places dans le ciel pour vous y aimer da­vantage, puisque vous avez la bonté de m'appeler ainsi à votre éternel amour.

Que l'amour soit tout pour moi! Que je le voie et le cherche en tout. Je penserai souvent au ciel. Je ne le désirerai, je ne travaillerai pour lui qu'en vue de l'amour.

BOUQUET SPIRITUEL

Venite benedico Patris mei (Matt. XXV).

Ut sit Deus omnia in omnibus (I Cor. XV).

Pater, quos dedisti mihi, volo ut ubi ego sum et illi sint mecum (Joan XVII).

Venez, les bien-aimés de mon Père (Matt. XXV).

Dieu sera tout en tous (I Cor. XV).

Mon Père, ceux que vous m'avez donnés, je veux qu'ils soient avec moi au ciel (Jean XVII).

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